
Le niveau du fleuve sous étroite surveillance
« On est dans une période relativement sèche, confirme Michel Leclerc, ingénieur et hydrologue. Le niveau du fleuve est bas parce que les niveaux de tous les cours d'eau qui l'alimentent, le lac Ontario d'abord, et la rivière des Outaouais, les rivières Richelieu et Saint-Maurice ont tous des débits plus faibles que la normale », explique-t-il.
Un hiver moins neigeux, un couvert de glace plus mince dans les Grands Lacs et des précipitations plus faibles en été sont des facteurs qui influent sur le niveau du fleuve.
Le niveau d'eau au port de Montréal était lundi de 11,24 m, soit très près du minimum garanti pour la navigation commerciale. « La situation actuelle devrait se maintenir dans les prochains jours », indique la porte-parole du Port de Montréal, Renée Larouche.
Si le niveau d'eau devait baisser davantage, « il y a des navires qui vont devoir alléger leurs chargements », dit Jean-Denis Girard, directeur général de la Corporation des pilotes du Saint-Laurent Central.
Les pilotes du Saint-Laurent ont la responsabilité de la conduite des navires transatlantiques dans la Voie maritime du Saint-Laurent entre Les Escoumins et Montréal. Ceux de la zone Saint-Laurent Central prennent en charge la navigation entre Québec et Montréal.
« On ne s'en cache pas, il n'y a pas beaucoup d'eau cette année », dit Jean-Denis Girard, qui, de son bureau situé au bord du fleuve à Trois-Rivières, a vu apparaître de l'autre côté du cours d'eau des plages qui n'étaient pas là au début de l'été.
« Ce sont des cycles, précise Mario Bonenfant, directeur Navigation du Groupe Desgagnés. Quand ça arrive, on charge moins les navires et ça nous oblige à faire un voyage de plus. On réduit la vitesse. Il y a des coûts associés à ça. »
Hausse des coûts
Ces coûts peuvent être considérables selon la taille du navire. « Chaque baisse de 1 centimètre du niveau d'eau fait qu'on peut charger 100 tonnes de moins », illustre Claude Comtois, professeur émérite de géographie à l'Université de Montréal et conseiller du Port de Montréal. La marchandise qui ne peut pas être transportée doit être entreposée et des voyages supplémentaires deviennent nécessaires.
Les armateurs ne sont toutefois pas pris de court avec un navire trop chargé au milieu de l'Atlantique, explique le professeur. Ils sont avertis suffisamment à l'avance des niveaux d'eau dans les ports de destination et peuvent ajuster les chargements en conséquence.
Le niveau du fleuve a déjà été plus problématique pour la navigation commerciale, selon Jonathan White, vice-président, affaires commerciales, de Canada Steamship Lines, dont le siège est à Montréal.
Heureusement, cette année, nous n'avons pas eu besoin d'apporter de grands changements à nos opérations en raison du niveau de l'eau. La Corporation de gestion de la Voie maritime du Saint-Laurent a tout de même instauré certaines limites de vitesse, mais elles n'ont pas eu d'effet notable jusqu'à maintenant. Nos activités se poursuivent normalement et nos clients ne sont pas touchés.
Jonathan White, vice-président, affaires commerciales de Canada Steamship Lines
Le niveau d'eau de la Voie maritime du Saint-Laurent, qui permet aux marchandises de se rendre très loin au cœur du continent nord-américain, est très étroitement surveillé. Le Port de Montréal, mais aussi la Garde côtière, la Corporation des pilotes du Saint-Laurent, la Corporation de gestion de la Voie maritime du Saint-Laurent et une foule de spécialistes s'y intéressent de près.
« On monitorise ça très étroitement, dit le professeur Comtois. La technologie permet aujourd'hui d'avoir des données en temps réel. Il n'y a pas de raison de paniquer. C'est très surveillé par des gens très compétents. »
Des plaisanciers surpris
La baisse du niveau d'eau du fleuve peut avoir des impacts énormes pour la navigation commerciale et les chaînes d'approvisionnement, mais aussi pour beaucoup d'autres usages. Les prises d'eau potable des municipalités peuvent se retrouver au-dessus du niveau du cours d'eau. La végétation, les poissons et les mammifères marins et même la production hydroélectrique peuvent être touchés.
