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Trois conseils aux futurs enseignants

Trois conseils aux futurs enseignants

La Presse07-07-2025
« Il est toujours plus facile de construire des enfants et des adolescents forts que de réparer des adultes brisés », écrit Égide Royer.
En juin, l'Université d'Ottawa a remis un doctorat honorifique au professeur Égide Royer pour son importante contribution en éducation en Ontario et au Québec. L'auteur nous propose l'allocution qu'il a présentée aux finissants 2025 en éducation. Il y présente trois conseils qui seront utiles à tous ceux qui envisagent une carrière dans ce domaine.
Égide Royer
Psychologue et spécialiste de la réussite scolaire
Chers nouveaux diplômés, vous êtes déjà conscients qu'en tant qu'éducateurs et chercheurs, vous allez jouer un rôle très important dans la vie de nombreux jeunes. Vous avez également déjà réalisé que la grande majorité des élèves que vous connaissez sont heureux d'être à l'école et y réussissent, mais que néanmoins plusieurs y éprouvent des difficultés.
Vous savez, je viens de consacrer les 50 dernières années en tant que psychologue, enseignant et chercheur à intervenir, au mieux de mes capacités, pour favoriser la réussite et le bien-être des élèves qui vivent des difficultés d'apprentissage et de comportement. Ce fut une expérience professionnelle passionnante. Elle l'est toujours. J'aimerais partager avec vous trois idées importantes qui m'ont guidé tout au long de ma carrière.
Mieux vaut construire que réparer
La première est qu'il est toujours plus facile de construire des enfants et des adolescents forts que de réparer des adultes brisés.
En d'autres mots, un gramme de prévention a très souvent davantage de poids qu'un kilo d'interventions ultérieures.
Vous aurez, que vous soyez enseignants, directeurs d'école ou chercheurs, toujours l'opportunité de faire de la prévention, que ce soit au préscolaire, au secondaire, au collège ou à l'université. Se préoccuper rapidement, dès la maternelle, des jeunes qui présentent des facteurs de vulnérabilité sur le plan du langage ou du comportement, intervenir très tôt en première année auprès de ceux qui rencontrent des difficultés en lecture, aider vos élèves à développer des habitudes de travail autonome et identifier les risques de décrochage dès le début du secondaire : voilà autant d'exemples de mesures qui auront toujours un impact positif sur la réussite et le bien-être des jeunes.
Être là pour les jeunes
Ma deuxième grande idée est que l'école représente une merveilleuse deuxième chance pour plusieurs jeunes.
En éducation, nous devons combattre la pauvreté par la réussite plutôt que d'expliquer l'échec scolaire par la pauvreté. Il y a en effet deux manières de réfléchir à la réussite scolaire d'un enfant qui vient d'un milieu défavorisé.
« Avec ce qu'a vécu ce jeune, comment peut-il vraiment réussir dans ma classe ? »
Ou
« Cet enfant ou cet adolescent, compte tenu de ce qu'il a vécu dans son milieu, n'a peut-être pas eu une vraie bonne première chance dans la vie. Mais dans ma classe, dans mon école, il en aura une véritable deuxième. »
Le choix est évident. Mais il y a plus. Si ce jeune, grâce à votre soutien, se sent bien à l'école et y réussit, devenu adulte, il souhaitera offrir la même chose à ses propres enfants. Ce qu'il y a d'extraordinaire en éducation, c'est que nos interventions peuvent influencer positivement plus d'une génération.
Demeurer curieux et confiants
Ma troisième grande idée est la suivante : les bons enseignants, comme les bons chercheurs, sont curieux et confiants dans leurs propres capacités d'apprentissage.
Bien que vous terminiez aujourd'hui un programme d'études universitaires, vous serez en apprentissage tout au long de votre carrière. Permettez-moi de vous donner deux exemples des nouveaux défis sur lesquels je travaille d'ailleurs actuellement et que vous aurez à relever, que vous soyez enseignants ou chercheurs.
Tout d'abord, comme Monsieur Jourdain, le Bourgeois gentilhomme de Molière, qui faisait de la prose sans le savoir, les enseignants, sans toujours s'en rendre compte, sont des intervenants de première ligne en santé mentale.
Compte tenu des besoins grandissants identifiés dans nos écoles, vous serez appelés à développer davantage vos habiletés à offrir des premiers soins en santé mentale auprès des jeunes à qui vous enseignez.
Il ne s'agira pas de faire de la thérapie, mais bien de permettre aux élèves qui vivent de la tristesse, qui sont anxieux ou victimes d'intimidation, de pouvoir compter sur un adulte à l'écoute et compréhensif, en mesure de leur fournir de l'aide.
Un deuxième défi sera d'identifier la valeur ajoutée de l'intelligence artificielle (IA) en éducation, notamment pour les jeunes en difficulté. Dans quelle mesure certaines applications de l'IA permettront-elles de reconnaître plus tôt les élèves à risque d'échec ? D'intervenir de manière personnalisée auprès de ceux présentant des retards scolaires ? De compenser certaines formes de handicap vécues par des jeunes en difficulté ? Des écoles du Conseil des écoles catholiques du Centre-Est, avec lequel je collabore, proposent déjà des réponses à certaines de ces questions.
En terminant, laissez-moi vous féliciter pour votre réussite et vous offrir un dernier conseil : ne sous-estimez jamais l'impact que vous aurez dans la vie des jeunes. Il y aura de ces jours où vous rencontrerez certains de vos anciens étudiants qui, devenus adultes, vous diront, reconnaissants et en arborant un large sourire, qu'ils vous ont beaucoup apprécié et que vous avez fait une différence importante dans leur vie.
Vous vivrez alors ce que j'appelle un « moment de grâce éducatif ». Je vous les souhaite très nombreux.
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