
Un budget à haut risque pour François Bayrou
Jusqu'à quel point François Bayrou joue-t-il sa chemise avec le plan budgétaire présenté mardi ?
François Bayrou joue sa chemise depuis qu'il a été nommé premier ministre (décembre 2024) du fait qu'il n'a pas de majorité à l'Assemblée. Donc il suffit que la gauche réunie (La France insoumise avec les socialistes en premier lieu) et le Rassemblement national votent contre lui, et il est mort politiquement. Comme ce budget est un acte politique majeur, la tension va être maximale. Mais il a encore du temps. Pour l'instant, il annonce son programme. Ce n'est que le premier round. Au mieux, le vote de ce budget ne se fera qu'en octobre. Ça laisse du temps pour des négociations.
À quoi s'attendre de ce côté ?
On sait une chose, c'est qu'il faut réduire la voilure. Parce qu'on ne peut pas défendre le principe d'avoir encore plus de déficits en France. Bayrou a mis la barre très haut, en visant 44 milliards d'euros d'économies. Sauf que tout le monde n'est pas d'accord sur les solutions. Certains pensent qu'il faut limiter les dépenses publiques, d'autres qu'il faut hausser les impôts, et d'autres pensent que ce sont les étrangers qui doivent payer la note avec une politique nationale ou nationaliste. Donc il y a du grain à moudre. Pour l'instant, on sent bien que certaines de ces mesures sont des ballons d'essai.
Bayrou parle d'augmenter les dépenses militaires, de faire des coupes radicales en santé, de geler les retraites et d'annuler deux jours fériés (le lundi de Pâques et le 8 mai commémorant la fin de la Seconde Guerre mondiale). Ce dernier point, en particulier, fait couler beaucoup d'encre…
En termes de stratégie politique, les jours fériés sont souvent l'épouvantail qui fait fuir les oiseaux. Mais ce n'est pas le plus important, et de loin. Grosso modo, les deux journées pourraient concerner quelque chose comme 4 milliards d'économies. Ce n'est pas rien [mais] c'est moins de 10 % de l'affaire. Mais tout le monde parle de ça parce que c'est très symbolique et que ça touche tout le monde. C'est un peu l'arbre qui cache la forêt, si vous voulez. Ça fait beaucoup de buzz. Mais il est possible que ça finisse dans les oubliettes de la négociation. Il y a plus d'enjeux sur la question des retraites, considérant que les retraités représentent 40 % du corps électoral.
PHOTO MINISTÈRE DES ARMÉES DE FRANCE
Défilé commémorant la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe, le 8 mai dernier, à Paris
Que prévoyez-vous pour la rentrée, quand le budget sera présenté ?
Il y aura forcément une motion de censure déposée par La France insoumise (gauche radicale) et votée par le RN (extrême droite). Donc c'est avec le Parti socialiste (PS) que la survie du gouvernement va se jouer. C'est eux qui feront que ça passe ou pas. Le PS pourrait décider de s'abstenir de voter la motion de censure, comme il l'a fait lors du budget précédent (janvier 2025). Si les socialistes ne votent pas, il n'y a pas de majorité contre. Si, dans les négociations, Bayrou lâche un peu et accepte de céder sur certains points qui sont chers au PS, comme les retraites, ça peut le faire. Mais derrière tout ça, selon moi, la question est de savoir si on va vers une présidentielle anticipée ou pas.
Que voulez-vous dire ?
Qu'il y a deux possibilités. Si le budget est rejeté, qu'il y a une motion de censure qui fait tomber le gouvernement, le chef de l'État peut soit nommer un nouveau premier ministre avec la même majorité, sans dissoudre l'Assemblée – mais on a vu à quel point c'est difficile –, soit dissoudre et déclencher de nouvelles élections législatives. Mais alors on se retrouverait peut-être avec les mêmes forces politiques à l'Assemblée nationale. La pression sur Macron sera alors tellement forte qu'on risque de lui demander de démissionner… et il y a tout à penser qu'il le ferait. Ce qui nous mènerait à une présidentielle anticipée puisqu'en principe cette élection n'est pas prévue avant 2027.
PHOTO LUDOVIC MARIN, ARCHIVES REUTERS
Le président français, Emmanuel Macron, le 10 juillet dernier, à Londres
À qui profiterait ce scénario ?
