logo
Les démocrates bloquent la nouvelle carte électorale souhaitée par Trump

Les démocrates bloquent la nouvelle carte électorale souhaitée par Trump

La Presse04-08-2025
Un vote sur les nouvelles cartes électorales proposées était prévu lundi à la Chambre des représentants du Texas, mais il ne peut avoir lieu si les députés démocrates empêchent le quorum en se rendant dans un autre État, ce qui les met hors de portée des forces de l'ordre texanes.
Les démocrates du Texas ont empêché lundi la Chambre des représentants de leur État d'avancer, du moins pour l'instant, avec une nouvelle carte électorale souhaitée par le président Donald Trump afin de consolider les perspectives des républicains aux élections de mi-mandat de 2026.
Bill Barrow et Nadia Lathan
Associated Press
Après le départ de dizaines de démocrates de l'État, la Chambre, dominée par les républicains, n'a pas pu réunir le quorum de législateurs requis pour mener à bien ses travaux. Le gouverneur du Texas, Greg Abbott, a menacé de destituer certains membres de l'opposition.
Les démocrates ont rétorqué que M. Abbott utilisait de la « fumée et des miroirs » pour affirmer une autorité juridique qu'il ne possède pas.
La Chambre a lancé des mandats d'arrêt civils visant à contraindre les membres absents à revenir, mais on ignore encore si ces mandats pourront ou seront appliqués au-delà des frontières du Texas.
Le président de la Chambre, le député Dustin Burrows, a exhorté les démocrates à revenir « accomplir leur devoir ».
« Si vous continuez sur cette voie, il y aura des conséquences », a-t-il soutenu.
La révolte démocrate et la menace de M. Abbott ont intensifié un conflit de plus en plus large autour des cartes électorales, qui a débuté au Texas, mais qui s'est étendu aux gouverneurs démocrates, qui ont évoqué la possibilité de redessiner précipitamment leur propre carte des États en représailles, même si leurs options sont limitées.
PHOTO JACQUELYN MARTIN, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS
Le gouverneur républicain du Texas, Greg Abbott
Ce conflit illustre également la vision agressive de Donald Trump du pouvoir présidentiel et son emprise sur le Parti républicain au niveau national, tout en mettant à l'épreuve l'équilibre des pouvoirs, établi de longue date, entre le gouvernement fédéral et les États.
Au cœur de l'impasse croissante se trouve l'espoir de M. Trump d'ajouter cinq sièges supplémentaires au Congrès, favorables au Parti républicain, au Texas avant les élections de mi-mandat de 2026.
Cela renforcerait les chances de son parti de conserver sa faible majorité à la Chambre des représentants, alors que les républicains n'y sont pas parvenus lors des élections de mi-mandat de 2018, sous la première présidence de M. Trump. Les républicains détiennent actuellement 25 des 38 sièges du Texas.
Un enjeu national
M. Abbott a essentiellement admis, lundi sur Fox News, l'existence d'un jeu de pouvoir partisan, soulignant que la Cour suprême des États-Unis n'avait jugé « rien d'illégal » à façonner les circonscriptions électorales à l'avantage d'un parti majoritaire.
Il a même ouvertement reconnu qu'il s'agissait de « charcutage électoral » (du découpage électoral partisan) avant de se corriger en affirmant que le Texas est en train de « tracer des lignes ».
