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Washington publie des archives sur l'assassinat de Martin Luther King

Washington publie des archives sur l'assassinat de Martin Luther King

La Presse6 days ago
(Washington) Le gouvernement de Donald Trump a rendu publiques lundi « plus de 230 000 pages » d'archives classifiées sur l'assassinat de Martin Luther King en 1968, malgré les inquiétudes exprimées par la famille du leader des droits civiques.
Agence France-Presse
Le président américain a ordonné le 23 janvier par décret la déclassification des archives gouvernementales sur l'assassinat du président John F. Kennedy en 1963, ainsi que sur ceux de son frère Robert F. Kennedy, dit Bobby, et de Martin Luther King Jr en 1968.
En mars, les Archives nationales ont rendu publics de nouveaux documents classifiés sur l'assassinat du président John F. Kennedy qui a bouleversé les États-Unis et le monde, donnant lieu à de nombreuses théories et spéculations.
Elles ont fait de même en avril pour celui de Bobby Kennedy, père de l'actuel ministre de la Santé de l'administration Trump, Robert Kennedy Jr, et ministre de la Justice du président démocrate assassiné.
Les 230 000 pages publiées lundi portent notamment sur l'enquête du FBI, la police fédérale, sur la traque internationale de l'assassin présumé de Martin Luther King, ou encore sur le témoignage d'un de ses codétenus, selon un communiqué de la directrice du Renseignement national américain, Tulsi Gabbard, à l'origine de l'annonce.
Les États-Unis « assurent une complète transparence sur cet évènement tragique et décisif dans l'Histoire du pays », déclare-t-elle.
Mais dans un communiqué, les enfants du célèbre défenseur des droits civiques s'inquiètent d'un possible détournement de la publication de ces documents afin « d'attaquer sa postérité ou les réalisations du mouvement ».
De son vivant, Martin Luther King était visé par une « campagne de désinformation et de surveillance » orchestrée par le directeur du FBI de l'époque, le puissant J. Edgar Hoover, destinée à « discréditer sa réputation et plus généralement celle du mouvement pour les droits civiques », rappellent-ils.
Ils réaffirment par ailleurs ne pas croire à la culpabilité de James Earl Ray, un ségrégationniste blanc condamné pour cet assassinat, perpétré le 4 avril 1968 sur le balcon d'un motel de Memphis (Sud), où Martin Luther King était venu soutenir des éboueurs en grève.
James Earl Ray est mort en prison en 1998.
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La parole de Ghislaine Maxwell
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La Presse

