
Vaud lance le bal cruel de l'austérité dans la santé publique
Les régions isolées et les soins palliatifs du canton subissent les premières coupes pour 2026. La ministre PS Rebecca Ruiz est sous pression. Éditorial Publié aujourd'hui à 19h42
Avec des coupes dans les services de santé les plus excentrés et dans une institution spécialisée en soins palliatifs, le Conseil d'État vaudois a choisi de taper là où ça fait le plus mal. Vallée de Joux et Pays-d'Enhaut portent leurs pôles de santé dans un environnement difficile et la Fondation Rive-Neuve accomplit la délicate mission d'accompagner la fin de vie dans la dignité.
Le gouvernement vaudois ouvre le bal cruel de l'austérité en démontrant qu'il est impossible de faire maigrir le budget de l'État sans toucher à l'essentiel du service public. Il ne répartit même pas ces premiers sacrifices de manière équitable entre les régions. Pour la cohésion, on repassera.
Le ton est donné pour la suite. La population aura l'occasion de mesurer les effets concrets d'un redressement des finances dicté par de sévères mécanismes d'assainissement. Côté climat fiscal, l'initiative patronale pour une baisse de 12% des impôts constitue encore une épée de Damoclès, tant que le peuple n'aura pas décidé de son sort.
Dans ce premier épisode aussi pénible qu'une canicule, le Parti socialiste vaudois est d'ores et déjà sous une pression intense. Il dénonce la politique d'austérité de manière catégorique, alors que sa ministre de la Santé, Rebecca Ruiz, en est par principe solidaire. Elle en est politiquement responsable, à moins de s'en désolidariser par une rupture de collégialité. La cohérence politique est peut-être à ce prix.
Vaud face aux coupes budgétaires
Jérôme Cachin est journaliste à la rubrique vaudoise depuis 2019, spécialisé en politique. Plus d'infos
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Malgré ses 300 communes, Vaud n'a plus de projets de fusions de communes en stock?
Après deux unions soumises au vote cet automne, il n'y a pas d'autres mariages en vue. Les élections de 2026 pourraient relancer la machine. Publié aujourd'hui à 07h27 Le dimanche 22 septembre 2024, les trois communes de la vallée de Joux (L'Abbaye, Le Lieu, Le Chenit) ont accepté d'unir leur destin. Hormis quelques projets qui restent à entériner, les vocations ne sont pas nombreuses dans les 300 communes qui restent en Pays de Vaud. 24Heures/Marie-Lou Dumauthioz En bref: Dès le 1er janvier 2027, la Vallée de Joux ne sera plus qu' une seule et même commune . Et si la fusion est de taille – 163 km² de superficie couvrant Le Chenit, Le Lieu et L'Abbaye –, elle n'a pas vraiment suscité des vocations. La liste des mariages en préparation dans le canton de Vaud est bientôt vide. Parmi les communes qui sont encore sur les rangs, Gimel, Saint-Oyens et Saubraz ne sont plus qu'à un petit pas de s'unir, tout comme le millier d'âmes de Mathod et Suscévaz . Les cinq villages sont appelés aux urnes le dimanche 28 septembre. Et si les habitants votent comme leurs élus, l'affaire sera vite entendue. Derniers à se prononcer sur un tel projet dans le canton, les plénums des hauts du district de Morges ont largement plébiscité l'idée de faire ménage à trois. Syndique de Saint-Oyens, Catherine Lehmann salue en outre une très grande mobilisation citoyenne: «Nous avons environ 30 membres au Conseil général, mais ce soir-là, une quarantaine de personnes sont venues se faire assermenter pour voter!» Les communes guettent les élections Ce n'est pas un détail, car la fusion – qui s'accompagne de documents techniques complexes – présente le risque de rester une affaire d'initiés, en clair, «le truc» des autorités. C'est pourquoi la population doit non seulement valider l'union dans les urnes, mais aussi – si possible – se l'approprier. «Bien plus que le résultat final pour ou contre la fusion, l'enjeu central est vraiment que l'ensemble des habitants puisse s'exprimer, car c'est un sujet qui concerne absolument tout