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Les conclusions du gouvernement fédéral contestées

Les conclusions du gouvernement fédéral contestées

La Presse2 days ago
Des malaises inexpliqués ont notamment été rapportés parmi des diplomates canadiens à Cuba et du personnel américain dans divers pays. Sur la photo, l'ambassade du Canada à La Havane.
(Ottawa) Un avocat représentant des diplomates canadiens et leurs familles se dit convaincu que la mystérieuse maladie qu'ils ont attrapée à Cuba a été provoquée par un adversaire étranger, même si le gouvernement fédéral a rejeté cette théorie.
Jim Bronskill
La Presse Canadienne
Il y a huit ans, des diplomates canadiens et leurs personnes à charge avaient commencé à rapporter des symptômes, comme des maux de tête, des pertes de mémoire, des variations d'humeur, des problèmes de vue, des nausées et des saignements de nez.
Des diplomates ont intenté en 2019 des poursuites contre le gouvernement fédéral. L'affaire est toujours pendante devant la Cour fédérale. Les 17 plaignants demandent des millions de dollars en dommage. Ils soutiennent que le gouvernement canadien ne les a pas protégés, a caché des renseignements cruciaux et a minimisé les risques qu'ils couraient. Ottawa rejette tout reproche de négligence ou de méfait.
Plusieurs membres de la mission diplomatique américaine à Cuba ont reporté des symptômes identiques. La maladie est connue sous le nom de « syndrome de La Havane ».
Plusieurs hypothèses circulent au sujet des causes de la maladie : l'emploi de pesticide, le chant des grillons, le mauvais fonctionne d'un système d'écoute et même une attaque sonique par un pays ennemi.
En 2024, un rapport d'Affaires mondiales Canada avait conclu que ces incidents inexpliqués « n'étaient pas le résultat d'un acte malveillant d'un ou de plusieurs acteurs étrangers ».
Le rapport, rédigé sur la base d'une enquête menée par une équipe interministérielle et des experts externes, indique que « des problèmes de santé préexistants, des facteurs environnementaux et des maladies communes sont susceptibles d'avoir joué un rôle important dans bon nombre des symptômes ressentis ».
Les auteurs ajoutent que « l'authenticité des symptômes éprouvés n'a jamais été remise en cause ».
Paul Miller, un avocat des plaignants, a dit à La Presse Canadienne être « très persuadé » qu'un acteur étranger se cachait derrière ces problèmes de santé.
« Je fais vraiment confiance envers les gens que j'ai rencontrés et avec qui j'ai parlé, a-t-il dit. Je n'ai aucune confiance envers Affaires mondiales Canada parce qu'elles ont tenté d'écrire un récit qui fonctionne pour eux. »
Il y a trois ans, les parties s'étaient entendues sur la nomination d'un ancien juge de la Cour suprême pour arbitrer la cause des neuf familles impliquées.
Me Miller affirme que les deux jours de discussions qui se déroulés au début de 2023 « n'ont mené nulle part ».
Il dit avoir fait des efforts pour trouver de nouveaux renseignements, mais de nombreux documents sont classés confidentiels en attendant la résolution de l'affaire. Certains croient qu'ils pourraient dévoiler des renseignements sensibles ou potentiellement préjudiciables, selon la Loi sur la preuve au Canada.
Le rapport des Affaires mondiales Canada a retracé les divers efforts des agences fédérales pour intervenir.
En juin 2017, une enquête a été lancée par l'Équipe intégrée de la sécurité nationale de la GRC.
« Des agents d'AMC et de la GRC se rendent régulièrement à Cuba dans le cadre de l'enquête afin de détecter l'éventualité d'attaques malveillantes possibles et de mettre en œuvre des stratégies de surveillance et de détection », peut-on lire dans le rapport. Le Canada a partagé les renseignements obtenus avec des partenaires étrangers, dont les États-Unis.
En 2019, des instruments conçus pour détecter et enregistrer des traces de phénomènes acoustiques ou de rayonnement et en mesurer les effets sur l'environnement –température, humidité, pression barométrique, taux d'ozone – sont installés dans les logements du personnel diplomatique canadien à La Havane.