À plus de 2800 kilomètres d'Austin, la gouverneure de l'État de New York, Kathy Hochul, s'est présentée aux côtés des démocrates du Texas et a fait valoir que leur cause devait être nationale.
PHOTO JULIA DEMAREE NIKHINSON, ASSOCIATED PRESS
La gouverneure démocrate de l'État de New York, Kathy Hochul
« Nous ne tolérerons pas que notre démocratie soit volée lors d'un braquage moderne par une bande de cowboys hors-la-loi », a affirmé Mme Hochul lundi, entourée de plusieurs législateurs ayant quitté le Texas.
Si les républicains sont prêts à réécrire les règles pour se donner un avantage, ils ne nous laissent pas le choix : nous devons faire de même. Il faut combattre le feu par le feu.
Kathy Hochul, gouverneure de l'État de New York
Un vote sur les cartes proposées était prévu lundi à la Chambre des représentants du Texas, mais il ne peut avoir lieu si les députés démocrates empêchent le quorum en se rendant dans un autre État, ce qui les met hors de portée des forces de l'ordre texanes.
Pas de recours légal, selon une démocrate
M. Abbott a insisté avant la session prévue sur le fait que les législateurs se sont « enfuis », en violation de leurs devoirs envers l'État.
« Je pense qu'ils ont perdu leurs sièges à l'Assemblée législative de l'État parce qu'ils ne font pas le travail pour lequel ils ont été élus », a-t-il soutenu lors d'une entrevue sur les ondes de Fox News.
Les démocrates ont déclaré qu'ils n'avaient aucune intention d'accéder aux demandes de retour du gouverneur.
« Il n'a aucun recours légal », a affirmé la représentante du Texas Jolanda Jones, l'une des élues présentes à New York lundi. « Les assignations à comparaître du Texas ne fonctionnent pas à New York, il ne peut donc pas venir nous chercher. Les assignations à comparaître au Texas ne fonctionnent pas à Chicago […]. Il jette de la poudre aux yeux. »
Le refus des législateurs texans de se présenter constitue une violation civile des règles législatives. Quant à sa menace de destituer les législateurs, M. Abbott a cité un avis juridique non contraignant émis par le procureur général républicain Ken Paxton, dans le cadre d'un conflit partisan sur le quorum en 2021. M. Paxton a suggéré qu'un tribunal pourrait déclarer un législateur déchu de ses fonctions.
PHOTO ERIC GAY, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS
Le procureur général du Texas, Ken Paxton
M. Paxton, candidat au Sénat, a écrit sur X que les démocrates qui « tentent de fuir comme des lâches devraient être retrouvés, arrêtés et ramenés au Capitole immédiatement ».
Les blocages législatifs ne font souvent que retarder l'adoption d'un projet de loi, notamment en 2021, lorsque de nombreux démocrates de la Chambre des représentants du Texas ont quitté l'État pendant 38 jours pour protester contre les nouvelles restrictions de vote. À leur retour, les républicains ont tout de même adopté cette mesure.
Les législateurs ne peuvent adopter de projets de loi à la Chambre des représentants du Texas, qui compte 150 membres, sans la présence d'au moins les deux tiers d'entre eux. Les démocrates détiennent 62 des sièges de cette chambre à majorité républicaine, et au moins 51 d'entre eux ont quitté l'État, a déclaré Josh Rush Nisenson, porte-parole du groupe démocrate de la Chambre des représentants.
Orange background