time9 hours ago

  • La Presse

La parole de Ghislaine Maxwell

(New York) Que vaut la parole de Ghislaine Maxwell, qui a été condamnée à 20 ans de prison en 2022 pour avoir recruté des filles mineures afin que Jeffrey Epstein les exploite sexuellement ? Rien, selon le ministère de la Justice de 2020. Ses procureurs ont alors accusé la complice d'Epstein de deux chefs d'accusation de parjure, en plus des accusations plus graves dont elle faisait l'objet. Ces chefs d'accusation découlaient d'une déposition civile faite par Maxwell en 2016. Elle avait alors déclaré n'avoir aucune connaissance du stratagème d'Epstein « pour recruter des filles mineures pour des massages sexuels ». Elle avait aussi nié savoir qu'Epstein possédait des jouets sexuels. Maxwell n'a pas eu à répondre de ces chefs d'accusation en cour, mais ceux-ci ont plané sur l'interrogatoire extraordinaire mené auprès d'elle, jeudi et vendredi derniers, par le numéro 2 du ministère de la Justice, Todd Blanche. Il en est évidemment de même pour les cinq chefs d'accusation de trafic sexuel et d'autres crimes odieux liés à l'exploitation de mineures pour lesquels un jury de New York l'a reconnue coupable. Le mot « extraordinaire » s'applique en particulier au rôle de Todd Blanche dans cette entrevue orchestrée au beau milieu de la tempête Epstein, provoquée par la décision de l'administration Trump de ne pas rendre publics les dossiers concernant le pédocriminel, comme elle l'avait promis. PHOTO JACQUELYN MARTIN, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS Todd Blanche, procureur général adjoint des États-Unis, à la Maison-Blanche, en juin dernier Blanche ne connaît pas à fond l'histoire de Maxwell et Epstein, contrairement à Maurene Comey, ancienne procureure fédérale de New York chargée des poursuites visant le duo. Coïncidence ou non, Comey, fille de l'ancien directeur du FBI James Comey, a été virée sans explications le 16 juillet dernier. Blanche est aussi l'avocat principal qui a défendu Donald Trump lors de son procès à New York en lien avec l'affaire Stormy Daniels. « Le conflit d'intérêts est flagrant. Cela sent la corruption à plein nez », s'est indigné Chuck Schumer, chef des démocrates au Sénat, jeudi dernier sur X. « La vérité sera révélée » Il va sans dire que Todd Blanche a présenté sa démarche sous un autre jour. « La justice exige du courage. Pour la première fois, le ministère de la Justice contacte Ghislaine Maxwell pour lui demander : que savez-vous ? », a-t-il écrit sur X mardi dernier en annonçant sa rencontre prochaine avec la prédatrice sexuelle. « Personne n'est au-dessus des lois, et aucune piste n'est à exclure. » Maxwell connaît sans doute Epstein mieux que quiconque. Fille du milliardaire et ancien membre du Parlement britannique Robert Maxwell, cette femme élevée dans la richesse et la mondanité a fait la connaissance du financier new-yorkais au début des années 1990. Après avoir été son amoureuse, elle est devenue son employée et sa complice. Or, tous les personnages riches et puissants qu'elle a fréquentés avec Epstein, y compris Donald Trump, Bill Clinton et le prince Andrew, répètent qu'ils ne savaient rien des activités criminelles du duo. Ils font sans doute partie des quelque 100 personnes à propos desquelles