
Donald Trump veut virer la cheffe des statistiques car elle aurait « truqué les chiffres de l'emploi » pour le dénigrer
« Je viens d'apprendre que les 'chiffres de l'emploi' de notre pays sont réalisés par une personne nommée par Joe Biden, Dr. Erika McEntarfer, (...) qui a truqué les chiffres de l'emploi avant l'élection pour augmenter les chances de victoire de Kamala » (Harris, sa rivale à la dernière élection présidentielle), a affirmé le chef de l'État sur sa plateforme Truth Social vendredi 1er août.
« J'ai demandé à mon équipe de renvoyer cette personne (...), IMMÉDIATEMENT. Elle sera remplacée par quelqu'un de beaucoup plus compétent et qualifié », a-t-il ajouté. Puis, dans un deuxième message, Donald Trump a dénoncé des chiffres, selon lui, « TRUQUÉS pour donner une mauvaise image des républicains et de MOI-MÊME », sans avancer de preuves de cette manipulation.
Avant d'affirmer la même chose de vive voix lors d'un échange avec la presse, où il a de nouveau accusé Erika McEntarfer d'avoir gonflé les chiffres dans le passé au profit de l'administration Biden.
« Un précédent dangereux »
Erika McEntarfer est la commissaire du Bureau fédéral des statistiques, un organisme qui publie les chiffres de référence sur l'emploi, la productivité et les prix aux États-Unis. « Le renvoi totalement infondé d'Erika McEntarfer, qui m'a succédé, est un précédent dangereux et sape la mission du Bureau », a critiqué son prédécesseur à ce poste, William Beach, sur X, qui avait officié pendant le précédent mandat de Donald Trump.
« Renvoyer la responsable d'une agence gouvernementale stratégique parce que vous n'aimez pas les chiffres qu'elle produit (...) c'est ce qui arrive dans des pays autoritaires, pas dans des pays démocratiques », a dénoncé Larry Summers, ancien ministre des Finances du président démocrate Bill Clinton puis conseiller de Barack Obama, sur la même plateforme.
« Il nous faut des économistes sérieux dans ces positions, pas des laquais qui vous diront ce que vous voulez entendre », a protesté le sénateur de gauche Bernie Sanders à l'attention de Donald Trump, également sur X.
La fédération américaine d'économistes NABE a quant à elle « fermement condamné » ce renvoi. « Les révisions importantes des chiffres de l'emploi ces dernières années ne reflètent pas une manipulation, mais plutôt la diminution des ressources allouées aux agences statistiques », a-t-elle indiqué dans un communiqué.
« Le marché du travail se détériore »
Vendredi matin, le rapport mensuel sur l'emploi aux États-Unis a surpris en peignant un tableau plus sombre qu'attendu de l'état du marché du travail, à l'heure où les experts prédisent un ralentissement sous l'effet de l'offensive douanière du président américain.
En particulier, le nombre d'emplois censés avoir été créés pendant les mois de mai et de juin a été fortement révisé à la baisse. Les chiffres corrigés (19 000 en mai et 14 000 en juin) s'affichent ainsi au plus bas depuis la pandémie de Covid-19.
Les corrections sont « bien supérieures à la normale », est-il relevé dans le rapport. Ce sont 258 000 créations d'emplois qui se sont évaporées des statistiques sur ces deux mois. Ce rapport « change la donne » en montrant que « le marché du travail se détériore rapidement », selon l'économiste de la banque Navy Federal Credit Union, Heather Long.
Démission à la Fed
Les chiffres viennent mettre à mal le discours triomphaliste de Donald Trump sur l'économie américaine, alors que plusieurs sondages font état d'une baisse de sa cote de confiance. Il ne cesse d'affirmer que l'économie est rugissante, tout en appelant avec insistance la banque centrale des États-Unis (Fed) à la soutenir davantage en diminuant les taux d'intérêt.
Plus tôt dans la semaine, la Réserve fédérale a encore préféré laisser ses taux inchangés pour la cinquième fois de suite, une décision marquée par la rare opposition de deux gouverneurs.
Une autre gouverneure, Adriana Kugler, a quant à elle annoncé sa démission vendredi, et le président américain s'est dit « très heureux » de pouvoir ainsi faire entrer une nouvelle personne au comité fixant les taux d'intérêt, pendant un échange avec des journalistes. Il a ensuite écrit sur son réseau Truth Social que le patron de la Fed Jerome Powell, qu'il n'a de cesse d'accabler, « devrait démissionner » lui aussi. Bienvenue dans les États-Unis de Donald Trump.
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