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Un pendentif odorant repousse les attaques des loups dans les alpages

Un pendentif odorant repousse les attaques des loups dans les alpages

24 Heures4 days ago
Alors que les prédations se multiplient, notamment dans le Jura, sur le bétail en estive, des éleveurs ont équipé leurs bêtes d'un boîtier à phéromones. Un agriculteur vaudois témoigne. Publié aujourd'hui à 17h01
Le leurre, c'est ce petit boîtier rond accroché au collier de la vache, d'où s'échappent les odeurs qui indiquent aux loups qu'ils se trouvent sur un territoire déjà occupé par des congénères.
Yvain Genevay
En bref:
Assis à la table du petit local aménagé dans son rural de Baulmes, dans le Nord vaudois, Jean-François Cachemaille paraît calme. Mais l'inquiétude transparaît dans sa voix quand il évoque l'estivage de sa trentaine de génisses de race holstein sur les pâturages de Gascon (1216 m d'altitude), à 10 kilomètres de son exploitation de plaine. Et la menace du loup.
Là-haut, entre les Aiguilles de Baulmes et le Suchet, ses bêtes paissent au cœur du «rayon d'action» de la meute franco-suisse de Jougne-Suchet.
Ses vaches laitières, il les aime. Et les attaques du canidé, qui ont littéralement explosé dans le Jura vaudois depuis la mi-juillet, le préoccupent sérieusement, même s'il n'a pas été touché. «Mais mon berger l'a vu l'année dernière. Un matin, on a retrouvé le troupeau qui pâture près du village tout effrayé.» Le loup, sujet sensible
Le sujet du grand prédateur est sensible. Toujours plus. D'abord décidé à témoigner, un autre éleveur du pied du Jura s'est ainsi ravisé après nous avoir rencontrés. Si ses génisses qui broutent l'herbe du Mont-Tendre ont jusqu'ici été épargnées, ce n'est pas le cas de celles des deux pâturages situés à proximité. Alors, par respect pour ses collègues, il n'a «pas envie de fanfaronner».
Si ses bêtes ont été épargnées, c'est sans doute parce qu'elles portaient autour du cou un petit boîtier distillant des phéromones censées repousser le prédateur. Un projet pilote lancé en 2023 dans plusieurs cantons, dont les Grisons et le Valais. Sur Vaud, il fait même l'objet d'un financement conjoint de l' Office fédéral de l'environnement (OFEV) et du Canton.
«Pour être tout à fait honnête, un jeune veau a été attaqué à la cuisse cet été, mais le loup ne l'a pas mangé…» Les phéromones auraient-elles déployé leur effet un peu trop tard? «En tout cas, le lendemain, dans un pâturage où se trouvaient des bêtes qui ne portaient pas ces médaillons, une génisse a été totalement dévorée.»
Jean-François Cachemaille a équipé la trentaine de génisses en estive au-dessus de Baulmes, non loin du Suchet. Mais aussi la dizaine de veaux qui pâturent en plaine, juste à côté du village.
Yvain Genevay
À Baulmes, Jean-François Cachemaille prend part à cette expérience pilote depuis le printemps 2024. «L'idée m'a motivé dès que j'en ai entendu parler. Qui ne tente rien n'a rien, de toute façon.» Cohabitation difficile
Le quinquagénaire espère ainsi s'éviter la vue terrible d'une bête agonisant dans l'herbe. «Les loups ne tuent pas leur proie, ils la rongent vivante par l'arrière, c'est ce qui me dérange le plus, confie-t-il. Oui, c'est la nature, mais je suis convaincu que personne ne veut voir ses vaches souffrir pareillement.»
Jean-François Cachemaille marque une pause. Puis reprend: «Le territoire est restreint, la cohabitation est forcément difficile si les loups sont nombreux. Le Canton en annonce officiellement 29. C'est beaucoup.» Pour lui comme pour d'autres, le prédateur est là et il n'est plus possible de le faire disparaître, «mais il faut le réguler». Une mesure novatrice
Comme cinq autres agriculteurs vaudois, Jean-François Cachemaille a opté ce printemps pour cette mesure novatrice, mise au point par le laboratoire valdo-tessinois Tibio, en collaboration avec la société tessinoise de conseil scientifique Studio Alpino. «Rentrer nos bêtes pour la nuit afin de les protéger du loup s'oppose à ce qu'on doit faire en termes de bien-être animal, sans compter le travail que cela occasionne. Et poser des clôtures à cinq fils, on n'en parle même pas pour les bovins. La taille des parcs ne s'y prête pas, tout comme la configuration du terrain, qui est tout sauf plat…»
Le troupeau pâture entre le Suchet et les Aiguilles de Baulmes, dont on aperçoit l'extrémité ouest en arrière-plan.
Yvain Genevay
Le produit en question a été baptisé Velaris L, un nom issu du latin velum , le voile (comprendre de protection) et lupus , le loup. Commercialisé depuis fin 2024 par Agroline (une société fille de la coopérative agricole Fenaco), il a déjà ceci de pratique qu'il est facile à mettre en place. «Et en ce qui me concerne, je suis convaincu que c'est efficace, même si ça ne l'est pas à 100%», reprend-il.
