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Trump en Écosse pour un séjour mêlant diplomatie et intérêts privés

Trump en Écosse pour un séjour mêlant diplomatie et intérêts privés

La Presse2 days ago
Le président américain Donald Trump doit rencontrer le premier ministre britannique Keir Starmer lors de son séjour en Europe.
Trump en Écosse pour un séjour mêlant diplomatie et intérêts privés
(Turnberry) Donald Trump est attendu vendredi en Écosse, où il passera un week-end prolongé mêlant la diplomatie au golf et où un important dispositif de sécurité a été déployé en prévision de manifestations.
Andy BUCHANAN et Aurélia END à Washington
Agence France-Presse
Le président américain doit arriver peu après 15 h (heure de l'Est) à Turnberry, l'un des deux complexes de golf appartenant à l'entreprise familiale dirigée par ses fils. Son agenda officiel est vide pour samedi et dimanche.
La police écossaise, qui se prépare à des manifestations à Édimbourg et à Aberdeen ainsi qu'à proximité des terrains de golf, a annoncé la mise en place d'une « opération d'envergure à travers tout le pays pendant plusieurs jours ».
PHOTO ALASTAIR GRANT, ASSOCIATED PRESS
Le complexe de golf Trump Turnberry, en Écosse
Avant de repartir pour Washington, Donald Trump a prévu une rencontre, dont les détails ne sont pas connus, avec le premier ministre britannique Keir Starmer.
Ce dernier ne passe pas pour être féru de golf comme le républicain de 79 ans et il aura de toute façon d'autres préoccupations en tête.
Les États-Unis et le Royaume-Uni ont annoncé en mai un accord commercial mais Londres s'inquiète de la volonté exprimée par Donald Trump de le « peaufiner ».
Loin de la gronde trumpiste
Le chef du gouvernement britannique, qui a jusqu'ici réussi à éviter que son pays ne soit matraqué par des droits de douane exorbitants, cherchera à rester dans les petits papiers de l'imprévisible président américain.
Ce dernier sera de retour au Royaume-Uni en septembre, pour une visite d'État à l'invitation du roi Charles III s'annonçant fastueuse.
En Écosse, la guerre dans la bande de Gaza sera sans doute un sujet de discussions, au moment où le premier ministre travailliste est appelé par des députés à emboîter le pas au président français Emmanuel Macron pour reconnaître l'État palestinien.
En traversant l'Atlantique, Donald Trump sera à distance, au moins géographiquement, des rebondissements de la très embarrassante affaire Jeffrey Epstein, un riche financier accusé de crimes sexuels et mort en prison en 2019 avant d'être jugé.
Certains de ses partisans lui reprochent de manquer de transparence à propos de cette ancienne figure de la jet-set new-yorkaise, avec laquelle lui-même entretenait une relation amicale et qui est devenue le symbole pour toute une frange du mouvement « MAGA » des turpitudes d'une élite protégée.
Le Wall Street Journal, pour avoir publié un article sur les liens entre le président et le délinquant sexuel, a d'ailleurs été privé de son siège dans l'avion Air Force One pendant le déplacement.
Donald Trump avait assuré au cours d'une précédente visite, en 2023, se sentir « à la maison » en Écosse où sa mère, Mary Anne MacLeod, a grandi avant d'émigrer à 18 ans aux États-Unis.
Manifestations
Son affection n'est pas forcément réciproque : des manifestations sont prévues pour samedi à Édimbourg et à Aberdeen pour protester contre sa présence.
PHOTO PHIL NOBLE, REUTERS
Des policiers patrouillent devant l'hôtel Trump Turnberry, avant l'arrivée prévue du président américain Donald Trump plus tard dans la journée.
En 2018, sa précédente visite à Turnberry avait poussé des milliers de personnes à manifester à Glasgow et à Édimbourg.
Le premier ministre écossais, John Swinney, a annoncé qu'il rencontrerait Donald Trump pendant sa visite, soulignant que l'Écosse « entretient une amitié solide avec les États-Unis depuis des siècles ».
Le voyage du président américain offre à cette nation du Royaume-Uni « une plateforme pour faire entendre sa voix sur les questions importantes, notamment la guerre et la paix, la justice et la démocratie », a-t-il ajouté.
La construction d'un nouveau parcours par le groupe aujourd'hui dirigé par les fils de Donald Trump a suscité du mécontentement à Balmedie, dans l'Aberdeenshire, de la part de certains riverains et d'élus écologistes.
Ce n'est que l'un des nombreux projets, immobiliers ou autres, à travers le monde de la famille Trump.
Si Donald Trump n'a plus légalement le contrôle de la société familiale, ses opposants lui reprochent de multiplier les conflits d'intérêts en se servant de ses fonctions de président pour pousser des investissements familiaux privés, notamment à l'étranger.
L'ONG américaine CREW (Citizens for Responsibility and Ethics in Washington) a calculé en mai que 21 projets de développement sous la marque Trump seraient menés à l'étranger au cours du second mandat.
Elle a aussi relevé que la charte éthique publiée en janvier par la Trump Organization ne lui interdisait pas d'ouvrir de nouveaux chantiers à l'international avec des acteurs privés, alors qu'elle s'était imposée un moratoire pendant le premier mandat (2017-2021).
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L'UE n'aura pas de droits de douane inférieurs à 15 %, dit Trump
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La Presse