Il faut que chacun compte ses forces en disant : qu'est-ce que je gagne moi dans l'opération ? Le Parti socialiste et le parti Les Républicains (LR) n'ont aucun intérêt pour l'instant à une présidentielle anticipée. La France insoumise et Le Rassemblement national sont en meilleure position. C'est pourquoi ils sont si soucieux d'interrompre l'aventure de François Bayrou. Il y a aussi Édouard Philippe [ancien premier ministre, successeur annoncé de Macron au centre]. C'est le seul, d'ailleurs, qui soit déjà complètement déclaré comme candidat. C'est pour ça qu'il est le plus critique du budget de Bayrou. Non seulement il croit à cette possibilité, mais il compte là-dessus…
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La Presse
3 hours ago
- La Presse
Trump annonce un accord « énorme » avec le Japon
Chinois et Américains se rencontreront la semaine prochaine dans la capitale suédoise, Stockholm, pour un troisième cycle de discussions sur les droits de douane. (Washington) Donald Trump a annoncé la conclusion d'un accord commercial « énorme » avec le Japon, la Chine confirmant de son côté mercredi qu'elle enverra son vice-premier ministre à de cruciales discussions sino-américaines la semaine prochaine en Suède. Agence France-Presse Le président américain entend imposer à partir du 1er août de massives surtaxes dites « réciproques », initialement prévues au 1er avril puis suspendues, à nombre de pays – à moins qu'ils ne concluent d'ici là des accords avec les États-Unis. L'administration Trump revendique désormais cinq de ces accords à son actif : outre le Japon, le président américain a annoncé mardi en avoir conclu un avec les Philippines. Les États-Unis ont également assuré s'être entendus avec le Royaume-Uni, l'Indonésie et le Vietnam. Chinois et Américains se rencontreront quant à eux la semaine prochaine dans la capitale suédoise, Stockholm, pour un troisième cycle de discussions sur les droits de douane. La Chine a annoncé mercredi que son vice-premier ministre He Lifeng, chargé des questions économiques, se rendra à ces négociations, qu'elle espère basées sur « les principes de respect mutuel, de coexistence pacifique et de coopération gagnant-gagnant ». « Sans précédent » L'accord avec le Japon, l'une des principales économies mondiales, représente un succès pour Donald Trump. Le président américain l'a qualifié mardi sur sa plateforme Truth Social de « sans précédent ». « Le Japon paiera des droits de douane réciproques de 15 % aux États-Unis », a-t-il indiqué, bien en deçà de la surtaxe de 25 % dont l'archipel était menacé au 1er août. Le Japon, bien qu'allié clé des États-Unis, est actuellement soumis aux mêmes droits de douane de base de 10 % que la plupart des nations, ainsi qu'à des surtaxes de 25 % sur les voitures et de 50 % sur l'acier et l'aluminium. L'accord ramènera les droits de douane sur l'automobile à 15 %, comme sur le reste des produits. « C'est un accord un peu différent, mais parce que les Japonais ont proposé une solution très innovante, en apportant du financement, des garanties et du crédit hypothécaire à des projets majeurs ici aux États-Unis », a détaillé M. Bessent mardi sur Bloomberg TV, « c'est ce financement innovant qui permet de leur offrir 15 % » même sur l'automobile. Donald Trump assure que cet accord apportera « 550 milliards de dollars » d'investissements dans le pays, sans plus de détails. Riz et voitures « Nous pensons que c'est une grande réussite d'avoir pu obtenir la plus grande réduction [des surtaxes] parmi les pays ayant un excédent commercial avec les États-Unis », s'est félicité le premier ministre japonais Shigeru Ishiba. Selon M. Trump, le Japon a accepté de s'ouvrir « au commerce des voitures et des camionnettes, du riz et d'un certain nombre d'autres produits agricoles » venant des États-Unis. Sur l'automobile qui représente 8 % des emplois dans l'archipel, l'enjeu était de taille : elle constituait l'an dernier presque 30 % des exportations du Japon vers les États-Unis. Or, à la suite des surtaxes de 25 % imposées depuis avril, ces exportations ont dégringolé d'un quart sur un an en mai et en juin. Selon M. Ishiba, l'accord conclu prévoit que ces surtaxes soient divisées par deux, et s'ajoutent aux droits de douane préexistants de 2,5 % pour parvenir à une taxation finale de 15 %. Par ailleurs, gonfler les importations de riz était ces derniers mois un tabou pour Tokyo, qui assurait défendre les intérêts des agriculteurs locaux. « L'Europe viendra demain » « Nous avons poursuivi les négociations pour parvenir à un accord répondant à l'intérêt national du Japon et des États-Unis » et « rien n'impose des sacrifices à nos agriculteurs », a affirmé mercredi M. Ishiba. Le Japon importe actuellement jusqu'à 770 000 tonnes de riz exemptés de droits de douane et pourrait importer davantage de céréales américaines dans cette limite – au détriment d'autres origines –, a-t-il expliqué. En revanche, les surtaxes américaines de 50 % sur l'acier et l'aluminium ne sont pas concernées par l'accord, pas davantage que les dépenses de défense du Japon dont M. Trump réclame le renforcement, a précisé Ryosei Akazawa. Et M. Trump a détaillé mardi les conditions d'un accord-cadre conclu avec Jakarta, ouvrant la voie à un accord final encore à construire. « L'Europe viendra demain et, le jour suivant, nous en avons d'autres qui viennent », a même assuré Donald Trump mardi devant des sénateurs républicains. M. Trump a menacé des droits de douane de 30 % sur toutes les importations venant de l'UE à compter du 1er août.


