logo
Interdits de baignade dans le Jura, les habitants de Delle applaudissent

Interdits de baignade dans le Jura, les habitants de Delle applaudissent

24 Heures5 days ago
La piscine de Porrentruy n'accueille plus les étrangers sans permis. Une décision largement soutenue, même du côté français de la frontière. Un ennemi commun: les jeunes des banlieues. Publié aujourd'hui à 08h02
Ce panneau de la piscine de Porrentruy a mal vieilli. Depuis début juillet, les baigneurs français n'y sont plus les bienvenus.
Florian Cella / Tamedia
En bref:
«Oui, c'est une punition collective. Oui, ça met malheureusement tous les Français dans le même sac, mais franchement, on ne peut rien reprocher aux autorités suisses. Elles n'avaient plus le choix. Voilà au moins un pays qui respecte ses citoyens», glisse Selim entre deux bouffées de cigarette. Dans les rues de Delle, aux portes de l'agglomération Belfort-Montbéliard, les citoyens français ne se voient pas comme les grands perdants de la mesure-choc de la piscine de Porrentruy, fermée depuis la semaine dernière aux étrangers sans permis de séjour ou de travail. Bien au contraire.
Dans cette bourgade de 5000 habitants, tous les passants interrogés disent leur ras-le-bol de la «racaille» sortie des banlieues de Montbéliard qui venait tuer son ennui en Suisse, défiant l'autorité des gardes-bains et chassant les familles locales qui n'osaient plus profiter de l'établissement les jours de forte affluence. «Les mêmes venaient chez nous il y a quelques années.» Bagarres, blocage du toboggan et des plongeoirs, baignade en habits d'extérieur, fumette et drague lourde… à Porrentruy, la police intervenait jusqu'à huit fois par jour.
Pour rétablir le calme, les autorités bruntrutaines n'ont pas fait dans le détail. Pas de lien avec la Suisse? Pas d'accès au bassin. «Mes voisins allaient souvent à la piscine de Porrentruy avec leurs deux gosses pour se rafraîchir les jours de canicule. C'est à vingt minutes de voiture. Forcément, ils sont un peu déçus, mais ils comprennent, comme beaucoup de gens ici», confie le jeune Selim, 24 ans. Où ira se baigner cette famille? «On a un centre aquatique à Delle, mais le bassin extérieur est fermé en attendant une rénovation. Nager sous un toit couvert, c'est moins fun.»
La piscine de Delle, en France voisine, a été confrontée aux mêmes incivilités il y a quelques années. Aujourd'hui, la situation est revenue au calme. En grande partie parce que le bassin extérieur est en travaux.
Florian Cella / Tamedia Éviter les délits de faciès
Un ami de Selim, casquette du PSG vissée sur le crâne, se joint à la discussion. «Franchement, ce n'est quand même pas compliqué de faire la différence entre des daronnes sans histoire et une bande de blédards! Ils auraient pu faire le tri.» Son pote lui tape dans le dos: «Si les autorités avaient ciblé uniquement les Maghrébins, imagine un peu les contrôles à la caisse. Que des délits de faciès! C'est là que cela aurait été raciste .» En optant pour un décret plus universel, les autorités suisses éviteraient de distinguer «bons et mauvais Français». «Tu vois, c'est malin.»