Les tests effectués donnent en tout cas du crédit à son propos. À condition, comme le préconisent ses concepteurs et son distributeur, qu'au moins 80% du troupeau en soit doté. Et que les bêtes le portent quelques jours avant d'être lâchées dans les pâturages.
Ainsi, en 2023, les exploitations qui ont participé au premier été de la phase de test du projet ont subi 3,8% de pertes (58 bêtes sur 1532) alors que 66% seulement d'entre elles étaient porteuses d'un boîtier. L'année précédente, dans ces mêmes exploitations, réparties dans tout le pays, pas moins de 135 animaux de rente (sur 1600) ont été tués par le loup. Soit 8,4%. Autrement dit, les pertes ont diminué de presque 60%. «Feindre» une présence territoriale
Comment ça marche? La phéromone est un messager chimique odorant émis par un être vivant pour communiquer avec ses congénères. Le boîtier renferme une molécule qui reproduit la phéromone que le loup utilise pour affirmer sa présence, dissuadant de fait d'autres individus de s'aventurer sur son territoire.
Au milieu du pâturage de Gascon, à 1216 mètres d'altitude, le berger Luc Zacharias et son chien «Zelda» veillent sur les génisses de Jean-François Cachemaille.
Yvain Genevay
L'objet coûte une trentaine de francs pièce. «Au moment du lancement du projet, au milieu de l'été 2023, l'OFEV et le Canton de Vaud ont pris en charge le financement des 51 boîtiers remis aux deux agriculteurs participant d'emblée à cette phase de test», relève Yvonne Ritter, chargée de mission à la Direction générale de l'agriculture. Idem l'année dernière pour les sept troupeaux (771 bovins) qui ont été équipés.
Ce printemps, la Confédération a fait machine arrière, contrairement au Canton de Vaud. Contacté, l'OFEV n'a pas été en mesure de nous donner les raisons de son retrait. Les six agriculteurs vaudois impliqués cet été – trois ont renoncé et deux ont pris le train en marche, portant à 451 le nombre de bovidés porteurs d'un collier – s'attendent donc à n'être indemnisés qu'à moitié. Intérêt à l'étranger
Agroline voit les demandes pour le Velaris L augmenter. «Nos principaux clients sont valaisans, grisons, tessinois et vaudois, les cantons où la pression de la prédation est la plus forte. Et nous enregistrons aussi un intérêt marqué au-delà des frontières, notamment en Italie, en Espagne et en Allemagne», relève Fabian Schweizer, responsable du projet.
À entendre plusieurs des éleveurs qui ont testé cette solution, celle-ci semble efficace. «Mais pour combien de temps? Le loup est un animal très malin, et on est en droit de se demander jusqu'à quand il va se laisser berner», note Jean-François Cachemaille. Des essais ont en tout cas montré que le prédateur finissait par s'habituer aux phéromones sur support fixe. Attaques en nette hausse dans le Jura
Le loup a fait son retour dans le massif du Jura voilà douze ans. Puis, en mars 2016, une femelle, F19, pointe le bout de sa truffe dans les forêts du Risoux. En s'accouplant trois ans plus tard avec le mâle M95, elle donne naissance à cinq louveteaux, constituant de fait la première meute jurassienne depuis plus d'un siècle.
Depuis lors, les choses se sont accélérées. D'autres portées ont suivi, chaque année. Et d'autres meutes se sont constituées, gagnant toujours plus de territoires. Cette semaine, le Canton de Neuchâtel a annoncé que six louveteaux avaient été vus dans la région de La Brévine, confirmant la présence d'une première meute dans ce canton.
Les attaques sur les animaux de rente ont suivi, elles aussi, une courbe ascendante. Arrêtée au 7 août 2025, la statistique tenue par les autorités recense 37 attaques de loups dans le périmètre étendu du Jura vaudois. Elles ont causé la mort de 61 bovins, ovins et caprins, auxquels s'ajoutent un animal disparu et un autre retrouvé blessé et qu'il a fallu abattre. En 2023, on y dénombrait 23 attaques pour 35 bêtes mortes et 2 blessées.
À titre de comparaison, si les éleveurs fribourgeois n'ont eu aucune perte à déplorer cette année, leurs homologues neuchâtelois ont subi à ce jour sept attaques, qui ont laissé 13 bêtes sur le carreau. En Valais, ce sont 44 attaques qui ont été recensées jusqu'ici. Elles ont occasionné la mort de 176 animaux de rente.
D'autres articles sur les grands prédateurs Newsletter
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Autres newsletters Frédéric Ravussin est journaliste à 24 heures depuis 2005 pour qui il couvre l'actualité régionale du Nord vaudois. Au-delà de ces frontières géographiques, il a un intérêt marqué pour les sujets touchant au monde des animaux (les oiseaux en particulier) et au domaine du sport. Plus d'infos @fredravussin
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Suisse romande: la canicule chamboule la rentrée scolaire
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24 Heures