Essayez nos fonctionnalités IA

Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :

Commentaires

Aucun commentaire pour le moment...

Articles connexes

La Ville de Washington s'entend avec l'administration Trump
La Ville de Washington s'entend avec l'administration Trump

La Presse

time9 hours ago

  • La Presse

La Ville de Washington s'entend avec l'administration Trump

Beginning of dialog window. Escape will cancel and close the window. (Washington) La Ville de Washington a passé un accord vendredi avec l'administration Trump sur les responsabilités de chacun pour diriger la police de la capitale américaine, quelques heures après avoir déposé plainte pour ce qu'elle qualifiait de « prise de contrôle hostile » par le président républicain. Emma LACOSTE Agence France-Presse L'accord permet à la cheffe actuelle de la police, Pamela Smith, de maintenir son rôle à la tête des forces de l'ordre de la ville. Il a été conclu dans un tribunal fédéral quelques heures après le dépôt de cette plainte par le procureur de la ville contre l'État fédéral. PHOTO JULIA DEMAREE NIKHINSON, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS La cheffe de la police de Washington, Pamela Smith Plus tôt dans la semaine, Donald Trump avait annoncé placer le maintien de l'ordre dans la capitale sous le contrôle de son administration et y déployer des militaires de la Garde nationale. La municipalité, au statut unique, n'est rattachée à aucun État américain, et dispose d'une autonomie limitée puisque le Congrès a compétence sur ses affaires. Donald Trump avait dit prendre de telles mesures exceptionnelles car il souhaite « nettoyer » la ville qui serait selon lui « envahie par des gangs violents ». Les statistiques officielles montrent pourtant une baisse de la criminalité violente dans la capitale. Selon la maire démocrate de Washington, Muriel Bowser, elle est « à son plus bas niveau depuis 30 ans ». PHOTO JOSE LUIS GONZALEZ, REUTERS Des militaires américains marchent près du Washington Monument, le 14 août 2025. La procureure générale Justice Pam Bondi avait ensuite annoncé nommer jeudi un nouveau « responsable d'urgence » de la police, Terry Cole, chef de l'agence de lutte contre les stupéfiants (DEA). La loi fédérale régissant la capitale « n'autorise pas cette usurpation de l'autorité de la ville sur son propre gouvernement », pouvait-on lire dans la plainte déposée par le procureur de Washington, Brian Schwalb. « Ordre public » Lors d'une audience vendredi, la juge Ana Reyes a exhorté les deux parties à trouver une solution ensemble. Chacune a finalement accepté que Terry Cole, plutôt que de prendre le contrôle direct de la police de la ville, donnerait des directives en passant par les services de la maire Muriel Bowser. Brian Schwalb s'est dit satisfait de cet accord lors d'une conférence de presse après l'audience, et qu'il était clair sur le plan légal que le contrôle de la police devait se faire sous la supervision de la cheffe de la police choisie par la maire. « Nous n'avons pas besoin d'une prise de contrôle hostile de la part de l'État fédéral pour faire ce que nous faisons quotidiennement », a-t-il déclaré. Outre les agents fédéraux de la DEA ou du FBI déployés, Donald Trump a également mobilisé 800 gardes nationaux dans les rues de la capitale. Ces militaires de réserve « resteront sur place jusqu'à ce que l'ordre public soit rétabli dans la ville, comme décidé par le président » Donald Trump, a indiqué jeudi le Pentagone. En voyant les gardes nationaux, Christian Calhoun, 26 ans, s'est dit « furieux ». « Ils ne font qu'attendre debout pendant des heures », fustige celui qui est né dans la capitale américaine et pour qui les vives critiques de Donald Trump sur la sécurité à Washington ne sont pas justifiées. Le républicain avait déjà mobilisé en juin la Garde nationale en Californie, contre l'avis du gouverneur démocrate, affirmant vouloir ainsi rétablir l'ordre à Los Angeles après des manifestations contre sa politique migratoire. Depuis son retour à la Maison-Blanche, le président américain a menacé à plusieurs reprises de replacer Washington sous le contrôle des autorités fédérales, en insistant sur l'importance de l'apparence de la capitale américaine où viennent régulièrement de hauts dignitaires étrangers. Donald Trump a aussi sommé les sans-abris de partir « loin » de Washington, assurant vouloir se « débarrasser des bidonvilles ».

Après plus de deux heures, la réunion entre Trump et Poutine se poursuit
Après plus de deux heures, la réunion entre Trump et Poutine se poursuit