Laetitia, employée de mairie de 43 ans, confirme que la situation à la piscine de Delle était «catastrophique» il y a quelques années, du temps où le bassin extérieur était encore ouvert. «On y allait le dimanche matin pour échapper aux bagarres. Alors s'ils vivent le même enfer en Suisse en ce moment, rien d'étonnant à ce que les Français récoltent ce qu'ils ont semé, même si cela pénalise quelques innocents.» À titre personnel, elle ne se sent pas stigmatisée.
Plus loin, deux hommes prennent le café à l'ombre d'un parasol. Eux aussi parlent d'une mesure «logique». Nostalgiques du temps où les Français «respectaient leur drapeau», ils admirent le service militaire obligatoire en Suisse. «Tout part de là. Si notre pays se remettait à inculquer de bonnes valeurs aux jeunes, on n'aurait pas autant de piscines qui ferment dans la région.» Ils font référence aux établissements alsaciens de Colmar, Obernai et Strasbourg, où les agents de sécurité ont été abreuvés d'injures et de menaces de mort ces dernières semaines.
Catherine, ex-prof de 66 ans, dénonce plutôt le manque de loisirs dans les banlieues chaudes. «De nos jours, les colonies de vacances sont réservées aux enfants de bobos. Les jeunes de cités sont délaissés, alors forcément ils se mettent à faire n'importe quoi», soupire-t-elle en sortant ses poubelles. À la place des responsables de la piscine jurassienne, elle aurait fixé une limite d'âge. Ce n'était tout de même pas les retraités qui faisaient des vagues! «Les gens s'offusquent à notre place»
De nombreux Dellois s'amusent du «tapage médiatique» provoqué par cette décision. «Sur les réseaux sociaux, on a l'impression que beaucoup de gens s'offusquent à notre place, alors qu'ils ne connaissent rien de notre réalité. Si les Suisses ne veulent plus de certains Français dans leur piscine, ils ont leurs raisons, insiste un vendeur du centre-ville. À force de crier au racisme pour tout et pour rien, on oubliera bientôt ce que cela veut dire.»
Le château de Porrentruy, qui abrite une prison, fait beaucoup parler les riverains. Mais pas pour ses attraits touristiques. «Qu'on y enferme ces voyous pour une semaine, voilà qui les calmera», ricane Jean-Marc, venu remplir quelques grilles de mots fléchés sur un banc public. Gabriel, 72 ans, ancien pâtissier qui a longtemps travaillé à Porrentruy, a une autre solution: «Les caméras de surveillance!» Et tant pis si ça coûte cher. «C'est le prix de la tranquilité.»
À Delle, les petits baigneurs peuvent désormais s'amuser sans craindre d'être embêtés par les jeunes hommes turbulents venus des banlieues de Montbéliard. Bannis des piscines françaises, ces derniers descendaient jusqu'à Porrentruy.
Florian Cella / Tamedia «La France n'a pas à exporter ses échecs»
Direction la fameuse piscine de Delle, qui a vécu le même calvaire que Porrentruy en 2020. Nous y rencontrons Christian Rayot , maire de Grandvillars et président du syndicat intercommunal qui gère ledit centre nautique. Face à l'explosion des incivilités, il avait sorti le grand jeu: trois agents de sécurité, un maître-chien, deux agents de police et trois médiateurs, en plus des quatre maîtres-nageurs. «Vous venez avec des tournevis ou des couteaux à la piscine, vous? C'est ce qu'on retrouvait dans les sacs à l'entrée.»
