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L'émissaire de Trump reçu par Poutine avant l'expiration de l'ultimatum américain

L'émissaire de Trump reçu par Poutine avant l'expiration de l'ultimatum américain

La Presse2 days ago
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(Moscou) Le Kremlin a qualifié d'« utiles et constructives » les discussions mercredi à Moscou entre l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, et Vladimir Poutine, à deux jours de l'expiration de l'ultimatum américain visant à mettre fin au conflit en Ukraine.
Agence France-Presse
Ce qu'il faut savoir L'émissaire américain Steve Witkoff a rencontré le président russe Vladimir Poutine au Kremlin, mercredi ;
La rencontre a duré près de trois heures et la conversation a été « utile et constructive », selon un conseiller diplomatique russe ;
Donald Trump a donné jusqu'à vendredi à la Russie pour qu'elle mette fin à son offensive en Ukraine, sous peine de nouvelles sanctions ;
Les relations entre la Russie et les États-Unis connaissent un pic de tensions avec le déploiement par Donald Trump de deux sous-marins nucléaires ;
Des frappes de drones russes ont fait cinq blessés mercredi à l'aube dans les régions ukrainiennes de Zaporijjia et de Kherson, et Moscou a intercepté 51 drones ukrainiens.
La rencontre s'est achevée dans l'après-midi à l'issue de « près de trois heures » de discussions, a écrit l'agence de presse officielle russe Tass, sans donner plus de détails.
« Une conversation très utile et constructive a eu lieu » au Kremlin sur le conflit en Ukraine et les relations russo-américaines, a de son côté déclaré à la presse le conseiller diplomatique du chef de l'État russe, Iouri Ouchakov, assurant que la Russie avait « envoyé certains signaux » sur le dossier ukrainien.
Donald Trump a assuré sur son réseau Truth Social que la rencontre avait été « très productive » et que de « grands progrès » avaient été faits.
PHOTO TIRÉE DU COMPTE TRUTH SOCIAL DE DONALD TRUMP
Un haut responsable américain a toutefois précisé que les États-Unis prévoyaient toujours de mettre en place vendredi des sanctions secondaires, c'est-à-dire visant les pays qui se fournissent auprès de la Russie, en particulier en pétrole et en armement.
Vladimir Poutine et l'envoyé américain, accueilli à son arrivée dans la matinée à Moscou par le représentant spécial du président Kirill Dmitriev, s'étaient chaleureusement serré la main, l'air souriant, au début de leur réunion dans une somptueuse salle, selon les images diffusées par le service de presse de la présidence russe.
M. Witkoff, qui est l'homme de confiance de Donald Trump pour les « missions de paix », a déjà rencontré M. Poutine à plusieurs reprises, mais aucun de ces entretiens n'a amené ce dernier à changer de cap.
Volodymyr Zelensky a dit s'être entretenu avec M. Trump mercredi. « J'ai eu une conversation avec le président Trump. Cette conversation a eu lieu après la visite à Moscou du représentant du président Trump, Steve Witkoff », a déclaré M. Zelensky sur Telegram, précisant que « des dirigeants européens ont assisté » à cet échange, sans préciser lesquels.
Appel de Zelensky
Les relations entre la Russie et les États-Unis connaissent depuis la semaine dernière un soudain pic de tensions avec le déploiement par Donald Trump de deux sous-marins nucléaires, à la suite d'une dispute en ligne avec l'ancien chef de l'État russe Dmitri Medvedev.
Le président américain n'avait toutefois pas précisé où exactement les sous-marins seraient envoyés, ni s'il s'agissait de submersibles à propulsion nucléaire ou porteurs d'ogives atomiques.
Donald Trump a donné la semaine dernière jusqu'à vendredi à la Russie pour qu'elle mette fin à son offensive en Ukraine, sous peine de nouvelles sanctions.