timean hour ago

  • 24 Heures

Suisse romande: la canicule chamboule la rentrée scolaire

Écoles romandes – La canicule vient chambouler la rentrée scolaire Des mesures sont déjà prises dans les écoles romandes pour faire face aux fortes chaleurs. À l'avenir, faudra-t-il aussi décaler la rentrée? Des cantons y ont songé et Genève a sauté le pas. Emilien Ghidoni Des enfants suisses alémaniques sur le chemin de l'école, le lundi 11 août. KEYSTONE Abonnez-vous dès maintenant et profitez de la fonction de lecture audio. S'abonnerSe connecter BotTalk En bref : Les cantons suisses adoptent différentes mesures pour protéger les élèves durant la canicule. Genève dispensera les plus jeunes élèves de cours lors des pics de chaleur. La Confédération mène un projet pilote pour étudier l'impact thermique sur les bâtiments. Plusieurs communes suisses végétalisent leurs bâtiments scolaires pour contrer la chaleur excessive. Alors que la Suisse cuit sous des températures dépassant parfois les 35 degrés, certains enfants ont déjà retrouvé le chemin de l'école. C'est le cas en Suisse allemande, où les élèves ont fait leur rentrée des classes ce lundi. Pour les protéger de la chaleur, les cantons prennent des mesures plus ou moins restrictives. Mais à terme, c'est tout un modèle d'enseignement qui doit être repensé. Comment adapter l'enseignement au réchauffement climatique? Dans le canton de Berne, où les cours ont déjà démarré, la posture est assez attentiste. Contactées, les autorités indiquent qu'il n'existe pas de règlement précis pour les écoles en période de canicule. «La loi ne prévoit pas de limite supérieure obligatoire de température à partir de laquelle les cours sont suspendus, indique Yves Brechbühler, porte-parole du Département de l'instruction publique. Les directions d'école sont donc invitées à réagir de manière autonome à chaque situation et à choisir les formes d'enseignement qui tiennent compte des températures élevées.» 1P et 2P dispensés de cours à cause de la canicule Il argue aussi que plusieurs réflexes ont déjà fait leurs preuves pour réduire la température, comme bien aérer les salles de classe, éviter l'activité physique durant la journée, ou «enseigner de manière flexible, par exemple en organisant des cours en plein air». Mais alors que le dérèglement climatique s'intensifie, ne faudrait-il pas prendre des mesures à long terme, comme décaler la rentrée à plus tard? Au sud de l'Europe, l'Italie ou encore l'Espagne ont déjà sauté le pas, puisque les élèves reprennent en septembre. Mais Berne ne s'exprime pas sur ce point. Les cantons de Bâle-Ville et Bâle-Campagne, eux, ont envisagé au début de l'été de décaler la reprise des cours, pour finalement maintenir le 11 août comme date de rentrée. Quant au Tessin, sa rentrée a traditionnellement lieu début septembre. Côté romand, on prend les choses un peu plus en main. Genève prévoit par exemple des exemptions de cours lorsque le thermomètre monte trop haut. «Lors de la phase d'activation de la cellule canicule, les enfants de 1P et 2P sont dispensés d'école, détaille Constance Chaix, chargée d'information au Département de l'instruction publique (DIP). Pour les élèves de 3P et jusqu'au secondaire II, les mesures sont prises au cas par cas dans chaque établissement en fonction de la température dans les bâtiments.» Rentrée repoussée en 2027 à Genève Cette cellule canicule est lancée dès que les températures moyennes dépassent les 25 degrés sur cinq jours consécutifs, ou si elles montent au-dessus de 27 degrés trois jours de suite. Et puisque les chaleurs sont amenées à augmenter dans les années à venir, les autorités du bout du lac ont décidé de repousser la rentrée. Dès 2027, les vacances d'été seront rallongées de quelques jours. La reprise des cours aura lieu le troisième jeudi