Aujourd'hui, la situation s'est «apaisée» grâce à la trentaine d'expulsions de bain prononcées au plus fort de la crise et aux 40'000 euros dépensés chaque année dans la sécurité. «Fini la thérapie de la parlotte. Passé un certain stade, il faut sévir.»
Le centre aquatique de Delle a mis le paquet sur la surveillance à l'entrée.
Florian Cella / Tamedia
Se réclamant de la gauche chevènementiste, le maire ne voit rien de discriminatoire dans le décret décidé par ses collègues ajoulots. «Le prêchi-prêcha du vivre-ensemble est d'une naïveté confondante. Lorsque vous êtes confrontés à des sauvages qui ne respectent rien, vous êtes obligés de cogner fort. Les Suisses ont raison de marquer leur territoire. Notre pays n'a pas à exporter ses échecs de l'autre côté de la frontière.»
Lionel Maitre , son homologue à Boncourt, nous a déclaré qu'il était hors de question d'allonger le budget sécurité à Porrentruy (de 15'000 francs cette année, alors qu'il est de 350'000 euros à la piscine de Montbéliard, qui vient d'installer des caméras de surveillance pour lutter contre les incivilités). Ou alors, que la France paie pour le salaire de vigiles supplémentaires. Une pique qui agace l'élu français: «Je rappelle que le canton du Jura a encaissé 39 millions d'impôts sur les revenus des frontaliers français l'année dernière.» Largement de quoi renforcer le personnel de sécurité au bord du bassin à Porrentruy, selon lui.
Christian Rayot, maire de Grandvillard et président du syndicat intercommunal qui gère le centre nautique de Delle.
DR Une solution «paresseuse»
Du côté des gardes-bains dellois, la décision des autorités suisses n'est pas accueillie avec les mêmes louanges. «J'avoue que ça me choque», admet Christophe, 35 ans, tout en gardant un œil attentif sur le bassin des enfants. «C'est peut-être efficace, mais bannir toute une population pour quelques dizaines de perturbateurs, c'est une solution de facilité bien paresseuse.»
Avec une telle mesure, c'est toute l'amitié franco-suisse qui prendrait une grosse baffe. «Sérieusement, vous imaginez l'inverse? Si Lidl interdisait à tous les Suisses de faire leurs courses en France uniquement parce qu'une minorité d'entre eux viennent jeter leurs ordures sur leur domaine pour échapper à la taxe au sac, toute la Suisse crierait au scandale.»
En revanche, Christophe est de tout cœur avec ses collègues de Porrentruy. «Quand ces bandes débarquent à la piscine, ça prend toute notre attention. Passer son temps à faire la police avec des jeunes qui ne savent pas se tenir, c'est des précieuses minutes que nous perdons à surveiller les bassins. Si dans l'intervalle, il y a une noyade, cela peut se retourner contre nous.»
La piscine de Porrentruy fait des remous
Thibault Nieuwe Weme a rejoint la rubrique vaudoise en octobre 2022. Après un Bachelor en science politique, il a obtenu son Master à l'Académie du journalisme et des médias (AJM) de l'Université de Neuchâtel. Il est également passé par la rédaction du Temps. Depuis juin 2025, il couvre l'actualité fribourgeoise. Plus d'infos
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.
Orange background

