Les démocrates du Texas quittent l'État pour empêcher un vote
Les démocrates du Texas ont quitté l'État dimanche pour tenter d'empêcher la Chambre des représentants de tenir un vote qui doit avoir lieu lundi sur la nouvelle carte du Congrès américain. Les républicains espèrent que cette dernière leur permettra de remporter plusieurs sièges supplémentaires à la Chambre des représentants lors des élections de mi-mandat de 2026.
Joey Cappelletti et Andrew Demillo
Associated Press
Cette décision radicale pourrait exposer les démocrates à des amendes et autres sanctions ; le procureur général de l'État avait déjà menacé de les arrêter s'ils prenaient une telle mesure. Refuser d'assister à une session législative constitue cependant une infraction civile ; les démocrates ne peuvent donc pas être emprisonnés pour cela, et l'on ignore qui a le pouvoir d'exécuter les mandats d'arrêt.
Les démocrates ont présenté leur décision de quitter l'État comme leur ultime tentative pour empêcher les républicains, qui contrôlent entièrement le gouvernement texan, de faire adopter un redécoupage du Congrès.
« Ce n'est pas une décision que nous prenons à la légère, mais c'est une décision que nous prenons avec une clarté morale absolue », a déclaré par communiqué Gene Wu, président du groupe parlementaire démocrate de la Chambre des représentants.
PHOTO TOM KRAWCZYK, REUTERS
Le président du groupe parlementaire démocrate de la Chambre des représentants du Texas, Gene Wu
Pour mener à bien ses activités officielles, la présence d'au moins 100 des 150 membres de la Chambre des représentants du Texas est requise. Les démocrates détiennent 62 des sièges de cette chambre à majorité républicaine. Au moins 51 membres démocrates vont quitter l'État, a prévenu Josh Rush Nisenson, porte-parole du groupe parlementaire démocrate de la Chambre.
« L'apathie est une forme de complicité, et nous ne serons pas complices du silence imposé aux communautés qui travaillent dur et luttent depuis des décennies pour le pouvoir que Trump veut leur voler », a-t-il déclaré.
C'est la deuxième fois en quatre ans que des démocrates du Texas fuient l'État pour bloquer un vote. En 2021, un bras de fer de 38 jours a eu lieu lorsque les démocrates se sont rendus à Washington D.C. pour s'opposer aux nouvelles restrictions électorales.
« Fuir comme des lâches »
Le gouverneur républicain Greg Abbott a convoqué une session extraordinaire de l'Assemblée législative, qui a débuté le mois dernier, afin de se pencher sur le redécoupage électoral et de réagir aux inondations dans la région de Texas Hill Country, qui ont fait au moins 135 morts en juillet. Le président Trump a exhorté les républicains du Texas à redessiner la carte électorale afin d'aider le parti à remporter quelques sièges lors des élections de mi-mandat l'année prochaine.
PHOTO JACQUELYN MARTIN, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS
Le gouverneur républicain du Texas, Greg Abbott
« Depuis des semaines, nous avertissons que, si les républicains du Texas souhaitent une confrontation – s'ils veulent retarder l'aide aux sinistrés des inondations pour protéger lâchement Donald Trump d'un inévitable effondrement aux élections de mi-mandat – alors nous leur offrirons cette confrontation », a soutenu le président du Parti démocrate, Ken Martin, dans un communiqué. « C'est exactement ce que les démocrates du Texas ont fait aujourd'hui : ils ont saboté la session extraordinaire bidon des républicains, qui ignorait pratiquement le sort des victimes des inondations dans le comté de Kerr. »
Le procureur général Ken Paxton a affirmé sur X que l'État devrait « utiliser tous les outils à sa disposition pour traquer ceux qui se croient au-dessus des lois ».
PHOTO ERIC GAY, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS
Le procureur général du Texas, Ken Paxton
« Les démocrates de la Chambre des représentants du Texas qui tentent de fuir comme des lâches devraient être retrouvés, arrêtés et ramenés au Capitole immédiatement », a-t-il écrit.
Les bureaux de M. Abbott et du président de la Chambre, Dustin Burrows, n'ont pas immédiatement répondu à des demandes de commentaires dimanche après-midi.
La semaine dernière, les républicains du Texas ont dévoilé leur projet de nouvelle répartition des sièges à la Chambre des représentants, qui créerait cinq nouveaux sièges à tendance républicaine. Les républicains détiennent actuellement 25 des 38 sièges de l'État.
En quittant le Texas, les démocrates cherchent à les empêcher d'atteindre le quorum nécessaire à la tenue des votes prévus lundi. La Chambre des représentants du Texas dispose d'une réglementation prévoyant une amende de 500 dollars par jour de dépassement du quorum. Le procureur général républicain, Ken Paxton, a soutenu que, si les démocrates dépassent le quorum, « ils devraient être retrouvés et arrêtés, où qu'ils aillent ».
« Mon bureau est prêt à aider les autorités locales, étatiques et fédérales à traquer et à contraindre à la présence toute personne qui abandonne son bureau et ses électeurs pour un spectacle politique facile », a indiqué M. Paxton sur X le 15 juillet.
Un plan de longue date
Une grande partie des démocrates du Texas se sont dirigés vers l'Illinois, où le gouverneur démocrate JB Pritzker était en pourparlers avec eux depuis des semaines pour leur offrir un soutien s'ils décidaient de quitter l'État. M. Pritzker, candidat potentiel à la présidentielle de 2028, est l'un des critiques les plus virulents de M. Trump depuis son second mandat.
PHOTO MARK BLACK, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS
Le gouverneur démocrate de l'Illinois, JB Pritzker
La semaine dernière, M. Pritzker a accueilli plusieurs démocrates texans en Illinois pour s'opposer publiquement au redécoupage électoral. Le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, a organisé un évènement similaire dans son propre État.
M. Pritzker a également rencontré en privé le président du parti démocrate texan, Kendall Scudder, en juin, pour préparer un éventuel départ des législateurs pour l'Illinois pour rompre le quorum, selon une source proche du dossier qui a requis l'anonymat pour évoquer des conversations privées.
Alors que les démocrates texans partent maintenant pour l'Illinois et bloquent le découpage électoral du Congrès, soutenu par M. Trump, tout est en place pour une confrontation médiatisée entre M. Pritzker et le président.
Donald Trump cherche à éviter une répétition de son premier mandat, lorsque les démocrates ont renversé la Chambre des représentants deux ans seulement après son entrée en fonction. Il espère que le nouveau découpage électoral du Texas l'aidera à ce niveau. L'équipe de M. Trump a également envisagé de redessiner les frontières dans d'autres États, comme le Missouri, selon une personne au courant des discussions.
Nadia Lathan, rédactrice pour l'Associated Press à Austin, a contribué à cette dépêche.
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