
Maladie oubliée: la lutte contre la peste passe par Genève
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La lutte contre la peste bubonique passe par Genève
Pour la première fois dans l'histoire, un essai clinique concluant a été réalisé. Il a été mené à Madagascar, avec la participation de deux experts suisses.
Caroline Zuercher
Cette photographie prise en octobre 2016 par l'organisation Médecins sans frontières montre des travailleurs qui nettoient et désinfectent les tentes où dorment les patients du centre de triage et de traitement de la peste à Tamatave, dans l'est de Madagascar.
AFP PHOTO / MEDECINS SANS FRONTIERES / RIJASOLO
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En bref : Une recherche menée à Madagascar montre que la peste bubonique peut être traitée efficacement avec un antibiotique oral simple.
Le traitement par ciprofloxacine évite l'hospitalisation et réduit les coûts médicaux. Des arguments importants dans ce pays.
Le consortium international ISARIC valide ainsi la première étude clinique sur la peste.
Deux experts suisses ont participé au projet.
Bubonique, pulmonaire ou septicémique, la peste afflige l'humanité depuis 5000 ans, mais n'avait jamais fait l'objet d'un essai clinique concluant. Bien que cette maladie évoque des images effrayantes, elle est négligée par la recherche médicale.
«Jusqu'à présent, les traitements étaient basés sur des données récoltées sur les animaux ou en laboratoire», confirme le Genevois Piero Olliaro, professeur en maladies infectieuses de la pauvreté à l'Université d'Oxford et directeur scientifique de l'ISARIC, un consortium international sur les maladies émergentes.
Le Genevois Piero Olliaro, professeur en maladies infectieuses de la pauvreté à l'Université d'Oxford et directeur scientifique de l'ISARIC, un consortium international sur les maladies émergentes. Il est l'investigateur de l'étude qui vient d'être publiée.
DR
Une étude menée à Madagascar et financée par des fonds publics britanniques comble cette lacune. Ses résultats viennent d'être publiés dans le «New England Journal of Medicine», avec le soutien de l'Université d'Oxford et de deux experts helvétiques.
Deux traitements de dix jours contre la peste bubonique ont été comparés. Le premier combine des injections d'antibiotiques nécessitant trois jours d'hospitalisation et de la ciprofloxacine (un autre antibiotique) administrée par voie orale. Le second repose uniquement sur la ciprofloxacine orale. Résultat? Les taux de mortalité sont similaires, avec quatre décès sur 111 pour le premier et cinq pour le second.
L'intérêt est que, jusqu'à présent, la première solution était privilégiée à Madagascar – ce qui compliquait la prise en charge. «Une hospitalisation coûte cher et elle peut être difficile à gérer pour un patient et sa famille, résume Piero Olliaro, qui est aussi l'investigateur principal. En l'évitant, on divise pratiquement par dix les frais médicaux. Pour le personnel soignant aussi, cela simplifie les choses.»
La professeure Alexandra Calmy, infectiologue aux HUG, a présidé le conseil scientifique du projet.
Steeve Iuncker-Gomez
La ciprofloxacine au cœur de l'essai clinique
La ciprofloxacine est un médicament bon marché et largement répandu. «C'est un antibiotique à large spectre», précise la professeure Alexandra Calmy, infectiologue aux HUG et présidente du conseil scientifique du projet. «Protéger son efficacité est devenu crucial: il faut éviter de le donner lors d'infections banales pouvant être traitées autrement.»
Indépendamment du traitement choisi, le projet devrait améliorer la prise en charge des patients à Madagascar. Piero Olliaro relève que, dans le cadre de l'essai, le taux de mortalité était de 4%, contre environ 20% en dehors.
Ce bénéfice pourrait perdurer. La recherche, menée sur le terrain par l'Institut Pasteur à Madagascar, a en effet été ancrée dans le système de santé de base. «Former et motiver le personnel soignant, c'est préparer l'avenir, insiste Alexandra Calmy. Cette expérience montre que la recherche n'est pas à côté du système de santé: elle en fait partie et le renforce.»
Contribution helvétique à la recherche sur la peste
Dans ce contexte, elle assure que l'expérience helvétique a été précieuse. «Grâce à son environnement, Genève possède une expertise dans la santé globale. Alors que ce rôle est remis en question, il faut le rappeler.» Une expertise qui s'inscrit d'ailleurs dans l'histoire: c'est déjà un Vaudois, Alexandre Yersin, qui a découvert le bacille de la peste en 1894.
Les résultats qui viennent d'être publiés concernent la peste bubonique, mais quelques cas de peste pulmonaire ont été pris en charge, ouvrant la voie à d'autres publications. Combien de personnes profiteront de ces conclusions? L'impact reste difficile à évaluer, faute de statistiques fiables.
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Au-delà des retombées médicales, cette recherche soulève des questions sur la répartition mondiale de la maladie et les moyens alloués à sa lutte. On estime que 80% des cas surviennent à Madagascar, mais il y en a aussi en République démocratique du Congo, au Pérou ou en Bolivie. Des cas sporadiques touchent en outre d'autres régions – notamment en Chine et en Mongolie.
Un décès aux États-Unis a récemment défrayé la chronique. Et Piero Olliaro souligne que les rongeurs constituant le réservoir de cette pathologie se trouvent dans le monde entier. «Le risque de pandémie ou d'utilisation bioterroriste existe, même s'il semble peu probable», prévient-il.
Mais il pense surtout aux victimes défavorisées de la peste et aux perspectives pour d'autres maladies oubliées. «Quand nous avons terminé notre travail, ma collègue Rindra Randremanana, de l'Institut Pasteur de Madagascar, m'a dit, avec toute la modestie qui caractérise ce pays: J'ai presque honte de dire que je suis fière de moi.»
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