
La rue israélienne gronde, enfin
Il y avait quelque chose de réconfortant à voir des centaines de milliers d'Israéliens manifester dans les grandes villes du pays, dimanche, pour réclamer la libération des otages et la fin de la guerre dans la bande de Gaza. Enfin, la rue israélienne gronde. Enfin, elle crie sa révolte face à l'innommable.
Bien sûr, l'État hébreu ne se réduit pas à son gouvernement, surtout pas aux exaltés de l'extrême droite religieuse, au sein du cabinet, pour qui les atrocités du 7–Octobre sont devenues un prétexte pour réoccuper Gaza et conquérir toujours plus de territoires en Cisjordanie, trouant la Palestine comme un morceau de gruyère dans l'espoir qu'elle ne devienne bientôt qu'un mauvais souvenir.
Tout de même : jusque-là, les voix discordantes avaient été plutôt timides en Israël. Dans un sondage mené à la fin de juillet, 79 % des juifs israéliens avaient déclaré ne pas être préoccupés par les informations faisant état de la faim et des souffrances des habitants à Gaza. Une indifférence troublante au sein de cette nation qui sait mieux que toute autre nation où peut mener la déshumanisation d'une population.
Il faut dire que, depuis près de deux ans, les Israéliens n'ont pas eu accès aux mêmes informations que le reste de la planète. On ne parle pas de Gaza à la télé israélienne comme on en parle ailleurs dans le monde. Aux bulletins de nouvelles, on montre rarement les images sanglantes, les quartiers en ruine, les enfants désespérés qui tendent leurs bols vides.
On n'en parle pas parce que beaucoup de gens, là-bas, ne veulent pas le savoir. Essayons de nous mettre à leur place, deux secondes.
Nous aurions été nombreux à réagir de la même manière si, chez nous, des villages avaient été attaqués, si des familles avaient été massacrées, si des innocents croupissaient depuis 22 mois dans de sombres tunnels. Nous voudrions, nous aussi, que tout soit fait pour éradiquer la menace existentielle pesant sur nos têtes. Mais ce n'est plus de cela qu'il s'agit.
Aujourd'hui, ni les Israéliens ni le reste du monde ne peuvent détourner le regard. Devant l'évidence, l'indicible souffrance, plus personne ne peut nier que, loin de mener une guerre juste contre le Hamas, le gouvernement israélien se livre à d'effroyables crimes de guerre à Gaza.
L'humeur des Israéliens commence donc à changer. Des réservistes se montrent réticents à mener une guerre sans fin. Des journalistes notent les différences entre leur couverture du conflit et celle des médias internationaux. Des intellectuels réclament la fin de la guerre. Des politiciens se rallient – y compris deux anciens premiers ministres, Ehud Olmert et Ehud Barak. « Mon cœur est brisé, mais je dois le dire : c'est un génocide », a déclaré David Grossman, l'un des plus célèbres romanciers du pays.
PHOTO AVIV ATLAS, REUTERS
Une marée humaine dans les rues de Tel-Aviv, en Israël, pour exiger le retour des otages et la fin de la guerre à Gaza
Plus significatif encore, 600 membres de l'armée et des services de renseignement, dont d'anciens chefs du Mossad et du Shin Bet, ont publié une lettre appelant à la fin de l'opération militaire à Gaza. « Selon notre jugement professionnel, le Hamas ne représente plus une menace stratégique pour Israël », ont-ils écrit. L'essentiel des objectifs militaires a été atteint ; continuer ne servirait à rien. Ça risquerait même de mettre en danger la vie des derniers otages.
Enfermé dans une logique guerrière destructrice, le premier ministre Benyamin Nétanyahou n'a malheureusement aucune intention de s'arrêter. Coûte que coûte, il poursuit sa fuite en avant. Prochain désastre à venir : la prise de contrôle de la ville de Gaza. Officiellement, pour éradiquer ce qu'il reste du Hamas.
Mais selon le Wall Street Journal, Israël négocierait en ce moment avec l'Égypte, la Libye, le Soudan du Sud, le Somaliland et la Syrie pour que ces pays ouvrent leurs portes aux Palestiniens qui « accepteraient » de quitter Gaza.
J'écris tout cela en sachant que certains vont me dire que A) j'y vais un peu fort, quand même, ou B) je manque de courage, il faut l'écrire noir sur blanc, c'est un génocide. Peut-être bien. Appelez ça comme vous voulez, ça ne change rien aux horreurs qu'endurent les Gazaouis depuis près de deux ans.
PHOTO OMAR AL-QATTAA, AGENCE FRANCE-PRESSE
Une scène de désolation dans le quartier d'al-Tuffah, à Gaza
Maintenant, essayons de nous mettre à leur place, deux secondes. La bande de Gaza couvre un territoire de 365 km2, soit la superficie de la ville de Montréal. Nous sommes assiégés. Impossible de fuir. L'aide alimentaire entre au compte-goutte. Autour de nous, les gens crèvent de faim. Ou d'autre chose. On nous a déjà envoyé 100 000 tonnes d'explosifs sur la tête – plus que ce qu'ont reçu les villes de Londres, Dresde et Hambourg réunies pendant la Seconde Guerre mondiale !