time6 hours ago

  • La Presse

L'UE n'aura pas de droits de douane inférieurs à 15 %, dit Trump

Le président américain Donald Trump serre la main de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lors de leur rencontre au parcours de golf Trump Turnberry, en Écosse, le 27 juillet 2025. L'UE n'aura pas de droits de douane inférieurs à 15 %, dit Trump (Turnberry) Donald Trump a affirmé dimanche que l'UE ne bénéficiera pas de droits de douane inférieurs à 15 % pour ses exportations vers les États-Unis, juste avant d'entamer des discussions cruciales en Écosse avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Aurélia END avec Emma CHARLTON à Bruxelles Agence France-Presse « Non », a répondu le président américain, interrogé sur cette éventualité par des journalistes lors d'un bref échange avec la presse en présence de la dirigeante européenne avant leur entretien. Il a également affirmé que les produits pharmaceutiques « ne feront pas partie » de l'accord. M. Trump et Mme von der Leyen, se retrouvent dimanche à Turnberry en Écosse pour tenter d'arracher un accord sur les droits de douane entre les États-Unis et l'Union européenne. L'heure tourne : le républicain de 79 ans, lancé dans une vaste offensive protectionniste, se donne jusqu'au 1er août avant d'assommer les produits européens entrant aux États-Unis de droits de douane de 30 %. Il n'y aura « pas d'extension, pas de délai supplémentaire », a averti le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick, juste avant les discussions entre les deux dirigeants à Turnberry. PHOTO BRENDAN SMIALOWSKI, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE Le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick « Nous avons une chance sur deux » de trouver un accord, avait lancé Donald Trump vendredi à son arrivée en Écosse, d'où il repartira mardi après un séjour mi-privé mi-diplomatique. Toute entente devra être validée par les États membres de l'UE. Leurs ambassadeurs, en déplacement au Groenland, ont été informés dimanche matin des dernières tractations, et devront à nouveau se concerter en cas de fumée blanche. « Un accord politique est sur la table, mais il dépend de l'imprimatur de Trump qui tient à négocier l'accord jusqu'au dernier moment », a indiqué un diplomate européen à l'AFP. Plusieurs points clés restent encore à régler. « Très respectée » Avant sa rencontre avec la dirigeante européenne, Donald Trump s'est de nouveau accordé du temps dimanche matin pour une partie de golf. PHOTO PHIL NOBLE, REUTERS Donald Trump profite de son passage à som complet de golf de Turnberry pour disputer quelques rondes. Le président américain a assuré être « impatient » de s'entretenir avec Ursula von der Leyen, une « femme très respectée ». Ce ton aimable tranche avec les invectives dont le républicain accable l'Union européenne, selon lui créée dans le but d'« arnaquer » les États-Unis. D'après plusieurs sources