
Les Européens et Trump « unis » dans leurs efforts pour mettre fin au conflit
Les Européens et Trump « unis » dans leurs efforts pour mettre fin au conflit
(Berlin) Les Européens et Donald Trump sont « unis » dans leurs efforts pour mettre fin à la guerre en Ukraine, a affirmé mercredi le chef de l'OTAN, Mark Rutte, à l'issue d'un appel téléphonique qu'il a qualifié « d'excellent ».
Pierrick YVON
Agence France-Presse
Ce qu'il faut savoir Donald Trump rencontrera Vladimir Poutine en Alaska vendredi ;
Ce mercredi, le président américain et J. D. Vance s'entretiennent avec les dirigeants européens, dont le président ukrainien Volodymyr Zelensky, dans l'espoir de les convaincre de défendre les intérêts de l'Ukraine face à Vladimir Poutine ;
Donald Trump a prédit « des échanges de territoires », alors que l'armée russe occupe environ 20 % du territoire ukrainien ;
L'armée russe a réalisé mardi sa plus large avancée en 24 heures en territoire ukrainien depuis plus d'un an, selon une analyse de données de l'AFP.
« La balle est désormais dans le camp de Poutine », a déclaré le secrétaire général de l'Alliance, avant la rencontre entre le président américain et son homologue russe en Alaska vendredi.
À quelques jours du sommet entre le président américain et son homologue russe Vladimir Poutine, prévu pour vendredi en Alaska, les forces russes ont réalisé mardi leur plus grande progression en 24 heures en territoire ukrainien depuis plus d'un an, selon l'analyse par l'AFP des données fournies par l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW).
Les troupes russes, dont l'avancée s'accélère, ont dit avoir conquis plus de 110 km2 supplémentaires au 12 août par rapport à la veille, ce qui n'était plus arrivé depuis fin mai 2024. Ces dernières semaines, il leur fallait habituellement six jours pour progresser autant.
Signe de la dégradation de la situation : l'Ukraine a ordonné mercredi l'évacuation de familles dans une dizaine de localités situées près du secteur de l'est de l'Ukraine où l'armée russe a rapidement avancé ces derniers jours.
Moscou a aussi lancé une nouvelle vague d'attaques par les airs, avec au moins cinquante drones et deux missiles balistiques de mardi soir à mercredi matin, selon les forces aériennes ukrainiennes.
Au moins trois personnes ont été tuées dans des attaques d'artillerie et de drones russes dans la région de Kherson (Sud) tôt mercredi, d'après les autorités régionales.
PHOTO GENYA SAVILOV, AGENCE FRANCE-PRESSE
Des habitants discutent devant un bureau de poste endommagé à la suite d'une frappe russe dans la ville de Bilozerske, en Ukraine.
Frénésie diplomatique
Pendant ce temps, l'activité diplomatique bat son plein depuis l'annonce du sommet à Anchorage, en Alaska, dont les Européens redoutent qu'il ne débouche sur une issue défavorable à l'Ukraine, après trois ans et demi de conflit.
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a fait état de plus de 30 échanges et consultations avec ses alliés ces derniers jours, quand Vladimir Poutine a conversé avec ses plus proches partenaires : le Chinois Xi Jinping, l'Indien Narendra Modi, le Brésilien Luiz Inácio Lula da Silva et le Nord-Coréen Kim Jong-un.
Mercredi, les yeux sont tournés vers Berlin, où le chancelier allemand, Friedrich Merz, a invité Donald Trump et son vice-président, J.D. Vance, à s'entretenir par visioconférence avec M. Zelensky, mais aussi les principaux dirigeants européens, notamment le président français, Emmanuel Macron, et le premier ministre britannique, Keir Starmer.
Le chef de l'État ukrainien a fait le déplacement dans la capitale allemande pour participer à ces discussions au côté de M. Merz, arrivant en hélicoptère à la chancellerie.
PHOTO JOHN MACDOUGALL, VIA REUTERS
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, et le chancelier allemand, Friedrich Merz
Après un entretien bilatéral, les deux hommes ont entamé à 14 h (8 h heure de l'Est) une première visioconférence avec leurs homologues européens, les dirigeants de l'UE et de l'OTAN.
