
Donald Trump maintient la pression sur le Brésil
Erwan LUCAS
Agence France-Presse
Le premier coup est venu du département du Trésor, avec des sanctions visant M. de Moraes, que Washington accuse de « détentions arbitraires » et de non-respect de « la liberté d'expression ».
Le Trésor estime que le juge a profité de sa position pour « cibler des opposants politiques, notamment l'ex-président Jair Bolsonaro, des journalistes, des réseaux sociaux américains et d'autres entreprises américaines et internationales ».
L'ancien président brésilien, allié de Donald Trump, est poursuivi dans son pays pour une tentative présumée de coup d'État après sa défaite lors de l'élection de 2022.
« Alexandre de Moraes s'est octroyé le droit d'être juge et jury pour orchestrer une chasse aux sorcières illégale contre des citoyens et entreprises américaines et brésiliennes. Les sanctions de ce jour rappellent que le Trésor tiendra pour responsable ceux qui menacent les intérêts américains et la liberté de nos citoyens », a déclaré le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, cité dans un communiqué.
PHOTO DE LA COUR SUPRÊME BRÉSILIENNE, FOURNIE PAR ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE
Le juge de la Cour suprême brésilienne Alexandre de Moraes
Ces sanctions entraînent le gel de l'ensemble des avoirs détenus par M. de Moraes aux États-Unis ainsi que l'interdiction pour des citoyens ou entreprises américaines de faire affaire avec le juge brésilien, sous peine de poursuites.
Elles viennent compléter celles annoncées par le département d'État le 18 juillet, qui visaient tous les juges de la Cour suprême ainsi que leurs proches parents, qui sont tous désormais interdits d'entrer aux États-Unis.
« Que cela serve d'avertissement à ceux qui voudraient bafouer les droits de leurs concitoyens. Une robe de juge ne peut pas vous protéger », a réagi sur X le secrétaire d'État américain, Marco Rubio.
Le gouvernement brésilien a qualifié ces sanctions d'« arbitraires » et d'« injustifiables », et y voit « une attaque grave et inacceptable contre la souveraineté » du Brésil, d'après un communiqué de l'Agence brésilienne pour la défense légale de l'État (AGU).
La ministre en charge des Relations institutionnelles du Brésil, Gleisi Hoffmann, a de son côté exprimé le « rejet total du gouvernement Lula » envers ces sanctions.
« Très reconnaissant »
Mais Washington ne s'est pas arrêté là, pour lutter contre ce que Donald Trump présente comme une « chasse aux sorcières » à l'encontre de son allié d'extrême droite.
Après avoir menacé depuis plusieurs jours Brasilia de 50 % de surtaxes douanières à partir du 1er août, le président américain a finalement signé, un peu plus tard dans la journée, un décret en ce sens.
Selon le décret, publié sur le site de la Maison-Blanche, la surtaxe, qui entrera en vigueur à partir du 6 août, se justifie par « la menace inhabituelle et extraordinaire que constitue le Brésil pour la sécurité nationale, l'économie et la politique étrangère des États-Unis »,
Fort de ce soutien américain, le fils de l'ancien président, Eduardo Bolsonaro, s'est dit « très reconnaissant », appelant « les autres leaders du monde libre à s'unir aux États-Unis ».
Le procès de Jair Bolsonaro pour une tentative présumée de coup d'État contre l'actuel président de gauche Luiz Inácio Lula da Silva doit s'achever dans les prochaines semaines. L'ex-chef d'État (2019-2022), âgé de 70 ans, risque plus de 40 ans de prison.
Outre le port d'un bracelet électronique, Jair Bolsonaro est contraint de rester chez lui soir et fin de semaine, et interdit de recourir aux réseaux sociaux et de contacter ambassades et autorités étrangères.
Les autorités brésiliennes ont également adopté une posture très ferme concernant la lutte contre la désinformation, la Cour suprême ayant durci en juin 2024 la régulation des réseaux sociaux.
Le juge Moraes avait bloqué durant 40 jours X au Brésil, jusqu'à ce que le réseau du multimilliardaire Elon Musk se conforme aux ordres de supprimer des comptes accusés de diffuser des infox.
Pour les mêmes raisons, il a ordonné en février le blocage de la plateforme vidéo Rumble, prisée des conservateurs américains.
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