
Une frappe israélienne sur l'église catholique de Gaza fait trois morts
(Gaza) Le patriarcat latin de Jérusalem a annoncé jeudi la mort de trois personnes dans une frappe israélienne sur la seule église catholique de la bande de Gaza, refuge pour cette petite communauté depuis le début de la guerre il y a 21 mois.
Équipe de l'AFP à Gaza, avec Alice CHANCELLOR à Jérusalem et Clément MELKI à Rome
Agence France-Presse
Israël, en guerre contre le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza, a affirmé ne « jamais cibler » de sites religieux dans le territoire palestinien, ajoutant « examiner » les circonstances dans lesquelles l'église a été endommagée.
Selon la Défense civile locale, au total, 25 personnes ont péri dans les frappes israéliennes jeudi dans la bande de Gaza, où la guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.
« Ce matin, aux alentours de 10 h 20, le complexe de la Sainte Famille à Gaza-ville (Nord), appartenant au Patriarcat latin, a été frappé par l'armée israélienne », a affirmé le Patriarcat latin dans un communiqué.
« À l'heure actuelle, trois personnes ont perdu la vie des suites de leurs blessures, et dix ont été blessées, dont deux dans un état grave », a-t-il ajouté, révisant à la hausse un précédent bilan de deux morts.
PHOTO OMAR AL-QATTAA, AGENCE FRANCE-PRESSE
L'Église de la Sainte-Famille, située à Gaza-ville, dans le nord du territoire
L'église, qui abrite des centaines de déplacés, a subi des dégâts.
Depuis le début de la guerre, le père Gabriel Romanelli, blessé dans la frappe, dialoguait régulièrement par liaison vidéo avec l'ancien pape François, mort en avril.
Dans l'enceinte de l'hôpital Al-Ahli de Gaza-ville, des blessés reçoivent des soins dans des tentes. Parmi eux, le père Romanelli, portant un pansement autour de la jambe.
PHOTO OMAR AL-QATTAA, AGENCE FRANCE-PRESSE
Le père Romanelli a été blessé dans l'attaque.
Certains blessés sont arrivés sur des brancards. L'un d'eux porte un masque à oxygène.
D'autres Palestiniens pleurent à côté de dépouilles couvertes de sacs mortuaires blancs posées au sol.
« Inacceptables »
« Dans la matinée, un char nous a pris pour cible et a touché l'église. Plusieurs civils ont été tués et blessés », a raconté à l'AFP Shadi Abou Daoud, un déplacé dont la mère de 70 ans est morte dans la frappe.
Pour le patriarcat, « viser un site sacré qui abrite environ 600 déplacés, en majorité des enfants, est une violation flagrante de la dignité humaine […] et du caractère sacré des sites religieux, qui sont censés fournir un abri sûr en temps de guerre ».
Le patriarche latin de Jérusalem, Pierbattista Pizzaballa, a déclaré à Vatican News : « ce que nous savons avec certitude, c'est qu'un char a frappé directement l'église. L'armée israélienne dit par erreur, mais nous n'en sommes pas sûrs ».
Le pape Léon XIV s'est dit « profondément attristé » et a renouvelé son appel « à un cessez-le-feu immédiat » à Gaza, où les négociations indirectes entre le Hamas et Israël en vue d'une trêve sont dans l'impasse.
PHOTO JACK GUEZ, AGENCE FRANCE-PRESSE
Au total, 25 personnes ont péri dans les frappes israéliennes jeudi dans la bande de Gaza.
Israël a exprimé son « profond chagrin » pour les dégâts et les victimes civiles, ajoutant que l'armée enquêtait.
« Israël ne vise jamais des églises ou des sites religieux et regrette tout dommage à un site religieux ou à des civils non impliqués », a déclaré le ministère des Affaires étrangères.
La première ministre italienne, Giorgia Meloni, a accusé Israël. « Les raids israéliens sur Gaza ont touché l'église de la Sainte-Famille. Les attaques contre la population civile menées par Israël depuis des mois sont inacceptables. Aucune action militaire ne saurait justifier une telle attitude. »
« Excuses »
La France a condamné le bombardement « inadmissible » de l'église de la Sainte-Famille.
Le prêtre, curé de la paroisse de la Sainte-Famille depuis de longues années, est resté à Gaza aux côtés de quelque 400 fidèles après la guerre. La petite communauté catholique a trouvé refuge dans l'enceinte de l'église qui a accueilli aussi des orthodoxes.
La bande de Gaza compte environ un millier de chrétiens, sur une population de plus de deux millions de personnes assiégées par Israël depuis octobre 2023 et au bord de la famine selon l'ONU.
La plupart des chrétiens sont des orthodoxes, mais, selon le patriarcat, environ 135 catholiques vivent dans le territoire palestinien.
« On peut se demander si Israël en veut aux communautés chrétiennes […] C'est un lieu de culte. Il n'y avait aucun objectif stratégique, il n'y avait pas de djihadistes dans cette église. Il y avait des familles, des civils », a déclaré à l'AFP Mgr Pascal Gollnisch, directeur général de l'Œuvre d'Orient.
L'attaque du 7-Octobre a entraîné du côté israélien la mort de 1219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.
Israël a juré de détruire le Hamas et a lancé en représailles une offensive destructrice dans laquelle au moins 58 667 personnes, majoritairement des civils, ont été tuées, selon des données du ministère de la Santé à Gaza, jugées fiables par l'ONU.

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Par ailleurs, en vertu de la Convention sur le génocide de 1948, les États – y compris le Canada – ont l'obligation de prévenir et de réprimer le génocide. Souvenons-nous que la Cour internationale de justice a aussi, il y a un an et demi, dans l'affaire Afrique du Sud c. Israël, déterminé qu'il était plausible qu'un génocide soit en cours à Gaza. Le Canada (et le Québec !) dans tout ça L'embargo sur les armes annoncé par Mélanie Joly en mars 2024 ne concerne que les nouvelles licences de vente d'armes. Les licences approuvées avant le 8 janvier 2024 restent en vigueur, et du matériel militaire peut aussi se rendre du Canada vers Israël s'il transite par un autre pays. Des millions de dollars en armements continuent ainsi de circuler du Canada vers Israël. Il est raisonnable d'affirmer que cette implication dans la fourniture d'armes à Israël se fait en violation des Conventions de Genève et de la Convention sur le génocide. 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