
Syrie: Combats à l'entrée de Soueida, Damas envoie une «force spéciale»
Publié aujourd'hui à 22h54 Mis à jour il y a 2 minutes
Des combattants tribaux et bédouins traversent le village d'al-Mazraa en Syrie le 18 juillet 2025.
AFP
Des affrontements opposent vendredi soir des combattants tribaux à des groupes druzes à l'entrée de Soueida, dans le sud de la Syrie où les combats ont déjà fait des centaines de morts et des dizaines de milliers de déplacés ces derniers jours.
La présidence syrienne a affirmé vendredi soir travailler à l'envoi d'une «force spéciale» dans la zone, d'où elle avait retirée ses soldats la veille sous la pression d'Israël.
L'ONU a appelé à arrêter «l'effusion de sang» après les affrontements dans cette région à majorité druze qui ont éclaté dimanche soir et fait 638 morts selon un dernier bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). «Fosse commune»
«Ce n'est plus un hôpital, c'est une fosse commune», a déclaré à un correspondant de l'AFP Rouba, membre du personnel de l'hôpital gouvernemental de Soueida qui ne veut pas donner son nom de famille.
L'établissement, le seul encore fonctionnel dans cette ville, a accueilli «plus de 400 corps depuis lundi matin», parmi lesquels «des femmes, des enfants et des personnes âgées», a déclaré à l'AFP le médecin Omar Obeid.
Ces violences fragilisent encore plus le pouvoir du président intérimaire, Ahmad al-Chareh, qui a renversé, à la tête d'une coalition de groupes rebelles islamistes le président Bachar al-Assad en décembre, dans un pays meurtri par près de 14 ans de guerre civile.
Dans un communiqué vendredi soir, la présidence a exhorté «toutes les parties à faire preuve de retenue et à privilégier la raison», tout en affirmant travailler «à l'envoi d'une force spéciale pour mettre fin aux affrontements». Cessez-le-feu violé
Le pouvoir syrien, disant vouloir rétablir l'ordre, avait déjà déployé ses forces mardi à Soueida, jusque-là contrôlée par des combattants druzes. L'OSDH, des témoins et des groupes druzes ont toutefois accusé les forces syriennes d'avoir combattu au côté des bédouins et d'avoir commis des exactions.
Les forces gouvernementales s'étaient retirées jeudi de la ville, après des menaces et des bombardements d'Israël qui a dit vouloir protéger la minorité druze, M. Chareh affirmant sa volonté d'éviter une «guerre ouverte» avec Israël.
Un cessez-le-feu a été conclu entre les parties syriennes mais la présidence a accusé jeudi soir les combattants druzes de l'avoir violé.
Vendredi matin, des combattants de tribus arabes sunnites, qui ont afflué de différentes régions syriennes pour prêter main forte aux bédouins, s'étaient massés autour de Soueida, selon des correspondants de l'AFP sur place.
Et vendredi soir quelque 200 de ces combattants ont été vus par l'AFP échangeant des tirs d'armes automatiques à l'entrée ouest de la ville avec les groupes druzes positionnés à l'intérieur. L'OSDH a confirmé des combats dans ce secteur, ajoutant que «des bombardements visaient des quartiers de la ville». Appels au calme
Un chef tribal, Anas Al-Enad, a affirmé au correspondant de l'AFP près du village druze de Walgha être venu avec ses hommes de la région de Hama (centre) «en réponse aux appels à l'aide des bédouins». Le correspondant de l'AFP a vu des maisons, des commerces et des voitures brûlés à Walgha, désormais sous contrôle des forces tribales et des bédouins.
Selon l'OSDH, «les combattants tribaux sont encouragés et soutenus par les autorités syriennes qui ne peuvent plus se déployer à Soueida en raison des menaces d'Israël».
Le haut-commissaire de l'ONU aux droits humains, Volker Türk, a demandé que «l'effusion de sang» cesse, soulignant que la protection de toutes les personnes devait être «la priorité absolue». «Des enquêtes indépendantes, rapides et transparentes doivent être menées sur toutes les violations, et les responsables doivent être amenés à rendre des comptes», a-t-il ajouté dans un communiqué.
Près de 80'000 personnes ont été déplacées en raison des violences, s'est alarmée l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Dans la ville même, privée d'eau et d'électricité et où les communications sont coupées, «la situation est catastrophique. Il n'y a même plus de lait pour nourrissons», a déclaré à l'AFP le rédacteur en chef du site local Suwayda 24, Rayan Maarouf.
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) s'est dit «profondément préoccupé par la détérioration rapide de la situation humanitaire» dans la région. «Les gens manquent de tout. Les hôpitaux ont de plus en plus de mal à soigner les blessés et les malades», a déclaré Stephan Sakalian, chef de la délégation du CICR en Syrie.