La Presse
6 hours ago
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Jours fériés au Québec et en France
La loi québécoise prévoit un minimum de huit jours fériés pour les travailleurs. Huit jours fériés au Québec ? Vraiment ? Quelques lecteurs incrédules ont fait part de leur scepticisme après la publication, mercredi dernier, d'une comparaison du nombre de jours fériés entre différents pays1. La France, si elle va de l'avant avec l'abolition de deux jours fériés, en compterait désormais neuf. Le Québec, lui, n'en a que huit. « Il appert que votre source pour le Québec, du moins l'extraction que vous présentez, ne représente pas l'ensemble des travailleurs et peut fausser les comparaisons », nous a écrit Charles Lévesque. Fort bien. Puisque le graphique présenté le 16 juillet ne permet pas de distinguer les nuances de l'attribution des jours fériés au Québec et au Canada, saisissons cette nouvelle occasion pour explorer plus à fond le dossier. (Et puis, parler de journées de congé en plein été, c'est quand même plus agréable que de jaser de cotisations REER.) Huit jours fériés, c'est bien ce que prévoit la loi québécoise. C'est le minimum de jours fériés auxquels ont droit les travailleurs. Mais le nombre moyen de jours fériés dont profitent les travailleurs, suspecte M. Lévesque, est probablement plus élevé. « Je ne serais pas surpris que le chiffre réel tourne autour de dix ou onze plutôt que huit, ce qui nous placerait considérablement plus haut dans votre graphique. » Il existe peu de données sur le nombre de jours fériés supplémentaires dont disposent les travailleurs québécois. Mais l'Institut de la statistique du Québec (ISQ) a produit un portrait fort intéressant de la situation qui avait cours en 2018 dans les entreprises de 200 employés et plus, qu'elles soient publiques ou privées – ce qui concerne environ 30 % des travailleurs québécois, selon l'ISQ. Si on ajoute les « congés mobiles » aux huit fériés déjà prévus dans la loi, le nombre moyen de journées de congé est souvent même plus élevé que l'estimation de M. Lévesque. Les congés mobiles sont définis, par le ministère du Travail, comme de courtes périodes d'absence rémunérées « prises à un moment déterminé soit par l'employé, soit par l'employeur, ou négocié dans le cadre d'une convention collective ». Par exemple, un congé mobile peut être instauré dans une entreprise pour une journée en particulier qui ne fait pas partie des jours fériés prévus par la loi, comme le lundi de Pâques ou la veille de Noël. Donc, selon cette étude, le nombre moyen de jours fériés et de congés mobiles dans les entreprises québécoises de plus de 200 employés s'établit à… 12,3 par année. Sans surprise, les employés syndiqués sont ceux qui réussissent à se négocier davantage de congés, soit 12,7 jours par année. Les employés du secteur public sont les plus choyés, avec une moyenne de 13,1 journées fériées et de congé mobiles, toujours selon le portrait dressé en 2018. Les employés non syndiqués de ces grandes entreprises, eux, ne sont pas très loin derrière. Ils disposent en moyenne de 11,7 jours fériés et congés mobiles par année. Ce qui donne tout de même près de quatre journées de congé de plus que ce que prévoit la loi. Dans le secteur privé, que les employés soient syndiqués ou non, ou que leur entreprise compte 200 ou 1000 employés, le nombre de jours fériés et de congés mobiles est le même, soit une douzaine. Quels sont ces jours fériés auxquels ont droit les travailleurs les plus choyés ? D'abord, si la loi laisse à l'employeur le choix d'offrir le Vendredi saint ou le lundi de Pâques, beaucoup d'employés ont droit aux deux journées. De même, aux Fêtes, on allonge bien souvent la durée du congé en ajoutant, à Noël et au jour de l'An, le 24 décembre, le 26 décembre, le 31 décembre ou le 2 janvier. Ou toutes ces