
Ce qui changera dans la LNH à compter de 2026
Ce qu'on savait déjà
Au cours des jours précédant le repêchage, à la fin du mois de juin dernier, les modifications les plus importantes à la convention collective ont été coulées à quelques journalistes bien branchés.
On a alors principalement retenu les modifications au calendrier – quatre matchs préparatoires et 84 rencontres en saison –, l'instauration d'un plafond salarial en séries éliminatoires, la réduction de la durée maximale des contrats (de huit à sept ans), la fin des contrats avec paiements différés ainsi que la mise à mort du code vestimentaire.
Plusieurs éléments sont toutefois passés sous le radar. Rappelons par ailleurs que le nouveau document est en réalité un protocole d'accord qui amende pour la deuxième fois la convention collective élaborée en 2012. Un précédent protocole avait été rédigé en 2020, en contexte pandémique. Les nouvelles règles entreront en vigueur en 2026-2027.
Le plafond en séries
Même si le thème général a déjà été dévoilé, le plafond salarial en séries éliminatoires mérite qu'on s'y attarde.
On y verra logiquement une grande victoire pour les pourfendeurs du système en place depuis l'instauration du plafond pendant la saison en 2005-2006, dont les limites ont été étirées au possible au cours des dernières années. Les résurrections en séries de Nikita Kucherov, Mark Stone et Matthew Tkachuk, entre autres, n'auraient fait sourciller personne dans l'Ancien Testament, mais dans la LNH des années 2020, leur présence sur la liste des blessés à long terme jusqu'au dernier jour du calendrier semblait drôlement pratique pour leur club respectif.
PHOTO MICHAEL LAUGHLIN, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS
Matthew Tkachuk
Les nouvelles règles seront plus restrictives… jusqu'à un certain point. Puisque les équipes peuvent garder autant de joueurs qu'elles le désirent dans leur entourage en séries, on a décidé de calculer le plafond salarial de match en match avec une formation de 2 gardiens et 18 patineurs. Cela donne d'emblée un peu de marge de manœuvre aux clubs, qui doivent plutôt comptabiliser jusqu'à 23 joueurs en santé pendant la saison, en plus des blessés à court ou moyen terme. Les joueurs seuls qui compteront sur la masse salariale, cette fois, seront les joueurs sur la glace un soir donné.
En outre, chaque équipe devra composer avec les mêmes contraintes que durant la saison, ce qui inclut les pénalités pour des rachats de contrats, les retenues salariales dans des transactions, les versements différés de bonis de performance, etc.
Toutes sortes d'exceptions et de calculs complexes sont également prévus, et on se doute bien qu'on les découvrira avec plaisir dès le début des séries 2027. Notons à ce sujet que la Convention prévoit spécifiquement que la LNH et l'Association des joueurs se réunissent pour discuter de cette nouvelle formule pendant les étés 2027 et 2028. Si d'aventure les deux parties se montraient insatisfaites de cette expérience, on se garde la possibilité de faire passer le plafond des séries à la trappe à la fin de l'entente en 2030.
Pour celles et ceux qui se posent la question : si les règles de 2026-2027 avaient été en vigueur en 2021, oui, le Lightning de Tampa Bay aurait eu une formation illégale. Lors du cinquième et dernier match contre le Canadien en finale, sa masse salariale était de 85,6 millions, et elle aurait frôlé les 90 millions si Alex Killorn n'avait pas été blessé, loin du plafond de 81,5 millions imposé cette année-là.
Un peu d'air pour les jeunes Canadiens
À l'heure actuelle, lorsqu'un joueur évoluant dans une ligue junior majeur canadienne est repêché par un club de la LNH, un compte à rebours s'amorce : si au bout de deux ans, il n'a pas signé de contrat professionnel, il se retrouve libre comme l'air. Une situation résolument injuste quand on sait que les équipes conservent les droits de négociation de joueurs américains et européens pendant quatre ans.
Le nouveau contrat de travail corrige cette incohérence. À partir du repêchage de 2027, une équipe de la LNH conservera ses droits de négociation pendant quatre ans sur tous les joueurs de 18 ans qu'elle sélectionnera sans exception – et pendant trois ans pour les joueurs sélectionnés à 19 ans. Cette période sera même rallongée si d'aventure un joueur amorce un parcours au hockey universitaire.
Parlant des joueurs de 18 et 19 ans issus d'une ligue canadienne, ils doivent à ce jour se rapporter à leur club junior s'ils sont retranchés de leur équipe de la LNH. À compter de 2026, la convention collective amendée prévoira que chaque organisation puisse, si elle le désire, céder un joueur de 19 ans par saison dans la Ligue américaine. La règle demeure inchangée pour ceux de 18 ans.
