
Des centaines de milliers de passagers affectés par une grève des contrôleurs aériens
Des centaines de milliers de passagers affectés par une grève des contrôleurs aériens
(Paris) Plus de 1500 vols annulés et d'importants retards pour les autres, des centaines de milliers de passagers affectés en Europe : une grève des contrôleurs aériens en France, jeudi et vendredi, perturbe gravement le début des vacances d'été, faisant perdre « des millions d'euros » aux compagnies.
Tangi QUEMENER
Agence France-Presse
La Direction générale de l'aviation civile (DGAC) française a chiffré à 933 le nombre de vols supprimés jeudi au départ ou à l'arrivée en France, soit environ 10 % des vols initialement prévus. Localement, ces taux ont été bien plus élevés : 50 % à Nice (Sud-Est), troisième aéroport français, et 25 % dans les aéroports parisiens de Charles-de-Gaulle et Orly, où transitent 350 000 personnes par jour au total en période estivale.
Le premier ministre François Bayrou a jugé cette grève « choquante », à deux jours du début des vacances scolaires d'été en France, assurant jeudi soir sur la chaîne BFMTV que cette grève revenait à « prendre en otage les Français ».
Les effets du mouvement se font sentir au-delà des frontières françaises, la principale association européenne de compagnies aériennes, Airlines for Europe (A4e) ayant estimé qu'en Europe, 1500 vols seraient annulés jeudi et vendredi, deuxième jour de la grève, « affectant presque 300 000 passagers ».
« Agaçant »
« Intolérable » pour la directrice générale d'A4e, Ourania Georgoutsakou, selon qui « le contrôle aérien français est déjà responsable des retards parmi les pires en Europe, et maintenant, les agissements d'une minorité d'aiguilleurs du ciel français vont perturber les projets de vacances de milliers de personnes en France et en Europe ».
Selon la DGAC, le taux de grévistes s'est établi à 26,2 %, 272 aiguilleurs du ciel ayant pris part au mouvement sur le millier de personnels de service.
« On essaie de positiver, il y a plus grave, mais c'est agaçant », témoigne à l'AFP la Française Nadia Rivet, 51 ans, dont le vol entre Pau (Sud-Ouest) et Paris prévu jeudi matin a été supprimé.
Le deuxième syndicat d'aiguilleurs du ciel, l'UNSA-ICNA (17 % des voix aux dernières élections professionnelles) a lancé ce mouvement pour réclamer de meilleures conditions de travail et des effectifs plus importants. Il a été rejoint par la troisième force syndicale de la profession, l'Usac-CGT (16 %).
Toute la journée, des vols maintenus ont accusé d'importants retards, allant jusqu'à une heure trente à Nice selon le tableau de bord de la DGAC. A4e a chiffré à « quasiment 500 000 minutes » cumulées jeudi les retards en Europe, sur près de 33 000 trajets.
« Je venais pour des vacances, pour l'anniversaire de ma femme, pour ses 40 ans, et je me retrouve bloqué » à Charles-de-Gaulle, raconte Julien Barthélémy, 45 ans, arrivant de New York et espérant rejoindre Marseille (Sud).
Vendredi, veille des vacances scolaires, la situation sera encore plus tendue dans les aéroports parisiens et à Beauvais, au nord de Paris, place forte du « low-cost », la DGAC y ayant ordonné une réduction du nombre de vols de 40 %.
Pointage contesté
La première compagnie aérienne européenne, Ryanair, a annoncé jeudi avoir dû annuler 400 vols, affectant 70 000 passagers, dans un nouveau bilan.
Son patron Michael O'Leary, familier des coups d'éclat, a dénoncé une situation provoquée « par un faible nombre de contrôleurs aériens français participant à des grèves récréatives » et exhorté la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, à réformer le contrôle aérien en Europe, ou à démissionner si elle n'y était « pas prête ».
Air France a confirmé avoir été « contrainte d'adapter son programme de vols », sans préciser le nombre d'annulations, mais souligné que son réseau long-courrier n'était pas affecté.
La grève fait perdre « des millions d'euros » aux compagnies aériennes, a prévenu jeudi le ministre français des Transports, Philippe Tabarot, en répétant ne pas vouloir céder aux demandes « inacceptables » des syndicats.
