Pas réalistes, maladroits, surpris par des Bleus solidaires : les All Blacks en ont bavé pour battre le quinze de France
Les saisons passent, les symptômes restent pour les All Blacks qui ont toujours cette difficulté à entamer leurs saisons, à oublier le Super Rubgy pour basculer dans la fenêtre internationale. L'an passé, dans ce même Forsyth Barr Stadium de Dunedin, ils s'étaient fait accrocher par l'équipe d'Angleterre (16-15). Pour le premier de leurs 13 matches de l'année, ils ont eu du mal à endiguer les furieux assauts des Français, motivés et solidaires, qui semblaient lire dans leurs intentions de jeu et les attendre.
Il faut dire que leur coach Scott Robertson avait annoncé ses intentions, ne cessant de marteler qu'il souhaitait pratiquer un jeu rapide et explosif. C'est ce qu'ont tenté de faire ses joueurs en jouant vite, parfois trop vite, multipliant les maladresses ou les ballons perdus (16 turnovers). « Ce n'est pas forcément une question de vitesse, mais la manière de porter le ballon au contact, nuance Robertson. J'étais content quand même car jouer vite nous a permis de créer beaucoup de choses. On n'a juste pas assez concrétisé. »
Les Néo-Zélandais ont aussi parfois subi les impacts. À la 19e minute, ils étaient menés 0-10 et au final ils ont encaissé 27 points. « C'est trop, concède l'arrière Will Jordan. On a pris deux essais faciles. Quand les phases duraient longtemps, on défendait plutôt bien, mais parfois ils trouvaient des brèches trop aisément. Il faut qu'on analyse ça. On a réussi à gagner des duels en avançant, mais ils ont dominé dans les airs en première période. Ils ont aussi récupéré pas mal de ballons traînants, ce qui a lancé leur jeu. C'était notre premier vrai test ensemble avec quelques nouveaux. Il faudra être plus cliniques la semaine prochaine. »
« Je vais avoir quelques points de suture ce soir, mais ça fait partie du jeu. Je ne pourrais pas être plus heureux de cette première sélection »
Du'Plessis Kirifi, troisième-ligne néo-zélandais
Ont-ils pris les Français de haut ? « Non, je peux vous dire qu'on n'a pas fait preuve de complaisance, réfute Jordan. Perso, c'est ma première victoire face à la France, j'avais perdu mes trois premiers matches contre eux. C'était juste un peu brouillon pour un premier test. On a eu quelques erreurs dans notre structure défensive, et des essais refusés aussi. On n'a pas été aussi efficaces qu'on aurait voulu mais il faut rendre hommage aux Bleus et ce qu'ils construisent depuis 4-5 ans. »
Le point positif, c'est que cette victoire a mis fin à une série de trois défaites d'affilée face à la France (2021, 2023 et 2024). Reste que face à des Bleus annoncés comme des sparrings-partners, les All Blacks ont pris cher. À l'issue du match, le troisième-ligne Du'Plessis Kirifi, qui étrennait sa première sélection, avait le visage en sang et le col blanc de son premier maillot rouge vermillon. « Je vais l'offrir tel quel à mon daron, sans le laver, souriait le joueur des Hurricanes. Je vais avoir quelques points de suture ce soir (samedi), mais ça fait partie du jeu. Je ne pourrais pas être plus heureux de cette première sélection. »
Son coach n'était pas dans le même fluide vibratoire : quand il a débarqué en conférence de presse, Robertson avait le regard écarquillé d'un lapin surpris par les phares du plan de jeu de Fabien Galthié. Par l'intensité des émotions vécues aussi car, même face à des Bleus réduits à 14 à la suite du carton jaune de Gabin Villière (56e, 28-27) les Blacks ne sont pas parvenus à creuser l'écart. Incapables de tuer le match, ils demeuraient sous la pression des Français. Ce n'est qu'à la 74e minute que leur ouvreur Beauden Barrett a pu donner un peu d'air à son équipe en réussissant une pénalité.
« Ca a été un combat toute la soirée. C'était typique d'un match contre les Français »
Will Jordan, arrière néo-zélandais
« On est déçus sur plusieurs aspects, concède Will Jordan pourtant virevoltant ce samedi et auteur de deux essais (20e, 47e). On avait l'impression d'en faire assez pour prendre un peu d'avance, puis on a encaissé deux essais un peu ''mous'' et des pénalités de loin. Du coup, ça a été un combat toute la soirée. C'était typique d'un match contre les Français. »
Les All Blacks ont gagné, certes, mais cette première victoire à un coût qu'ils n'avaient pas estimé : l'ailier Sevu Reece, sorti dès la première minute, victime d'une commotion en s'assommant tout seul sur la hanche de Joris Segonds est out une semaine. Et des questions se posent sur le capitaine Scott Barrett, sorti à la 60e, en délicatesse avec son tendon d'Achille, et Tupou'Vaa'i se plaignant de l'épaule.
Les All Blacks pensaient surprendre les Bleus avec un jeu en vivacité dans l'écrin du Forsyth Barr Stadium, le terrain le plus rapide de Nouvelle Zélande à cette époque de l'année. Ils s'en sortent de justesse et c'est à se demander ce qu'il en sera samedi prochain au Westpack Stadium de Wellington livré aux vents tournants et à la pluie de l'hiver austral ?
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