La fin d'une époque pour les gardiens d'urgence
Toute l'Amérique s'émeut lorsqu'un gardien de zamboni ou un agent de sécurité réalise son rêve de défendre un filet de la LNH au pied levé à titre de gardien d'urgence. Cette pratique, amusante vue de l'extérieur, mais risquée pour ces joueurs inexpérimentés et pour leur équipe, tire à sa fin.
À compter de 2026-2027, chaque club devra fournir son propre gardien d'urgence à domicile et à l'étranger. Et pour la première fois, cette personne pourra avoir déjà goûté aux rangs professionnels, ce qui était jusqu'ici interdit. Dorénavant, le gardien d'urgence pourra avoir disputé jusqu'à 80 matchs chez les professionnels (Ligue américaine ou ECHL), pour peu que ces rencontres n'aient pas été disputées au cours des trois dernières années.
Ajout intéressant : ce gardien pourra être employé par le club dans une autre fonction. Il pourrait donc s'agir d'un membre du département hockey (thérapeute du sport, préposé à l'équipement, etc.) ou d'un autre secteur de l'entreprise (finances, marketing, etc.).
Protège-cou obligatoire
Déjà adopté par plusieurs joueurs du circuit, le port du protège-cou deviendra obligatoire. Imposée à tous les joueurs de la Ligue américaine depuis l'an dernier, cette pièce d'équipement sera introduite progressivement dans la LNH à compter de 2026. Les patineurs qui amorcent leur carrière devront s'y conformer systématiquement, tandis que leurs collègues déjà établis pourront le porter sur une base volontaire.
La ligue avait procédé de la même manière avec le casque en 1979, et la transition complète a pris presque 20 ans ; la tête chevelue de Craig MacTavish, de 1993 à 1997, a été la dernière à être aperçue sur une patinoire de la LNH. L'intégration de la visière, amorcée en 2013-2014, a été plus efficace, alors que la quasi-totalité des joueurs ont aujourd'hui emboîté le pas. Ryan Reaves, Ryan O'Reilly, Zach Bogosian et Jamie Benn sont les derniers récalcitrants.
Deux tours de passe-passe en moins
Les équipes disposeront de deux stratégies en moins pour optimiser leur masse salariale. Le nouveau contrat de travail sonne en effet le glas des contrats à paiements différés et resserre les règles entourant les doubles rétentions salariales.
Peu utilisés dans la LNH, les contrats à paiements différés permettaient aux clubs de diminuer la moyenne salariale d'un contrat en reportant des paiements après la fin du contrat.
Nous pourrions expliquer cette manœuvre complexe en long et en large, mais comme elle ne concerne à ce jour qu'une poignée de joueurs (Seth Jarvis et Jaccob Slavin en Caroline, notamment) et qu'elle ne sera bientôt plus permise, nous nous arrêterons là.
Un autre stratagème pratique est la double rétention salariale – un joueur est échangé à deux reprises et deux clubs retiennent successivement jusqu'à 50 % de son salaire. Cela avait par exemple permis, en 2021, au Lightning de Tampa Bay d'acquérir le défenseur David Savard au quart de son salaire.
PHOTO GERRY BROOME, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS
David Savard
La double rétention sera encore permise, mais les deux transactions devront être espacées de 75 jours de saison régulière (excluant les séries éliminatoires et la saison morte). L'échange de David Savard, en 2021, ne pourrait donc être reproduit en une seule journée.
Tous des millionnaires
À compter de la saison 2029-2030, tous les joueurs de la LNH seront officiellement des millionnaires. Le salaire minimum annuel, actuellement de 775 000 $, augmentera graduellement jusqu'à atteindre le seuil du million d'ici cinq ans. Cette progression est cohérente avec la hausse rapide du plafond salarial, dont la valeur est déjà projetée à 113,5 millions en 2027-2028, un bond de 30 millions par rapport à 2023-2024.
Oui à l'alcool, non au cannabis
La clause 25,1 de la convention collective a été remise au goût du jour, avec une petite surprise à la clé. Dans la version précédente du document, on pouvait lire qu'il est formellement interdit pour les joueurs de faire la promotion, par le truchement de commandites, de produits du tabac et de breuvages alcoolisés, à l'exception de la bière. Dès 2026, on ajoutera à cette liste les produits du cannabis, y compris ceux à base de CBD. On a toutefois retiré toute mention des breuvages alcoolisés. Particularité ici : les deux parties se réservent le droit de réviser annuellement les catégories de produits de cette liste.
Renforcement sur les paris
On comprend que personne n'a aimé la saga Shane Pinto, suspendu pendant 41 matchs en 2023-2024 dans une affaire de pari sportif. Dans la convention collective conclue en 2012, on trouve une seule ligne à ce sujet, incluse dans un formulaire type de règlements internes d'équipe.