Essayez nos fonctionnalités IA

Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :

Commentaires

Aucun commentaire pour le moment...

Articles connexes

Pourquoi les accidents en montagne sont aggravés par le changement climatique
Pourquoi les accidents en montagne sont aggravés par le changement climatique

24 Heures

time21 minutes ago

  • 24 Heures

Pourquoi les accidents en montagne sont aggravés par le changement climatique

De récents accidents montrent que la montagne change, et ses dangers aussi. Pour un guide, il faut adapter sa pratique. Publié aujourd'hui à 07h27 L'éboulement à proximité de la Grande Dixence n'a pas endommagé le barrage. Keystone En bref: La destruction de Blatten et l'éboulement près du barrage de la Grande Dixence samedi ont récemment marqué les esprits. Et mardi dernier, une randonneuse de 36 ans a perdu la vie , percutée par un rocher sur un sentier de la région d'Évolène. Cela rappelle que même les itinéraires en apparence sûrs peuvent réserver des risques. Secrétaire général de l'Association suisse des guides de montagne (ASGM), Pierre Mathey explique que ces accidents sont dus à des phénomènes naturels, mais aggravés par le changement climatique. Ces accidents s'inscrivent-ils dans la même problématique? Pas complètement. Tous ces accidents sont liés à des phénomènes naturels comme des chutes de pierres, des écroulements ou des avalanches, mais ils n'entrent pas dans la même logique de gestion du risque. Dans le cas des infrastructures comme des routes, des voies ferrées ou des bâtiments, des systèmes de surveillance et de monitoring sont en place dans chaque région. Ils permettent d'anticiper certains dangers et, si besoin, de fermer ou sécuriser les accès. Et pour les sports de montagne? Pour la randonnée ou l'alpinisme, il n'existe pas de monitoring systématique. Les personnes s'engagent sur ces itinéraires sous leur propre responsabilité. Aller en montagne est un choix individuel, dans un espace non sécurisé en permanence, où les dangers naturels peuvent devenir des risques dès qu'il y a présence humaine. Certaines situations, comme les chutes de pierres ou de séracs, restent très difficiles à prévoir. Même en appliquant le principe de précaution, qui consiste à éviter certains itinéraires en cas de fortes chaleurs ou de précipitations par exemple, le risque zéro n'existe pas. Le facteur humain fait partie des causes d'accidents, mais la malchance – le fait d'être au mauvais endroit au mauvais moment – joue aussi un rôle non négligeable dans les drames en montagne. Quelles sont les origines de ces accidents? Les accidents trouvent leurs origines dans des phénomènes naturels, mais le changement climatique agit comme un facteur aggravant, rendant certaines zones autrefois stables beaucoup plus fragiles. Il n'existe pas de preuve d'un lien direct entre le réchauffement climatique et une augmentation des accidents graves: les conditions en montagne évoluent rapidement, rendant l'évaluation des risques plus complexe. Parmi les principaux mécanismes naturels en cause, on trouve le dégel du permafrost. Cette glace présente dans les sols d'altitude agit comme un ciment qui maintient les roches en place. Lorsque les températures augmentent, ce lien s'affaiblit, et les blocs deviennent instables. C'est ce qui explique la hausse de la fréquence des chutes de pierres, des éboulements ou même des écroulements massifs. En montagne, les règles de base – partir tôt, rentrer tôt – permettent d'éviter certaines situations critiques liées aux températures élevées, qui accélèrent la fonte de la neige dure et fragilisent des terrains auparavant gelés et donc solides. Comment avez-vous adapté vos itinéraires à ces changements? En tant que professionnel, j'ai modifié certains de mes itinéraires au fil des années. Plusieurs passages utilisés il y a trente ans ne sont aujourd'hui plus praticables, notamment à cause du retrait des glaciers, que ce soit par perte d'épaisseur ou de longueur. Ce phénomène entraîne parfois des écroulements ou des éboulements, rendant certains passages à flanc de coteau impraticables. On observe également des glissements de terrain qui peuvent interdire certaines voies, ou nous pousser à les contourner. Cette évolution touche aussi bien les professionnels que les amateurs. La classification des sentiers reste liée à leur difficulté technique, et non aux dangers naturels. C'est donc à chaque pratiquant d'évaluer les dangers, sauf en cas de menace manifeste où l'accès est modifié, voire fermé. L'information et la prévention jouent un rôle essentiel, mais comprendre les dynamiques naturelles demande du temps et de l'expérience. Que ressentez-vous personnellement face à ces changements? La montagne impose humilité et respect. Randonneurs comme alpinistes ont de la chance, on n'est pas souvent contraints d'annuler une sortie. Par contre, il faut savoir s'adapter, et modifier son itinéraire si nécessaire. Mon conseil, c'est de ne pas avoir que l'objectif initial en tête, mais vivre une belle expérience, quel que soit le sommet. D'autres articles sur la montagne et le climat Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

La pêche sur le Léman est miraculeuse pour les amateurs et morne pour les pros
La pêche sur le Léman est miraculeuse pour les amateurs et morne pour les pros