« Les données recueillies par les instruments ne fournissent pas d'informations pertinentes et probantes permettant de déterminer la cause des symptômes, de sorte que les instruments sont retirés en 2022 », souligne le rapport.
L'Équipe intégrée de la sécurité nationale a alors conclu « qu'il n'y avait pas eu d'acte criminel commis et que rien ne permettait d'attribuer ces symptômes à un acteur étranger ».
« Dans leurs conclusions, la GRC et d'autres organismes partenaires nationaux évaluent qu'aucun acte criminel n'a été découvert en lien avec les incidents de santé inexpliqués, dont la responsabilité ne peut être attribuée à quiconque. De plus, on ne relève aucune tendance entre les symptômes, l'âge, le sexe, le lieu de résidence ou toute autre variable », mentionne le rapport.
Un autre avocat, Mark Zaid, qui représente des membres du personnel américain ayant souffert des mêmes symptômes, a déclaré en mai 2024 au Congrès qu'il existait des preuves scientifiques, médicales démontrant l'existence de problèmes de santé causés par un acteur étranger.
Me Zaid, qui a eu accès à ces documents secrets, dit être convaincu que « ces preuves […] contredisent les conclusions des enquêtes publiques » des agences fédérales américaines.
Les Affaires mondiales Canada disent s'en tenir aux conclusions du rapport de 2024.
Un porte-parole, John Babcock, dit que le ministère des Affaires étrangères continuait d'appuyer les diplomates canadiens et les personnes à leur charge.
« Pour des raisons de sécurité et de confidentialité, les Affaires mondiales Canada ne peuvent pas commenter sur les détails d'une enquête en cours, d'un cas individuel ou autres mesures de sécurité, a-t-il écrit dans un courriel. Nous ne pouvons pas commenter plus amplement tant que la cause est devant les tribunaux. »
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Deux ministres québécois rencontrent des communautés des Premières Nations dans un contexte de tensions croissantes autour des blocus forestiers dans la province. Maura Forrest La Presse Canadienne La ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette Vézina, et le ministre des Relations avec les Premières Nations et les Inuit, Ian Lafrenière, rencontrent trois communautés atikamekw de la Mauricie. Mme Blanchette Vézina se dit « très préoccupée » par la situation dans la région, où des affrontements tendus ont opposé des manifestants et des travailleurs forestiers ces derniers jours. Un groupe de défense des droits des Autochtones a organisé une série de blocus ces derniers mois, ce qui a perturbé les activités de certains acteurs de l'industrie forestière. « Il est essentiel de se parler avec calme et respect », a soutenu Mme Blanchette Vézina sur X mardi. L'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL) devrait rencontrer le cabinet du premier ministre François Legault mercredi. Le groupe proteste contre un nouveau projet de loi qui diviserait les forêts publiques en zones destinées à la conservation, à l'usage polyvalent ou à la foresterie. Selon le projet de loi, les activités « restreignant la réalisation d'activités d'aménagement forestier » seraient interdites dans les zones forestières, tout comme les mesures de conservation. Certains dirigeants autochtones affirment que cela porte atteinte à leurs droits et que le gouvernement du Québec n'a pas répondu à leurs préoccupations. En juillet, l'APNQL a annoncé qu'elle se retirait des discussions avec le gouvernement, qui, selon elle, n'a pas fait preuve d'une « réelle volonté politique » de collaborer à la réforme forestière. Après le dépôt du projet de loi, une organisation appelée Première Nation MAMO, qui se décrit comme un groupe de chefs héréditaires et de défenseurs du territoire, a commencé à organiser des blocages de chemins forestiers dans la province. Le groupe affirme que le projet de loi menace le caribou, la durabilité des forêts et les modes de vie traditionnels des Autochtones. Un porte-parole a décliné une demande d'entrevue de La Presse Canadienne. Les blocages ont donné