Jusqu'à maintenant, ce sont surtout les plaisanciers qui en subissent les effets. Les bris d'hélices et de pièces de moteur se multiplient, dit Pierre-Olivier Dumas. Son entreprise Dumas Marine, qui a des succursales à Trois-Rivières et à Sorel-Tracy, est très occupée ces jours avec les réparations des bris causés par des plaisanciers qui naviguent dans les endroits qu'ils connaissent, mais qui ne leur sont plus accessibles en raison du bas niveau d'eau.
Même mettre des bateaux à l'eau peut être plus compliqué, parce que les descentes sont trop courtes, précise-t-il. « Ça fait 10, 15 ans que je suis dans le domaine et je n'avais jamais vu ça. »
Hashtags

Essayez nos fonctionnalités IA
Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment...
Articles connexes


La Presse
an hour ago
- La Presse
Enquête sur une mort suspecte dans un cimetière
Enquête sur une mort suspecte dans un cimetière (Montréal) Le Service de police de l'agglomération de Longueuil (SPAL) enquête dimanche sur une mort suspecte, qui est survenue dans un cimetière situé dans le secteur Saint-Hubert. La Presse Canadienne Les policiers sont intervenus peu après 9 h dans le cimetière situé sur le boulevard Sir-Wilfrid-Laurier afin d'assister les pompiers pour un véhicule en feu. Une personne a été retrouvée sans vie à l'intérieur du véhicule, a indiqué la porte-parole du SPAL, Jacqueline Pierre. Quelques instants plus tard, des patrouilleurs ont appréhendé un suspect dans le secteur. L'homme âgé d'une quarantaine d'années était détenu au poste de police en début d'après-midi, où il devait être rencontré par les enquêteurs des crimes majeurs. Une enquête est en cours. La circulation est entravée sur le boulevard Sir-Wilfrid-Laurier, qui est fermé entre le parc Marquis et le boulevard Édouard.


La Presse
3 hours ago
- La Presse
Les conclusions du gouvernement fédéral contestées
Des malaises inexpliqués ont notamment été rapportés parmi des diplomates canadiens à Cuba et du personnel américain dans divers pays. Sur la photo, l'ambassade du Canada à La Havane. (Ottawa) Un avocat représentant des diplomates canadiens et leurs familles se dit convaincu que la mystérieuse maladie qu'ils ont attrapée à Cuba a été provoquée par un adversaire étranger, même si le gouvernement fédéral a rejeté cette théorie. Jim Bronskill La Presse Canadienne Il y a huit ans, des diplomates canadiens et leurs personnes à charge avaient commencé à rapporter des symptômes, comme des maux de tête, des pertes de mémoire, des variations d'humeur, des problèmes de vue, des nausées et des saignements de nez. Des diplomates ont intenté en 2019 des poursuites contre le gouvernement fédéral. L'affaire est toujours pendante devant la Cour fédérale. Les 17 plaignants demandent des millions de dollars en dommage. Ils soutiennent que le gouvernement canadien ne les a pas protégés, a caché des renseignements cruciaux et a minimisé les risques qu'ils couraient. Ottawa rejette tout reproche de négligence ou de méfait. Plusieurs membres de la mission diplomatique américaine à Cuba ont reporté des symptômes identiques. La maladie est connue sous le nom de « syndrome de La Havane ». Plusieurs hypothèses circulent au sujet des causes de la maladie : l'emploi de pesticide, le chant des grillons, le mauvais fonctionne d'un système d'écoute et même une attaque sonique par un pays ennemi. En 2024, un rapport d'Affaires mondiales Canada avait conclu que ces incidents inexpliqués « n'étaient pas le résultat d'un acte malveillant d'un ou de plusieurs acteurs étrangers ». Le rapport, rédigé sur la base d'une enquête menée par une équipe interministérielle et des experts externes, indique que « des problèmes de santé préexistants, des facteurs environnementaux et des maladies communes sont susceptibles d'avoir joué un rôle important dans bon nombre des symptômes ressentis ». Les auteurs ajoutent que « l'authenticité