Mercredi, Israël avait bombardé plusieurs cibles au coeur de Damas dont le QG de l'armée, faisant trois morts selon les autorités.
Les Etats-Unis, alliés d'Israël et affichant leur soutien au nouveau dirigeant syrien malgré son passé jihadiste, ont affirmé jeudi n'avoir apporté aucun soutien aux frappes israéliennes en Syrie.
Le président russe, Vladimir Poutine, a exprimé vendredi, lors d'une conversation téléphonique avec son homologue turc, sa «profonde préoccupation» face aux violences en Syrie. Recep Tayyip Erdogan y a vu de son côté «une menace pour l'ensemble de la région».
Les combats avaient commencé dimanche entre groupes druzes et tribus bédouines locales, aux relations tendues depuis des décennies. Présente principalement à Soueida, la communauté druze de Syrie comptait avant la guerre civile quelque 700'000 personnes. Cette minorité ésotérique issue d'une branche de l'islam est aussi implantée au Liban et en Israël. Newsletter
«Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde.
Autres newsletters
AFP
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

Essayez nos fonctionnalités IA
Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment...
Articles connexes


24 Heures
28-07-2025
- 24 Heures
La Thaïlande et le Cambodge conviennent d'un cessez-le-feu
Après cinq jours d'affrontements violents à la frontière entre les deux pays, un accord de cessez-le-feu a été convenu et prendra effet à minuit. Publié aujourd'hui à 12h26 Les premiers ministres Anwar Ibrahim (Malaisie), Hun Manet (Cambodge) et Phumtham Wechayachai (Thaïlande) se serrent la main à Putrajaya, en Malaisie. AFP La Thaïlande et le Cambodge ont convenu d'un cessez-le-feu «inconditionnel» à partir de lundi minuit, a annoncé le premier ministre malaisien, Anwar Ibrahim, à l'issue de pourparlers en Malaisie. «Le Cambodge et la Thaïlande sont parvenus à un accord commun prévoyant un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel qui prend effet à minuit le 28 juillet 2025, ce soir», a déclaré Anwar Ibrahim. Cambodge - Thaïlande Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters AFP Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


24 Heures
28-07-2025
- 24 Heures
Cambodge-Thaïlande: Au cinquième jour des combats, l'espoir d'un cessez-le-feu
Bangkok et Phnom Penh doivent se rencontrer pour la première fois ce lundi, cinq jours après le début des affrontements à leur frontière. Publié aujourd'hui à 06h22 Des soldats cambodgiens sur un camion équipé d'un lance-roquettes, à la frontière avec la Thaïlande. AFP Les dirigeants thaïlandais et cambodgien sont attendus lundi en Malaisie pour apaiser les tensions qui ont dégénéré durant cinq jours d'affrontements meurtriers à leur frontière . La Thaïlande et le Cambodge s'opposent depuis des décennies sur le tracé de leur frontière commune, définie au temps de l'Indochine française, mais la région n'avait plus connu de tel épisode de violences depuis 2011. Les échanges de tirs, notamment d'artillerie, et les frappes aériennes ont fait depuis jeudi au moins 35 morts et provoqué le déplacement d'environ 200'000 personnes. Double langage Bangkok et Phnom Penh sont convenus de se rencontrer pour la première fois lundi après-midi près de Kuala Lumpur, sous l'œil des États-Unis et de la Chine, mais à quelques heures de la réunion, des combats continuaient de faire rage près de temples angkoriens contestés. Les deux capitales s'accusent mutuellement d'avoir ouvert les hostilités et de tenir un double langage, chaque camp ayant exprimé sa volonté de rétablir la paix, sans joindre les actes à leur parole jusque-là, malgré les appels de leurs principaux partenaires internationaux. «Nous ne pensons pas que le Cambodge agisse de bonne foi, compte tenu de leurs actions pour régler le problème. Ils doivent faire preuve d'une intention sincère», a déclaré le premier ministre thaïlandais par intérim Phumtham Wechayachai, depuis un aéroport de Bangkok. Assaut nocturne «Nous avons besoin de discussions bilatérales pour négocier l'arrêt des combats. Cependant, un cessez-le-feu ne signifie pas que tout reviendra comme avant», a-t-il prévenu. Le Cambodge a affirmé lundi matin que le camp rival avait lancé un assaut près de temples contestés du nord-ouest. «À 03 h 10 du matin (22 h 10 suisses dimanche), les forces thaïlandaises ont continué d'attaquer en premier», a indiqué lundi la porte-parole du ministère cambodgien de la Défense, Maly Socheata. «C'est le cinquième jour que la Thaïlande a envahi le territoire cambodgien avec des armes lourdes et le déploiement de beaucoup de soldats», a-t-elle déclaré. Des journalistes de l'AFP présents à Samraong, dans le nord-ouest du Cambodge, à une vingtaine de kilomètres de la frontière, ont également entendu