
Eugenie Bouchard vue par Sylvain Bruneau
« J'ai vécu beaucoup d'émotions avec Eugenie, raconte au téléphone l'ancien chef du tennis féminin chez Tennis Canada. En 2014, entre autres, c'était une grande année. J'étais dans son équipe sur chacun des grands chelems. Pour moi, cette année-là, ça a été formateur. Ça a été un tremplin. Ça a été marquant. Les gens me parlent souvent de 2019 avec Bianca [Andreescu], oui, mais 2014 a été une superbe année. »
Bruneau a rencontré Bouchard pour la première fois lorsqu'elle avait neuf ans, dans un camp d'entraînement à Mont-Royal. Et il l'a suivie, de près et de loin, pendant les 22 dernières années. C'est pourquoi il est la meilleure personne pour parler des facettes connues et insoupçonnées de celle qui accrochera sa raquette après l'Omnium Banque Nationale et de celle qu'il qualifie de « drôle, intelligente, curieuse et spontanée ».
Eugenie, l'étudiante
« La première fois que je l'ai vue à neuf ans, j'étais impressionné. Je me souviens d'avoir dit à sa mère il y a plus de 20 ans, dans le stationnement, que j'étais impressionné par la manière avec laquelle elle prenait l'information et qu'elle la mettait en application instantanément. J'avais été impressionné par son revers aussi, mais j'étais surtout renversé par sa manière de capter l'information. Chose qui est très rare à cet âge. Elle était excellente. Et plusieurs années plus tard, en Coupe Fed, je le remarquais encore. Studieuse, à l'écoute, elle te regarde dans les yeux quand tu lui parles et quand tu lui donnes un plan de match, elle l'applique instantanément. Elle a toujours été énormément disposée à apprendre. Comme j'ai rarement vu. Et sur le plan académique, elle était semblable. »
Eugenie, la fonceuse
« Dans les années ayant mené à 2014, pour avoir parlé à plusieurs entraîneurs et certains parmi les plus renommés, elle arrivait comme un game changer. Elle avait une prise de risque, elle frappait la balle rapidement. Monica Seles le faisait peut-être un peu, mais ses changements de direction, la cadence d'enfer qu'elle imposait…. Elle a un talent certain. Et parmi ses talents, celui qui m'a toujours impressionné, c'est celui d'être capable de jouer sous les projecteurs, sur les plus grands terrains, contre les meilleures joueuses et de hausser, presque à chaque fois, son niveau de jeu. Dans les matchs en soirée aux Internationaux des États-Unis ou les matchs sur le central en Australie, elle faisait un spectacle. Elle n'avait pas peur, elle y allait. Ça aussi, c'est une forme de talent. »
Eugenie, le modèle
« J'ai côtoyé plusieurs entraîneurs dans les clubs, à l'époque, qui me disaient que les inscriptions et la participation des filles avaient augmenté de manière incroyable avec l'effet Eugenie. C'était la Genie-Mania. À Londres, il y avait un côté rock-star. Les résultats, l'image. Et j'ai l'impression que de jouer au tennis, au Canada, désormais pour des filles, ça devenait plus cool. C'est aussi devenu plus compétitif du côté féminin. Eugenie a aussi créé un effet d'entraînement. Une fille qui a été formée en partie à Montréal, qui a atteint un statut et qui a connu les résultats que l'on connaît en grand chelem. Je pense que ça a eu un effet très positif et que ça a eu des rebondissements sur Bianca [Andreescu], sur Leylah [Annie Fernandez] et Victoria [Mboko]. Elle a pavé la voie, c'est certain. »
Eugenie, la patriote
« Un aspect qu'on mentionne peu, c'est que c'est une fière patriote. Elle a toujours eu un bon rendement lorsqu'elle représentait le Canada. Elle aimait beaucoup le Canada. C'est elle la première qui a dessiné des drapeaux canadiens sur ses joues en Coupe Fed. Aller aux Olympiques en 2016, elle m'a souvent dit que c'était un gros évènement pour elle. Et comme capitaine à la Coupe Billie Jean King, j'ai adoré la voir sur l'équipe. »
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