24 Heures

timean hour ago

  • 24 Heures

La pêche sur le Léman est miraculeuse pour les amateurs et morne pour les pros

Après une année catastrophique en 2024, le sourire revient aux pêcheurs sportifs de Rolle et de tout le lac. Les professionnels n'en disent pas autant. Publié aujourd'hui à 06h54 Le 12 juillet 2025, Christophe Di Stadio pèse 100 perches à peine pêchées, dans le cadre d'un concours à Rolle. La récolte de cette année est particulièrement abondante, mais comment l'expliquer? Jean-Guy Python En bref: Les eaux de Rolle ont-elles vécu un petit miracle? Membre et trésorier de la société locale des Petits Pêcheurs, Pierre-Alain Di Stadio est aux anges. Alors qu'environ 150 kg de perches sont nécessaires pour leur traditionnelle guinguette d'août, plus de 140 kg ont déjà été mis sous vide et surgelés, à trois semaines de l'événement. «Le compte est bon», se réjouit-il ce mercredi. À la même période l'an passé, le pêcheur amateur se désespérait de n'avoir réussi à capturer que 6 kg de perches minuscules, mesurant 3 à 5 cm. «Le frai de l'année précédente n'avait pas grandi, explique-t-il. Nous avons supposé que c'était dû aux moules quagga qui filtrent l'eau et ingèrent le phytoplancton, nourriture de base de nos perchettes.» Magnifique année pour la pêche amateur Cette année, le panorama est différent. La zone regorge de poissons nés en 2024, qui ont fini par grossir. Ce sont essentiellement eux qui seront écoulés dans les assiettes des amateurs de friture, du 8 au 9 août au Port des Vernes de Rolle. Pierre-Alain Di Stadio et son fils Basile à Rolle, samedi dernier, durant un concours de pêche amateur. Le butin du jour est phénoménal. Jean-Guy Python Mais il n'y a pas qu'à Rolle que les pêcheurs sportifs ont le sourire. Pour eux, l'année 2025 a magnifiquement bien commencé: «Tant dans le Petit lac que dans le Grand lac et le Haut lac», se réjouit Lydia Lucchetta, présidente de la Fédération internationale des pêcheurs amateurs du Léman (FIPAL). «En juin déjà, il y avait plein de perches bien grassouillettes, se souvient-elle. Les épisodes de forte bise au printemps, qui ont refroidi le lac, pourraient expliquer cette belle croissance. Confrontés à ce changement soudain de température, les poissons ont pu penser: «C'est le moment de se nourrir!» Les professionnels découragés Le phénomène interroge, alors que d'un bout à l'autre du lac, les pêcheurs professionnels lancent plutôt des appels à l'aide. À La Tour-de-Peilz, par exemple, où Philippe Grandchamp ne peut s'empêcher de rire jaune en entendant parler d'une prétendue «année spectaculaire». «L'an passé, c'était encore de la rigolade par rapport à ce qu'on traverse en 2025, lance le pêcheur professionnel retraité. C'est une véritable catastrophe, on ne prend presque rien… Souvent, ça ne vaut même plus la peine de sortir.» Les perchettes seront servies sous forme de friture de poisson lors de la traditionnelle guinguette des Petits Pêcheurs de Rolle, du 8 au 9 août prochain. Jean-Guy Python La prise miraculeuse de Rolle mérite donc d'être relativisée. En réalité, la situation est sensiblement différente entre pêcheurs pros et amateurs. À Rolle, Alton Cocaj, pêcheur professionnel, note bien une légère amélioration par rapport à 2024, mais celle-ci reste insuffisante. «Quand on vit de la pêche, on ne peut pas dire que passer de 3 kilos par jour en 2024 à une dizaine de kilos en 2025 soit suffisant.» L'indépendant souligne la nuisance des cormorans sur son activité. Il nous renvoie vers une vidéo filmée récemment: près du port d'Ouchy, à Lausanne, des centaines d'oiseaux assombrissent le ciel. «C'est violent», lâche-t-il avec découragement. Pourquoi ces différences entre pêcheurs? C'est essentiellement la méthode de pêche qui explique les différences de butin entre catégories de pêcheurs. «On pose nos filets au fond du lac, donc si les poissons nagent entre deux eaux, c'est-à-dire à plus de 2,50 mètres du fond, on ne les attrape pas, justifie Philippe Grandchamp. Les amateurs, eux, pêchent à la ligne.» Ces derniers, qui ont le droit de prélever jusqu'à 100 perches par jour à l'aide d'une gambe – ligne munie d'hameçons –, ne sont pas censés les relâcher dans le lac, quelle que soit leur taille. «Pour eux, le poisson qui mord, mord», résume Alton Cocaj, à Rolle. Les exigences sont autres pour lui et ses confrères. «On travaille avec des filets dont les mailles ne retiennent que les spécimens mesurant déjà au moins 15 cm.» Espoirs pour les mois à venir Or, à l'heure actuelle, la plupart des perches ne sont pas encore suffisamment dodues pour rester coincées. Le président de l'Association suisse romande des pêcheurs professionnels, Alexandre Fayet, explique qu'une génération de perches semble avoir été «sautée» en 2024. «L'une des hypothèses, vu que la perche est cannibale, c'est que les jeunes ont été dévorées par leurs aînées.» Le pêcheur de Gland se montre néanmoins optimiste. «Il faudra être patient, mais on sent un bel avenir au niveau de la perche, avance-t-il. Il estime qu'aux alentours de cet automne, la pêche devrait enfin être fructueuse. La pêche sur le Léman Newsletter «La semaine vaudoise» Retrouvez l'essentiel de l'actualité du canton de Vaud, chaque vendredi dans votre boîte mail. Autres newsletters Marine Dupasquier est journaliste à la rubrique Vaud & Régions depuis 2020 et couvre essentiellement la région de Nyon. Sensible aux thématiques locales, elle a effectué ses premières piges au Journal de Morges. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