le monde», poursuit Catherine Lehmann. En cas de oui, la «naissance» de la commune fusionnée – qui s'appellera Gimel – sera officialisée au 1er janvier 2027. Sur son site internet , qui n'a pas été mis à jour depuis une année et demie, le Canton dresse la liste du chemin parcouru, soit 35 projets validés si les deux derniers passent la rampe le 28 septembre. Et après? Des discussions officieuses peuvent bien avoir lieu ici ou là. Mais à ce jour, aucun dossier concret n'a été déposé sur le bureau du «Monsieur Fusion» vaudois , Laurent Curchod. Celui-ci ne s'en émeut pas particulièrement. «Il faut déjà saluer ce qui a été fait dans ce cadre, avec des entités nouvelles d'une certaine importance si l'on songe à la vallée de Joux, Hautemorges , Chavornay ou Montanaire par exemple. Il est logique d'observer un temps d'arrêt aujourd'hui alors que nous entrons dans une période d'élections communales. Ce n'est pas maintenant qu'une Municipalité va lancer un projet de fusion.» La Municipalité de Hautemorges boucle sa première législature complète avec les sept même municipaux, ce qui est assez rare pour être souligné. Ces derniers vont cependant passer de cinq à sept dès la prochaine législature. JOURNALDEMORGES L'argument peut s'entendre, mais dans plusieurs communes, le processus ne s'est pas forcément calqué sur une législature au sens strict du terme. Il trouve davantage sa source dans une impulsion, une discussion entre élus ou une évidence, quand trois ou quatre villages partagent déjà presque tout – dont l'argent dépensé – au motif de l'intercommunalité. Vaud n'en a pas fini avec les fusions Laurent Curchod, lui, est persuadé que le mouvement est en marche. «C'est un puits sans fond et il n'est pas près d'être rempli. L'élément déclencheur est précisément le renouvellement des autorités, prévu en juillet 2026, ou la surface financière qui, à un moment donné, met celles-ci face aux réalités. Une fois que tous les projets en cours seront en place, nous allons passer de 300 à 294 communes, ce qui fait qu'il reste un certain nombre de fusions à mettre sur la table.» Seul le canton de Berne compte plus de localités, Vaud étant un peu étriqué, entre des grosses villes comme Lausanne et Yverdon et des biens plus petites qui pourraient être titillées par les aides qui sont toujours en vigueur. «La loi prévoit une incitation pour l'étude de la fusion et une aide financière, une fois que le vote est validé, ce qui correspond à une fourchette de 900'000 francs environ pour le cas de Gimel. Mais on se rend compte que l'argent n'est de loin pas le moteur d'un projet aussi fondamental», note Laurent Curchod. Vu la situation, il sera dès lors intéressant de voir si certains candidats aux élections dans des communes de moyenne importance – où l'on ne fait d'ordinaire pas de véritable campagne – se présentent en brandissant le projet de fusion dans les soirées de présentation. Les dernières fusions de communes Newsletter «La semaine vaudoise» Retrouvez l'essentiel de l'actualité du canton de Vaud, chaque vendredi dans votre boîte mail. Autres newsletters Cédric Jotterand est journaliste à la rubrique vaudoise, responsable du bureau de Morges. Il est par ailleurs rédacteur en chef du Journal de Morges, lauréat du Prix BZ du journalisme local. Plus d'infos @JotterandC Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


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Cour suprême américaine: Le démantèlement du ministère de l'Éducation peut continuer
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Coup de froid sur les soins et la santé dans la vallée de Joux et le Pays-d'Enhaut