Todd Blanche a interrogé Ghislaine Maxwell la semaine dernière, selon l'avocat de cette dernière. Blanche a posé à Maxwell « toutes les questions possibles et imaginables », a déclaré son avocat, David Oscar Markus, aux journalistes vendredi dernier. « La vérité sera révélée sur ce qui s'est passé avec M. Epstein », a-t-il ajouté en précisant qu'il n'avait rien demandé au ministère de la Justice en retour des réponses de sa cliente. Mais il a flatté Donald Trump en le qualifiant de « négociateur hors pair ». Et il a souligné que le président avait lui-même reconnu quelques heures plus tôt qu'il avait le pouvoir d'accorder la grâce présidentielle à Maxwell. « Nous espérons qu'il exercera ce pouvoir », a-t-il précisé. Todd Blanche, lui, s'est contenté de dire après la première journée d'interrogatoire que « le ministère de la Justice communiquera des informations supplémentaires sur ce que nous avons appris en temps voulu ». Un virage spectaculaire Que vaut la parole de Ghislaine Maxwell ? À la fin, le ministère de la Justice conclura peut-être qu'elle ne vaut pas plus aujourd'hui qu'en 2020. Cependant, en attendant, certains alliés de Donald Trump et influenceurs MAGA ont amorcé un virage spectaculaire. À les entendre, le témoignage de Ghislaine Maxwell, menteuse avérée et trafiquante sexuelle condamnée, est plus important que le contenu des dossiers Epstein. ILLUSTRATION JANE ROSENBERG, ARCHIVES REUTERS Croquis d'audience représentant Ghislaine Maxwell lors d'une audience de son procès pour trafic sexuel, en 2022, à New York « Elle est la pierre de Rosette. Elle sait tout. Elle a organisé chaque voyage », a déclaré sur Fox News Alan Dershowitz, ancien avocat de Jeffrey Epstein et de Donald Trump. L'influenceur MAGA Charlie Kirk, qui avait critiqué le refus du ministère de la Justice de rendre publics les dossiers Epstein, a également salué la démarche de ce même ministère auprès de Maxwell. « Si quelqu'un détient réellement des informations sur ce qui s'est passé autour de Jeffrey Epstein, […] c'est bien Ghislaine Maxwell », a-t-il déclaré dans son balado. La ficelle est un peu grosse. Il en est de même pour ce qui concerne les théories du complot promues par Donald Trump ces jours-ci. Après avoir attribué à Barack Obama, Hillary Clinton ou Joe Biden, entre autres, la création des dossiers Epstein, il a accusé le premier président noir de trahison, crime passible de la peine de mort, en lien avec l'élection présidentielle de 2016. Ces théories invraisemblables donnent évidemment à penser que Donald Trump veut détourner à tout prix l'attention des dossiers Epstein, où son nom figure. Pourrait-il aller jusqu'à accorder une réduction de peine ou même la grâce présidentielle à Ghislaine Maxwell en retour d'une histoire susceptible de salir ou d'incriminer d'autres personnes que lui ? Une chose est certaine : en refusant de fermer la porte à une grâce présidentielle pour Ghislaine Maxwell, il a répété un manège qui a vraisemblablement influencé les témoignages de Paul Manafort, Michael Flynn et Roger Stone durant l'enquête sur l'ingérence russe dans l'élection présidentielle de 2016. Que vaut la parole de Ghislaine Maxwell ? Donald Trump, ami de Jeffrey Epstein pendant 15 ans, a peut-être déjà un prix en tête.

