
La dure ascension du pays de Galles vers l'Euro féminin
L'image était forte et, disons-le, bien choisie : Rhian Wilkinson, Québécoise à la tête de la sélection féminine du pays de Galles, les pieds campés sur le plus haut sommet gallois.
C'était le 19 juin dernier. Ce jour-là, Wilkinson, née à Pointe-Claire, à l'ouest de Montréal, d'une mère galloise et d'un père anglais, s'était levée à 5 h du matin pour faire l'ascension d'environ quatre heures du mont Snowdon, ou « Yr Wyddfa », en gallois.
Le but de l'exercice ? Annoncer au sommet son effectif pour l'Euro 2025, la toute première compétition majeure à laquelle participera l'équipe féminine du pays de Galles.
Son premier match aura lieu ce samedi midi, contre les Pays-Bas, et sera diffusé à RDS.ca, TSN4 et CTV.
« Notre montagne »
« J'ai utilisé l'image de la montagne comme motivation pour l'équipe », a expliqué Wilkinson en entrevue virtuelle avec La Presse, mercredi. Tout l'entretien s'est déroulé en français.
« Nous avons fait l'ascension de notre montagne, a-t-elle ajouté, utilisant la métaphore du mont Snowdon pour illustrer le défi qu'a représenté la qualification du pays de Galles à son premier Euro. Il y a des endroits qui sont plus faciles, des endroits qui sont très difficiles. »
Comme des matchs de qualification remportés aisément, et d'autres duels beaucoup plus laborieux.
« Quand on a réussi à se qualifier, on a voulu [aller sur le mont Snowdon] pour donner de l'attention à l'équipe, en faisant quelque chose de différent, explique Wilkinson, triple olympienne médaillée de bronze aux JO de 2012 et 2016. Mais aussi pour montrer la beauté du pays ! »
Le cœur n'y était pas
Faisons quelques pas en arrière.
La dernière fois que nous avions discuté avec Rhian Wilkinson, l'ancienne joueuse aux 181 sélections avec le Canada commençait son aventure à titre d'entraîneuse-chef des Thorns de Portland, en NWSL. Elle a été nommée en novembre 2021. Notre entrevue avait eu lieu en janvier 2022.
Malheureusement, cet épisode s'est mal terminé. Bien que son équipe ait connu de beaux succès sportifs, elle a dû démissionner au mois de décembre de cette année-là après qu'une enquête eut révélé une relation avec l'une de ses joueuses.
J'ai pensé que je ne voulais plus vraiment faire ce travail après Portland. J'ai fait des entrevues, j'ai eu des opportunités.
Rhian Wilkinson
Mais le cœur n'y était pas. Entre-temps, elle a épaulé sa « meilleure amie » Diana Matheson pour mettre sur pied la Super Ligue du Nord (SLN), au Canada.
« C'était un bon travail. J'ai vraiment adoré ça. »
(Pour l'anecdote, Wilkinson possède un abonnement de saison pour les Roses de Montréal, mais n'a pas pu assister à un match encore. C'est à l'horaire.)
Deux clubs lui ont fait des offres, mais elle « n'avait pas l'énergie pour ça » à ce moment. Jusqu'à ce qu'elle lise sur l'internet, pendant ses vacances, que l'ancienne sélectionneuse du pays de Galles Gemma Grainger partait pour la Norvège.
« Je n'ai pas pu dormir cette nuit-là. »
« Une passion pour le pays »
Rhian Wilkinson n'a pas de gallois que son nom. Elle a aussi des souvenirs forts d'une jeunesse partagée entre l'ouest de Montréal et le petit village où résident encore ses grands-parents ainsi qu'une bonne partie de sa famille élargie, Llantwit Major, dans le sud de la nation du Royaume-Uni. C'est aussi là qu'elle a élu domicile après sa nomination.
Ce pays, c'est comme ma deuxième maison. C'est un pays qui me donne du calme.
Rhian Wilkinson
Après sa nuit d'insomnie, sans même avoir besoin de postuler, elle a reçu un courriel du directeur technique de la fédération galloise.