lieu à des échanges hostiles entre les membres du groupe et les travailleurs forestiers, tant en personne qu'en ligne. Daniel Paré, propriétaire d'une entreprise forestière au Saguenay–Lac-Saint-Jean, a raconté qu'il ne pouvait pratiquement plus travailler depuis le printemps et qu'il n'avait plus d'argent. « C'est vraiment catastrophique, a-t-il déclaré en entrevue. Nous sommes enfermés chez nous et nous ne pouvons rien y faire. […] Nous sommes impuissants. » Samedi, M. Paré a lancé un appel sur Facebook aux autres travailleurs touchés pour qu'ils se joignent à lui et affrontent le groupe autochtone lundi lors d'un blocus près de La Tuque. Le plan n'a pas été concrétisé. « Notre objectif n'est pas de faire la guerre, a-t-il expliqué, c'est juste de bien s'entendre et d'aller travailler. » Devant la tension croissante, M. Lafrenière et le Conseil des Atikamekw de Wemotaci ont publié des déclarations appelant au calme au cours de la fin de semaine. Certains demandent au gouvernement d'en faire plus pour mettre fin aux blocus. « Pendant que ces agissements paralysent notre économie forestière, isolent des familles et menacent la stabilité de toute une région, le gouvernement choisit l'immobilisme », a affirmé le maire de La Tuque, Luc Martel, dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux la semaine dernière. « Laisser la situation se détériorer est non seulement une erreur politique, mais un abandon pur et simple des gens qui vivent et travaillent de cette forêt. » En entrevue, le chef Francis Verreault-Paul de l'APNQL s'est dit préoccupé par la possibilité que les tensions dégénèrent en violence. Il a toutefois affirmé que le gouvernement du Québec avait le pouvoir de désamorcer la situation en collaborant avec les dirigeants des Premières Nations pour modifier le projet de loi. M. Verreault-Paul a indiqué que le gouvernement avait contacté l'assemblée pour organiser la réunion de mercredi et qu'il avait fait preuve d'une « ouverture générale » à répondre à ses demandes. L'assemblée a notamment demandé l'abandon de la stratégie de zonage prévue dans le projet de loi. « Il est difficile de comprendre pourquoi ce processus est si polarisant et la solution si lente à venir, a-t-il soutenu. Il s'agit désormais d'accélérer les choses. C'est le message que nous envoyons. »

Le cabinet de Bonnardel savait que le coût total de SAAQclic était caché aux députés
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La Presse

time5 hours ago

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Le cabinet de Bonnardel savait que le coût total de SAAQclic était caché aux députés

Le cabinet de Bonnardel savait que le coût total de SAAQclic était caché aux députés Le cabinet du ministre François Bonnardel savait, à l'hiver 2021, que des chiffres partiels étaient communiqués aux parlementaires sur le coût réel de SAAQclic, mais n'a pas cru bon d'intervenir. Ce qu'il faut savoir Le conseiller du ministre François Bonnardel, Alain Généreux, témoignait mardi devant la commission Gallant. Il a alors été révélé que le cabinet du ministre étant au courant que des informations partielles étaient remises aux autres députés à propos de SAAQclic. Alain Généreux a toutefois affirmé ne pas se souvenir d'avoir été informé d'un dépassement de coûts de 222 millions en lien avec le projet informatique. Cette information est ressortie du témoignage de son proche conseiller, Alain Généreux, devant la commission Gallant mardi. Se décrivant comme un « perspicace » et un « picosseux », celui-ci s'est défendu d'avoir acheté trop facilement les explications de la SAAQ qui affirmait que sa transformation numérique était toujours bien sur les rails. Responsable du dossier de la SAAQ dans le cabinet de François Bonnardel de 2019 à 2021, le conseiller a relaté ses premiers contacts avec le dossier du Carrefour des services (CASA) de la SAAQ, qui comprend la plateforme SAAQclic, qu'il situe en janvier 2020. PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE Le de la Sécurité publique et ex-ministre des