Il a notamment menacé d'infliger des « droits de douane secondaires » aux pays qui continuent de faire du commerce avec Moscou, comme la Chine et l'Inde.
PHOTO ALEX BRANDON, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS
Donald Trump a donné la semaine dernière jusqu'à vendredi à la Russie pour qu'elle mette fin à son offensive en Ukraine, sous peine de nouvelles sanctions.
Interrogé mardi à la Maison-Blanche pour savoir s'il allait imposer des surtaxes de 100 %, M. Trump a rétorqué n'avoir « jamais parlé de pourcentage », avant d'ajouter : « mais nous allons faire beaucoup de choses dans ce sens ».
« Nous avons une réunion avec la Russie demain. Nous verrons ce qui se passera. Nous prendrons cette décision à ce moment-là », a-t-il martelé.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a, pour sa part, exhorté mercredi à « renforcer tous les leviers dont disposent les États-Unis, l'Europe et le G7 » contre la Russie, peu après l'arrivée de M. Witkoff dans la capitale russe.
Il avait déjà annoncé mardi avoir évoqué les sanctions contre la Russie et la coopération militaire au téléphone avec Donald Trump, mentionnant un « projet d'accord sur les drones ».
Le président américain exprime dorénavant de plus en plus ouvertement sa frustration à l'égard de Vladimir Poutine.
Aux journalistes qui lui demandaient lundi quel serait le message de M. Witkoff à la Russie et s'il y avait un moyen pour celle-ci d'éviter les sanctions, il a répondu : « Oui, conclure un accord pour que les gens cessent d'être tués ».
Le Kremlin a quant à lui dénoncé des menaces « illégitimes ».
Achat d'armes pour l'Ukraine
Malgré la pression exercée par Washington, l'offensive russe contre son voisin se poursuit.
En Ukraine, des frappes de drones russes ont fait trois blessés mercredi à l'aube dans la région de Zaporijjia et deux dans celle de Kherson, selon les autorités militaires régionales.
PHOTO PIGISTE, REUTERS
Le site d'une frappe militaire russe dans la région de Zaporijjia, en Ukraine, le 6 août 2025.
De l'autre côté de la ligne de front, le ministère russe de la Défense a annoncé l'interception de 51 drones ukrainiens dans la nuit de mardi à mercredi.
Pour renforcer les défenses de l'Ukraine, la Suède, le Danemark et la Norvège ont annoncé mardi leur intention d'acheter des armes provenant de réserves américaines.
Stockholm, Copenhague et Oslo vont faire don d'une aide militaire d'une valeur totale de 500 millions de dollars, comprenant des systèmes de défense antiaérienne, des armes antichars, des munitions et des pièces détachées.
Le président américain avait annoncé le mois dernier un projet en collaboration avec le chef de l'OTAN Mark Rutte pour que les Alliés européens et le Canada achètent des armes américaines, notamment des systèmes avancés Patriot, afin de les envoyer en Ukraine.
Lundi soir, les Pays-Bas ont annoncé faire un don de 500 millions d'euros (797 millions de dollars canadiens) dans le cadre de cette initiative, baptisée « PURL » (« liste des besoins priorisés de l'Ukraine »).
Vladimir Poutine, qui a toujours rejeté les appels à un cessez-le-feu provisoire, a affirmé vendredi qu'il souhaitait la paix, mais que ses exigences pour mettre fin au conflit restaient inchangées.
La Russie réclame à l'Ukraine qu'elle lui cède quatre régions partiellement occupées (Donetsk, Louhansk, Zaporijjia, Kherson), en plus de la Crimée annexée en 2014, et qu'elle renonce aux livraisons d'armes occidentales et à toute adhésion à l'Alliance atlantique. Des conditions jugées inacceptables par Kyiv.
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La police de l'immigration veut recruter 10 000 « patriotes »
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timean hour ago