européennes, le texte en discussion prévoit des surtaxes douanières de 15 % sur les exportations européennes à destination des États-Unis, avec un traitement plus favorable pour des secteurs comme l'aéronautique et les spiritueux – mais pas pour le vin. Un tel résultat confirmerait que les échanges transatlantiques sont entrés dans une nouvelle ère, celle d'un protectionnisme américain décomplexé. Jusqu'au retour au pouvoir de Donald Trump, ils étaient marqués par un niveau de droits de douane américains bien moins élevés, de 4,8 % en moyenne. Dans les faits, le taux effectif appliqué par les États-Unis aux marchandises européennes se monte donc actuellement à près de 15 %, si l'on additionne la surtaxe de 10 % d'ores et déjà appliquée par le gouvernement américain et le taux de 4,8 % préexistant. Mais un accord aurait le mérite, selon les analystes, de lever l'incertitude, ce redoutable poison en matière commerciale. « Bazooka » L'UE en échange s'engagerait à accroître ses achats de gaz naturel américain et à une série d'investissements. L'Union européenne est actuellement soumise à une taxe de 25 % sur les voitures, de 50 % sur l'acier et l'aluminium, ainsi qu'à des droits de douane généraux de 10 %. PHOTO FLORENCE LO, REUTERS La cheffe de la Commission européenne, Ursula von der Leyen Si Ursula von der Leyen et Donald Trump ne parvenaient pas à s'entendre, Bruxelles assure être prêt à riposter en taxant des produits et des services américains. L'exécutif européen, sous l'impulsion de certains pays comme la France, pourrait aussi geler l'accès aux marchés publics européens ou bloquer certains investissements. Dégainer ce « bazooka » – appelé instrument « anticoercition » dans le jargon bruxellois – entraînerait l'Europe et l'Amérique dans une escalade diplomatico-économique inouïe. Epstein Donald Trump, un ancien promoteur immobilier qui a écrit un livre à succès sur « l'art du deal », affirme être en position de force. Mais certains sondages montrent que les Américains doutent de sa stratégie douanière et de sa conduite des affaires en général. Dans une récente enquête d'opinion Gallup, sa cote de confiance est tombée à 37 %, 10 points de moins qu'en janvier. Le milliardaire new-yorkais, qui s'est toujours joué des scandales et des poursuites pénales, peine à se dépêtrer de l'affaire Jeffrey Epstein. Il est accusé de manquer de transparence sur les relations qu'il entretenait avec ce riche financier, mort en prison avant un procès pour crimes sexuels qui s'annonçait retentissant. Faire état d'un accord avec l'UE, en promettant des retombées pharaoniques sur l'économie américaine, et dans la foulée de ceux conclus ces derniers jours avec le Japon, le Vietnam, les Philippines et l'Indonésie, pourrait être une diversion bienvenue. Lundi, c'est avec la Chine que des négociateurs américains s'efforceront, au cours d'une rencontre à Stockholm, d'éviter une reprise de l'escalade commerciale.

