
Licenciements, fermeture et pivot chez Flo
C'est une décision que le fondateur de Flo, Louis Tremblay, souhaitait éviter, mais une « tempête parfaite » en a décidé autrement. Le fabricant et exploitant québécois de réseaux de bornes de recharge doit aller plus loin que de nouvelles mises à pied – plus de 80 cette fois-ci – : il met la clé sous la porte d'une de ses usines à Shawinigan.
La jeune pousse n'a pas le choix d'effectuer un « pivot » pour traverser un « gros down », explique à La Presse son président et chef de la direction. Mais l'entrepreneur est bien conscient des répercussions de cette restructuration.
« Ma gang à Shawinigan, je les aime beaucoup et je sais que ça va être dur, lâche M. Tremblay, la gorge nouée par l'émotion, en entrevue. Il y en a, quand je les ai engagés, en 2014, le plancher était vide. »
Les employés de Flo ont pris connaissance du recentrage mercredi, dans ce qui avait les allures d'une des journées les plus difficiles dans l'histoire de la jeune pousse. Il s'agit aussi d'une mauvaise nouvelle pour Shawinigan, l'un des trois pôles de la Vallée de la transition énergétique – la zone d'innovation gouvernementale consacrée à l'électrification et la décarbonation.
Après les déconfitures de Northvolt, Taiga (motomarines et motoneiges électriques) et Lion Électrique, Flo est le plus récent acteur du créneau de l'électrification à voir sa trajectoire court-circuitée. Contrairement aux autres compagnies énumérées précédemment, le fabricant de bornes et gestionnaire de réseaux n'a toutefois pas eu à se protéger de ses créanciers.
Pour Flo, financée entre autres par les gouvernements et d'autres institutions publiques, la dernière année n'a pas été de tout repos. En plus d'un ralentissement du virage électrique, l'entreprise écope du contexte économique incertain qui s'est installé en raison de la guerre commerciale de la Maison-Blanche.
Au moins cinq vagues de mises à pied ont eu lieu, ce qui a fait fondre l'effectif de presque de moitié, à environ 255 personnes, selon nos calculs. La pérennité de Flo n'est pas compromise, assure M. Tremblay, mais un coup de barre était néanmoins nécessaire. Il ne se fait toutefois pas de gaieté de cœur.
« C'est sûr qu'à travers les derniers mois, ils me l'ont demandé [si leur poste était en jeu], confie le gestionnaire, visiblement ému. Je n'ai pas fondé Flo pour cela. »
PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE
Le président et chef de la direction de Flo, Louis Tremblay
Les nouvelles réductions d'effectif s'effectueront autant au Canada qu'aux États-Unis, où la compagnie réalise près du quart de son chiffre d'affaires annuel. L'usine de Shawinigan, qui doit fermer ses portes vers la fin du mois d'août, représente près de la moitié des pertes d'emplois.
Un virage
Essentiellement, Flo se concentrera davantage sur l'exploitation et la gestion de réseaux de bornes de recharge, un créneau qui offre des revenus plus stables et davantage de prévisibilité.
Avec plus de 140 000 bornes déployées dans le marché nord-américain, ce qui inclut les unités résidentielles, publiques et privées (employeurs et commerces, par exemple), la compagnie peut compter sur un réseau d'une taille intéressante qui continuera à grandir, affirme M. Tremblay.
On continuera à fabriquer des bornes au Québec, à l'intérieur d'un autre site dans le secteur Grand-Mère, ainsi qu'à Auburn Hills, au Michigan. Flo fera également appel à des sous-traitants, comme elle l'a déjà fait dans le passé.
« Ça n'a rien à voir avec la qualité de leur travail [à Shawinigan], tient à souligner l'homme d'affaires. Ils ont été tellement résilients pendant des années là-bas. ».
N'empêche, ce recentrage de Flo survient alors qu'au Canada, la taille du réseau de bornes de recharge est insuffisante pour permettre au pays d'atteindre ses objectifs en matière de véhicules électriques, selon un nouveau rapport.