des symptômes éprouvés n'a jamais été remise en cause ». Paul Miller, un avocat des plaignants, a dit à La Presse Canadienne être « très persuadé » qu'un acteur étranger se cachait derrière ces problèmes de santé. « Je fais vraiment confiance envers les gens que j'ai rencontrés et avec qui j'ai parlé, a-t-il dit. Je n'ai aucune confiance envers Affaires mondiales Canada parce qu'elles ont tenté d'écrire un récit qui fonctionne pour eux. » Il y a trois ans, les parties s'étaient entendues sur la nomination d'un ancien juge de la Cour suprême pour arbitrer la cause des neuf familles impliquées. Me Miller affirme que les deux jours de discussions qui se déroulés au début de 2023 « n'ont mené nulle part ». Il dit avoir fait des efforts pour trouver de nouveaux renseignements, mais de nombreux documents sont classés confidentiels en attendant la résolution de l'affaire. Certains croient qu'ils pourraient dévoiler des renseignements sensibles ou potentiellement préjudiciables, selon la Loi sur la preuve au Canada. Le rapport des Affaires mondiales Canada a retracé les divers efforts des agences fédérales pour intervenir. En juin 2017, une enquête a été lancée par l'Équipe intégrée de la sécurité nationale de la GRC. « Des agents d'AMC et de la GRC se rendent régulièrement à Cuba dans le cadre de l'enquête afin de détecter l'éventualité d'attaques malveillantes possibles et de mettre en œuvre des stratégies de surveillance et de détection », peut-on lire dans le rapport. Le Canada a partagé les renseignements obtenus avec des partenaires étrangers, dont les États-Unis. En 2019, des instruments conçus pour détecter et enregistrer des traces de phénomènes acoustiques ou de rayonnement et en mesurer les effets sur l'environnement –température, humidité, pression barométrique, taux d'ozone – sont installés dans les logements du personnel diplomatique canadien à La Havane. « Les données recueillies par les instruments ne fournissent pas d'informations pertinentes et probantes permettant de déterminer la cause des symptômes, de sorte que les instruments sont retirés en 2022 », souligne le rapport. L'Équipe intégrée de la sécurité nationale a alors conclu « qu'il n'y avait pas eu d'acte criminel commis et que rien ne permettait d'attribuer ces symptômes à un acteur étranger ». « Dans leurs conclusions, la GRC et d'autres organismes partenaires nationaux évaluent qu'aucun acte criminel n'a été découvert en lien avec les incidents de santé inexpliqués, dont la responsabilité ne peut être attribuée à quiconque. De plus, on ne relève aucune tendance entre les symptômes, l'âge, le sexe, le lieu de résidence ou toute autre variable », mentionne le rapport. Un autre avocat, Mark Zaid, qui représente des membres du personnel américain ayant souffert des mêmes symptômes, a déclaré en mai 2024 au Congrès qu'il existait des preuves scientifiques, médicales démontrant l'existence de problèmes de santé causés par un acteur étranger. Me Zaid, qui a eu accès à ces documents secrets, dit être convaincu que « ces preuves […] contredisent les conclusions des enquêtes publiques » des agences fédérales américaines. Les Affaires mondiales Canada disent s'en tenir aux conclusions du rapport de 2024. Un porte-parole, John Babcock, dit que le ministère des Affaires étrangères continuait d'appuyer les diplomates canadiens et les personnes à leur charge. « Pour des raisons de sécurité et de confidentialité, les Affaires mondiales Canada ne peuvent pas commenter sur les détails d'une enquête en cours, d'un cas individuel ou autres mesures de sécurité, a-t-il écrit dans un courriel. Nous ne pouvons pas commenter plus amplement tant que la cause est devant les tribunaux. »


La Presse
3 hours ago
- La Presse
Pierre Poilievre saura lundi s'il revient à la Chambre des communes