Un appel à la pitié qui dérange
Un appel à la pitié qui dérange

La Presse

time13 hours ago

  • La Presse

Un appel à la pitié qui dérange

Un appel à la pitié qui dérange L'appel est survenu en janvier, au lendemain de l'investiture de Donald Trump, alors que le politicien savourait son retour à la présidence après une longue traversée du désert. « Je vous demande d'avoir pitié des gens de notre pays qui ont peur en ce moment », a lancé à l'issue de son sermon l'évêque protestante Mariann Edgar Budde en évoquant expressément les immigrants en situation irrégulière et les personnes transgenres. Désolé, votre navigateur ne supporte pas les videos Video Player is loading. 1:04 Lecture Skip Backward Skip Forward Désactiver le son Current Time 0:00 / Duration 0:00 Loaded : 0% 0:00 Stream Type LIVE Seek to live, currently behind live LIVE Remaining Time - 0:00 Picture-in-Picture Plein écran This is a modal window. Beginning of dialog window. Escape will cancel and close the window. 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Elle a fait entrer son église dans le monde de la politique d'une manière extrêmement inélégante. Elle était méchante, et pas du tout convaincante ou éloquente. Elle n'a pas mentionné le nombre important d'immigrants illégaux qui sont entrés dans notre pays et qui ont tué des gens. Plusieurs venaient de prisons ou d'institutions psychiatriques. Une gigantesque vague de criminalité frappe les États-Unis. Outre ses commentaires inappropriés, la messe était profondément ennuyante et peu inspirante. Elle n'est pas très douée pour son travail ! Son église et elle doivent des excuses au public ! D'autres voix de la communauté protestante ont pris le relais pour défendre le politicien et son administration et dépeindre le discours de l'évêque de 65 ans comme une illustration des périls de l'empathie. Joe Rigney, professeur de théologie rattaché au New Saint Andrews College, un établissement chrétien de l'Idaho, est allé jusqu'à parler de « péché » dans une publication évangélique. La capacité des femmes d'appréhender et de partager les émotions d'autrui, qui est, affirme-t-il, plus grande que celle des hommes, peut représenter une « bénédiction » dans certains cas, mais une damnation dans d'autres. PHOTO TIRÉE DU SITE WEB DU NEW SAINT ANDREWS COLLEGE Joe Rigney, professeur de théologie rattaché au New Saint Andrews College Lorsqu'il est question de faire respecter les standards de justice, l'empathie est une nuisance, pas un atout. Joe Rigney, professeur de théologie rattaché au New Saint Andrews College, dans une publication évangélique M. Rigney a également avancé que les hommes étaient mieux placés que les femmes pour protéger la population contre les « menaces physiques, mais aussi spirituelles ». Il est revenu à la charge un mois plus tard en publiant un livre intitulé Le péché de l'empathie récemment épinglé par le quotidien The Guardian dans un long article sur le phénomène. L'auteur avance que l'empathie peut devenir un péché si elle outrepasse « la vérité biblique » sur des questions comme l'homosexualité et l'identité de genre. Les textes sacrés soulignent, concède-t-il, qu'il est nécessaire de veiller sur son prochain, mais les croyants doivent prendre garde de ne pas se laisser emporter par un « excès de compassion » susceptible de « leur faire perdre pied ». Le croyant revient à la charge sur le rôle des femmes, arguant que les politiques progressistes qu'il dénonce en matière de lutte contre la criminalité ou de gestion de l'immigration découlent d'une « culture de la victime » liée à une « empathie féminine toxique ». Tout en évitant ces envolées misogynes, une populaire animatrice de balado s'identifiant comme chrétienne évangélique reprend des thèses similaires dans un autre livre récent intitulé L'empathie toxique – Comment les progressistes exploitent la compassion chrétienne. Allie Beth Stuckey affirme que les manifestations empathiques peuvent représenter ni plus ni moins que des actes « haineux » s'ils dérogent aux enseignements bibliques. PHOTO SAM HODDE, ARCHIVES THE WASHINGTON POST Allie Beth Stuckey prend la parole lors d'une conférence. Oui, l'empathie toxique est satanique… Elle rend ses victimes faibles d'esprit et fragiles en les convainquant que la lutte contre le mal est méchante et que la bonté peut se substituer à l'obéissance envers Dieu. Allie Beth Stuckey, dans son livre L'empathie toxique – Comment les progressistes exploitent la compassion chrétienne L'auteure passe en revue plusieurs enjeux de société en reprenant dans chaque cas, exemples à l'appui, la même structure argumentaire. Dans le cas de l'avortement, par exemple, elle constate qu'on peut s'émouvoir de la situation d'une femme qui apprend tardivement