du mois d'août, c'est-à-dire trois jours plus tard. Du côté vaudois, un système semblable a été créé. Trois niveaux d'alerte allant du jaune au rouge, en passant par l'orange, ont été formulés, avec à chaque fois diverses recommandations. Mais contrairement à Genève, le canton de Vaud s'en remet aux directions des établissements pour décider des éventuels aménagements d'horaires. Un guide a aussi été publié. Par contre, pas question de décaler la rentrée ou de modifier durablement les horaires des cours. «Avec ce guide destiné au corps enseignant, nous encourageons les directions à faire attention aux personnes vulnérables et à envisager autant que possible de faire les cours à l'extérieur ainsi qu'à ventiler durant la nuit», détaille Lionel Éperon, directeur général de l'enseignement postobligatoire. Il précise qu'il s'agit d'un moyen pour atténuer les désagréments de la canicule, mais que cela ne les résout pas entièrement. «Si nous avions une potion magique, nous serions bien contents, comme d'autres pays d'Europe d'ailleurs», ironise-t-il. Modifier les bâtiments des écoles Pour l'heure, il n'existe pas de coordination entre les cantons pour lutter contre la hausse des températures à l'école. Mais la Confédération a lancé en 2022 un projet pilote intitulé «Ça chauffe dans les écoles», en collaboration avec l'entreprise Bio-Eco. Objectif: comprendre les facteurs aggravant la chaleur dans les bâtiments scolaires et sensibiliser le corps enseignant ainsi que les élèves à cette problématique. Les conclusions de cette étude démontrent que le facteur majeur faisant grimper le mercure dans les salles de classe est l'ombrage insuffisant. «Le mercure dépassait par moments les 26 degrés dans tous les types de bâtiment. Ces températures élevées limitaient la concentration et la productivité des élèves, qui se sentaient fatigués et incommodés», constatent les chercheurs. Les constats ont aussi permis l'élaboration d'une «mallette», un kit de conseils destiné aux enseignants et aux élèves. Il y est par exemple suggéré d'aérer les classes la nuit, de fermer les stores la journée ou encore d'éviter les activités physiques durant l'après-midi. Avec l'intensification du changement climatique, les préconisations des experts sont amenées à évoluer. «Nous sommes en train de mettre à jour la mallette et de rajouter de nouveaux éléments», précise Nelia Franchina, coordinatrice de projets chez Bio-Eco. Car jusqu'ici, l'accent a surtout été mis sur la sensibilisation. Désormais, la question du réaménagement des écoles se pose: «Nous avons prévu d'ajouter des éléments dans la mallette pour mettre en place une démarche participative clés en main dans les écoles en cas de réaménagement de cour d'école et pour assurer que la question des fortes chaleurs soit prise en compte.» Parmi les quelques préconisations, le projet pilote recommande de végétaliser les toits et les façades des bâtiments scolaires, de multiplier les arbres dans les cours de récréation, ou encore d'ajouter des fontaines dans chaque école. Et certaines municipalités ont déjà sauté le pas pour contrer les effets du réchauffement climatique: «Par exemple, la commune de Préverenges (VD) a planté des arbres devant les fenêtres de son école», illustre Nelia Franchina. Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Se connecter Emilien Ghidoni est journaliste à la Tribune de Genève depuis août 2022. Il couvre en particulier les questions de mobilité et la commune de Vernier. Il est titulaire d'un Master en journalisme à l'Académie du journalisme et des médias à l'Université de Neuchâtel et d'un Bachelor en relations internationales. Il a suivi une formation complémentaire sur les mouvements politiques radicaux. Plus d'infos @emilien_ghidoni Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