« J'ai fait mes licences de coach là-bas, j'avais déjà des contacts. Ils m'ont appelée, et m'ont demandé si ça me tentait d'avoir une entrevue. »
Elle en fera trois, ultimement. Nommée en février 2024, elle dit avoir reçu un très bel accueil dès son entrée en poste. « Je pense que le public a vraiment aimé que je ne sois pas juste une autre entraîneuse. J'étais vraiment quelqu'un qui avait une passion pour le pays. »
PHOTO ANDREW BOYERS, ARCHIVES ACTION IMAGES
Rhian Wilkinson (à gauche) parlant à ses joueuses durant un match du pays de Galles contre l'Italie, le 3 juin dernier
Les résultats ne se sont pas fait attendre non plus. Son baptême de feu a eu lieu dans le cadre du début des qualifications pour l'Euro 2025, en avril 2024 : une victoire de 4-0 contre la Croatie, suivie d'un gain de 6-0 contre le Kosovo. Les matchs nuls de 1-1 et 2-2 contre l'Ukraine ont également fait partie des moments clés du parcours gallois. En demi-finale aller-retour des éliminatoires, il y a eu la remontée pour l'emporter 3-2 contre la Slovaquie. Puis, l'émotive finale gagnée 3-2 au total des buts contre l'Irlande, en décembre dernier.
« Ce n'étaient pas des matchs faciles, raconte Wilkinson. On a commis des erreurs qui nous ont mises dans des situations qu'on devait surmonter. C'était important pour moi de voir que l'équipe en était capable. On a probablement eu la meilleure route jusqu'à la finale, parce qu'on a dû [gagner] des batailles. »
Des regards marquants
Le programme féminin du pays de Galles, qui existe depuis 1973, est passé près à quelques reprises de se qualifier pour un tournoi majeur. Rhian Wilkinson ne portait pas tout ce bagage en elle lorsqu'elle a mené la sélection jusqu'à cette réussite, il y a quelques mois.
Mais ses joueuses, oui.
« C'était très spécial, raconte la coach. Je ne vais jamais oublier ce [que j'ai vu] dans leurs yeux. Faire quelque chose pour la première fois, c'est toujours le plus difficile. Et maintenant, toutes les générations qui vont suivre vont s'attendre à ce que ce soit une équipe qui se qualifie. »
La métaphore de l'ascension du mont Snowdon n'était pas anodine, donc. Et maintenant, d'autres montagnes se dressent devant les Galloises : celles de la Suisse, où se déroule l'Euro, du 2 au 27 juillet.
« Nos objectifs sont de jouer d'une façon dont on pourra être fières, dit Wilkinson, qui nous a parlé du camp de base de son équipe, à Weinfelden, dans le nord du pays. Si on fait ça, on peut surprendre dans le tournoi. »
Mais au-delà des résultats à ce premier Euro historique pour les Dragonnes, Rhian Wilkinson pourra, au minimum, se réconforter d'avoir retrouvé le plaisir du soccer dans la dernière année.
« Ce n'est pas seulement un travail, dit-elle à propos de la sélection du pays de Galles. C'est vraiment une partie de mon cœur. »
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14 hours ago
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Messi fait le spectacle au stade Saputo
Lionel Messi a marqué le deuxième but de son équipe à la 40 e minute Lionel Messi a dominé partout où il est allé, en Espagne comme en Ligue des Champions comme en Coupe du monde. Il ne lui manquait qu'une performance dominante au stade Saputo au palmarès de son illustre carrière. L'Inter Miami l'a emporté 4-2 face au CF Montréal dans l'enceinte de la rue Sherbrooke, samedi soir. Et Messi, comme pour faire plaisir à la majorité de partisans vêtus de rose, en a mis plein la vue, avec deux buts tout à fait spectaculaires. Son premier, à la 40e, a donné les devants 2-1 à son équipe. Et a fait se lever la foule du stade, qui venait pourtant de voir son équipe locale encaisser une deuxième fois après avoir pris les devants, en déjouant quatre joueurs du CFM dans la surface. Il a complété la séquence avec une frappe du pied gauche vers le coin opposé, sa signature. Son deuxième, en deuxième mi-temps, il était encore plus spécial. Encore une fois, quatre joueurs montréalais ont mordu la poussière. Le ballon a semblé lui coller au pied. Jusqu'à arriver devant un Jonathan Sirois qui ne pouvait