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La police de l'immigration veut recruter 10 000 « patriotes »

Pour ajouter 10 000 policiers de terrain, enquêteurs et juristes aux 20 000 agents existants, elle a reçu du Congrès une enveloppe de 75 milliards de dollars, ce qui fait d'ICE la force de police fédérale la mieux dotée, devant le FBI. (Los Angeles) « L'Amérique a besoin de vous » : détournant le fameux dessin représentant l'Oncle Sam, le doigt tendu pour mobiliser durant la Première Guerre mondiale, la police de l'immigration de Donald Trump veut recruter 10 000 « patriotes » pour « se débarrasser » de millions de clandestins. Andrew MARSZAL, avec Nicolas REVISE à Washington Agence France-Presse La campagne agressive, lancée la semaine dernière sur les réseaux sociaux par ces forces de l'ordre connues sous leur acronyme ICE (Immigration and Customs Enforcement), use d'une rhétorique et d'une iconographie aux accents guerriers. Une offensive qui ravit les partisans d'une main de fer contre l'immigration autant qu'elle horrifie les défenseurs des droits de la personne. « L'Amérique est envahie de criminels et de prédateurs. Nous avons besoin de VOUS pour nous en débarrasser », exhorte sur son site internet la police de l'immigration, qui dépend du ministère à la Sécurité intérieure (DHS) dirigé par Kristi Noem, fidèle du président Trump. Des photos du milliardaire conservateur coiffé de son inséparable casquette et de jeunes femmes harnachées comme des paramilitaires sont barrées du slogan « Défendez la patrie. Rejoignez ICE aujourd'hui. » « Pour notre culture » « Pour notre pays, pour notre culture, pour notre mode de vie. Répondrez-vous à l'appel ? », enjoint encore le ministère sur son compte X. Pour ajouter 10 000 policiers de terrain, enquêteurs et juristes aux 20 000 agents existants, elle a reçu du Congrès une enveloppe de 75 milliards de dollars, ce qui fait d'ICE la force de police fédérale la mieux dotée, devant le FBI. De quoi promettre à ses recrues 50 000 dollars de prime de recrutement et autres avantages. Mercredi sur la télévision Fox News, Kriti Noem a annoncé l'extension des âges minimum et maximum pour postuler : dès 18 ans et au-delà de 40 ans. Depuis son retour au pouvoir le 20 janvier, Donald Trump met en œuvre de manière spectaculaire sa priorité absolue de campagne : la lutte contre l'immigration clandestine. À coups de descentes sur des stationnements de magasins de bricolage, dans des cuisines de restaurants ou sur des exploitations agricoles, des policiers en civil, armés et masqués, mènent une véritable chasse aux clandestins afin de les expulser des États-Unis. Ces personnes sans papiers, la plupart venues d'Amérique latine, sont estimées à quelque 11 millions, sur 41 millions d'immigrés au total aux États-Unis, selon l'association classée à gauche ACLU. « Cheval de Troie » En Californie, la justice fédérale a interdit fin juillet ces opérations coup de poing, que des associations de défense des droits de la personne et des avocats assimilent à des contrôles au faciès violents et illégaux. Mais cela n'a pas dissuadé ICE de mener mercredi à Los Angeles une opération spectaculaire pour arrêter quelques travailleurs sans-papiers sous les caméras de Fox News. Depuis l'arrivée de Donald Trump au pouvoir en janvier, le nombre d'entrées illégales via la frontière avec Mexique a drastiquement chuté. Dans le même temps, le nombre d'immigrés détenus des centres de rétention a atteint un niveau record en juin – 60 254 personnes contre 40 500 en janvier –, selon une analyse de l'AFP à partir de chiffres officiels. Des responsables du ministère ont assuré cette semaine dans la presse avoir déjà reçu 80 000 candidatures pour ICE, huit fois plus que le nombre de postes à pourvoir. La police de l'immigration a également une nouvelle recrue depuis mercredi : Superman. L'acteur Dean Cain, qui incarna le super héros dans une série télé des années 1990, Lois & Clark : The New Adventures of Superman, a annoncé avoir rejoint ICE, au nom de son engagement pour la politique du président Trump. « Tant de patriotes l'ont fait et je suis fier d'en faire partie », a déclaré le comédien dans une vidéo.

L'Arménie et l'Azerbaïdjan vont signer un accord de paix « historique », selon Trump
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La Presse

time2 hours ago

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L'Arménie et l'Azerbaïdjan vont signer un accord de paix « historique », selon Trump

