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Les forces armées déployées après des heurts ayant fait 50 morts

Les forces armées déployées après des heurts ayant fait 50 morts

La Presse14-07-2025
Les forces de sécurité du gouvernement syrien se rassemblent à la périphérie de la province de Sweida où des affrontements ont éclaté entre les milices druzes et les clans bédouins sunnites, dans le sud de la Syrie, le lundi 14 juillet 2025.
(Damas) Les forces syriennes ont été déployées lundi dans la province méridionale de Soueïda, théâtre d'affrontements entre tribus bédouines sunnites et combattants druzes ayant fait au moins 50 morts selon une ONG.
Agence France-Presse
Ces nouvelles violences intercommunautaires viennent rappeler les défis sécuritaires auxquels fait face le pouvoir intérimaire d'Ahmad al-Chareh depuis qu'il a renversé le président Bachar al-Assad en décembre dans un pays meurtri par près de 14 ans de guerre civile.
Les heurts se poursuivent sporadiquement lundi dans certains villages de la province de Soueïda, ont indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) et le site d'information local Suwayda 24.
Ils ont éclaté dimanche au lendemain « de l'enlèvement d'un marchand de légumes druze par des bédouins armés qui ont installé des barrages sur la route reliant Soueïda à Damas », a précisé l'OSDH. « L'incident a dégénéré » et les deux camps ont procédé à d'autres enlèvements, a-t-elle ajouté.
Selon le site Suwayda 24, les hommes enlevés ont été libérés dimanche soir.
PHOTO SAM HARIRI, AGENCE FRANCE-PRESSE
L'Observatoire syrien des droits de l'homme a fait état d'un nouveau bilan de 50 morts et de dizaines de blessés lors des combats armés et des échanges de tirs d'obus dans la ville de Soueïda et d'autres villages de la province du même nom.
Le ministère de la Défense, en coordination avec le ministère de l'Intérieur, a annoncé dans un communiqué le déploiement d'« unités militaires dans les zones touchées », « l'ouverture de passages sûrs aux civils » ainsi que sa volonté de « mettre fin aux heurts rapidement et de manière décisive ».
Dimanche, le ministre de l'Intérieur Anas Khattab a déclaré sur X que « l'absence d'institutions étatiques, militaires et sécuritaires, est une cause majeure des tensions persistantes à Soueïda ». « La seule solution est de réactiver [le rôle] des institutions pour assurer la paix civile. »
Autoroute Soueïda-Damas fermée
L'Observatoire a fait état d'un nouveau bilan de 50 morts et de dizaines de blessés lors des combats armés et des échanges de tirs d'obus dans la ville de Soueïda et d'autres villages de la province du même nom.
Parmi eux figurent 34 druzes, dont deux enfants, 10 bédouins et six membres des forces de sécurité, a ajouté l'ONG en soulignant que l'autoroute reliant Damas à Soueïda était toujours fermée. La télévision d'État a confirmé un bilan de six morts parmi les forces syriennes.
Le ministère de la Défense a, pour sa part, annoncé plus de 30 morts et une centaine de blessés.
L'OSDH a affirmé que de fortes tensions couvaient depuis les heurts interconfessionnels en avril entre combattants druzes et forces de sécurité dans les zones druzes proches de Damas et à Soueïda, ayant fait plus de 100 morts.
Des membres de tribus bédouines sunnites de Soueïda avaient participé aux affrontements au côté des forces de sécurité, a précisé l'ONG.
À l'époque, des chefs locaux et religieux ont conclu des accords destinés à contenir l'escalade et à mieux intégrer les combattants druzes dans les institutions du pouvoir.
En vertu de ces accords également, des combattants druzes assurent depuis mai la sécurité dans la province, mais des membres des tribus bédouines armées sont présents dans plusieurs régions.
Dimanche, le gouverneur de Soueïda, Moustapha al-Bakour, a appelé les habitants à « faire preuve de retenue » et des notables druzes ont réclamé une intervention des autorités.
Israël et les druzes
Avec quelque 700 000 habitants, la province de Soueïda abrite la plus importante communauté druze du pays, une minorité ésotérique issue de l'islam chiite.