journées, comme c'est souvent le cas pour les employés municipaux. Les employés municipaux sont d'ailleurs particulièrement choyés en la matière, avec une moyenne de 16 jours fériés et congés mobiles par année. « En plus de 14 [jours] fériés, j'avais six semaines de vacances annuelles, et huit jours de congé de maladie (sans nécessairement avoir besoin d'une justification) », nous a d'ailleurs écrit une employée retraitée d'une municipalité québécoise, qui a demandé qu'on ne publie pas son nom. Les employés du secteur universitaire ont droit à une moyenne de 15 jours fériés et congés mobiles. Ceux qui travaillent pour l'administration fédérale et les entreprises publiques ont en moyenne 13 jours de congé, suivi de très près par les employés de l'État québécois, avec une moyenne de 12,5 jours. Ce qui, si on revient à la France et ses onze jours fériés, est assez comparable pour cette catégorie de travailleurs. D'ailleurs, une autre lectrice, Typhanie, tient à préciser que « la France ne reporte pas les jours fériés si ceux-là sont un samedi ou dimanche, contrairement au Québec ». En effet, selon certaines conditions, le travailleur québécois reçoit une indemnité ou un congé compensatoire si le férié tombe un jour où il n'est normalement pas à l'horaire. Dans le reste du Canada, le portrait a un peu changé ces dernières années avec l'introduction en 2021 de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, le 30 septembre. Si ce férié figure au calendrier des employés sous réglementation fédérale (fonctionnaires fédéraux, employés des banques et télécommunications, par exemple), son adoption n'a pas suivi dans toutes les provinces. Ainsi, il ne s'agit pas d'un férié au Québec ni en Ontario, mais il s'est ajouté à la liste des fériés de la Colombie-Britannique, de l'Île-du-Prince-Édouard et du Manitoba. 1. Consultez notre graphique « Les Français sont-ils trop souvent en congé ? » Quels sont les jours fériés prévus à la loi québécoise ? 1 er janvier (jour de l'An) janvier (jour de l'An) Vendredi saint ou lundi de Pâques, au choix de l'employeur Lundi qui précède le 25 mai (Journée nationale des patriotes) 24 juin (fête nationale) 1 er juillet (fête du Canada) juillet (fête du Canada) 1 er lundi de septembre (fête du Travail) lundi de septembre (fête du Travail) 2 e lundi d'octobre (Action de grâce) lundi d'octobre (Action de grâce) 25 décembre (jour de Noël) Qu'en pensez-vous ? Participez au dialogue


La Presse
6 hours ago
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Le vice-premier ministre chinois négociera avec Washington en Suède
Chinois et Américains se rencontreront la semaine prochaine dans la capitale suédoise, Stockholm, pour un troisième cycle de discussions sur les droits de douane. (Washington) Donald Trump a annoncé la conclusion d'un accord commercial « énorme » avec le Japon, la Chine confirmant de son côté mercredi qu'elle enverra son vice-premier ministre à de cruciales discussions sino-américaines la semaine prochaine en Suède. Agence France-Presse Le président américain entend imposer à partir du 1er août de massives surtaxes dites « réciproques », initialement prévues au 1er avril puis suspendues, à nombre de pays – à moins qu'ils ne concluent d'ici là des accords avec les États-Unis. Un compromis reste encore incertain avec l'Union européenne (UE). L'administration Trump compte pour l'heure quatre de ces accords à son actif : outre le Japon, le président américain a annoncé mardi en avoir conclu un avec les Philippines. Les États-Unis se sont par ailleurs déjà entendus avec le Royaume-Uni et le Vietnam. Chinois et Américains se rencontreront quant à eux la semaine prochaine dans la capitale suédoise, Stockholm, pour un troisième cycle de discussions sur les droits de douane. La Chine a annoncé mercredi que son vice-premier ministre He Lifeng, chargé