Avec un peu plus de 35 000 bornes en service d'un océan à l'autre, on est bien loin des 100 000 unités nécessaires d'ici la fin de l'année, selon le cabinet montréalais Dunsky Énergie et climat, qui aide les gouvernements et les services publics dans leurs efforts de transition énergétique.
« Tempête parfaite »
Une administration réfractaire au virage électrique au sud de la frontière, des « signaux incohérents » en ce qui a trait aux cibles d'électrification ici et un ralentissement économique… M. Tremblay ne s'en cache pas : le secteur traverse une « tempête parfaite » qui ne semble pas sur le point de se dissiper.
C'est du côté des ventes de nouvelles bornes que l'impact est ressenti.
« Par exemple, il y a des clients qui ne passent finalement pas de commande parce qu'un programme de subvention est tombé, illustre le patron de Flo. Ça fait 12-18 mois que tu travailles avec ce client, tu penses vendre et puis ça tombe. Il y a plein d'exemples. »
Le portrait est moins sombre du côté de la gestion et l'exploitation des réseaux de bornes de recharge.
Qu'il y ait des hauts ou des bas dans le marché, il y a déjà assez de véhicules électriques sur les routes pour offrir une certaine résilience. C'est pour cette raison que l'on accélère notre pivot de ce côté.
Louis Tremblay
À Shawinigan, les employés touchés par la fermeture et les mises à pied des derniers mois ne devraient pas avoir trop de mal à se trouver un gagne-pain ailleurs, croit le maire de la municipalité, Michel Angers. N'empêche, il ne s'agit jamais de « nouvelles réjouissantes ».
Particulièrement dans le cas de Flo, souligne le politicien.
« Quand je suis arrivé à la mairie il y a 16 ans, c'était l'un des premiers dossiers sur lesquels nous avions travaillé, se rappelle M. Angers. Nous avions réussi à les convaincre de s'installer chez nous. Pas plus tard que l'an dernier, l'entreprise avait les yeux sur d'autres terrains chez nous. L'annonce d'aujourd'hui est un exemple de l'instabilité qui s'est installée. »
En dépit de temps plus difficiles, Flo avait néanmoins été en mesure de boucler sa plus importante ronde de financement en juin 2024 dans le cadre d'une récolte de 136 millions.
Le gouvernement québécois, la Caisse de dépôt et placement du Québec, Exportation et développement Canada ainsi que la Banque de développement du Canada y avaient participé, notamment.
Québec injectait près de 16 millions tandis que la Caisse avait mis sur la table quelques dizaines de millions – moins de 50 millions.
Flo en bref Fondation : 2019
Président et chef de la direction : Louis Tremblay
Siège social : Québec
Créneaux : fabrication de bornes de recharge et gestionnaire de réseaux
Empreinte : Bureaux à Montréal et Vancouver, sites d'assemblage à Shawinigan (dont un qui doit fermer ses portes vers la fin août) et Auburn Hills, au Michigan.
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La Presse
16 hours ago
- La Presse
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Plusieurs chiffres montrent les forts liens économiques entre l'État du Maine et le Canada -27 % Baisse du nombre de visiteurs canadiens dans le Maine en mai 2025, comparativement à la même période l'an dernier. Source : Services frontaliers américains 498 millions US Somme totale dépensée en 2024 par les 800 000 visiteurs canadiens lors de leur séjour dans l'État américain Source : Bureau du tourisme du Maine 6 milliards US Valeur totale des échanges commerciaux entre le Canada et l'État du Maine en 2024. La plus grande portion de ces échanges de biens et services, soit 4,7 milliards, provenait du Canada. Source : Maine International Trade Centrer Bois d'œuvre et homards Le Canada est le principal partenaire commercial du Maine. Le Maine y a exporté 775 million US en produits forestiers en 2023. Et chaque année, le Maine exporte beaucoup de homards, d'une valeur d'environ 200 millions de dollars US. Source : Maine International Trade Center (MITC) 5350 Nombre de travailleurs employés dans le Maine par les 94 entreprises de propriété canadienne Source : Maine International Trade Center (MITC)


La Presse
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