La Presse

time10 hours ago

  • La Presse

Après plus de deux heures, la réunion entre Trump et Poutine se poursuit

Désolé, votre navigateur ne supporte pas les videos Après plus de deux heures, la réunion entre Trump et Poutine se poursuit Donald Trump et Vladimir Poutine poursuivent vendredi leur discussion en Alaska, pour peut-être sceller le sort de l'Ukraine voire dessiner l'avenir diplomatique et sécuritaire de l'Europe toute entière. Aurélia END Agence France-Presse Ce qu'il faut savoir Le président américain Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine se rencontrent vendredi après-midi en Alaska ; M. Trump a indiqué jeudi qu'une rencontre trilatérale avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky serait nécessaire avant tout accord sur la fin de la guerre ; Pour mettre fin à la guerre, la Russie réclame des parties du territoire ukrainien, la fin des livraisons d'armes occidentales dans le pays et que Kyiv renonce à une possible adhésion à l'OTAN. L'impulsif président américain avait prévenu qu'il claquerait la porte très vite en cas d'impasse, une menace qu'il n'a donc pas mise à exécution. Entamée peu après 11 h 30 locale (15 h 30 heure de l'Est), la conversation des deux dirigeants, chacun accompagné de deux hauts responsables, se poursuivait à 14 h 05. Elle doit être suivie d'un déjeuner de travail incluant de nombreux ministres et conseillers, russes et américains, sur la base militaire Emendorf-Richardson, puis d'une rare conférence de presse commune. Ce sommet aux enjeux considérables s'est ouvert sur un accueil chaleureux et soigneusement chorégraphié pour Vladimir Poutine, qui signe un spectaculaire retour sur la scène internationale, après plus de trois ans de conflit déclenché par l'invasion russe de l'Ukraine. Donald Trump a même brièvement applaudi pendant que son homologue russe s'avançait vers lui sur le tarmac. Ont suivi des poignées de mains, des sourires et des amabilités, dans une mise en scène exposant toute la puissance militaire américaine, avec des avions de combat de pointe rangés auprès du tapis rouge et survolant les deux hommes. Désolé, votre navigateur ne supporte pas les videos Chose rare, Vladimir Poutine est ensuite monté dans la voiture blindée de Donald Trump. Ils ont eu là un court tête-à-tête, avec seulement les interprètes. Il était initialement prévu que leur première réunion de travail reste sur ce modèle, mais le format a été élargi pour inclure côté américain le secrétaire d'État Marco Rubio ainsi que Steve Witkoff, émissaire spécial auprès de la Russie, et côté russe, le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov accompagné de Iouri Ouchakov, conseiller diplomatique. De quoi changer la dynamique psychologique de cette rencontre, dont l'Ukraine et les Européens redoutent par-dessus tout qu'elle ne permette à Vladimir Poutine de manipuler son homologue américain. « Tuer » PHOTO RALF HIRSCHBERGER, AGENCE FRANCE-PRESSE Le président ukrainien Volodymyr Zelensky Premier concerné mais grand absent de ce rendez-vous, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré « compter » sur Donald Trump pour mettre un terme au conflit. Les soldats russes « continuent à tuer le jour des négociations », a-t-il déploré, tandis que l'armée ukrainienne a annoncé vendredi avoir repris six villages dont des unités russes s'étaient emparés ces derniers jours, lors d'une avancée particulièrement rapide. Si sa première rencontre en personne depuis 2019 avec le maître du Kremlin se passe bien, Donald Trump, qui se rêve en lauréat du prix Nobel de la paix, a assuré que « cette rencontre (ouvrirait) la voie à une autre », à trois, avec Volodymyr Zelensky. « Œuvrer pour la paix » Le choix de l'Alaska est truffé de symboles. Ce vaste territoire a été cédé par la Russie aux États-Unis au XIXe siècle. Il a ensuite été un avant-poste de la Guerre froide, quand l'Amérique et l'Union soviétique se toisaient de part et d'autre du détroit de Béring. Le président ukrainien et les dirigeants européens devront attendre que l'imprévisible président américain, comme il s'est engagé, les informe de la teneur de son entrevue. Vladimir Poutine « a aujourd'hui l'occasion d'accepter un cessez-le-feu » en Ukraine, a souligné le chancelier allemand Friedrich Merz. La première réunion sera suivie par un repas de travail, avec davantage de ministres et conseillers. Les présidents russe et américain donneront ensuite une conférence de presse pour des journalistes du monde entier, devant un fond bleu portant l'inscription « Pursuing Peace » (« Œuvrer pour la paix »). PHOTO DREW ANGERER, AGENCE FRANCE-PRESSE Des employés installent la scène avant le sommet américano-russe sur l'Ukraine avec le président américain Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine à la base conjointe Elmendorf-Richardson à Anchorage, en Alaska, le 15 août 2025. « Donnant-donnant » Cette paix semble bien lointaine, tant les positions des deux belligérants paraissent irréconciliables. La Russie réclame que l'Ukraine lui cède quatre régions partiellement occupées (Donetsk, Louhansk, Zaporijjia et Kherson), en plus de la Crimée annexée en 2014, et qu'elle renonce aux livraisons d'armes occidentales et à toute adhésion à l'OTAN. ILLUSTRATION GUILLERMO RIVAS PACHECO, AGENCE FRANCE-PRESSE Une carte de l'Ukraine indiquant les territoires revendiqués par la Russie dans le pays (Donetsk, Louhansk, Zaporijjia et Kherson) et en Crimée (annexée en 2014), ainsi que l'avancée des troupes russes, selon les données de l'Institute for the Study of War and AEI's Critical Threats Project au 12 août 2025 C'est inacceptable pour Kyiv, qui veut un cessez-le-feu inconditionnel et immédiat, ainsi que des garanties de sécurité futures. Donald Trump, qui depuis l'invasion russe de l'Ukraine renvoie dos à dos les deux belligérants, parle de « donnant-donnant » en matière territoriale. Si le président russe et le président américain ont une obsession commune, celle de ne jamais apparaître en position de faiblesse, leurs approches des rapports de force internationaux sont bien différentes. Pour Donald Trump, ancien promoteur immobilier devenu célèbre grâce à une émission de téléréalité, tout est affaire de négociation rapide, de marchandage rondement mené, pour arriver à un « deal » forcément avantageux pour lui. Là où Vladimir Poutine, ancien du KGB formé à la guerre psychologique, raisonne à long terme, évoquant le destin historique d'une « grande Russie » qu'il voudrait reconstituer.