Le Karabakh est reconnu internationalement comme faisant partie de l'Azerbaïdjan, mais a été contrôlé pendant trois décennies par des séparatistes arméniens après une guerre qu'ils avaient remportée à la dislocation de l'URSS. (Washington) Les dirigeants d'Arménie et d'Azerbaïdjan vont signer vendredi à Washington un accord de paix « historique », sous l'égide des États-Unis, pour mettre fin au conflit territorial qui oppose ces deux anciennes républiques soviétiques depuis des décennies, a affirmé le président américain Donald Trump. Aurélia END Agence France-Presse « Beaucoup de dirigeants ont tenté de mettre fin à la guerre, sans succès, jusqu'à maintenant, grâce à 'TRUMP' », a claironné M. Trump jeudi soir sur son réseau Truth Social. Il a précisé qu'une « cérémonie de signature de la paix » sera organisée lors de ce « sommet historique » avec la participation du président azerbaïdjanais Ilham Aliev et du premier ministre arménien Nikol Pachinian. Le président américain accueillera dans un premier temps les deux dirigeants de manière séparée, et signera avec chacun un accord bilatéral entre les États-Unis et leur pays, avant la signature à 16 h 15 (heure de l'Est) de l'accord tripartite. Selon la chaîne CBS, le texte octroie aux États-Unis des droits d'aménagement d'un corridor de 43 kilomètres en territoire arménien, qui sera appelé « Voie Trump pour la paix et la prospérité internationales » ou TRIPP. La Maison-Blanche n'a pas répondu aux questions de l'AFP sur ces informations. Erevan a confirmé que le premier ministre arménien aurait un entretien avec le président américain « afin de renforcer le partenariat stratégique entre l'Arménie et les États-Unis ». Le gouvernement arménien a ajouté qu'une « réunion tripartite […] avec Donald Trump et le président azerbaïdjanais [aurait] également lieu afin de contribuer à la paix, l'épanouissement et la coopération économique dans la région ». La dernière rencontre entre Nikol Pachinian et Ilham Aliev, le 10 juillet à Abou Dabi, n'avait abouti à aucun progrès tangible. Traumatisme Le Karabakh est reconnu internationalement comme faisant partie de l'Azerbaïdjan, mais a été contrôlé pendant trois décennies par des séparatistes arméniens après une guerre qu'ils avaient remportée à la dislocation de l'URSS, et qui avait provoqué l'exode de la quasi-totalité des Azéris y habitant. Bakou a repris partiellement cette enclave lors d'une nouvelle guerre à l'automne 2020, puis entièrement lors d'une offensive éclair en septembre 2023, provoquant à son tour la fuite de plus de 100 000 Arméniens du Karabakh. Soucieux de dépasser le conflit, Bakou et Erevan se sont mis d'accord en mars sur le texte d'un traité de paix, salué par certains comme un possible tournant dans leurs relations. Mais Bakou, victorieux, exige que l'Arménie modifie d'abord sa Constitution pour renoncer officiellement à toute revendication territoriale sur le Karabakh, une mesure qui romprait ses liens avec cette région considérée par des Arméniens comme leur patrie ancestrale. Le premier ministre Nikol Pachinian s'est déclaré prêt à s'y conformer dans l'intérêt d'une paix durable, annonçant son intention d'organiser un référendum constitutionnel en 2027. Mais le traumatisme de la perte du Karabakh, appelé Artsakh en arménien, continue de diviser son pays. « Il est plus que temps que Donald Trump reçoive le prix Nobel de la paix », avait lancé sa porte-parole, Karoline Leavitt, le 31 juillet pendant son point de presse de routine, suscitant des réactions mi-incrédules mi-ironiques des opposants au dirigeant républicain. Elle a estimé que, depuis son retour au pouvoir le 20 janvier, le président américain avait présidé à la conclusion « d'un cessez-le-feu ou accord de paix par mois », donnant pour exemples ses médiations entre l'Inde et le Pakistan, le Cambodge et la Thaïlande, l'Égypte et l'Éthiopie, le Rwanda et la République démocratique du Congo, la Serbie et le Kosovo… La liste des candidats n'est pas rendue publique par le comité norvégien qui décerne la distinction, mais Israël, le Cambodge et le Pakistan ont récemment annoncé avoir sélectionné Donald Trump.