qu'elle porte un fœtus malformé et ne pourra obtenir un avortement. La véritable empathie doit cependant aller au fœtus, décrit comme un être humain à part entière qui est « assassiné » en cas d'interruption volontaire de grossesse. Elle décrit ensuite longuement les procédures inhérentes à un avortement tardif, allant jusqu'à établir un lien quasi direct entre la régulation des naissances, l'eugénisme et le nazisme. Sur la question de l'identité de genre, elle note que les croyants ne doivent pas oublier que « nos corps ont été conçus de certaines façons » et que le fait de le rejeter « a un coût important », peu importe la sympathie ressentie pour des personnes « souffrant de confusion » à ce sujet. Sur l'immigration, l'auteure note qu'on peut s'émouvoir d'une mère d'origine mexicaine établie de longue date qui est renvoyée au Mexique et forcée de vivre loin de ses enfants. Il faut cependant aussi prendre en compte, dit-elle, les meurtres sordides liés à des migrants sans papiers et considérer que Dieu demande que les choses soient ordonnées, y compris les frontières. « Il faut montrer de l'empathie, mais seulement la 'bonne' sorte d'empathie », conclut Mme Stuckey. Susan Lanzoni, historienne des sciences qui a écrit un livre sur l'histoire de l'empathie, note qu'elle est généralement jugée positive et susceptible de mener à des actions louables. La connotation négative que certains auteurs veulent aujourd'hui lui associer semble avoir pour objectif d'étouffer la compassion pouvant être éprouvée pour les victimes des politiques de l'administration Trump. « Ces politiques visent manifestement à vilipender certains groupes de la population. Renoncer à l'empathie dans ce contexte est un piège qui peut nous mener collectivement sur un chemin dangereux », prévient-elle. John Compton, professeur de science politique qui a écrit en 2020 un ouvrage intitulé The End of Empathy : Why White Protestants Stopped Loving Their Neighbors, est aussi d'avis que les écrits récents sur l'impact potentiellement négatif de l'empathie ont des visées politiques. Près de 80 % des croyants liés aux églises protestantes évangéliques ont voté pour Donald Trump. Beaucoup sont susceptibles, en voyant les politiques les plus dures de l'administration, de ressentir une forme de « dissonance cognitive » par rapport aux enseignements chrétiens traditionnels prônant l'amour de son prochain, relève le chercheur. L'idée que l'empathie est dangereuse est vraiment éloignée de ce qu'on associe à la chrétienté… Il paraît difficile dans ce contexte de trouver des arguments théologiques appuyant cette vision des choses. John Compton, professeur de science politique PHOTO HAIYUN JIANG, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES Le vice-président J.D. Vance Le vice-président J.D. Vance, qui s'est converti au catholicisme, a montré que l'exercice est périlleux en tentant d'évoquer un concept théologique datant du Moyen ge pour défendre l'idée qu'il est approprié de traiter des migrants moins généreusement que ses voisins, les membres de sa communauté immédiate et de son pays. Le pape François l'a rabroué publiquement à ce sujet peu de temps avant sa mort. La croyance à la carte Il faut prendre garde, note M. Compton, de ne pas exagérer la portée des livres récemment parus à ce sujet ou leur influence potentielle, en particulier chez les protestants évangéliques. Les Églises protestantes traditionnelles qui prévalaient dans la première moitié du XXe siècle ont joué un rôle important sur le plan social en promouvant des réformes marquantes pour lutter contre les inégalités sociales. Elles ont cependant perdu beaucoup d'influence dans les années 1960, cédant du terrain face aux Églises évangéliques qui permettent une pratique plus « personnelle » de la religion, moins contraignante que celles des Églises traditionnelles. « Aujourd'hui, c'est le consommateur qui décide. Si une personne n'aime pas ce que dit un pasteur, elle va aller voir ailleurs », relève le chercheur. L'évolution idéologique de ces Églises, qui ont progressivement glissé vers la droite, reflète d'abord et avant tout l'évolution des positions de la population blanche sans éducation universitaire, dit-il. Elles ont suivi plutôt que dicté la ligne de pensée, validant des tendances individualistes qui trouvent écho dans de nombreuses politiques défendues par l'administration Trump. L'engagement social est aujourd'hui plus un choix personnel qu'un diktat venu de leaders religieux, note M. Compton, qui ne s'étonne pas, dans ce contexte, de voir des personnes se centrer sur leurs propres besoins sans égard à ce qui peut arriver aux personnes marginalisées. « Je suis plutôt un pessimiste en ce qui a trait à la nature humaine », dit-il.