Détrônons l'abbé Pierre
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La Presse

timea day ago

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Détrônons l'abbé Pierre

Quand ? Quand le gouvernement du Québec va-t-il enfin prendre la décision de retirer le titre de grand officier de l'Ordre national du Québec qu'il a accordé à l'abbé Pierre en 1995 ? Depuis juillet 2024, les témoignages accablants se multiplient autour de celui qui, arborant cape et béret, a incarné l'image du bienfaiteur suprême des pauvres. De 1950 à 2000, ce héros déchu a commis des agressions sexuelles sur des dizaines de femmes dont plusieurs étaient mineures au moment des faits. Tout cela est rapporté dans trois rapports commandés par Emmaüs et la Fondation Abbé-Pierre. Une douzaine d'autres témoignages se sont ajoutés il y a quelques semaines. Usant de son pouvoir d'icône immaculée, Henri Grouès (c'était son vrai nom) a fait de nombreuses victimes partout dans le monde. Baisers imposés, fellations et masturbations forcées, propos à caractère sexuel, tel est l'héritage noir laissé par le « curé des pauvres ». Et que fait le gouvernement québécois ? Il ne bouge pas. Il attend. Pourtant, dans le livre-enquête de Marie-France Etchegoin et Laetitia Cherel, L'abbé Pierre, la fabrique d'un saint, paru au printemps dernier, il est écrit noir sur blanc que le Saint-Siège et le haut clergé français étaient au courant des agissements de l'abbé Pierre depuis 19551. Les autrices ont eu accès à des archives déclassifiées en 2020 par le pape François. Elles y ont découvert des documents qui montrent l'ampleur des sévices commis par le fondateur d'Emmaüs. Certains documents sont signés de la main de l'archevêque de Montréal, Paul-Émile Léger. Ce dernier fut d'ailleurs l'un des premiers à sonner l'alarme. En 1959, après un séjour dans une clinique psychiatrique en Suisse, l'abbé Pierre s'est fait interdire par le Vatican d'aller au Canada. Mais celui qui était déjà un grand symbole de la défense des démunis a remis les pieds chez nous au moins sept fois jusqu'en 2004, selon des recherches effectuées par Le Devoir. Des témoins affirment qu'il aurait fait de nouvelles victimes. Étrangement, les autorités de l'Église catholique au Canada disent ne pas posséder de documents liés aux voyages de l'abbé Pierre. J'ai récemment passé quelques mois à Lyon. Les révélations au sujet de l'abbé Pierre ont causé une véritable commotion dans sa région natale. Tout de suite, la question de sa présence sur la Fresque des Lyonnais, où apparaissent d'autres grandes figures locales comme les frères Lumière, Paul Bocuse ou Bernard Pivot, s'est imposée. Pendant que les élus municipaux réfléchissaient à cela, des citoyens n'ont pas tardé à agir. Le mot « violeur » est apparu sur la fresque. Finalement, l'abbé Pierre a disparu sous une couche de peinture grise. La Fondation Abbé-Pierre a décidé de changer de nom. Emmaüs a annulé le projet de mémorial dédié au prêtre à Esteville (Seine-Maritime). Au Québec, la Ville de Terrebonne doit retirer le nom de la rue l'Abbé-Pierre. La Ville de Québec possède aussi une rue du même nom. Pour le moment, elle existe toujours. Mais le geste qui tarde à venir est le retrait de l'honneur que lui a fait le Québec en lui décernant, sept ans avant sa mort, le titre de grand officier de l'Ordre national du Québec. Depuis des mois, le Secrétariat de l'Ordre national répète la même chose : « On suit la situation avec attention. » C'est ce qu'on a dit à mon collègue Jean-Christophe Laurence (qui a interviewé Marie-France Etchegoin et Laetitia Cherel) et c'est ce qu'on m'a dit il y a quelques jours. Selon le Conseil de l'Ordre, les procédures pour révoquer un titre débutent avec « un jugement de culpabilité ou une preuve indéniable qui démontre un comportement inacceptable et incompatible ». Le Conseil attend quoi ? Cinq autres rapports ? Cinquante autres témoignages de femmes et d'hommes (l'abbé Pierre est accusé du viol d'un garçon de 9 ans) ? Pourquoi faire traîner en longueur cette décision alors qu'on a été si prompt à agir dans le cas de Gérard Depardieu ? François Legault a déclaré que le comportement de l'acteur français avait « entaché la réputation des membres de l'Ordre ». Les dirigeants de l'Ordre ont alors recommandé qu'on lui retire sa décoration en dépit du règlement qui prévoit une radiation uniquement dans le cas d'une condamnation judiciaire par un tribunal. Quand je vois le nom de l'abbé Pierre briller aux côtés de ceux d'Hubert Reeves, Leonard Cohen, Céline Dion, Charles Aznavour et un millier d'autres personnages qui ont été d'un apport sans précédent dans leur domaine, j'éprouve un profond malaise. Le déboulonnage d'un mythe n'est jamais une chose facile, surtout quand la chute est posthume. Il n'est pas simple de s'en remettre à la formule désormais consacrée « dissocier l'homme de l'œuvre ». L'abbé Pierre a fait de grandes et belles choses. Mais il a aussi commis des atrocités qui laissent des séquelles. Il ne fait aucun doute qu'il faut effacer son image des espaces publics, car l'homme n'est plus un modèle. N'oublions pas que l'abbé Pierre a abusé de personnes vulnérables venues vers lui pour obtenir de l'aide. En ce sens, il a transgressé le sens de sa cause. Le gouvernement du Québec doit cesser de « suivre la situation avec attention » et agir. Il n'appartient pas à un comité de prendre seul cette décision. L'honneur qui a été fait à l'abbé Pierre vient de tous les Québécois. Et les Québécoises et Québécois croient que ce faux saint n'a plus droit à notre admiration. 1. Lisez l'article « Des révélations écrites noir sur blanc »

Un appel à la pitié qui dérange
Un appel à la pitié qui dérange

La Presse

timea day ago

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Un appel à la pitié qui dérange