rien faire, pour enfiler le 3-1 des Floridiens. L'ovation de la foule a été longue et sentie. Malheureusement pour les hommes de Marco Donadel, cet amour ne leur était pas destiné. Pour le CFM, ça a tenu un temps… Pourtant, pendant une bonne partie de ce match, les Montréalais ont été dans le coup. C'est eux qui ont ouvert la marque, dès la deuxième minute. Tout le monde dans le stade était incrédule, d'ailleurs. Mais que venait-il de se passer ? Messi, oui, encore lui, a surpris tout le monde. Mais pas de la façon dont il a habitué la planète foot. En repli défensif, tentant de remettre le ballon vers son gardien, l'Argentin a plutôt offert une passe décisive à Prince Owusu. L'Allemand n'en demandait pas tant. Confirmant sa belle allure des derniers matchs, Owusu a fait exploser le stade, de joie comme d'ébahissement, en enfilant son quatrième filet en quatre matchs. 1-0 Montréal, alors que plusieurs partisans cherchaient encore leurs sièges. Montréal s'est bien défendu par la suite. On les sentait rigoureux, concentrés. Jusqu'à ce que le rouleau compresseur des Herons se mette en marche. Les attaques floridiennes sont venues en vague. Jonathan Sirois a été solide, vraiment, à plusieurs reprises. À la 33e, Tadeo Allende a nivelé la marque, sur une passe de Messi, qui a donné les devants à son équipe 7 minutes plus tard, comme on le disait. PHOTO CHRISTOPHER KATSAROV, LA PRESSE CANADIENNE Tadeo Allende (21) Malgré tout, au retour des vestiaires, Montréal a continué d'avoir des occasions. Et des belles, notamment de la part de Dante Sealy, qui a péché par manque d'opportunisme. Et par Prince Owusu, qui a joué l'un de ses bons matchs avec le CF Montréal. Mais cet espoir s'est éteint lorsque Telasco Segovia a réussi le 3-1 pour Miami, sur une splendide frappe de loin. Parce que oui, le talent ne se limite pas aux quatres anciens Barcelonais de Miami. Par ailleurs, Jordi Alba, Sergio Busquets et Luis Suárez ont tous été titulaires pour ce match au stade Saputo. La marque a été complétée par Messi, à la 62e. La Pulga a continué de se donner en spectacle tout le match, lui qui a joué les 90 minutes de la rencontre. Au grand plaisir des fans en rose. Et au grand dam des partisans inconditionnels du Bleu-blanc-noir.


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Puis, l'émotive finale gagnée 3-2 au total des buts contre l'Irlande, en décembre dernier. « Ce n'étaient pas des matchs faciles, raconte Wilkinson. On a commis des erreurs qui nous ont mises dans des situations qu'on devait surmonter. C'était important pour moi de voir que l'équipe en était capable. On a probablement eu la meilleure route jusqu'à la finale, parce qu'on a dû [gagner] des batailles. » Des regards marquants Le programme féminin du pays de Galles, qui existe depuis 1973, est passé près à quelques reprises de se qualifier pour un tournoi majeur. Rhian Wilkinson ne portait pas tout ce bagage en elle lorsqu'elle a mené la sélection jusqu'à cette réussite, il y a quelques mois. Mais ses joueuses, oui. « C'était très spécial, raconte la coach. Je ne vais jamais oublier ce [que j'ai vu] dans leurs yeux. Faire quelque chose pour la première fois, c'est toujours le plus difficile. Et maintenant, toutes les générations qui vont suivre vont s'attendre à ce que ce soit une équipe qui se qualifie. » La métaphore de l'ascension du mont Snowdon n'était pas anodine, donc. Et maintenant, d'autres montagnes se dressent devant les Galloises : celles de la Suisse, où se déroule l'Euro, du 2 au 27 juillet. « Nos objectifs sont de jouer d'une façon dont on pourra être fières, dit Wilkinson, qui nous a parlé du camp de base de son équipe, à Weinfelden, dans le nord du pays. Si on fait ça, on peut surprendre dans le tournoi. » Mais au-delà des résultats à ce premier Euro historique pour les Dragonnes, Rhian Wilkinson pourra, au minimum, se réconforter d'avoir retrouvé le plaisir du soccer dans la dernière année. « Ce n'est pas seulement un travail, dit-elle à propos de la sélection du pays de Galles. C'est vraiment une partie de mon cœur. »