Trump et Poutine en Alaska pour discuter du sort de l'Ukraine
Trump et Poutine en Alaska pour discuter du sort de l'Ukraine

La Presse

time15 hours ago

  • La Presse

Trump et Poutine en Alaska pour discuter du sort de l'Ukraine

Désolé, votre navigateur ne supporte pas les videos Trump et Poutine en Alaska pour discuter du sort de l'Ukraine (Anchorage) Donald Trump et Vladimir Poutine volent chacun vendredi en direction de l'Alaska pour s'y retrouver dans un tête-à-tête historique, qui testera la promesse du président américain de mettre un terme à la guerre en Ukraine. Aurélia END Agence France-Presse Ce qu'il faut savoir Le président américain Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine se rencontrent vendredi à 15 h 30 en Alaska ; M. Trump a indiqué jeudi qu'une rencontre trilatérale avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky serait nécessaire avant tout accord sur la fin de la guerre ; Pour mettre fin à la guerre, la Russie réclame des parties du territoire ukrainien, la fin des livraisons d'armes occidentales dans le pays et que Kyiv renonce à une possible adhésion à l'OTAN. Ce sommet à Anchorage, aux confins des États-Unis, offre au dirigeant russe un retour fracassant sur la scène diplomatique, loin du statut de « paria » que lui avait imposé le président Joe Biden, puisqu'il sera accueilli par Donald Trump en personne à sa descente d'avion. Premier concerné, mais grand absent de ce rendez-vous sur une base militaire emblématique de la Guerre froide, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a de son côté déclaré « compter » sur M. Trump pour mettre un terme au conflit dans son pays meurtri. Les soldats russes « continuent à tuer le jour des négociations », a-t-il déploré. À bord d'Air Force One, le président américain a mis en avant le « respect » mutuel existant entre lui et Vladimir Poutine, en assurant : « Nous nous entendons bien ». Le septuagénaire s'est vanté de savoir en « cinq minutes » maximum si sa première rencontre en personne depuis 2019 avec le maître du Kremlin serait un fiasco. Si tout se passe bien, le président américain, qui se rêve en lauréat du prix Nobel de la paix, assure que « cette rencontre va ouvrir la voie à une autre », à trois, incluant cette fois M. Zelensky. Ce sommet tripartite pourrait selon lui se tenir très rapidement. PHOTO RALF HIRSCHBERGER, AGENCE FRANCE-PRESSE Le président ukrainien Volodymyr Zelensky Mais à son arrivée à Anchorage, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, semblait plus réservé quant à l'issue de la rencontre au sommet. « Nous ne faisons aucune prédiction », a déclaré à une télévision russe M. Lavrov, qui portait un sweat-shirt arborant l'inscription « URSS » en russe. « Notre position est claire et sans ambiguïté. Nous la présenterons ». Attente Le sommet se tiendra sur la base stratégique d'Elmendorf-Richardson, dans ce vaste territoire de l'Alaska cédé par la Russie aux États-Unis au XIXe siècle. Le président ukrainien et les dirigeants européens en seront réduits à attendre que l'imprévisible président américain, comme il s'est engagé, les informe de la teneur de son tête-à-tête avec Vladimir Poutine. Vladimir Poutine « a aujourd'hui l'occasion d'accepter un cessez-le-feu » en Ukraine, a souligné à quelques heures de la rencontre le chancelier allemand Friedrich Merz. La réunion doit débuter vendredi vers 15 h 30 (heure de l'Est). Le tête-à-tête des deux hommes sera suivi par un repas de travail, avec leurs conseillers. Les présidents russe et américain donneront ensuite une conférence de presse, la première depuis une apparition commune devant les caméras en 