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Les États-Unis risquent une sortie de capitaux

Les États-Unis risquent une sortie de capitaux

La Presse2 days ago
Charles Edmond, président et chef de la direction de La Caisse
Que fait-on avec ses placements américains quand on voit ce qui se passe aux États-Unis ?
Quand le président du pays limoge la directrice du Bureau de la statistique du travail parce qu'elle publie des chiffres sur l'emploi qui reflètent la stricte réalité ?
Quand ce même Donald Trump menace de virer et de poursuivre le patron de la banque centrale américaine, le traitant d'abruti parce que ce patron fait ce que recommandent la plupart des experts, soit retarder la baisse des taux d'intérêt devant l'inflation persistante ?
Quand les entreprises américaines font face à une baisse de leurs profits en raison des multiples droits de douane ? Quand le déficit public américain est appelé à devenir énorme ?
Bref, que fait-on avec ses billes aux États-Unis dans ce contexte financier turbulent où un président autoritaire menace la sacro-sainte indépendance de la Fed et du Bureau de la statistique, entre autres ?
C'est le questionnement que j'avais pour Charles Emond, PDG de la Caisse de dépôt et placement, rencontré lors de la présentation semestrielle des résultats. La Caisse a 40 % de son portefeuille de 496 milliards de dollars investi aux États-Unis.
Attention, je ne suggère pas de boycotter la Bourse américaine pour des motifs politiques, comme c'est le cas des voyages aux États-Unis. Je m'interroge plutôt sur l'impact des soubresauts américains sur le rendement de nos investissements.
La Caisse ne divulgue pas son rendement boursier américain semestriel, mais l'indice boursier S&P 500 a grimpé de seulement 0,8 % entre le début de janvier et la fin de juin. Les sept titres « magnifiques » ont pour leur part reculé de 2,8 %1.
En comparaison, l'indice TSX canadien a grimpé de 10,8 % pendant la même période. Le rendement de 4,6 % de La Caisse sur six mois – supérieur à son indice de référence de 4,3 %, mais inférieur au rendement médian de 4,8 % des fonds diversifiés AON – a donc subi les impacts du marché américain.
Réponse de Charles Emond : « Globalement, j'aurais tendance à en mettre encore aux États-Unis, mais pas autant qu'avant. Tous les facteurs que vous nous dites regardent mal pour les États-Unis. »
Il n'est pas le seul à avoir ce réflexe, selon ce qu'il m'explique.
« Tous mes pairs à qui je parle sont en train de se dire : 'J'ai eu une bonne ride avec les actions américaines, mais qu'est-ce qu'il serait prudent de faire maintenant avec mon allocation de portefeuille ?' Si tu es prudent, que tu as un conseil d'administration, que tu as des clients, tu te dis : je devrais diversifier un peu », me dit-il.
Et il ajoute : « Il y a donc une sortie de capitaux qui est en train d'arriver aux États-Unis, c'est certain. Les gestionnaires vont vouloir se diversifier. »
Voilà qui contredit drôlement les visées de Donald Trump, selon qui les droits de douane feront exploser les investissements aux États-Unis.
Bien sûr, aucun gestionnaire de fonds n'est assez fou pour se retirer complètement du marché américain, qui a donné de très bons rendements ces dernières années. Mais ces risques qui pèsent sur les États-Unis rendent les investisseurs plus frileux.
Ce qu'on voit, c'est qu'il peut y avoir une sorte de diversification sur la provenance des rendements. Le marché américain a encore une poche puissante dans une poignée de titres, mais le reste du marché est très cher par rapport aux prévisions.
Charles Emond, PDG de La Caisse
Aujourd'hui, La Caisse a davantage de fonds aux États-Unis qu'il y a cinq ans, mais il apparaît peu probable que La Caisse en ait davantage dans cinq ans, selon ce que me dit Charles Emond.
« On veut rester exposés aux grands noms de l'intelligence artificielle des États-Unis, car ils dominent mondialement. Mais le reste du marché américain est super cher et ne performe pas en termes de croissance des profits. »
Tôt ou tard, les entreprises américaines refileront aux consommateurs la hausse de leurs prix venant des droits de douane, dit M. Emond, qui s'attend à voir l'économie américaine vaciller à l'approche de Noël.
Il ajoute qu'à plus long terme, les perspectives budgétaires américaines feront gonfler la dette publique, qui deviendra plus coûteuse à financer.
« Le Big Beautiful Bill ne provoque pas qu'un petit déficit. Il y a de plus en plus un narratif qui se construit sur la soutenabilité de cette trajectoire fiscale là, qui invite les gens à la prudence. Tous les pays, grands actionnaires ou gestionnaires comme nous qui en prennent un peu moins, ce sont des plaques tectoniques qui bougent une fois tous les 50 ans », dit-il.
Difficile d'imaginer, dans un tel contexte, que les États-Unis deviendront great again, du point de vue économique.
« Est-ce que le marché américain cessera d'être le marché dominant ? Non, mais ça change quand même la donne, et ça s'inscrit sur plusieurs années », dit Charles Emond.
1. La Caisse m'indique qu'elle avait 19 milliards de dollars investis dans les Mag-7 (Apple, Google, Tesla, Microsoft, Meta, Nvidia et Amazon) au 30 juin 2025.
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