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a affirmé mercredi que l'obtention d'un cessez-le-feu « immédiat » en Ukraine devait être le « thème central » de la rencontre prévue vendredi en Alaska entre Donald Trump et Vladimir Poutine, appelant à des sanctions si la Russie le refusait.
« Nous espérons que le thème central de la réunion sera un cessez-le-feu. Un cessez-le-feu immédiat », a déclaré Volodymyr Zelensky, qui ne participera a priori pas à la rencontre entre les présidents américain et russe. « Des sanctions doivent être mises en place et renforcées si la Russie n'accepte pas un cessez-le-feu en Alaska », a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse.
L'Ukraine « doit être à la table » des négociations lors des prochaines « réunions » qui suivront la rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine vendredi en Alaska, a réclamé mercredi le chancelier allemand Friedrich Merz.
« Un cessez-le-feu » entre Moscou et Kyiv « doit venir en premier » pour que d'éventuelles négociations puissent se dérouler « dans le bon ordre », a-t-il déclaré après une visioconférence avec le président américain incluant les autres principaux dirigeants européens et le chef de l'État ukrainien, Volodymyr Zelensky, venu à Berlin pour l'occasion.
Donald Trump et J. D. Vance devaient rejoindre la réunion vers 15 h (9 h heure de l'Est). À son issue, MM. Zelensky et Merz feront une déclaration. Suivra une dernière rencontre des soutiens de Kyiv, regroupés au sein de la « coalition des pays volontaires ».
PHOTO TIRÉE DU COMPTE TRUTH SOCIAL DE DONALD TRUMP
Les discussions porteront sur les moyens d'« exercer une pression sur la Russie », « la préparation de possibles négociations de paix » et les questions « relatives aux revendications territoriales et aux garanties de sécurité », selon Berlin.
Il est « nécessaire d'arriver aussi vite que possible à un cessez-le-feu réel et sécurisé », préalable à d'éventuelles « véritables discussions et négociations », a dit mercredi un porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Meyer.
Un responsable du ministère russe des Affaires étrangères, Alexeï Fadeïev, a jugé « insignifiantes » les consultations des Européens avec Washington, affirmant que l'Union européenne « sabot[ait] » les « efforts diplomatiques de Washington et Moscou pour régler la crise ukrainienne ».
Les Européens sont « des gens formidables qui souhaitent voir un accord conclu », a commenté Donald Trump sur son réseau Truth Social.
« Tromperie » pour Zelensky
M. Zelensky n'a pas été convié au sommet en Alaska. Avant de rallier la capitale allemande, il a appelé ses alliés à contrer toute « tromperie » russe.
« Il faut mettre la pression sur la Russie pour obtenir une paix équitable », a-t-il déclaré sur Telegram, après avoir exclu tout retrait dans l'est de l'Ukraine dans le cadre d'un accord de paix.
Le président américain a prédit « des échanges de territoires », à un moment où les soldats russes occupent environ 20 % de l'Ukraine.
Mais il est aussi resté vague sur ses attentes vis-à-vis de Vladimir Poutine, disant vouloir « tâter le terrain ».
Mardi, sa porte-parole, Karoline Leavitt, a relativisé un peu plus les enjeux du rendez-vous d'Anchorage, le qualifiant d'« exercice d'écoute pour le président ».
La Russie réclame que l'Ukraine lui cède quatre régions partiellement occupées (Donetsk, Louhansk, Zaporijjia et Kherson), en plus de la Crimée annexée en 2014, et qu'elle renonce aux livraisons d'armes occidentales et à toute adhésion à l'OTAN.