Une réforme contestée est en cours pour établir un pointage des contrôleurs à la prise de poste, à la suite d'un « incident grave » à l'aéroport de Bordeaux (Sud-Ouest) fin 2022, quand deux avions avaient failli entrer en collision. Une enquête en avait fait peser la responsabilité sur une organisation défaillante du travail des aiguilleurs.
Parmi les griefs de l'UNSA-ICNA : « un sous-effectif entretenu et responsable des retards une bonne partie de l'été », des outils obsolètes et « un management toxique, incompatible avec les impératifs de sérénité et de sécurité exigés ».
Hashtags

Essayez nos fonctionnalités IA
Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment...
Articles connexes


La Presse
5 hours ago
- La Presse
La France présente son plan contre le « danger mortel » de la dette
La France présente son plan contre le « danger mortel » de la dette (Paris) Le premier ministre français François Bayrou a dévoilé mardi son plan choc pour redresser les finances d'un pays soumis au « danger mortel » de « l'écrasement par la dette », prévoyant notamment de geler les dépenses de l'État et de supprimer deux jours fériés. Anne RENAUT et Fabien ZAMORA Agence France-Presse Il a assuré que « nous sommes à un moment critique de notre histoire », alors que le déficit public de la France a atteint 5,8 % du PIB en 2024, pour une dette publique représentant près de 114 % du PIB, troisième plus importante de la zone euro, derrière la Grèce et l'Italie. À la tête d'un gouvernement qui n'a pas de majorité à l'Assemblée nationale (la chambre basse du Parlement) et dont les marges de manœuvre politiques sont très réduites, M. Bayrou en a appelé à l'exemple particulièrement frappant de la Grèce, mise sous tutelle internationale dans les années 2010 après avoir été emportée par le poids de sa dette. « Il ne faut jamais oublier l'histoire de la Grèce », a-t-il mis en garde dans son discours à Paris, ajoutant que « chaque seconde la dette de la France augmente de 5000 euros », et déplorant que les Français considèrent « comme normal depuis des décennies que l'État paie tout ». « Nous sommes devenus accros à la dépense publique », a-t-il lancé. Il a présenté un plan autour de deux axes, l'un pour réduire la dette, l'autre pour accroître la production dans un contexte de croissance morose, tout en épargnant les dépenses militaires, qui doivent augmenter de 6,7 milliards d'euros en 2026. Il a pour objectif de ramener progressivement le déficit à 2,9 % du PIB en 2029, « seuil à partir duquel, dans un pays comme le nôtre, la dette n'augmente plus ». « Contribution » des plus fortunés Pour ce faire, « l'État se fixe comme première règle de ne pas dépenser davantage à l'euro près en 2026 qu'en 2025, à l'exception de l'augmentation de la charge de la dette et des dépenses supplémentaires pour le budget des armées ». L'État prévoit de supprimer 3000 postes d'emplois publics dès 2026, ou encore de « supprimer des agences improductives qui dispersent l'action de l'État ». Les pensions des nombreux retraités n'augmenteront pas en 2026 et « l'ensemble des prestations sociales seront maintenues en 2026 à leur niveau de 2025 ». Alors que le président Emmanuel Macron est régulièrement accusé par ses détracteurs d'être au service des riches, le gouvernement de centre droit prévoit « une contribution des plus fortunés », qui sera définie par les parlementaires. Concernant les dépenses de santé, et alors que les autorités soulignent depuis des années la forte consommation de médicaments par la population, le premier ministre prévoit une réduction de 5 milliards d'euros des dépenses sociales annuelles. Sur 2026, les efforts sur les dépenses de l'État, des collectivités locales et les dépenses sociales doivent permettre d'économiser 21 milliards d'euros, les bénéfices attendus du gel des prestations sociales et du barème de l'impôt sur le revenu de 7 milliards supplémentaires. « Guerre sociale » Sur le deuxième axe d'effort, pour augmenter la production française, François Bayrou a proposé la suppression de deux des 11 jours fériés : le lundi de Pâques et le 8-Mai, qui célèbre la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe, « dans un mois de mai devenu un véritable gruyère », compte tenu des nombreux jours fériés qui le ponctuent. Cette mesure rapportera « plusieurs milliards d'euros au budget de l'État », selon lui. Sans majorité, M. Bayrou a reconnu être « à la merci des oppositions », qui, si elles joignent leurs voix de la gauche à l'extrême droite, peuvent le faire tomber comme ce fut le cas en décembre pour son prédécesseur Michel Barnier, justement sur des textes budgétaires. Les premières réactions sont très négatives. « Si François Bayrou ne revoit pas sa copie, nous le censurerons », a mis en garde la cheffe de file de l'extrême droite, Marine Le Pen (Rassemblement national, RN). « Bayrou déclare la guerre sociale », a lancé, à l'autre extrémité de l'échiquier politique, Mathilde Panot, patronne des députés La France insoumise (LFI, gauche radicale). Son leader Jean-Luc Mélenchon a exhorté RN et Parti socialiste à se joindre à « une censure » pour « faire partir Bayrou ». Si LFI et RN décident de renverser le gouvernement, son sort dépendra des socialistes. Mais pour l'heure, aucun des ténors du PS n'a brandit le mot de « censure ».