Cette fois, aucune ambiguïté : il est interdit aux joueurs, directement ou indirectement (par exemple à travers leur famille ou leurs amis), de parier sur toute activité d'une équipe ou de ses joueurs, de participer à des pools susceptibles de leur faire gagner de l'agent et de partager de l'information privilégiée qui pourrait aider une autre personne à réaliser un gain pécuniaire.

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La Presse
4 hours ago
- La Presse
Mboko a rendez-vous avec Osaka
Le hasard fait parfois bien les choses. En 2021, en pleine pandémie, une jeune Victoria Mboko, âgée de 14 ans, confiait au collègue Frédérick Duchesneau que son idole était Naomi Osaka. « Pour son jeu et pour sa personnalité, très engagée », précisait le confrère dans les pages de La Presse. Lisez l'article « Centre national de tennis : pas de répit pour la relève » Quatre ans plus tard, Mboko va retrouver celle qui a déjà été son idole – peut-être l'est-elle encore, allez savoir. Osaka a battu la Danoise Clara Tauson, 16e tête de série, en deux manches de 6-2, 7-6 (9/7) dans la deuxième demi-finale de la soirée, mercredi. Ce sera la première fois qu'Osaka et Mboko s'affronteront. C'est une Osaka potentiellement en bonne forme physique qui se présentera en finale jeudi. Pendant que Mboko s'échinait pendant 2 h 46 mercredi dans un match haut en émotions, Osaka a réglé son duel contre Tauson en une heure de moins. Ses trois matchs précédents ont duré moins de 75 minutes. PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE Clara Tauson En entrevue après son quart de finale de lundi soir, Osaka s'était d'ailleurs félicitée pour son niveau de conditionnement, sur lequel elle avait travaillé fort avant le tournoi. « Ça m'a beaucoup aidée contre Elina [Svitolina]. Elle aurait eu à me faire courir les balles hors du terrain si elle avait voulu me battre ce soir », avait alors lancé Osaka. Et de quatre ? Mboko est déjà la première Canadienne de l'ère Open à battre trois anciennes championnes du grand chelem dans un même tournoi. Elle tentera maintenant de compléter le carrousel en finale. Avant de mettre sa carrière en suspens pour fonder une famille, Osaka était en effet une des références de la WTA, avec à son actif quatre triomphes en grand chelem : les Internationaux d'Australie (2021 et 2019) et des États-Unis (2020 et 2018). Cette semaine à Montréal, la Nippone continue donc de faire mal paraître ceux qui avaient mis une raie sur son nom. La voici dans une première finale d'un tournoi de calibre 1000 depuis Miami en 2022. Elle occupait le 49e rang au début du tournoi, et est maintenant assurée d'être catapultée dans le top 25 dans la prochaine mouture du classement.


La Presse
4 hours ago
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Victoria Mboko : « Tout est possible »
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La Presse
5 hours ago
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Le salut final de Charles Philibert-Thiboutot
Comme il s'agit de la dernière saison de la carrière de Charles Philibert-Thiboutot, chaque moment représente une dernière fois. Une dernière course de 800 mètres. Une dernière compétition contre certains adversaires connus. Sa dernière fois, vécue mercredi, à la Classique d'athlétisme de Montréal, avait un cachet particulier : c'était la dernière course devant ses partisans, au Québec. « J'étais émotionnel quand on m'a présenté. La foule a été chaleureuse », a-t-il reconnu, toujours essoufflé, quelques minutes après avoir couru le 800 mètres. Les quelques partisans amassés au Complexe Claude-Robillard lui ont servi des applaudissements nourris, au soleil couchant. Difficile de demander plus romantique. Ça, Charles Philibert-Thiboutot ne l'aurait peut-être pas constaté, il y a quelques années. Cette année, je profite un peu plus de ce que j'ai accompli dans le passé. Je regarde plus derrière, au lieu de simplement regarder en avant, avec le couteau entre les dents. 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Partir de loin PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE L'entraîneur de Charles Philibert-Thiboutot, Félix-Antoine Lapointe Quoi qu'il arrive, son entraîneur Félix-Antoine Lapointe est inconditionnel. « Rater les Championnats mondiaux d'athlétisme n'enlèverait rien à sa carrière. Avec deux participations aux Jeux olympiques, plusieurs records provinciaux et nationaux, il peut partir la tête haute », considère-t-il. Les deux hommes se connaissent depuis 15 ans, alors que Philibert-Thiboutot faisait ses débuts avec le Rouge et Or de Québec. Lapointe, qui entraînait alors l'équipe, se souvient d'un bon athlète local, « sans plus ». « Il n'y a absolument rien qui laissait présager qu'il aurait un jour une carrière internationale. Il a toujours travaillé fort, ne s'est jamais imposé de limites. C'est pour ça que son évolution a explosée, entre 20 et 23 ans », se rappelle Félix-Antoine Lapointe. 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