des questions économiques, se rendra à ces négociations, qu'elle espère basées sur « les principes de respect mutuel, de coexistence pacifique et de coopération gagnant-gagnant ». « L'accord avec la Chine prend fin le 12 août », avait souligné mardi sur la chaîne Fox Business le secrétaire américain au Trésor Scott Bessent – qui se rendra à Stockholm – à propos de la fin prévue de la trêve commerciale entre Pékin et Washington. « Sans précédent » L'accord avec le Japon, l'une des principales économies mondiales, représente un succès pour Donald Trump. Le président américain l'a qualifié mardi sur sa plateforme Truth Social de « sans précédent ». « Le Japon paiera des droits de douane réciproques de 15 % aux États-Unis », a-t-il indiqué, bien en deçà de la surtaxe de 25 % dont l'archipel était menacé au 1er août. Le Japon, bien qu'allié clé des États-Unis, est actuellement soumis aux mêmes droits de douane de base de 10 % que la plupart des nations, ainsi qu'à des surtaxes de 25 % sur les voitures et de 50 % sur l'acier et l'aluminium. Cet accord avec Tokyo va entraîner la création de « centaines de milliers d'emplois », a ajouté M. Trump, mentionnant des investissements japonais à hauteur de « 550 milliards de dollars » sur le sol américain, sans détail si ce n'est que « 90 % des bénéfices seraient perçus par les États-Unis ». Riz et voitures « Nous pensons que c'est une grande réussite d'avoir pu obtenir la plus grande réduction [des surtaxes] parmi les pays ayant un excédent commercial avec les États-Unis », s'est félicité le premier ministre japonais Shigeru Ishiba. Selon M. Trump, le Japon a accepté de s'ouvrir « au commerce des voitures et des camionnettes, du riz et d'un certain nombre d'autres produits agricoles » venant des États-Unis. Sur l'automobile qui représente 8 % des emplois dans l'archipel, l'enjeu était de taille : elle constituait l'an dernier presque 30 % des exportations du Japon vers les États-Unis. Or, à la suite des surtaxes de 25 % imposées depuis avril, ces exportations ont dégringolé d'un quart sur un an en mai et en juin. Selon M. Ishiba, l'accord conclu prévoit que ces surtaxes soient divisées par deux, et s'ajoutent aux droits de douane préexistants de 2,5 % pour parvenir à une taxation finale de 15 %. Les actions des constructeurs nippons se sont envolées mercredi, Toyota gagnant 14,34 %, Nissan 8,28 % et Honda 11,14 %. La Bourse de Tokyo a, elle, clôturé en hausse de 3,51 %, tandis que les marchés européens ont aussi salué la nouvelle par une hausse à l'ouverture. Par ailleurs, gonfler les importations de riz était ces derniers mois un tabou pour Tokyo, qui assurait défendre les intérêts des agriculteurs locaux. « L'Europe viendra demain » « Nous avons poursuivi les négociations pour parvenir à un accord répondant à l'intérêt national du Japon et des États-Unis » et « rien n'impose des sacrifices à nos agriculteurs », a affirmé mercredi M. Ishiba. Le Japon importe actuellement jusqu'à 770 000 tonnes de riz exemptés de droits de douane et pourrait importer davantage de céréales américaines dans cette limite, au détriment d'autres origines, a-t-il expliqué. En revanche, les surtaxes américaines de 50 % sur l'acier et l'aluminium ne sont pas concernées par l'accord, pas davantage que les dépenses de défense du Japon dont M. Trump réclame le renforcement, a précisé Ryosei Akazawa. Et M. Trump a détaillé mardi les conditions d'un accord-cadre conclu avec Jakarta, ouvrant la voie à un accord final encore à construire. « L'Europe viendra demain et, le jour suivant, nous en avons d'autres qui viennent », a même assuré Donald Trump mardi devant des sénateurs républicains. M. Trump a décrété des droits de douane de 30 % sur toutes les importations venant de l'UE et du Mexique à compter du 1er août. Le Canada encourt 35 % de surtaxe et le Brésil 50 %.