Le smartphone qui vibre en cours, c'est fini, même pour les gymnasiens vaudois
Le smartphone qui vibre en cours, c'est fini, même pour les gymnasiens vaudois

24 Heures

timean hour ago

  • 24 Heures

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La traditionnelle conférence de presse de la rentrée scolaire avait lieu ce mercredi. Tour des nouveautés qui attendent les jeunes, dès lundi 18 août. Publié aujourd'hui à 06h28 Les appareils connectés devront désormais être mis en mode silencieux et rangés dans un sac ou un casier durant le temps d'enseignement. Unsplash En bref: Lundi prochain, 134'492 jeunes feront leur rentrée scolaire dans les établissements vaudois, soit 613 de plus que l'année précédente. Ce mercredi, la traditionnelle conférence de presse sur la rentrée scolaire a permis à Frédéric Borloz , chef du Département de l'enseignement et de la formation professionnelle (DEF), de mettre en lumière quelques nouveautés et défis qui attendent le système éducatif. Tour d'horizon. Serrage de vis pour les smartphones au postobligatoire Les étudiants des gymnases et des écoles professionnelles ne pourront plus laisser traîner leur smartphone sur leur bureau pendant les cours. Les appareils connectés devront désormais être mis en mode silencieux et rangés dans un sac ou un casier durant le temps d'enseignement. «Le climat scolaire doit favoriser l'attention des élèves, souligne Lionel Eperon, directeur général de l'enseignement postobligatoire (DGEP). Nous devons agir sur tout ce qui risque de nuire à leur capacité de concentration.» Les élèves pourront toutefois utiliser leur téléphone entre les cours et pendant la pause de midi. Rappelons que dans l'école obligatoire, l'utilisation de tels appareils est interdite en dehors des activités pédagogiques spécifiques depuis 2019. «Il serait impossible d'interdire par principe l'utilisation des outils connectés dans le postobligatoire, les élèves étant majeurs et propriétaires de leur appareil.» L'objectif est avant tout d'harmoniser les pratiques et de «réguler intelligemment», certains enseignants ou établissements se montrant plus permissifs que d'autres. Une application pour faciliter les échanges avec les parents Pour consolider la relation école-famille, le DEF est sur le point de développer une application mobile «faite maison», sorte de canal de communication officiel et sécurisé. Elle facilitera en premier lieu les échanges avec les parents d'une classe, remplaçant les circulaires qui se perdent au fond du sac ou l'utilisation de messageries tierces jugées problématiques pour la confidentialité et exigeant une disponibilité constante des enseignants. D'autres fonctionnalités, comme la mise à disposition des horaires ou la gestion des absences, seront ajoutées dans un second temps. Le lancement de l'application est prévu pour janvier 2026 dans plusieurs écoles pilotes, puis le dispositif sera déployé progressivement dans la totalité des établissements de la scolarité obligatoire. Frédéric Borloz, conseiller d'État chargé de l'éducation, en août 2024. Odile Meylan Concluants, les congés jokers repartent pour un tour Grande nouveauté de la dernière rentrée, les congés jokers seront reconduits. «Les résultats du premier bilan sont à la fois bons et mauvais», résume Frédéric Borloz. «Cette offre répond à une véritable attente des familles. On constate que parents et élèves sont satisfaits et que le nombre total de congés est resté plutôt stable, notamment grâce à une diminution des arrêts maladie très brefs.» Quelques ajustements sont néanmoins prévus, le bilan des enseignants et directeurs s'avérant plus mitigé. Au programme: une amélioration de la communication avec les parents, la résolution de problèmes techniques liés au système