Vingegaard et Visma audacieux, Evenepoel piégé, Philipsen injouable : première étape et premières décharges sur le Tour de France
Elle a toujours le même goût, cette première gorgée de Tour de France, avec cette sensation de quitter nos ports d'attache pour un long voyage, le teint encore frais, les cheveux qui volettent dans l'embrasure de la fenêtre de la voiture, les malles encore pleines de linge propre et nos rêves intacts, pour retrouver des couleurs et des parfums familiers qu'on avait un peu oubliés mais qu'on allait reconnaître aussitôt.
Pour une première journée, celle de samedi fut un classique du genre, dont on pouvait deviner la promesse de chaos dès les faubourgs de Lille derrière nous, quand on découvrit les drapeaux fouettés, les t-shirts ondulés par le vent. Avec une boucle dessinée autour de la métropole nordiste, les rafales souffleraient forcément, à un moment, dans un sens favorable à la bagarre, à la sortie d'un village en fête sans l'abri des maisons basses de briques rouges, dans la plaine de l'ancien bassin minier boutonnée d'immenses terrils coniques, dans le souvenir que si le Nord et le Pas-de-Calais sont des terres accueillantes autour des pompes à bière, elles restent inhospitalières une fois sur un vélo.
Les Visma ont mis le feu mais n'ont pas ébranlé Pogacar
La première échappée du Tour de France, initiée par Mattéo Vercher, fila sans véritable bataille, le coureur de TotalEnergies s'offrit même un peu de rabiot en tête avec Benjamin Thomas, jusqu'à ce que le rouleur de Cofidis glisse sur le pavé de Cassel et fauche son compagnon, mais ce calme était trompeur. Il y aurait de la casse, de la nervosité dans cette première étape où les pistolets sont toujours chargés et où les premières décharges n'allaient pas tarder à frapper. Les premières allumettes furent grattées à 106 km du but, avec les Alpecin, les Lidl-Trek et les UAE aux affaires, on vit d'autres étincelles après la descente du mont Cassel, cette fois avec les Soudal Quick-Step aux manettes, mais le feu prit bien plus loin, à 18 km de Lille, quand Jonas Vingegaard et ses Visma enclenchèrent, alors que les bourrasques venaient mordre de côté.
On avait déjà vu le Danois se mettre en action pour aller récupérer un point au classement de la montagne en haut du mont Noir, une manoeuvre qui demeure brumeuse, qu'on espère causée par une simple impulsion naturelle, un mouvement anecdotique qui ne trahit pas un manque d'ambition. Tout le contraire de ce qu'on vit d'ailleurs dans le final, où le double vainqueur du Tour mit lui-même des bûches pour que l'incendie se propage et que l'aventure aille au bout. La formation néerlandaise a dû composer avec la mauvaise journée de Simon Yates et l'absence de Wout Van Aert dans la première bordure, signe que le Belge n'avait pas ses meilleures jambes, mais elle a dévoilé ses intentions dans ce début de Tour.
Les Frelons n'ont pas ébranlé Tadej Pogacar, bien protégé par Tim Wellens, mais ils ne vont pas attendre pour essayer de bousculer le champion du monde, ce qui est la meilleure nouvelle pour la suite. Sous leur impulsion, un groupe d'une quarantaine de coureurs, où l'on trouvait notamment un Kévin Vauquelin bien aux aguets, se détacha ainsi du paquet et derrière, les deux favoris de l'étape, Tim Merlier et Jonathan Milan, furent piégés, avec un paquet d'outsiders pour le général, Remco Evenepoel, les deux lames de Red Bull-Bora-Hansgrohe, Primoz Roglic et Florian Lipowitz, Carlos Rodriguez ou encore Mattias Skjelmose, qui déboursèrent 39 secondes sur la ligne.
Pilule amère pour Evenepoel et Merlier
Il y avait deux manières de lire cette perte, s'alarmer que la situation était déjà assez désespérée avant le départ pour ne pas s'ajouter un handicap dès la première étape de plaine, ou se dire que de toute manière seuls les deux monstres étaient à l'avant, avec Matteo Jorgenson éventuellement, et que donc cela ne changeait pas grand-chose. La pilule est tout de même un peu plus amère pour l'équipe d'Evenepoel, inattentive au moment de la bordure, qui a grillé la chance de Tim Merlier d'enfiler le maillot jaune et qui s'est surtout fait piéger sur son terrain de jeu favori, une preuve supplémentaire que la formation belge est en train de perdre son identité sans que l'on sache quelle sera la nouvelle, sinon soutenir le double champion olympique, qui ne restera peut-être pas éternellement.
En attendant, les rois des flahutes, ce sont désormais les Alpecin, qui se sont retrouvés à cinq dans le bon coup et n'ont pas hésité à relayer les Visma. Dans cette configuration, Jasper Philipsen était injouable, mis sur orbite par Mathieu Van der Poel et Kaden Groves, et le Belge a facilement dominé Biniam Girmay et Soren Wærenskjold pour remporter sa 10e victoire dans le Tour de France. Il y avait un voile de mystère autour de la forme de Philipsen, après tout il n'avait levé les bras qu'à deux reprises cette saison, mais il faut croire qu'il appartient à cette espèce de tueurs qui se réveillent au matin des grandes occasions, quand il y a un maillot jaune en jeu par exemple.
Pour le reste, au fil de cette journée frénétique, le Tour a déjà prélevé son dû et rappelé sa nature cruelle, en envoyant à la maison Filippo Ganna et Stefan Bissegger, au sol Ben O'Connor et en accablant Lenny Martinez. Le lutin français est paru faible, probablement malade, largué à plusieurs reprises, dans toutes les côtes, sans que l'encadrement de Bahrain ne juge bon de l'aider, de lui adjoindre un équipier pour alléger ses souffrances. Le Tour est parti et les palpitations ne risquent pas de descendre ce dimanche, dans le final accidenté vers Boulogne-sur-Mer, où on verrait bien Mathieu Van der Poel montrer les dents.
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