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D'un côté, un groupe de pays majoritaire dit « ambitieux », dont l'Union européenne, le Canada, l'Australie, beaucoup de pays d'Amérique latine, d'Afrique et d'îles, désireux de nettoyer la planète du plastique qui commence à la gangréner et affecte la santé humaine. De l'autre, un groupe de pays essentiellement pétroliers, qui refusent toute contrainte sur la production de plastique et toute interdiction de molécules ou additifs dangereux. Pour la coalition dite de grande ambition, le texte présenté mercredi était un document vide de toute ambition, sans obligation aucune sur les pays, ni sur leur volume de production de plastique ni sur l'élimination des produits chimiques problématiques. Il s'agissait uniquement d'un accord portant sur la gestion et l'élimination des déchets plastiques déjà existants. 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100 jours dominés par les affaires étrangères
(Ottawa) Après 100 jours de mandat, Mark Carney comptait bien se reposer un peu. C'était sans compter sur les turbulences déclenchées par la rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine, en prévision de laquelle il s'est notamment entretenu avec Volodymyr Zelensky. Une semaine à l'image des premiers mois du mandat du premier ministre. Ses proches collaborateurs ont avisé les médias dimanche soir que le premier ministre aurait un horaire allégé cette semaine afin de prendre quelques jours de vacances dans la région de la capitale fédérale. Mais ils prenaient soin de préciser que le premier ministre ne serait jamais bien loin de son téléphone. Les dossiers liés à la sécurité et à l'économie pourraient nécessiter son attention. À peine 24 heures après l'envoi de ce message, Mark Carney s'est entretenu avec le président de l'Ukraine, Volodymyr Zelensky, afin de faire le point sur la guerre que mène la Russie sur le territoire ukrainien depuis plus de trois ans en prévision du sommet entre le président des États-Unis, Donald Trump, et son homologue russe, Vladimir Poutine, vendredi en Alaska. Le premier ministre a profité de l'occasion pour réitérer l'appui indéfectible du Canada à l'Ukraine dans ce conflit, et réaffirmé que les décisions concernant l'avenir de l'Ukraine doivent être prises par le peuple ukrainien, que les frontières internationales ne peuvent être modifiées par la force, que les moyens de pression doivent être maintenus sur la Russie pour qu'elle mette fin à son agression. Cet appel illustre bien les 100 premiers jours du gouvernement de Mark Carney depuis les élections fédérales du 28 avril – une étape importante dans la vie de tout gouvernement qui a été franchie la semaine dernière. 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Dès son arrivée au pouvoir, après avoir remporté la course à la direction du Parti libéral du Canada, Mark Carney a consciemment donné une teinte internationale à sa gestion des affaires de l'État en effectuant rapidement un voyage stratégique en France et en Grande-Bretagne. Le but était d'effectuer un rapprochement économique et militaire avec les pays du Vieux Continent tandis que les États-Unis tournent le dos au multilatéralisme construit depuis la Seconde Guerre mondiale. Cette teinte internationale s'est aussi imposée quand les travaux de la session parlementaire ont été lancés par un discours du Trône qui a été lu au Sénat par le roi Charles III à la fin de mai. 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À La Haye, il a accepté la nouvelle cible de 5 % de l'OTAN d'ici 2035, cible qui forcera le Canada à tripler ses dépenses militaires durant la prochaine décennie. Mark Carney a aussi été appelé à condamner à plusieurs reprises le gouvernement de Benyamin Nétanyahou pour la guerre que mène Israël dans la bande de Gaza et la catastrophe humanitaire qu'il provoque. Encore la semaine dernière, il a dénoncé la décision du gouvernement d'Israël de prendre le contrôle de la ville de Gaza, joignant ainsi sa voix au concert de critiques à l'échelle internationale. Le mois dernier, M. Carney a causé une surprise en annonçant que le Canada entend reconnaître l'État de Palestine en septembre lors de l'Assemblée générale des Nations unies, sous certaines conditions, emboîtant ainsi le pas à des pays alliés comme la France et le Royaume-Uni. De quoi auront l'air les 100 prochains jours ? L'ordre économique mondial étant bouleversé par Donald Trump, les affaires étrangères continueront d'occuper une place importante dans les grands dossiers qui se retrouvent sur le bureau du premier ministre. Mais tôt ou tard, les enjeux tels que la crise du logement, la hausse du coût de la vie, la lutte contre les changements climatiques, la réconciliation avec les Premières Nations et peut-être même l'unité nationale reviendront en force. Il ne fait aucun doute que le contexte politique a été favorable aux libéraux de Mark Carney jusqu'ici. Les premiers ministres des provinces rament dans la même direction que lui en raison des effets délétères des droits de douane sur l'économie canadienne. PHOTO ADRIAN WYLD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE Le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre En outre, le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, qui est reconnu pour ses attaques cinglantes, n'a pas de siège à la Chambre des communes. 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