
Les Québécois accusés de terrorisme resteront détenus
Les trois hommes accusés de terrorisme et soupçonnés par la police d'avoir voulu s'emparer d'un territoire au nord de Québec grâce à une milice antigouvernementale devront demeurer détenus en attente de leur procès.
Le juge René de la Sablonnière devait trancher mercredi matin sur la remise en liberté de Raphaël Lagacé, 25 ans, Simon Angers-Audet et Marc-Aurèle Chabot, tous deux âgés de 24 ans.
Le magistrat a lu sa longue décision dans une salle du palais de justice de Québec, sous le regard des trois hommes. René de la Sablonnière a conclu qu'ils devaient rester détenus en attendant leur procès, qui pourrait se tenir dans plus d'un an.
Les trois hommes sont restés impassibles. Une femme dans le public a fondu en larmes.
La décision du magistrat ne peut être détaillée par les médias, car une ordonnance de non-publication limite sévèrement ce qui peut être publié.
« Le juge a rendu sa décision aujourd'hui et ordonné la détention des trois prévenus au motif que si ceux-ci étaient remis en liberté c'était de nature à miner la confiance du public envers l'administration de la justice », a toutefois précisé le procureur fédéral Gabriel Lapierre à la sortie de la salle d'audience.
Rappelons que les trois hommes – dont un ancien militaire et un membre actif des Forces armées canadiennes – font face à 12 chefs d'accusation chacun. Les autorités les accusent notamment d'avoir facilité des activités terroristes, d'avoir entreposé illégalement des armes à feu et d'avoir eu en leur possession des explosifs et des engins prohibés.
Les trois accusés avaient l'intention de créer une « milice antigouvernementale » et voulaient s'emparer d'un territoire au nord de Québec, selon la Gendarmerie royale du Canada (GRC). Les activités du groupe auraient duré de 2021 à 2024.
Lors d'une perquisition en janvier 2024, la GRC a saisi plus de 80 armes à feu, 16 engins explosifs, plus de 10 000 munitions et 130 chargeurs. Selon le ministère de la Défense nationale, ces armes, munitions et explosifs ne provenaient pas de l'armée.
Un quatrième homme, Matthew Forbes, est accusé d'avoir eu en sa possession, illégalement, des armes, des explosifs et du matériel militaire. Il comparaîtra le 12 septembre prochain. Il a entretemps été libéré à condition de rester à son domicile et de porter un bracelet GPS en tout temps.
Deux des accusés – Marc-Aurèle Chabot et Matthew Forbes – étaient des membres actifs des Forces armées canadiennes au moment de leur arrestation le 8 juillet dernier. Tous deux sont liés à la base de Valcartier.
Le caporal Chabot fait partie du 2e Bataillon au Royal 22e Régiment, un bataillon d'infanterie mécanisée. Il n'a participé à aucun déploiement, selon l'armée.
Le bombardier Forbes fait quant à lui partie du 5e Régiment d'artillerie légère du Canada. Il a participé à des missions, notamment auprès de la GRC lors de la réunion du G7 en 2018 dans Charlevoix, et en Europe de l'Est en 2019.
Simon Angers-Audet s'est pour sa part enrôlé dans l'Armée canadienne comme réserviste au sein des Voltigeurs de Québec en juin 2019 et il a été libéré en mai 2022 avec le grade de soldat. Il n'a participé à aucun déploiement.
« Simon est sorti de l'armée dans le temps de la COVID. Avec le vaccin, il avait fait un AVC. Mais son objectif, c'était de retourner dans l'armée. Pensez-vous que du monde qui veut rentrer dans l'armée serait antigouvernement ? Voyons donc ! », s'était exclamé son père, Philippe Audet, lors d'une entrevue avec La Presse, après l'arrestation de l'accusé.
Raphaël Lagacé n'a pas servi en tant que membre des Forces armées canadiennes, mais il a été instructeur civil au sein du 630e Escadron des cadets de l'Aviation royale du Canada à Beauport (Québec) de janvier 2021 à septembre 2024.
Le dossier des quatre accusés sera de retour devant le tribunal le 12 septembre. Il s'agira de gestion. Le procès n'aura pas lieu avant des mois.
Avec Olivier Picard, La Presse
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« L'hôtel était anglais, tout le reste était français »
Quand un médecin afro-américain se fait refuser l'accès à la salle à manger du Château Frontenac, la population de la ville réagit de façon humaine et évoluée, en ce mois d'août 1945 François Charbonneau Essayiste et professeur titulaire à l'École d'études politiques de l'Université d'Ottawa Il y a 80 ans, le 6 août 1945, les journaux québécois annonçaient qu'une première bombe atomique avait éclaté au-dessus de la ville japonaise d'Hiroshima. Mais une autre histoire publiée ce jour-là passionnera bientôt le Québec tout entier : un médecin noir new-yorkais, George D. Cannon, et sa femme, Lillian M. Cannon, poursuivaient en justice le célèbre Château Frontenac pour discrimination raciale. Les Cannon avaient décidé cet été-là de passer leurs vacances à Québec. Dès leur arrivée au Château où ils séjourneront deux semaines, le 29 juillet 1945, ils soupent dans la salle à manger du célèbre hôtel où Churchill et Roosevelt s'étaient rencontrés deux fois plutôt qu'une (en 1943, puis en 1944). 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Les avocats en immigration dénotent un nombre élevé de contrôles de sécurité
Dans son dernier rapport annuel, le Service canadien du renseignement de sécurité indique avoir reçu plus de 538 000 demandes de contrôle de sécurité de la part des agents de l'immigration et des services frontaliers en 2024. Les avocats en immigration dénotent un nombre élevé de contrôles de sécurité (Ottawa) Le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) affirme traiter un nombre croissant de demandes de contrôle de sécurité en matière d'immigration, ce qui entraîne de longs délais pour les avocats spécialisés en immigration. David Baxter La Presse Canadienne Dans son dernier rapport annuel, l'agence de renseignement indique avoir reçu plus de 538 000 demandes de contrôle de sécurité de la part des agents de l'immigration et des services frontaliers en 2024. Une augmentation significative du nombre de demandes a commencé à être constatée en 2023, avec plus de 493 200 demandes reçues. 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