Transports, François Bonnardel Le contrat de 458 millions accordé à « l'Alliance » pour la réalisation du projet lui apparaît « très cher » à l'époque, mais il comprend qu'il s'agit d'un « clé en main ». Sa surprise est d'autant plus grande lorsque, début 2021, la SAAQ l'informe que la facture sera en fait de 682 millions. Un montant qui inclut les sommes investies à l'interne par la société d'État pour sa transformation numérique et la valeur du contrat. « Pour votre usage uniquement » Déjà inquiète à l'époque de l'évolution du projet, la Commission de l'administration publique (CAP) a demandé une mise à jour annuel. Composée d'élus de tous les partis, cette commission de l'Assemblée nationale est responsable de tenir les comptes de tous les organismes gouvernementaux, dont la SAAQ. Or, en mars 2021, l'information qui lui est envoyée par la SAAQ ne concerne que le contrat de 458 millions, montre un échange courriel daté de mars 2021 et dont Alain Généreux était destinataire. « De l'information complémentaire pour votre usage uniquement (pas d'envoi à la CAP) », lui écrit même le vice-président aux affaires publiques de la SAAQ Martin Demers. « Pourquoi toute l'information n'est-elle pas envoyée à la CAP ? », l'a pressé le commissaire Denis Gallant, mardi. « J'ai posé la question à la SAAQ », a répondu Alain Généreux en expliquant que la société d'État lui avait répondu que sa reddition de compte ne concernait que le contrat de CASA, sans plus. Le député libéral Monsef Derraji s'est tout de suite saisi de la déclaration pour appeler à la démission de François Bonnardel en l'accusant d'avoir « menti » aux parlementaires. Un trou de mémoire Le témoignage d'Alain Généreux était d'autant plus attendu que c'est par lui que l'ancien PDG de la SAAQ, Denis Marsolais, aurait fait savoir au ministre, et donc « indirectement » au gouvernement, que le projet coûterait au moins 222 millions de plus. Le haut fonctionnaire avait témoigné en juin dernier avoir attendu la fin d'une rencontre en présence de trois de ses vice-présidents, le 8 juin 2022, pour accoster le conseiller politique et lui faire part de cette information. « J'ai jugé que je ne pouvais pas dire ce que j'avais à dire en présence des trois VP qui étaient là », avait-il relaté devant la commission Gallant. Or, Alain Généreux a affirmé sous serment mardi n'avoir aucun souvenir de cette discussion officieuse avec Denis Marsolais. « Si j'avais eu de l'information à l'effet qu'il y avait un dépassement de coûts, un avenant ou autre, j'aurais demandé, pourquoi on m'a soumis un document à 682 millions », a-t-il expliqué en référence au « napperon » issu de cette rencontre et présenté à la commission Gallant mardi. Ce document affichait un voyant jaune, le premier à faire son apparition dans tous les comptes rendus de la SAAQ en lien avec CASA, a témoigné Alain Généreux. « Une stratégie contractuelle est en cours de validation pour compléter les travaux, et ce, sans impact sur le budget du projet de 682 millions », peut-on y lire. « On a tous été surpris » Le conseiller politique s'est autrement défendu d'avoir acheté trop facilement la version de la SAAQ à propos de ce qui serait livré dans le cadre du contrat de 458 millions avec son fournisseur. En septembre 2021, il élargit ses vérifications en dehors de la SAAQ pour s'assurer que « l'information que j'ai, elle est corroborée ». Une réunion est convoquée avec des représentants de la SAAQ, le ministre Bonnardel et des membres du cabinet de la Cybersécurité et du numérique et du Conseil du trésor. La PDG de la SAAQ à l'époque, Nathalie Tremblay, y fait un long exposé pour rappeler les tenants et aboutissants du projet. Par la suite, « le volet financier était comme évacué », dit Alain Généreux. François Bonnardel exige un rapport mensuel. PHOTO PATRICE LAROCHE, ARCHIVES LE SOLEIL L'ex-PDG de la SAAQ, Nathalie TremblaY « C'était une rencontre sérieuse, mais ce n'était pas une rencontre houleuse », s'est souvenu Alain Généreux. 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