La Presse
3 days ago
- La Presse
« Les familles ne peuvent plus vivre de leurs salaires »
(Athènes) Après avoir frôlé la faillite en 2010, la Grèce connaît ces dernières années l'une des croissances économiques les plus fortes de l'Union européenne. Mais pour plusieurs, cette remontée est synonyme d'appauvrissement et de recul majeur des droits des travailleurs. Maxance Cloutier et Simon Gionet Collaboration spéciale Des milliers de manifestants sont rassemblés à la station Panepistimio, au centre-ville d'Athènes. Nous sommes le 9 avril, jour de grève générale de 24 heures organisée par les principaux syndicats pour réclamer une hausse des salaires et le retour des conventions collectives. Le cortège se prépare pour son court trajet jusqu'au parlement. Derrière le calme général, la frustration face au coût de la vie est palpable. « Les salaires sont très bas, le coût de la vie ne cesse d'augmenter année après année. Les familles ne peuvent plus vivre de leurs salaires », critique Sebelidou*, 25 ans, en expliquant sa participation à la grève, la troisième en moins de cinq mois. La hausse du salaire minimum à 880 euros (1380 $ CAN) par mois, entrée en vigueur une semaine plus tôt, ne semble pas rassurer la jeune Grecque, qui s'inquiète plutôt du prix des logements. Si tu veux louer, c'est au moins 500 euros (784 $ CAN) [par mois]. Si tu es seul, tu ne peux pas. C'est impossible. Sebelidou, 25 ans « Tu dois rester chez tes parents jusqu'à 30 ans », acquiesce à ses côtés Theodoridou, 25 ans elle aussi, qui travaille à temps plein pour une société pétrolière. Les deux amies admettent elles-mêmes habiter chez leurs parents malgré leurs emplois, une situation répandue parmi la jeunesse grecque, selon elles. Les dernières statistiques leur donnent raison : en 2024, les Grecs avaient l'un des pouvoirs d'achat les plus faibles parmi les 27 membres de l'Union européenne, tout juste devant les Bulgares, au bas du classement. PHOTO LOUISA GOULIAMAKI, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE Les retraités ont aussi été durement touchés par les mesures d'austérité. Ici, une manifestation tenue à Athènes en 2022 pour réclamer de meilleures pensions face à la hausse du coût de la vie. « Le coût de la vie est super élevé, donc la qualité de vie est super basse », soutient Penicles, plus loin dans la foule. Le chercheur de 28 ans pointe la déroute du marché du travail. « Les droits des travailleurs sont inexistants. » Chute de la syndicalisation Depuis la crise économique, l'austérité imposée par les gouvernements successifs a profondément ébranlé le monde du travail. De 2009 à 2017, la proportion d'employés couverts par une convention collective est passée de près de 100 % à 14 %, selon les données de l'OCDE. Aujourd'hui, l'Institut syndical européen estime que ce chiffre est tombé à 10 %. Les réformes du marché du travail des années 2010, comme la fin du renouvellement automatique des conventions collectives et la possibilité pour les entreprises de se retirer des négociations par secteurs, ont considérablement réduit le taux de syndicalisation des travailleurs grecs. Une série de législations a également modifié en profondeur les droits des travailleurs. L'une des dernières, adoptée en juillet 2024 par le gouvernement du premier ministre Kyriákos Mitsotákis, permet aux salariés de certains secteurs de travailler six jours sur sept. C'est révélateur que la Grèce instaure une semaine de travail de six jours alors que le reste de l'Europe se dirige vers quatre jours. Penicles Un sixième jour qui a la vie dure Si la nouvelle loi laisse en principe le droit à l'employé de refuser de travailler un sixième jour, le risque de congédiement en cas de refus est