Douze ans de prison requis contre le rebouteux accusé de viols à Fribourg
Douze ans de prison requis contre le rebouteux accusé de viols à Fribourg

24 Heures

time12 hours ago

  • 24 Heures

Douze ans de prison requis contre le rebouteux accusé de viols à Fribourg

La procureure a fustigé les «mensonges» de l'agriculteur accusé de viols pour avoir imposé des «soins sexuels» à 14 patientes. La défense a plaidé l'acquittement. Publié aujourd'hui à 19h35 L'accusé, qui pratiquait des «massages énergétiques», expliquait à ses victimes que les actes sexuels préconisés étaient à but thérapeutique. Manuel Perrin En bref: «Si l'accusé a un don, c'est sans doute celui de repérer les personnes qui vont mal…» Au cours d'un réquisitoire fleuve de 2 h 30, la procureure Catherine Christinaz a détaillé ce jeudi les abus rapportés par chacune des 14 victimes présumées du rebouteux-agriculteur Olivier* (58 ans), pour mieux convaincre les juges de Châtel-Saint-Denis (FR) que toutes devraient être reconnues comme telles. Et pas uniquement les six plaignantes. La magistrate fribourgeoise a requis 12 ans de prison à l'encontre de celui qui est déjà incarcéré préventivement depuis juin 2022 – principalement pour viols, contraintes sexuelles et abus de la détresse. Elle demande que la peine soit assortie d'un traitement ambulatoire, à savoir un suivi psychiatrique ainsi qu'un travail thérapeutique en sexologie. Mais aussi une interdiction à vie d'exercer des activités avec des adultes particulièrement vulnérables, ainsi qu'une interdiction d'exercer une profession avec des patients. «Faute terriblement lourde» pour la procureure «On pourrait se dire qu'il y a eu beaucoup de naïveté de la part de ces femmes, au vu des propos abracadabrants du prévenu», a repris la représentante du Parquet. Elle a exhorté le Tribunal à ne pas juger les croyances de ces désormais ex-patientes qui ont accepté les massages «énergétiques» du guérisseur, et qui se sont finalement fait imposer des rapports sexuels complets prétendument thérapeutiques. «Elles traversaient toutes une phase difficile de leur existence, de doute, de fragilité. Certaines sont encore tellement sous l'emprise qu'elles n'ont pas encore conscience d'être des victimes, plusieurs années après», a poursuivi la magistrate, en qualifiant la faute commise par l'accusé de «terriblement, extrêmement» lourde. «Sous ses airs de gros nounours, comme il aime à se décrire, c'est en fait un gros pervers.» «Comme ces patientes ne tombaient pas spontanément sous son charme, il mettait en œuvre sa stratégie, en leur faisant croire qu'il avait détecté une maladie grave, jusqu'à parler de cancer, et du stade de la tumeur – pour leur faire peur», a souligné Catherine Christinaz, tout en estimant qu'Olivier n'est qu'un «fieffé menteur, un affabulateur». Elle a ajouté que le quinquagénaire a déclaré en cours d'enquête que «les pouvoirs quasi magiques de sa verge» n'étaient que le fruit de son imagination. Mercredi