L'austérité budgétaire pour 2026 démarre dans la santé publique. Les hôpitaux et les institutions visés s'indignent de leur ampleur. Publié aujourd'hui à 19h42 Avec 23% d'économies pour 2026, le Pôle Santé du Pays-d'Enhaut et son hôpital de Château-d'Œx sont les plus durement touchés. Chantal Dervey En bref: Depuis la semaine dernière, une partie du service public de la santé découvre des baisses drastiques pour 2026. Le gouvernement vaudois les annonce à la Fédération des hôpitaux vaudois (FHV) et à ses membres, dans des courriers signés de la présidente Christelle Luisier. La RTS le dévoilait dimanche soir dans l'émission «Forum»: entre les 12 institutions et hôpitaux vaudois de cette structure, un peu plus de 20 millions d'économies doivent être réalisées par une baisse des prestations d'intérêt général (PIG), instrument de financement des missions de politique sanitaire. Coupes budgétaires ciblées en région Sur le terrain, cet effort est différencié. Trois membres de la FHV se détachent des autres: le Pôle Santé du Pays-d'Enhaut, le Pôle Santé de la vallée de Joux et la Fondation Rive-Neuve, à Blonay, connaissent les baisses les plus fortes, en regard de leurs budgets 2025. Pour le pôle du Pays-d'Enhaut, 4,6 millions seront coupés sur 20 millions, soit 23%. Celui de la vallée de Joux connaîtra une baisse de 16%, devant retrancher 3 millions sur 19. Enfin la Fondation Rive-Neuve, spécialisée en soins palliatifs, enregistre une chute de 14% de ses moyens (1,1 sur 7,8 millions). Les autres membres de la FHV connaissent des coupes plus modestes. Secrétaire générale de la FHV, Patricia Albisetti s'attendait à des coupes depuis que le Conseil d'État a affiché sa volonté d'économiser 300 à 400 millions pour 2026: «Nous savions qu'il y aurait des coupes, mais nous sommes vraiment surpris par leur ampleur. Nous voyons déjà que leurs conséquences seront majeures. C'est une situation que nous ne connaissions plus depuis 20 ans. Deux pôles santé sont directement concernés, de même que la Fondation Rive-Neuve. Si le Conseil d'État maintient ces coupes, ces établissements seront contraints de prendre des mesures fortes et des licenciements seront inévitables. Ils ne pourront plus délivrer leurs prestations comme actuellement. Nous espérons que le Conseil d'État entendra nos arguments et que nous pourrons négocier.» Des hôpitaux vaudois sous le choc Présidente du conseil de fondation du Pôle Santé du Pays-d'Enhaut, qui inclut l'hôpital de Château-d'Œx, Anne Weill-Lévy accuse le coup: «Nous avons déjà dû remonter nos finances en passant par un licenciement collectif. L'idée de base est de garder trois structures autour du patient, l'EMS, le CMS et un secteur hospitalier de 8 à 12 lits pour pouvoir accueillir ceux qu'on ne peut pas déplacer. 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La gauche et les syndicats réagissent fortement En début de matinée, le Parti socialiste vaudois a réagi aux annonces de coupes. Dans son communiqué, il dénonce les «prémices d'une grave crise pour le service public et les prestations». Les coupes «entraîneraient un risque réel de fermeture pour certains hôpitaux régionaux, avec des conséquences graves pour le personnel, la prise en charge des patients et la stabilité du système de santé dans son ensemble». Le programme d'austérité est qualifié de «conséquence d'une politique de droite décomplexée et déconnectée de la réalité». Le parti de Rebecca Ruiz et de Nuria Gorrite demande la suppression du bouclier fiscal, le renoncement «à l'ensemble des baisses d'impôt sur les revenus votés par le Grand Conseil» et une révision du mécanisme de frein à l'endettement. 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Président des Vert'libéraux, Olivier Bolomey, estime que «les économies sur le dos des hôpitaux régionaux ratent leur cible» et prône «une planification hospitalière coordonnée, une augmentation de la prévention et le dossier électronique du patient.» Le PLR, l'UDC et Le Centre n'ont pas réagi. Vaud face aux coupes budgétaires Newsletter «La semaine vaudoise» Retrouvez l'essentiel de l'actualité du canton de Vaud, chaque vendredi dans votre boîte mail. Autres newsletters Jérôme Cachin est journaliste à la rubrique vaudoise depuis 2019, spécialisé en politique. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.