des bruits de tirs d'artillerie durant la nuit de dimanche à lundi. Dimanche soir, l'armée thaïlandaise a dit s'attendre à une «opération militaire majeure» de ses adversaires, en faisant état de combats à sept endroits différents. Paix «le plus tôt possible» Phumtham Wechayachai et le premier ministre cambodgien Hun Manet doivent se rencontrer à Putrajaya, la capitale administrative malaisienne, à 15 h 00 heure locale (09 h 00 suisses), selon Bangkok. Le chef du gouvernement malaisien Anwar Ibrahim joue le rôle de médiateur, son pays occupant la présidence tournante de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean) dont la Thaïlande et le Cambodge sont membres. La réunion sera aussi «co-organisée par les États-Unis, avec la participation de la Chine», a précisé Hun Manet. Des représentants américains sont en Malaisie pour «soutenir les efforts de paix», a déclaré le secrétaire d'État américain Marco Rubio. «Nous voulons que ce conflit se termine le plus tôt possible.» Les affrontements ont officiellement fait 22 morts côté thaïlandais, dont huit soldats, et 13 morts, dont cinq militaires, côté cambodgien. Plus de 138'000 Thaïlandais ont évacué les zones à risques, selon Bangkok, et plus de 80'000 Cambodgiens ont fait de même, d'après Phnom Penh. En lire plus sur le conflit Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters AFP Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


24 Heures
21-07-2025
- 24 Heures
Une centaine d'émeutiers armés ont attaqué des véhicules à Limoges
Des affrontements nocturnes entre des individus encagoulés et la police ont choqué des automobilistes et blessé 9 officiers des forces de l'ordre samedi. Publié aujourd'hui à 11h21 Le maire de Limoges Emile Roger Lombertie a dénoncé une «guérilla urbaine» (photo d'illustration). AFP/Alex Martin Une centaine de personnes encagoulées et armées ont attaqué au mortier des véhicules en circulation à Limoges, dans le centre de la France , lors d'affrontements nocturnes avec les forces de l'ordre qui ont fait neuf blessés parmi les policiers, a-t-on appris samedi auprès des autorités. Les faits se sont produits vers 1 h du matin, dans la nuit de vendredi à samedi, près d'un quartier populaire de Limoges où «une centaine de personnes» ont bloqué une route nationale et s'en sont pris aux véhicules, «principalement par des tirs de mortiers», selon la préfecture de Haute-Vienne. «Il y a eu entre 100 et 150 individus encagoulés, armés de cocktails Molotov, mortiers, cailloux, barres de fer et battes de baseball», a détaillé Laurent Nadeau, secrétaire départemental du syndicat de police Alliance. Les forces de l'ordre ont utilisé des lanceurs de balle de défense (LBD) et des gaz lacrymogènes et les échauffourées ont cessé vers 4 h du matin. «Guet-apens» donné aux policiers «Certains véhicules étaient occupés par des familles, en présence d'enfants mineurs», a souligné le parquet dans un communiqué, disant avoir recensé huit plaintes portant sur une dizaine de victimes. «Aucun des automobilistes n'a été violenté physiquement. Pour autant, plusieurs sont particulièrement choqués.» «C'est une guérilla urbaine», a dénoncé auprès de l'AFP Emile Roger Lombertie, maire LR de Limoges. «Ils sont organisés, structurés, c'est programmé, il y a un plan, un armement, un guet-apens donné aux policiers et aux usagers de la route», a-t-il déploré. «Ce n'est pas une manifestation spontanée pour râler contre quelque chose. Il n'y a pas de prétexte. Rien. Il y a l'envie de détruire et de montrer que le territoire vous appartient», a-t-il insisté. Huit des neuf policiers blessés souffrent d'acouphènes et le neuvième d'une blessure à une main, selon le Parquet de Limoges. Un quartier «connu» pour des trafics de stupéfiants Une enquête a été ouverte pour participation avec arme à un attroupement, violences sur fonctionnaires de police, extorsion aggravée et dégradations en bande organisée du bien d'autrui. «Une victime explique avoir été forcée de sortir de la voiture, de vider ses poches, ce qu'il a fait, et (les suspects) sont ensuite partis avec le véhicule», qui a été retrouvé plus tard incendié, a déclaré à l'AFP Emilie Abrantes, procureure de la République à Limoges. Le val de l'Aurence est «connu» pour des trafics de stupéfiants, mais «aucun élément ne permet de relier les événements de cette nuit avec une enquête récente sur des trafics de stupéfiants», a précisé Emilie Abrantes. Le lendemain soir, des CRS se sont déployés au Val de l'Aurence vers 22 h, et le quartier était calme selon une source policière interrogée par un correspondant de l'AFP. À lire aussi sur l'actualité en France Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters AFP Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.