Plastique à usage unique
Plastique à usage unique

La Presse

time3 hours ago

  • La Presse

Plastique à usage unique

Le Canada a banni les articles en plastique à usage unique, comme les pailles, dans l'espoir de ne plus émettre de déchets plastiques à partir de 2030. En 1951, c'était, croyait-on, une grande innovation. Joseph B. Friedman brevetait sa paille flexible en plastique. Il est vrai que l'humanité tout entière avait au préalable survécu à la déshydratation. Reste que même s'il était possible auparavant de boire, le petit tube cylindrique rendait l'expérience plus agréable, croyait M. Friedman. Ou du moins, plus profitable pour lui. Le problème, c'est que des millions d'exemplaires de cette invention souillent depuis les plages et les autres milieux naturels. Bien sûr, la paille n'est qu'une des nombreuses sources de la pollution causée par le plastique. Le Canada en génère chaque année plus de 3 millions de tonnes en déchets, et plus de 43 000 tonnes se retrouvent dans l'environnement. Et ensuite, en petites doses, dans nos corps. Des traces non négligeables de microplastiques ont été trouvées dans le sang, le lait maternel, les testicules, le foie, les reins, les poumons et le cerveau, rapportait La Presse l'année dernière⁠1. On pourrait croire que personne ne souhaite accueillir ces déchets dans ses entrailles. Mais la politique a toujours le don de surprendre. En 2019, Donald Trump érigeait la paille en symbole de la liberté. Il en vendait des exemplaires à son effigie pour financer sa campagne. Le message : je ne m'immiscerai pas dans vos choix de consommation. Avec moi, vous serez libres de polluer, et les sociétés pétrochimiques resteront tout aussi libres de s'enrichir en dompant leurs déchets dans la nature. Comme souvent, ce vent américain a soufflé vers le nord. En 2024, le député conservateur Corey Tochor a déposé un projet de loi pour rétablir la grandeur du plastique. Petit retour en arrière. Le gouvernement Trudeau avait modifié la loi de la protection de l'environnement pour ajouter le plastique aux substances toxiques. Il a ensuite annoncé plusieurs mesures dans l'espoir de ne plus émettre de déchets plastiques à partir de 2030. Des contenants en plastique à usage unique ont été interdits, comme les sacs d'épicerie, les ustensiles, les anneaux pour emballage de boissons et les bâtonnets à mélanger. Et puis, la tempête se leva. Elle aide à comprendre pourquoi le Canada peine à protéger ses écosystèmes, et pourquoi la communauté internationale semble incapable de conclure un accord contraignant durant le sommet qui se déroule actuellement à Genève. Dans les deux cas, les mêmes ingrédients sont réunis : de puissants lobbys industriels, des obstacles juridiques et des politiciens qui sèment le doute et la colère. À la Chambre des communes, M. Tochor a prétendu que cette interdiction de la paille en plastique n'avait rien à voir avec l'environnement. Le véritable enjeu, soutenait-il, était la volonté du gouvernement de « contrôler nos vies ». En effet, il s'agit d'une intrusion de l'État dans les stratégies d'hydratation. Mais ce n'est pas pour le plaisir de vous emmerder ni pour échafauder un plan pernicieux de 97 étapes pour implanter un État totalitaire. La logique est plus simple : si on n'empêche pas les gens de polluer, ils vont, eh bien, polluer, ce qui nuit à la santé collective. Peut-être est-ce un ressac de la pandémie, où les citoyens ont trop subi les ordres de l'État. Peut-être est-ce un mélange de lassitude et de résignation face au dérèglement du climat et du monde vivant. Et au moins un peu, un sursaut d'égoïsme, ou du moins un refus de faire notre part quand notre voisin américain ne fait pas la sienne. Peu importe, le résultat est le même : pour le plastique comme pour les autres enjeux environnementaux, le débat se perd et s'enfonce dans les symboles. Il y a un an, la députée conservatrice Lianne Rood identifiait un scandale tout chaud : le couvercle en fibre de Tim Hortons. L'Ontarienne voulait orchestrer une campagne de boycottage contre cette décision « woke », rapportait alors la CBC dans un dossier sur le sujet. Aparté. À noter cette nouvelle définition du terme woke : idéologie dangereuse qui consiste notamment à ne pas vouloir de microplastiques dans son cerveau ou son système respiratoire. En avril, le chef conservateur Pierre Poilievre a accusé les libéraux d'hypocrisie. « Ce n'est pas de la science. C'est du symbolisme », tonnait-il. Selon lui, le plan libéral ne réduira pas la pollution. M. Poilievre a rappelé que les pailles en papier contiennent elles aussi des contaminants. Il a ajouté que le Canada compte pour une portion minime de la pollution mondiale. Il mettait en garde contre des pertes d'emploi, du gaspillage causé par une conservation déficiente des aliments mal emballés et une hausse du coût des denrées. La priorité, selon lui, serait de recycler davantage le plastique. Or, même une amélioration radicale du taux de recyclage ne suffirait pas à endiguer la pollution. Et si chacun attend que les autres fassent leur part, personne ne bougera. Enfin, des alliés font déjà des efforts, comme la France et plusieurs autres pays européens, sans oublier des États américains (New York, Californie, Hawaii). Même si le recyclage est important, il ne suffit pas. Les scientifiques qui consacrent leur vie à ce sujet répètent qu'il faudrait également produire moins, et produire mieux. Le lobby pétrochimique se bat contre de telles contraintes. Il tente d'empêcher la signature à Genève d'un premier traité international sur le plastique. L'Iran, la Russie, l'Arabie saoudite et les États-Unis l'assistent dans cette croisade. Chez nous, les grandes sociétés pétrochimiques ont contesté en Cour fédérale l'interdiction du plastique à usage unique. L'Alberta les soutenait. Elles ont gagné. La preuve scientifique a été jugée trop faible pour inscrire tous les plastiques à la liste des substances toxiques. La mesure fédérale a aussi empiété sur les compétences provinciales, a tranché la magistrate. Le plan peut sans doute être amélioré ou ajusté. Mais cette offensive sert un autre but : l'abolir. Le fédéral a porté la cause en appel. La Colombie-Britannique l'appuie. Pas au nom du wokisme, du totalitarisme ou de la bien-pensance. Juste parce que des gens croient que le progrès peut exister dans une version moins polluante. Mais ce gros bon sens est difficile à vendre quand le débat devient aussi toxique. 1. Lisez notre dossier « Des microplastiques partout en nous »

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