Les petits cabinets d'avocats au front contre Trump
Les petits cabinets d'avocats au front contre Trump

La Presse

time18 hours ago

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Les petits cabinets d'avocats au front contre Trump

Michael Ansell, avocat indépendant, dans son bureau à domicile à Morristown, au New Jersey (Washington) Devant les décrets punitifs de Donald Trump contre les grands cabinets d'avocats, certains ont plié et d'autres hésitent à défendre sans frais des causes d'intérêt public qui les mettraient en porte-à-faux avec l'administration. Elizabeth Williamson The New York Times Mais quand les opposants aux politiques de la Maison-Blanche ont organisé des contestations devant les tribunaux, ils ont vite constaté qu'ils n'avaient pas besoin des grands cabinets. Au contraire, une armée d'avocats indépendants, d'anciens avocats du gouvernement et de petits cabinets d'avocats ont offert de les représenter « pro bono » (de la locution latine pro bono publico : « pour le bien public »), c'est-à-dire gratuitement. « Je ne sais pas si l'administration savait combien il y a de petits acteurs dans le domaine du droit », dit Michael H. Ansell, avocat indépendant à Morristown, au New Jersey, qui s'est joint cette année au Pro Bono Litigation Corps, récemment créé par Lawyers for Good Government. Il a répondu à l'appel de cet OSBL juridique qui recherchait des avocats prêts à consacrer au moins 20 heures par semaine à une cause. Plus de 80 se sont portés volontaires. Contester ou se plier Au début de l'année, M. Trump a publié une série de décrets et menacé de grands cabinets d'avocats ayant défendu des clients ou des causes qu'il n'aime pas. PHOTO JULIA DEMAREE NIKHINSON, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS Parmi les centaines de décrets présidentiels signés par Donald Trump, certains visent des cabinets qui s'étaient opposés à lui par le passé en leur interdisant l'accès aux documents et aux bâtiments fédéraux. Certains cabinets ont contesté ces décrets avec succès devant les tribunaux, mais d'autres se sont empressés de capituler, acceptant de consacrer 1 milliard de dollars en ressources à des causes chères à l'administration. Parmi ceux qui ont tenu tête à M. Trump, certains hésitent à se le remettre à dos en acceptant des causes visant son administration. Me Ansell et d'autres collègues, eux, sont pressés d'en découdre. Il a interrogé des plaignants pour préparer une poursuite fin juin en Cour fédérale du district de Columbia contre l'Agence de protection de l'environnement (EPA). Une vingtaine de groupes communautaires, environnementaux et autochtones ainsi que trois villes du Massachusetts et de Californie réclament les fonds qui leur avaient été accordés par l'EPA, mais qu'ils ont perdus après l'annulation des subventions pour la justice environnementale et climatique. « La dernière ligne de défense, c'est nous, semble-t-il », constate Me Ansell. Me Ansell représente généralement de petites entreprises : « Alors, je ne risque pas de perdre de gros clients qui font affaire avec le gouvernement », dit-il. Au front « pro bono » Le tsunami de poursuites contre l'administration – plus de 400, d'après le décompte du New York Times – l'a convaincu de se lancer. Il est particulièrement motivé par les cas de violation du droit à se faire entendre en cour, « où l'administration déclare : 'C'est interdit' ou 'Cette personne est un criminel', et où personne ne peut contester ces affirmations », explique-t-il. L'assurance responsabilité professionnelle et autres nécessités sont prises en charge par Lawyers for Good Government, qui est financé par des dons, dont 1,6 million de dollars versés par des plaideurs d'Atlanta. Le Pro Bono Litigation Corps est le petit nouveau dans la lutte contre des mesures du programme de M. Trump, menée par de grands OSBL comme Democracy Forward, Democracy Defenders Fund, Protect Democracy, Public Citizen et l'Union américaine pour les libertés civiles (ACLU – l'équivalent américain de la Ligue des droits et libertés). Il est dirigé par John Marks, fondateur de l'OSBL Search for Common Ground, et Gary DiBianco, ex-associé chez Skadden, Arps, Slate, Meagher & Flom, qui avait