lors de son interrogatoire, ce mythomane incurable a d'ailleurs déclaré ne plus croire en ses prétendus dons, compte tenu de l'absence totale de résultats thérapeutiques avec ses patientes. Entendu en cours d'enquête, son fils adulte partage cette analyse. «Ses motivations étaient uniquement sexuelles, il a adapté sa stratégie avec chacune de ses victimes pour obtenir ce qu'il voulait», a lancé la procureure. La défense plaide la «débilité» Quant à l'avocat du rebouteux , Me Guillaume Hess, il n'a pas axé sa défense sur le fait que cet agriculteur prétend avoir appris sa méthode de soins sexuels en Thaïlande. À la place, l'homme de loi a centré sa plaidoirie sur le QI de l'accusé, dont la valeur de 77 le rangerait dans «les 5% des personnes les plus bêtes de la population mondiale». «Mon client fait partie des personnes les plus débiles», a insisté l'homme de loi. «Il ne pouvait pas se rendre compte qu'il faisait du mal, au vu de son état mental», contredisant ainsi le rapport de l'experte-psychiatre. Selon Me Hess, ses capacités intellectuelles objectivement «dans la norme inférieure» n'ont pas permis à Olivier de comprendre le message qu'a voulu lui faire passer un juge de Romont en 2016, lorsque ce dernier l'a condamné à une peine pécuniaire avec sursis pour actes sexuels sur une personne incapable de discernement ou de résistance. Comme il n'avait été reconnu coupable que d'une partie des actes reprochés par la plaignante, le guérisseur en aurait déduit qu'il pouvait continuer ses soins sexuels. Ce serait la raison pour laquelle 10 des 14 victimes présumées du procès de Châtel-Saint-Denis dénoncent des faits survenus après sa condamnation. Aujourd'hui, le risque de récidive du quinquagénaire est toujours de «moyen à élevé». Pour ces motifs, le défenseur a demandé que son client soit acquitté, ce qui lui donnerait droit à une indemnité pour détention injustifiée de l'ordre de 250 000 fr. Ce serait le seul moyen pour le Fribourgeois de payer les indemnités pour tort moral demandées par les plaignantes, qui totalisent plus 125 000 fr. «Il n'est pas contesté qu'elles ont subi une atteinte morale», a conclu Me Hess. Le verdict sera rendu jeudi prochain. Plus d'articles sur le procès du rebouteux Newsletter «La semaine fribourgeoise» Découvrez l'essentiel de l'actualité du canton de Fribourg, chaque vendredi. Autres newsletters Benjamin Pillard est journaliste à la rubrique Suisse depuis 2019. Il couvre en particulier les faits divers et l'actualité judiciaire des cantons romands. Auparavant, il a travaillé durant sept ans au sein de la rédaction du «Matin». Plus d'infos @benjaminpillard Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

TÉLÉCHARGER L'APPLICATION

Commencez dès maintenant : Téléchargez l'application

Prêt à plonger dans un monde de contenu mondial aux saveurs locales? Téléchargez l'application Daily8 dès aujourd'hui sur votre app store préféré et commencez à explorer.
app-storeplay-store