
Il y a un risque plus élevé avec les pratiques médicales peu encadrées
La problématique est liée au fait que la patiente ou le patient est dans une relation de dépendance face à son thérapeute. Et un abus peut briser la confiance envers les soignants, même s'il n'y a pas de geste déplacé.
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En bref:
Le magnétiseur Denis Vipret est rattrapé par de nouvelles accusations. La RTS a diffusé dimanche le témoignage de cinq femmes qui lui reprochent de s'être livré à des attouchements durant ses séances. Une nouvelle plainte pénale aurait été déposée contre le guérisseur qui bénéficie de la présomption d'innocence. La RTS précise que, par le biais de ses avocats, il conteste «formellement ces allégations à caractère sexuel portées contre lui».
Cette affaire illustre la problématique des abus sexuels dans le domaine des soins. «De telles affaires ne sont pas rares, confirme l'avocate Lorella Bertani. En général, ces personnes font beaucoup de victimes car elles ont beaucoup de patientes ou de patients.»
La Genevoise, qui a défendu des femmes abusées par des rebouteux ou des thérapeutes, s'empresse d'ajouter que chaque affaire est différente. Pas question, donc, de s'exprimer sur un cas particulier.
L'avocate genevoise Lorella Bertani.
VQH
Selon Lorella Bertani, les grandes institutions disent faire «très attention» à cette problématique, liée au fait que la patiente ou le patient est dans une relation de dépendance face à son thérapeute. Les choses peuvent se compliquer dans le cas d'un magnétiseur, par exemple, qui exerce seul dans son bureau.
«Le risque de dérive est plus élevé dans les contextes où les pratiques ne sont pas clairement encadrées. Toutes les professions liées aux soins ne fournissent pas les mêmes normes de déontologie ou de supervision», renchérit Alain Léo Pfammatter, responsable psychosocial à la Fondation PROFA. Dans le Code pénal
Les choses semblent bouger. Depuis un an, l'article 193a du Code pénal évoque concrètement le domaine de la santé, et le cas où une personne commet ou fait commettre à l'autre un acte d'ordre sexuel en le trompant sur le caractère de cet acte. Le coupable risque jusqu'à 5 ans de prison ou une amende. Sur ce point, la révision n'a pas suscité de débat en plenum, précise la conseillère Léonore Porchet (Les Verts/VD).
Un signe, selon l'avocate Clara Schneuwly: «Le fait que les activités du domaine de la santé soient mentionnées spécifiquement dans la loi montre que le législateur a conscience que le lien entre soignant et soigné doit être questionné, et que le premier est dans une certaine vulnérabilité.»
La Genevoise relève toutefois que le contenu de cet article appelle des interprétations. Un exemple: on ne sait pas très bien quelles activités de la santé seront prises en compte. En clair: «Des arrêts du Tribunal fédéral seront nécessaires pour savoir comment cette règle sera appliquée.»
Si cette révision peut indiquer une certaine prise de conscience, Patricia Perrenoud juge que, pour faire bouger les lignes, un changement plus général est nécessaire. Pour cette professeure à la Haute École de santé Vaud, qui est aussi anthropologue et sage-femme, la question dépasse les abus. Consentement
Patricia Perrenoud relève que si le droit au consentement semble avancer, il reste des zones de flou dans les représentations et pratiques des professionnels, qui devraient obtenir l'accord des patientes avant d'effectuer un geste médical.
«De mon expérience de chercheuse, ce droit tend à être mieux respecté, mais ce n'est pas toujours le cas. Le droit au refus d'un geste médical n'est pas toujours bien compris par les soignants. Si les bonnes pratiques étaient appliquées avec plus de cohérence, cela aiderait les patientes à différencier une relation de soins saine d'un comportement abusif.» Quelques conseils
Cette distinction n'est pas forcément évidente. «Il n'est pas toujours facile de savoir si ce qui a été vécu était acceptable ou non, surtout quand il n'y a pas eu de réaction sur le moment et que l'on pense que le professionnel sait mieux que soi ce qu'il faut faire», souligne Alain Léo Pfammatter.
En cas de doute, son premier conseil est d'en parler à une structure spécialisée. «Un abus peut briser la confiance envers les soignants. Une situation similaire peut raviver une réaction ancienne.» Lorella Bertani rappelle en outre que si certains actes nécessitent de toucher des parties intimes – comme le vagin ou l'anus –, la patiente ou le patient doit expressément y consentir.
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Caroline Zuercher est journaliste à la rubrique Suisse depuis 2005. Elle couvre en particulier les sujets liés à la santé et à la politique de santé. Auparavant, elle a travaillé pour Swissinfo et Le Matin. Plus d'infos
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