pris sa retraite avant que le cabinet n'amadoue M. Trump en s'engageant à donner pour 100 millions de dollars en services à ses causes. Les petits cabinets et les avocats indépendants ont pris le relais en immigration, des causes qui, pendant le premier mandat de M. Trump, étaient souvent assumées pro bono par les grands cabinets. Ce mois-ci, des groupes de défense des droits se sont opposés en vain à l'expulsion de huit migrants vers le Soudan du Sud. PHOTO BLAKE FAGAN, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE Descente de la police fédérale de l'immigration dans une ferme de Camarillo, en Californie, le 10 juillet dernier Plusieurs groupes ont lancé des poursuites après la décision de la Cour suprême en juin empêchant les juges des tribunaux inférieurs de bloquer les politiques de l'exécutif à l'échelle nationale, dans un jugement sur l'annulation par M. Trump du droit du sol1. Un juge du New Hampshire a alors bloqué le décret présidentiel à ce sujet après avoir autorisé une action collective, l'un des rares moyens dont disposent toujours les tribunaux inférieurs pour surmonter les limites draconiennes imposées par le plus haut tribunal. « Si chaque immigrant qui a eu un enfant aux États-Unis doit aller en cour pour lui obtenir la citoyenneté, nous sommes prêts à créer une armée d'avocats pour représenter ces gens », promet M. DiBianco. La force du nombre Après que le grand cabinet Perkins Coie a intenté une action en justice contre le département de la Justice afin de bloquer le décret présidentiel de Trump le visant, 504 cabinets ont signé un mémoire en sa faveur. Parmi ces signataires prêts à s'opposer publiquement à M. Trump, bien peu de grands cabinets : seuls 8 des 100 plus grands cabinets ont signé. Et parmi eux : WilmerHale, Susman Godfrey, Jenner & Block et Covington & Burling, quatre grands noms visés par les décrets de Trump et ayant intenté des poursuites pour les bloquer. La plupart sont bien plus modestes. Karen C. Burgess, avocate spécialisée en litiges commerciaux à Austin, au Texas, dit avoir signé parce qu'elle est « renversée » par les décrets présidentiels, qui lui rappellent les listes noires de l'ère McCarthy. « Ils ont l'effet dissuasif espéré. » Lorsque Mme Burgess a appris en mars que l'enquête de l'administration Trump sur les programmes de diversité, équité et inclusion dans les universités avait touché l'Université Rice, où elle a fait son droit, elle a contacté la direction pour la représenter si l'affaire aboutissait en cour. Mme Burgess fait remarquer que sur les 1,3 million d'avocats américains, bien peu pratiquent dans de grands cabinets. PHOTO ILANA PANICH-LINSMAN, THE NEW YORK TIMES Karen C. Burgess, avocate spécialisée en litiges commerciaux à Austin, au Texas Partout où il y a un tribunal, il y a un avocat. Nous sommes petits, mais nombreux et prêts à nous battre si nécessaire. Karen C. Burgess, avocate spécialisée en litiges commerciaux à Austin, au Texas Une poignée de grands cabinets se sont joints à la bataille. Cooley, un cabinet coté parmi les 100 meilleurs, représente Jenner & Block dans son procès contre le décret de Trump. Quinn Emanuel Urquhart & Sullivan représente Harvard, une cible de prédilection de M. Trump dans son assaut contre les universités. Le codirecteur du cabinet, William A. Burck, conseillait en matière d'éthique la Trump Organization. Après qu'il a accepté de représenter Harvard en avril, les fils Trump l'ont congédié. « Les cabinets de petite et moyenne taille ont plus que comblé le vide », constate Norman Eisen, ancien responsable de l'éthique de l'administration Obama qui a fondé le Democracy Defenders Fund. Cet OSBL a traité de nombreuses affaires très médiatisées mettant en cause l'administration, ce qui a incité Trump à inclure nommément M. Eisen dans un décret interdisant à divers cabinets « l'accès sans escorte aux bâtiments du gouvernement américain » et la consultation d'information classifiée. 1. Lisez « La Cour suprême limite le pouvoir des juges de bloquer les décrets de Trump » Cet article a été publié dans le New York Times Lisez la version originale (en anglais ; abonnement requis)

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