
Le Sénat approuve des coupes de 9 milliards pour l'aide humanitaire et les médias publics
(Washington) Le Sénat américain a adopté jeudi, sous l'impulsion de la Maison-Blanche et de la commission Doge d'Elon Musk, un texte qui permettrait à l'administration Trump de ne pas avoir à dépenser quelque 9 milliards de dollars de fonds publics, principalement destinés à l'aide internationale.
Agence France-Presse
Malgré une majorité républicaine de 53 sièges sur 100, le vote a été acquis à seulement 51 voix pour et 48 contre.
Les sénatrices républicaines Susan Collins (Maine) et Lisa Murkowski (Alaska) ont voté contre, alors que leur homologue du Kentucky, Mitch McConnell, qui s'était opposé comme elles la veille mercredi au projet, a cette fois voté en sa faveur.
PHOTO J. SCOTT APPLEWHITE, ASSOCIATED PRESS
La sénatrice républicaine, Lisa Murkowski
Le vote était bloqué à 50-50 mercredi, lors de l'examen préliminaire des amendements, et c'est le vice-président J.D. Vance qui a eu le dernier mot, comme le veut la Constitution, pour faire avancer le texte jusqu'au scrutin final de jeudi matin.
Ce texte concerne près de 8 milliards de dollars qui étaient destinés à l'agence d'aide au développement USAID, le reste devant être principalement dévolu aux médias publics NPR et PBS.
Le programme mondial Pepfar de lutte contre le Sida, créé sous George W. Bush, était initialement concerné par ces coupes, avec 400 millions de dollars annulés, mais des sénateurs modérés ont obtenu de retirer cette portion du texte déjà adopté à la Chambre des représentants.
La chambre basse devra donc voter à nouveau, avant la date limite de vendredi soir, pour approuver la version modifiée du texte qu'elle avait adoptée en juin.
Le chef de la majorité républicaine au Sénat, John Thune, a relativisé l'impact de ces coupes tout en saluant un premier pas nécessaire.
PHOTO MARK SCHIEFELBEIN, ASSOCIATED PRESS
Le chef de la majorité républicaine au Sénat, John Thune
« On parle ici d'un dixième de 1 % de toutes les dépenses fédérales », a-t-il déclaré à la presse.
« Quand vous avez une dette de 36 000 milliards de dollars, on se doit de faire quelque chose », a ajouté le sénateur du Dakota du Sud.
Le sénateur de Caroline du Sud, Lindsey Graham, a expliqué à l'AFP que le projet de loi était cohérent avec les promesses de Donald Trump de réduire les dépenses.
PHOTO ROD LAMKEY, ASSOCIATED PRESS
Le sénateur de Caroline du Sud, Lindsey Graham
« J'ai toujours été un grand partisan des programmes d'aide à l'étranger… Je suis un type très faucon [interventionniste], mais l'aide étrangère est nécessaire. Le 'soft power' est nécessaire », a-t-il affirmé.
Mais quand on commence à dépenser de l'argent pour tout un tas de trucs inutiles, et pour des programmes libéraux sans lien avec l'objectif initial de ces aides, ça devient difficile pour un gars comme moi.
Lindsey Graham, sénateur de Caroline du Sud
De l'autre côté de l'hémicycle, les démocrates sont unis pour s'opposer au projet.
Corey Booker, sénateur démocrate du New Jersey, a dénoncé à l'AFP « un nouvel exemple de la manière terrible dont l'esprit et les idéaux de notre Constitution sont ébranlés » sous Donald Trump.
Au moment de l'adoption du texte initial à la Chambre des représentants, le président républicain s'était félicité de récupérer 9 milliards de dollars « destinés à une aide étrangère gaspilleuse ».
Il avait aussi attaqué la radio NPR et la chaîne de télévision PBS, « hautement biaisées » contre les républicains selon lui. Les deux médias publics risquent de perdre 1,1 milliard de dollars qui leur étaient destinés.
La Constitution américaine dispose que le Congrès possède seul le pouvoir d'allouer les fonds publics fédéraux. Le vote de ce texte est le premier dans ce que les républicains ont présenté comme une série potentielle de paquets législatifs codifiant les réductions de dépenses identifiées par DOGE et demandées par la Maison-Blanche, alors que ces fonds avaient déjà été approuvés précédemment par le Congrès.
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