Un appel à la pitié qui dérange L'appel est survenu en janvier, au lendemain de l'investiture de Donald Trump, alors que le politicien savourait son retour à la présidence après une longue traversée du désert. « Je vous demande d'avoir pitié des gens de notre pays qui ont peur en ce moment », a lancé à l'issue de son sermon l'évêque protestante Mariann Edgar Budde en évoquant expressément les immigrants en situation irrégulière et les personnes transgenres. Désolé, votre navigateur ne supporte pas les videos Video Player is loading. 1:04 Lecture Skip Backward Skip Forward Désactiver le son Current Time 0:00 / Duration 0:00 Loaded : 0% 0:00 Stream Type LIVE Seek to live, currently behind live LIVE Remaining Time - 0:00 Picture-in-Picture Plein écran This is a modal window. Beginning of dialog window. Escape will cancel and close the window. 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Elle a fait entrer son église dans le monde de la politique d'une manière extrêmement inélégante. Elle était méchante, et pas du tout convaincante ou éloquente. Elle n'a pas mentionné le nombre important d'immigrants illégaux qui sont entrés dans notre pays et qui ont tué des gens. Plusieurs venaient de prisons ou d'institutions psychiatriques. Une gigantesque vague de criminalité frappe les États-Unis. Outre ses commentaires inappropriés, la messe était profondément ennuyante et peu inspirante. Elle n'est pas très douée pour son travail ! Son église et elle doivent des excuses au public ! D'autres voix de la communauté protestante ont pris le relais pour défendre le politicien et son administration et dépeindre le discours de l'évêque de 65 ans comme une illustration des périls de l'empathie. Joe Rigney, professeur de théologie rattaché au New Saint Andrews College, un établissement chrétien de l'Idaho, est allé jusqu'à parler de « péché » dans une publication évangélique. La capacité des femmes d'appréhender et de partager les émotions d'autrui, qui est, affirme-t-il, plus grande que celle des hommes, peut représenter une « bénédiction » dans certains cas, mais une damnation dans d'autres. PHOTO TIRÉE DU SITE WEB DU NEW SAINT ANDREWS COLLEGE Joe Rigney, professeur de théologie rattaché au New Saint Andrews College Lorsqu'il est question de faire respecter les standards de justice, l'empathie est une nuisance, pas un atout. Joe Rigney, professeur de théologie rattaché au New Saint Andrews College, dans une publication évangélique M. Rigney a également avancé que les hommes étaient mieux placés que les femmes pour protéger la population contre les « menaces physiques, mais aussi spirituelles ». Il est revenu à la charge un mois plus tard en publiant un livre intitulé Le péché de l'empathie récemment épinglé par le quotidien The Guardian dans un long article sur le phénomène. L'auteur avance que l'empathie peut devenir un péché si elle outrepasse « la vérité biblique » sur des questions comme l'homosexualité et l'identité de genre. Les textes sacrés soulignent, concède-t-il, qu'il est nécessaire de veiller sur son prochain, mais les croyants doivent prendre garde de ne pas se laisser emporter par un « excès de compassion » susceptible de « leur faire perdre pied ». Le croyant revient à la charge sur le rôle des femmes, arguant que les politiques progressistes qu'il dénonce en matière de lutte contre la criminalité ou de gestion de l'immigration découlent d'une « culture de la victime » liée à une « empathie féminine toxique ». Tout en évitant ces envolées misogynes, une populaire animatrice de balado s'identifiant comme chrétienne évangélique reprend des thèses similaires dans un autre livre récent intitulé L'empathie toxique – Comment les progressistes exploitent la compassion chrétienne. Allie Beth Stuckey affirme que les manifestations empathiques peuvent représenter ni plus ni moins que des actes « haineux » s'ils dérogent aux enseignements bibliques. PHOTO SAM HODDE, ARCHIVES THE WASHINGTON POST Allie Beth Stuckey prend la parole lors d'une conférence. Oui, l'empathie toxique est satanique… Elle rend ses victimes faibles d'esprit et fragiles en les convainquant que la lutte contre le mal est méchante et que la bonté peut se substituer à l'obéissance envers Dieu. Allie Beth Stuckey, dans son livre L'empathie toxique – Comment les progressistes exploitent la compassion chrétienne L'auteure passe en revue plusieurs enjeux de société en reprenant dans chaque cas, exemples à l'appui, la même structure argumentaire. Dans le cas de l'avortement, par exemple, elle constate qu'on peut s'émouvoir de la situation d'une femme qui apprend tardivement qu'elle porte un fœtus malformé et ne pourra obtenir un avortement. La véritable empathie doit