L'ampleur de la destruction est inouïe : 70 % des infrastructures de la ville sont en ruine. Les hôpitaux et les gratte-ciels du centre-ville se sont effondrés depuis longtemps. La plupart d'entre nous ont été déplacés à plusieurs reprises. Cette fois, nous ne pourrons plus rentrer à la maison : notre quartier a été rasé au bulldozer. Le dernier bilan officiel fait état de 62 004 morts – mais il y en aurait bien davantage, selon une évaluation du journal médical The Lancet.
Des habitants racontent leurs histoires déchirantes aux médias de la planète, par l'entremise des réseaux sociaux. Les travailleurs humanitaires qui œuvrent sur place parlent d'une crise humanitaire sans précédent. Mais nos assaillants affirment que tout cela est faux. De la pure propagande. En même temps, ils interdisent aux correspondants étrangers l'accès à notre ville assiégée pour rendre compte de ce qui s'y passe réellement.
Pire, ils éliminent les journalistes locaux qui collaborent avec la presse étrangère en les accusant d'être des terroristes. Chaque fois, ils coupent un de nos derniers liens avec le reste du monde. Et ça, ce n'est pas une fake news.
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6 hours ago
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Un montant qui inclut les sommes investies à l'interne par la société d'État pour sa transformation numérique et la valeur du contrat. « Pour votre usage uniquement » Déjà inquiète à l'époque de l'évolution du projet, la Commission de l'administration publique (CAP) a demandé une mise à jour annuel. Composée d'élus de tous les partis, cette commission de l'Assemblée nationale est responsable de tenir les comptes de tous les organismes gouvernementaux, dont la SAAQ. Or, en mars 2021, l'information qui lui est envoyée par la SAAQ ne concerne que le contrat de 458 millions, montre un échange courriel daté de mars 2021 et dont Alain Généreux était destinataire. « De l'information complémentaire pour votre usage uniquement (pas d'envoi à la CAP) », lui écrit même le vice-président aux affaires publiques de la SAAQ Martin Demers. « Pourquoi toute l'information n'est-elle pas envoyée à la CAP ? », l'a pressé le commissaire Denis Gallant, mardi. « J'ai posé la question à la SAAQ », a répondu Alain Généreux en expliquant que la société d'État lui avait répondu que sa reddition de compte ne concernait que le contrat de CASA, sans plus. Le député libéral Monsef Derraji s'est tout de suite saisi de la déclaration pour appeler à la démission de François Bonnardel en l'accusant d'avoir « menti » aux parlementaires. 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La Presse
10 hours ago
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Trump prêt à un soutien aérien, mais pas de troupes au sol
Des soldats ukrainiens se mettent à couvert alors qu'ils tirent un obus de mortier sur une position de première ligne. Trump prêt à un soutien aérien, mais pas de troupes au sol (Washington) Donald Trump a déclaré mardi être prêt à fournir un soutien aérien en guise de garanties de sécurité à l'Ukraine en cas d'accord de paix avec la Russie, mais exclut toute présence militaire américaine au sol, qui reviendrait alors aux Européens. 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Pour sa part, la Russie a prévenu par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, que tout potentiel accord de paix devrait garantir sa « sécurité » et celles des habitants russophones en Ukraine, prétexte déjà brandi pour lancer son invasion en février 2022. « Ils sont prêts à envoyer des troupes sur le terrain », a assuré le président américain lors d'une interview accordée à Fox News, en faisant référence aux dirigeants européens rencontrés la veille à la Maison-Blanche. Il a par ailleurs ajouté qu'il était « prêt à aider », notamment via un soutien aérien, mais répondu « non » à une question sur l'envoi de soldats américains au sol. Le président américain, qui veut trouver une issue à la guerre au plus vite, a reçu lundi à la Maison-Blanche le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, accompagné par des dirigeants européens, après sa rencontre vendredi en Alaska avec son homologue russe, Vladimir Poutine. Tous ont salué des avancées notables sur le principe d'offrir des garanties de sécurité à l'Ukraine, qui restent cependant à mettre sur papier, et dit que le président russe avait accepté le principe d'un sommet avec M. Zelensky dans les semaines à venir. Le président russe a proposé lors de son appel téléphonique avec M. Trump lundi, de l'organiser à Moscou, selon trois sources proches du dossier. Mais Volodymyr Zelensky a refusé, d'après l'une de ces sources. PHOTO ALEX BRANDON, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS Le premier ministre britannique, Keir Starmer, et le président français, Emmanuel Macron, co-présideront une réunion de la « coalition des volontaires », mardi. Le président français, Emmanuel Macron, a lui estimé qu'elle devrait avoir lieu en Europe, par exemple en Suisse, laquelle a dit être prête à offrir « l'immunité » au président russe, malgré son inculpation devant la Cour pénale internationale, à condition qu'il vienne « pour une conférence de paix ». 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