2018 à Helsinki. Le tout pourrait durer « au moins 6 à 7 heures », selon le Kremlin. Désolé, votre navigateur ne supporte pas les videos Sur place, deux pupitres ont été installés, encadrés des drapeaux russe et américain, avec en arrière-plan l'inscription « Pursuing Peace » (« Œuvrer pour la paix »). Pour Kyiv et l'Europe, le pire scénario serait que Donald Trump, fasciné par l'exercice autoritaire du pouvoir de Vladimir Poutine, se laisse convaincre de redessiner la carte de l'Ukraine selon la volonté de Moscou. « Pas le malin » Le président américain ira-t-il toutefois jusqu'à agiter la menace de sanctions paralysantes contre la Russie pour arracher un cessez-le-feu et forcer Vladimir Poutine à revoir ses exigences, jugées inacceptables par Kyiv ? Les secrétaires américains au Commerce et au Trésor, Howard Lutnick et Scott Bessent, font en tout cas partie de sa délégation. La Russie réclame que l'Ukraine lui cède quatre régions partiellement occupées (Donetsk, Louhansk, Zaporijjia et Kherson), en plus de la Crimée annexée en 2014, et qu'elle renonce aux livraisons d'armes occidentales et à toute adhésion à l'OTAN. ILLUSTRATION GUILLERMO RIVAS PACHECO, AGENCE FRANCE-PRESSE Une carte de l'Ukraine indiquant les territoires revendiqués par la Russie dans le pays (Donetsk, Louhansk, Zaporijjia et Kherson) et en Crimée (annexée en 2014), ainsi que l'avancée des troupes russes, selon les données de l'Institute for the Study of War and AEI's Critical Threats Project au 12 août 2025 Donald Trump, qui depuis l'invasion russe de février 2022 renvoie dos à dos les deux belligérants, sans jamais désigner la Russie comme l'agresseur, parle désormais de « donnant-donnant » en matière de concessions territoriales, d'« échange » ou de « partage ». Mais que peut « donner » ou « échanger » Vladimir Poutine, à l'heure où l'armée russe accélère sa progression en Ukraine, forçant les autorités ukrainiennes à évacuer des villages entiers dans la région de Donetsk ? PHOTO ALEXANDER PROTASOV, ASSOCIATED PRESS Un bâtiment touché par une attaque de drone ukrainien, à Koursk Vendredi, Volodymyr Zelensky a annoncé l'envoi de renforts dans l'est de l'Ukraine pour stopper les avancées russes, assurant que Moscou subissait de « lourdes pertes en tentant d'obtenir de meilleures positions politiques pour les dirigeants russes lors de la réunion en Alaska ». « En colère » Si le président russe et le président américain ont une obsession commune, celle de ne jamais apparaître en position de faiblesse, leurs approches des rapports de force internationaux sont bien différentes. Pour Donald Trump, ancien promoteur immobilier devenu célèbre grâce à une émission de téléréalité, tout est affaire de négociation rapide, de marchandage rondement mené, pour arriver à un « deal » forcément avantageux pour lui. Là où Vladimir Poutine, ancien du KGB formé à la guerre psychologique, raisonne à long terme, évoquant le destin historique d'une « grande Russie » qu'il voudrait reconstituer. Cette divergence de tempérament a produit une relation très particulière entre les deux hommes, faite de poussées de tension et de rapprochements spectaculaires. « Je ne vais pas être content s'il n'y a pas de cessez-le-feu aujourd'hui », a confié M. Trump dans l'avion. Il s'est même dit prêt à quitter abruptement la table des discussions vendredi pour marquer sa frustration.

TÉLÉCHARGER L'APPLICATION

Commencez dès maintenant : Téléchargez l'application

Prêt à plonger dans un monde de contenu mondial aux saveurs locales? Téléchargez l'application Daily8 dès aujourd'hui sur votre app store préféré et commencez à explorer.
app-storeplay-store