Les tensions entre druzes et bédouins sont anciennes et des violences éclatent sporadiquement entre les deux camps.
Après la chute de Bachar al-Assad renversé par une coalition de factions rebelles islamistes sunnites, les violences début mars contre la communauté alaouite – plus de 1700 morts – puis contre les druzes ont ébranlé la confiance dans la capacité du nouveau pouvoir à protéger les minorités.
Après ces heurts, Israël, qui occupe depuis 1967 une partie du Golan syrien, a invoqué la protection des druzes pour justifier plusieurs frappes, dont une début mai près du palais présidentiel à Damas.
Les druzes sont présents surtout en Syrie, au Liban et en Israël où quelque 152 000 d'entre eux sont recensés, selon les dernières données disponibles. Ce chiffre inclut les 24 000 druzes habitant la partie occupée du Golan, dont moins de 5 % ont la nationalité israélienne.
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Auparavant, le SCRS avait reçu environ 300 000 demandes de contrôle de sécurité par an au cours des cinq années précédentes. Le dernier rapport du SCRS indique que, même si le volume de demandes en attente de contrôle de sécurité demeure élevé, l'agence de renseignement prendra le temps nécessaire pour les traiter. Ali Abuhannoud, un réfugié jordanien qui demande la citoyenneté canadienne, a raconté qu'il attendait le résultat de son contrôle de sécurité depuis mai 2024, après avoir déposé sa demande en juillet 2023. « Je ne sais pas ce qu'ils contrôlent, mais vous pouvez imaginer le stress et l'anxiété que cela me cause », a-t-il affirmé à La Presse Canadienne depuis Halifax. M. Abuhannoud a indiqué que c'était la troisième fois qu'il se soumettait au processus de contrôle de sécurité. Il a expliqué avoir été contrôlé une première fois à son arrivée au Canada en tant que réfugié en 2018, puis une seconde fois lorsqu'il a demandé la résidence permanente. Il a expliqué avoir fui au Canada à cause de sa « famille homophobe » et de craintes pour sa vie. L'augmentation des demandes de contrôle est en partie due à la hausse du nombre de demandeurs d'asile arrivant au Canada, qui doivent tous être contrôlés. Les agents de l'immigration et des frontières peuvent demander au SCRS d'effectuer un contrôle de sécurité dans le cadre d'une demande de visa ou de citoyenneté. Le ministère fédéral de l'Immigration prend une décision finale d'admissibilité en fonction de ce contrôle. Des avocats spécialisés en immigration en Colombie-Britannique et en Ontario ont déclaré à La Presse Canadienne que de plus en plus de leurs clients subissent des retards prolongés en raison des contrôles de sécurité, sans que personne n'en explique la raison. « Le gouvernement nous répète sans cesse que des vérifications d'antécédents par des tiers sont nécessaires et qu'elles prennent du temps, ce que nous comprenons », a souligné Adrienne Smith, avocate spécialisée en immigration à Toronto. « Mais notre problème est que nous ne voyons pas quelles mesures le gouvernement prend pour justifier ce retard. » Will Tao, avocat spécialisé en immigration à Burnaby, en Colombie-Britannique, a rapporté que son cabinet avait commencé à recevoir un afflux d'appels concernant des demandes d'immigration retardées par les contrôles de sécurité en janvier 2024. « Les demandes soumises à des contrôles de sécurité plus rigoureux provenaient de pays que je qualifierais de proches géopolitiques d'une préoccupation pour le Canada », a expliqué M. 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Terrorisés