informatique des absences, ainsi que la question du surplus de congés en fin d'année. Des compétences alternatives à mettre dans le CV Facilité de contact, négociation, gestion des émotions, travail en équipe ou condition physique… Ces compétences pourront un jour figurer dans le CV de jeunes qui se lancent dans le monde du travail ou souhaitent poursuivre leurs études. Au total, 28 compétences dites «transversales» ont été définies par la Conférence intercantonale romande de l'instruction publique. Cet outil offrira un profil complémentaire aux élèves, au-delà du traditionnel carnet de notes. Aussi, chaque élève de 10e année recevra un document attestant de ses trois compétences transversales les plus marquées. Trois établissements participeront à une phase pilote dès la rentrée 2025, avant que le dispositif ne soit étendu. Interdiction stricte des objets dangereux À la suite de cas de menaces et d'agressions survenus au printemps, un questionnaire a été envoyé à tous les établissements de la DGEO pour évaluer la nature et l'ampleur des incidents. Depuis lors, un train de mesures a été élaboré, en coordination avec la police cantonale. Celles-ci comprennent notamment la distribution de flyers et circulaires, la diffusion de vidéos d' eCop François sur les réseaux sociaux, ainsi que des cours de sensibilisation dans les classes de 8e. Une nouvelle directive de la Direction générale de l'enseignement obligatoire (DGEO) est aussi en cours d'élaboration; elle prévoit l'interdiction de détenir et d'utiliser tout objet considéré comme dangereux dans le périmètre de l'école durant le temps scolaire. Concernant la DGEP, le fait que certains apprentissages nécessitent l'utilisation d'objets potentiellement dangereux – comme des ciseaux ou des outils de serrurerie – sera pris en compte. Ces outils pédagogiques ne seront donc pas interdits dans le cadre de la formation, mais leur usage fera l'objet d'une surveillance particulière. Enfin, il sera formellement interdit d'apporter son arme de service dans les établissements lors de l'école de recrues ou des cours de répétition. Des ressources ciblées pour les 1-2P Les problématiques liées à l'entrée en scolarité restent préoccupantes aux yeux du canton, ces degrés étant jugés cruciaux pour la suite du parcours éducatif. Des ressources ciblées pour ces classes ont été présentées ce mercredi. Parmi les mesures déployées fin 2024, on trouve 615 périodes de mesures ordinaires, 2800 périodes d'assistanat à l'intégration, 1511 périodes de cours intensif en français et 1147 périodes d'enseignement à double commande. Dans la foulée de la conférence de presse menée par Frédéric Borloz, le Parti socialiste vaudois s'est néanmoins fendu d'un communiqué fustigeant un «silence assourdissant face aux revendications des syndicats et des enseignantes et enseignants de 1-2P». La Société pédagogique vaudoise (SVP), qui revendique «un meilleur encadrement pédagogique dans les classes 1-2P et la mise en place de mesures urgentes provisoires pour les domaines de l'enseignement spécialisé et socio-éducatif», fait aussi part de ses inquiétudes. «Les besoins du terrain sont clairs. Il appartient maintenant aux décideurs de répondre avec des moyens et des choix politiques à la hauteur des enjeux», affirme Gregory Durand, président. D'autres articles sur l'école dans le canton de Vaud Newsletter «La semaine vaudoise» Retrouvez l'essentiel de l'actualité du canton de Vaud, chaque vendredi dans votre boîte mail. Autres newsletters Marine Dupasquier est journaliste à la rubrique Vaud & Régions depuis 2020 et couvre essentiellement la région de Nyon. Sensible aux thématiques locales, elle a effectué ses premières piges au Journal de Morges. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