bien réel. Certains peuvent résister, grâce à des pressions syndicales ou au double emploi. C'est le cas de Sebelidou, rencontrée à la manifestation, dont le deuxième boulot lui offre une plus grande sécurité financière. « S'ils me disaient de travailler six jours, je dirais non et je m'en irais, dit-elle. Mais si c'était mon seul emploi […], je n'aurais pas le choix. » Makis Tsekouras le confirme : à l'entrepôt de la chaîne de magasins Praktiker, où il travaille, la plupart des employés acceptent de travailler un sixième jour, par crainte d'être licenciés. Il est l'un des seuls à refuser. « Comme chef syndical, je peux me le permettre. Je suis le seul qui ne peut pas être viré », explique-t-il. Contrairement à ses collègues, il est aussi l'un des rares encore protégés par une convention collective. Tu peux dire non au sixième jour, mais en réalité, tu vas être renvoyé. […] L'employé reste à la disposition de son employeur 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Ntina Gkokaki, présidente de la Fédération des employés du secteur privé du syndicat PAME Mme Gkokaki s'indigne que le gouvernement utilise la reprise économique comme excuse pour passer des législations hostiles aux travailleurs. « Le gouvernement a présenté cette loi comme une solution pour stopper l'exploitation des employés », rappelle Manos Matsaganis, économiste et chef du Programme économique grec et européen au sein de la fondation ELIAMEP, un centre de recherche indépendant sur la politique étrangère européenne. Il souligne que beaucoup d'entreprises font faire des heures supplémentaires à leurs employés sans les payer. « L'intention était de mettre de l'ordre dans un marché très peu régulé, avance-t-il. Mais je doute que ça ait l'effet escompté. » « Humiliés » et « pessimistes » Pour M. Matsaganis, si les travailleurs continuent de manifester malgré la croissance économique, c'est surtout parce qu'il n'y a pas de redistribution de la richesse créée. Comme l'inflation affecte de manière disproportionnée les travailleurs à faible revenu, « on comprend mieux pourquoi certains Grecs sont pessimistes », explique-t-il, en s'appuyant sur ses récents travaux. Et les manchettes célébrant la croissance économique grecque vont continuer de frustrer les moins fortunés. « Avec la crise, plusieurs Grecs sont devenus amers à l'égard de l'Union européenne, poursuit Manos Matsiganos. […] Beaucoup se sont appauvris et se sentent humiliés. » * Des participants à la manifestation du 9 avril ont demandé à taire leur nom de famille.


La Presse
4 days ago
- La Presse
Grève illimitée chez Rio Tinto Fer et Titane
Le litige porte principalement sur les salaires, mais aussi sur les vacances. (Montréal) Près de 200 salariés qui travaillent à l'usine des poudres métalliques de Rio Tinto Fer et Titane, à Sorel-Tracy, ont déclenché une grève générale et illimitée jeudi soir. Lia Lévesque La Presse Canadienne Ces 181 travailleurs sont membres d'une section locale du syndicat des Métallos, qui est affilié à la FTQ. Ils s'étaient dotés d'un mandat de grève dans une proportion de 99 %, il y a quelques jours à peine. Et ils avaient du même souffle rejeté l'offre finale de l'employeur dans une proportion de 98 %. « On l'a vu hier à la table de négociation, il n'y avait plus du tout de mouvement, alors l'heure de la grève a sonné », a lancé Patrick Sarrazin, président de la section locale concernée du syndicat des Métallos. Le litige porte principalement sur les salaires, mais aussi sur les vacances. M. Sarrazin affirme que l'employeur demande des concessions aux travailleurs à ce chapitre. Jointe par courriel, la direction de Rio Tinto Fer et Titane n'avait pas encore commenté, au moment d'écrire ces lignes.