
Veut-on encore se voir sur scène ?
Elles sont en apparence positives, car nous avons été plus nombreux en 2023 à pénétrer dans une salle obscure qu'en 2004, la première année où l'Observatoire a commencé à produire des bulletins sur la fréquentation des spectacles au Québec. Au total, 8,8 millions d'entrées ont été enregistrées, comparativement à 7 millions il y a 20 ans.
Les revenus de billetterie ont littéralement explosé au cours des dernières décennies. En 2023, ils ont atteint 408,9 millions de dollars, soit un bond de 43 % par rapport à la moyenne de 2015 à 2019 (286,5 millions de dollars).
Tout cela devrait être de la musique aux oreilles des diffuseurs, des producteurs et des artistes.
Sauf que…
Il y a plein de choses préoccupantes dans ce rapport, à commencer par la part de marché qu'occupent les spectacles québécois sur nos propres scènes.
Même si la fréquentation et les revenus de billetterie des spectacles québécois ont augmenté, ceux-ci ont perdu des parts au profit des spectacles provenant d'ailleurs.
Même si le nombre de représentations de spectacles produits au Québec a monté de 13 871 à 17 923 en 20 ans, les parts de marché des spectacles québécois sont passées de 79 % à 71 % (pour la fréquentation) et de 72 % à 59 % (pour les revenus).
L'autre signe qui montre qu'il y a une perte d'intérêt pour le contenu québécois est notre engouement pour la chanson anglophone, qui a connu une montée spectaculaire en 20 ans.
Durant cette période, l'assistance aux concerts de chanson anglophone a connu une hausse de 79 %. De son côté, la chanson francophone a enregistré une hausse beaucoup plus modeste, soit de 28 % du nombre d'entrées.
Vous comprenez mieux pourquoi il faut offrir à notre chanson tous les moyens possibles et imaginables pour combattre les géants du numérique.
D'autres chiffres ont attiré mon attention. D'abord, il en coûte plus cher en moyenne pour voir un artiste de la chanson anglophone (77,71 $) qu'un artiste francophone (41,28 $). J'ai aussi vu que 47 % des concerts de chanson francophone sont donnés dans de petites salles (400 places et moins), alors que 61,4 % des concerts de chanson anglophone sont donnés dans de moyennes et grandes salles.
Maîtres chez nous, disait l'autre. Pas sûr.
PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE
Louis-Jean Cormier dans sa nouvelle tournée amorcée le printemps dernier. Les spectacles de chanson francophone ont enregistré une hausse de 28 % du nombre d'entrées en 20 ans, contre 79 % pour la chanson anglophone.
L'autre phénomène qu'il faut regarder de près est la concentration des diffuseurs. En 2018, une vingtaine de diffuseurs générait la moitié de la fréquentation des spectacles au Québec. Cinq ans plus tard, ils sont seulement une dizaine à se partager cette même part de l'assistance.
Toujours en 2018, 75 % des revenus de billetterie étaient récoltés par environ 30 diffuseurs. Cinq ans plus tard, ils sont 15 à se partager cette même part des revenus.
Bref, un noyau de gros acteurs accapare le marché. Et qui dit concentration de marché et de revenus dit concentration de pouvoir, de décisions et de choix artistiques.
L'étude fait aussi état d'une diminution de la fréquentation des théâtres, dont le nombre d'entrées passe de 1,7 million à 1,5 million en 20 ans, soit une baisse de 11 %.
Plusieurs facteurs expliquent cet important changement. La montée en popularité de certaines disciplines (humour, cirque, conte). Mais le rapport souligne le déclin du théâtre de répertoire, qui n'a pas été compensé par la croissance du théâtre de création.
En 2023, le nombre de représentations de théâtre de répertoire a diminué de 74 % par rapport à 2004, l'assistance a diminué de 80 % et les revenus de billetterie, de 67 %. Cette situation fait en sorte qu'en 2023, l'offre théâtrale est largement dominée par le théâtre de création (qui compte pour 81 % du nombre total de représentations).
PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE
Lou-Adriane Cassidy fait partie de la génération montante de jeunes artistes qui chantent en français, et qui en sont fiers.
N'y a-t-il pas un travail de rééquilibrage à faire ? Entre l'érosion du public vieillissant et la construction d'un nouveau public, ces décisions extrêmement difficiles appartiennent aux directions artistiques.
Je me suis arrêté sur ces aspects inquiétants. Mais j'espère que cette précieuse étude, réalisée sur une longue période, sera scrutée par les gens du milieu. Elle nous dit que la situation est extrêmement complexe. Et que les décideurs doivent travailler ensemble pour donner un sérieux coup de barre au navire.
Mais au-delà de cela, il y a une réflexion collective à avoir, sinon un électrochoc à procurer aux jeunes générations. La façon dont elles iront voir et entendre le fruit de nos créations artistiques déterminera la survie de notre culture.
On ne peut pas découvrir de rapport en rapport que le contenu québécois intéresse de moins en moins les gens, que la chanson québécoise est vouée à des salles de 80 places ou que certaines disciplines artistiques se dirigent vers une forme d'agonie.
On n'a pas fait tout ce chemin pour en arriver là !
Alors que des géants de notre culture contemporaine nous quittent les uns après les autres, il est temps de se demander si on a encore envie de se voir sur scène.
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