Tous les Romands en vacances scolaires en même temps pour Pâques 2026
Tous les Romands en vacances scolaires en même temps pour Pâques 2026

24 Heures

timean hour ago

  • 24 Heures

Tous les Romands en vacances scolaires en même temps pour Pâques 2026

Tous les Romands seront en congés scolaires du 3 au 17 avril. Pour les stations de ski, c'est une bonne opportunité, puisque les vacances tombent tôt. Publié aujourd'hui à 06h31 Des vacances de Pâques communes sont bénéfiques pour les stations, si elles ont lieu suffisamment tôt. CHANTAL DERVEY En bref: Lors des prochaines vacances de Pâques, les bouchons risquent d'être démultipliés. Pour la première fois, tous les cantons romands vont avoir congé en même temps. Les élèves francophones seront en vacances du 3 au 17 avril. Un hasard qui n'en est pas vraiment un, puisque cela fait plusieurs années que les cantons cherchent à harmoniser leurs dates de congé. Bien qu'aucune convention officielle ne soit actée, il s'agit d'un premier pas en ce sens. Comment le milieu du tourisme réagit-il à ce changement de calendrier? L'année passée, plusieurs responsables avaient appelé les cantons à se coordonner, pour que tous les vacanciers ne se retrouvent pas sur les pistes en même temps. Un hôtelier avait notamment proposé de définir trois secteurs en Suisse romande: Genève, Vaud et les cantons catholiques, qui fêtent le carnaval. Chacun aurait ses vacances à une période différente. «Une bonne opportunité» Mais c'est bien l'inverse qui se produira dès l'année prochaine. Avec à la clé, des bouchons sur les routes et les télésièges? Pas forcément. Selon Roger Brunner, porte-parole de Valais Promotion, on ne s'attend pas à de grandes difficultés en Valais. «Normalement, nous préférons que les vacances soient échelonnées afin que les visiteurs se répartissent mieux, précise-t-il. À Pâques, toutefois, ce n'est pas un enjeu: il y a moins de personnes qui viennent skier qu'en haute saison, à Noël, Nouvel-An ou pendant les vacances de février. Les stations gèrent bien cette période. À titre de comparaison, environ 80% du chiffre d'affaires hivernal des stations est réalisé durant ces deux périodes phares.» Pour les stations de ski valaisannes, il est par contre avantageux que Pâques tombe tôt. «L'année prochaine, les vacances de Pâques commenceront le 3 avril. C'est bien, car pas mal de stations sont encore ouvertes. Le problème, c'est si les congés débutent plus tard, alors que la neige commence à fondre. Là, il peut y avoir un manque à gagner.» Les vacances dans les cantons romands Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Emilien Ghidoni est journaliste à la Tribune de Genève depuis août 2022. Il couvre en particulier les questions de mobilité et la commune de Vernier. Il est titulaire d'un Master en journalisme à l'Académie du journalisme et des médias à l'Université de Neuchâtel et d'un Bachelor en relations internationales. Il a suivi une formation complémentaire sur les mouvements politiques radicaux. Plus d'infos @emilien_ghidoni Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

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