cependant aller au fœtus, décrit comme un être humain à part entière qui est « assassiné » en cas d'interruption volontaire de grossesse. Elle décrit ensuite longuement les procédures inhérentes à un avortement tardif, allant jusqu'à établir un lien quasi direct entre la régulation des naissances, l'eugénisme et le nazisme. Sur la question de l'identité de genre, elle note que les croyants ne doivent pas oublier que « nos corps ont été conçus de certaines façons » et que le fait de le rejeter « a un coût important », peu importe la sympathie ressentie pour des personnes « souffrant de confusion » à ce sujet. Sur l'immigration, l'auteure note qu'on peut s'émouvoir d'une mère d'origine mexicaine établie de longue date qui est renvoyée au Mexique et forcée de vivre loin de ses enfants. Il faut cependant aussi prendre en compte, dit-elle, les meurtres sordides liés à des migrants sans papiers et considérer que Dieu demande que les choses soient ordonnées, y compris les frontières. « Il faut montrer de l'empathie, mais seulement la 'bonne' sorte d'empathie », conclut Mme Stuckey. Susan Lanzoni, historienne des sciences qui a écrit un livre sur l'histoire de l'empathie, note qu'elle est généralement jugée positive et susceptible de mener à des actions louables. La connotation négative que certains auteurs veulent aujourd'hui lui associer semble avoir pour objectif d'étouffer la compassion pouvant être éprouvée pour les victimes des politiques de l'administration Trump. « Ces politiques visent manifestement à vilipender certains groupes de la population. Renoncer à l'empathie dans ce contexte est un piège qui peut nous mener collectivement sur un chemin dangereux », prévient-elle. John Compton, professeur de science politique qui a écrit en 2020 un ouvrage intitulé The End of Empathy : Why White Protestants Stopped Loving Their Neighbors, est aussi d'avis que les écrits récents sur l'impact potentiellement négatif de l'empathie ont des visées politiques. Près de 80 % des croyants liés aux églises protestantes évangéliques ont voté pour Donald Trump. Beaucoup sont susceptibles, en voyant les politiques les plus dures de l'administration, de ressentir une forme de « dissonance cognitive » par rapport aux enseignements chrétiens traditionnels prônant l'amour de son prochain, relève le chercheur. L'idée que l'empathie est dangereuse est vraiment éloignée de ce qu'on associe à la chrétienté… Il paraît difficile dans ce contexte de trouver des arguments théologiques appuyant cette vision des choses. John Compton, professeur de science politique PHOTO HAIYUN JIANG, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES Le vice-président J.D. Vance Le vice-président J.D. Vance, qui s'est converti au catholicisme, a montré que l'exercice est périlleux en tentant d'évoquer un concept théologique datant du Moyen ge pour défendre l'idée qu'il est approprié de traiter des migrants moins généreusement que ses voisins, les membres de sa communauté immédiate et de son pays. Le pape François l'a rabroué publiquement à ce sujet peu de temps avant sa mort. La croyance à la carte Il faut prendre garde, note M. Compton, de ne pas exagérer la portée des livres récemment parus à ce sujet ou leur influence potentielle, en particulier chez les protestants évangéliques. Les Églises protestantes traditionnelles qui prévalaient dans la première moitié du XXe siècle ont joué un rôle important sur le plan social en promouvant des réformes marquantes pour lutter contre les inégalités sociales. Elles ont cependant perdu beaucoup d'influence dans les années 1960, cédant du terrain face aux Églises évangéliques qui permettent une pratique plus « personnelle » de la religion, moins contraignante que celles des Églises traditionnelles. « Aujourd'hui, c'est le consommateur qui décide. Si une personne n'aime pas ce que dit un pasteur, elle va aller voir ailleurs », relève le chercheur. L'évolution idéologique de ces Églises, qui ont progressivement glissé vers la droite, reflète d'abord et avant tout l'évolution des positions de la population blanche sans éducation universitaire, dit-il. Elles ont suivi plutôt que dicté la ligne de pensée, validant des tendances individualistes qui trouvent écho dans de nombreuses politiques défendues par l'administration Trump. L'engagement social est aujourd'hui plus un choix personnel qu'un diktat venu de leaders religieux, note M. Compton, qui ne s'étonne pas, dans ce contexte, de voir des personnes se centrer sur leurs propres besoins sans égard à ce qui peut arriver aux personnes marginalisées. « Je suis plutôt un pessimiste en ce qui a trait à la nature humaine », dit-il.

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