(Edmonton) Le chef conservateur Pierre Poilievre demeure le grand favori pour remporter lundi l'élection partielle dans la circonscription de Battle River-Crowfoot, un bastion conservateur en Alberta, même s'il doit affronter un nombre record de 213 autres candidats. Fakiha Baig La Presse Canadienne Si la victoire de M. Poilievre ne fait guère de doute aux yeux des observateurs, certains, comme Julie Simmons, une professeur de sciences politiques de l'Université de Guelph, en Ontario, s'interrogent sur la majorité qu'il devrait obtenir. De 2005 à 2025, le candidat conservateur a toujours obtenu au moins 80 % des suffrages exprimés dans ce comté rural de l'Alberta. Une seule exception : en 2021, le député sortant Damien Kurek avait dû « se contenter » de 71 % des voix, à cause de la présence d'un candidat du Parti populaire du Canada de Maxime Bernier qui avait grugé son soutien. « C'est vraiment une forteresse conservatrice », lance la PreSimmons. Lori Williams, une professeure de science politique de l'Université Mount Royal, de Calgary, croit que M. Poilievre se doit de remporter « une victoire décisive » afin que les électeurs soient sûrs de ses capacités à titre de chef de l'Opposition à la Chambre des communes. Une victoire écrasante pourrait grandement l'aider en vue de la révision de son leadership qui se déroulera en janvier. « Il doit absolument franchir cet obstacle, souligne la Pre Williams. S'il le franchit, il devra franchir les autres. Comment pourra-t-il être un chef de l'Opposition efficace dans cet environnement ? Comment pourra-t-il démontrer qu'il est en même temps pro-canadien et critique de ce gouvernement ? » L'élection partielle a été rendue nécessaire à la suite de la démission de M. Kurek, qui l'avait emporté en avril en obtenant 83 % des suffrages exprimés. Il a décidé de laisser sa place à son chef Pierre Poilievre défait dans sa circonscription de Carleton. Selon la Pre Simmonds, si M. Poilievre obtient un appui inférieur à 80 %, il pourra en faire le reproche à des adversaires comme la candidate indépendante Bonnie Critchley. L'ancienne membre des Forces armées canadienne à la retraite décrit M. Poilievre comme un candidat parachuté qui ne se présente que pour faire progresser sa carrière politique. M. Poilievre est né et a grandi à Calgary, mais il vit à Ottawa depuis deux décennies. Une très grande majorité des candidats sont membres du groupe du Comité du scrutin le plus long qui réclame des changements au système électoral canadien. Ils pourraient mordre dans le pourcentage de vote de M. Poilievre, avance la Pre Simmons. « Pour certains électeurs, cela pourrait leur permettre un vote de protestation contre le Parti conservateur. » Les libéraux présentent Darcy Spady, qui œuvre dans le secteur énergétique, tandis que Katherine Swampy, une ancienne conseillère de la Nation crie Samson, porte la bannière du NPD. Johnatan Bridges (Parti populaire) et Ashley MacDonald (Parti Vert) figurent parmi la ribambelle de candidats. Un bulletin adapté En raison de la présence de 214 candidats, Élections Canada a choisi, pour la première fois depuis le début de la Confédération, d'imprimer un bulletin adapté qui ne comptera aucun nom. Au lieu de marquer le candidat de leur choix à l'aide d'un « x » ou d'un crochet, comme à l'accoutumée, les électeurs devront écrire son nom sur une ligne. Malgré tout, la liste de tous les candidats sera disponible. Élections Canada a indiqué que chaque vote sera compté même si une erreur a été commise dans le nom du candidat choisi « dans la mesure où [l']intention est claire ». Plus de 14 000 de quelque 86 000 électeurs inscrits ont participé au vote par anticipation. Un porte-parole de l'organisation de M. Poilievre a indiqué que le chef conservateur avait l'intention de passer la journée de lundi à Camrose, la plus grande ville de la circonscription. Élections Canada a déjà prévenu que le dépouillement pourrait prendre plus de temps que d'habitude.