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Cette chronique a été publiée le dimanche 23 janvier 2000, en page A1. Nous la republions sans altérer les mots que l'auteur a utilisés à l'époque. Les premiers jours, Bagdad n'apparaît pas différente des autres grandes villes du Moyen-Orient, on pourrait se croire à Istanbul ou à Damas. On ne voit pas d'autres flics que ceux qui règlent la circulation aux carrefours. Les passants vont à leurs affaires, apparemment libres de leurs mouvements. Les taxis conduisent le visiteur étranger où il veut. Où ça, un État policier ? Le doute vient avec les premiers contacts avec les locaux. Échanges chaleureux, mais extrêmement frileux, lisses de tout sous-entendu, de toute allusion politique, de tout humour, surtout, surtout pas de blagues sur Saddam. Jamais un clin d'œil pour dire qu'on n'en pense pas moins, même si on ne peut pas parler. Un soir, comme je rentrais, j'ai croisé les deux serveurs du restaurant de l'hôtel. Des jeunes gens dans la vingtaine. L'un étudiant en journalisme justement, l'autre presque avocat. Ils étaient ravis que je leur fasse un brin de conduite, jusqu'au moment où je leur ai demandé ce qu'ils pensaient de Saddam. C'est comme si je leur avais introduit un fer rougi dans le cul. Bonsoir, monsieur. Ils sont partis au galop. Parlant de Saddam, on s'habitue vite à voir son gigantesque portrait placardé partout, dans toutes les poses et toutes les tenues. Mais tout à coup on s'étonne : comment cela, pas un seul de ces portraits maculé de quelques tomates pourries ? C'est pourtant vite lancé, une tomate, la nuit. Comment cela, pas un seul graffiti ? On commence à mesurer la terreur qui règne ici. À Bassora, la grande ville du sud de l'Irak, je suis tombé sur un pédiatre qui, m'avait-il semblé, était au bord de hurler son écœurement. Je suis retourné le voir en soirée avec un médecin de notre délégation. Le plus loin qu'est allé le pédiatre écœuré, en deux heures d'entretien, c'est d'émettre le souhait que Saddam et Clinton règlent leur différend « entre hommes » et qu'on en finisse. Juste ça, juste de suggérer, par la bande, que Saddam ne valait peut-être pas mieux que Clinton, lui avait donné des suées. Cela aussi donne la mesure de la répression qui étouffe ce pays. On se croyait libre de nos mouvements, et voilà qu'on découvrait qu'il fallait une autorisation de circuler pour aller à seulement 20 kilomètres du centre-ville. Voilà que les gens des ONG qui travaillent à Bagdad nous rapportent qu'ils sont flanqués toute la journée d'un ange gardien uniquement chargé de faire rapport de leurs activités, ce qui s'est fait, ce qui s'est dit, qui est venu. Voilà que nous allons à Bassora et que nous avons à passer une bonne douzaine de contrôles militaires. Voilà que trois membres de notre délégation se font « sortir » manu militari de Saddam City, le quartier le plus rebelle de Bagdad. Voilà qu'en pleine ville de Bassora, un militaire m'interdit l'accès à un pont. Nos minuscules embarras de visiteurs privilégiés, pilotés par deux flics qui nous ouvraient toutes les portes, laissent à penser ce que le citoyen ordinaire a à endurer dans son quotidien. Saignés de l'extérieur par l'embargo, les Irakiens sont étranglés de l'intérieur par le plus glauque, le plus stalinien des États policiers légué justement par les Soviétiques qui ont déjà été très influents en Irak. Pour vous dire, les Irakiens sont si terrifiés par leurs innombrables polices qu'on n'en trouvera aucun pour oser nous le confirmer ! Ce n'est qu'à Amman, au retour, que des exilés irakiens en Jordanie, accepteront de nous expliquer comment s'exerce cette terreur au quotidien. Un demi-million d'Irakiens vivent à Amman de petits trafics qu'alimentent ceux qui font la route vers Bagdad, cigarettes, bijoux, dates, vêtements. Ils vivent entre la crainte des rafles et le vague espoir d'être acceptés comme réfugiés. Mais comme nous a dit Nasser, avec un pauvre sourire : « Nos passeports verts ne sont pas à la mode ! » Ils sont cinq dans la petite pièce glacée où ils nous ont invités à entrer. Je suis accompagné de Josée, la photographe de la délégation. Ils ne voulaient rien savoir d'une photo, ils accepteront finalement de poser de dos. Même ici, ils ont peur de la police secrète. Celui-ci a fait un an de prison et a été torturé. Celui-là est venu avec le passeport de son frère assassiné en plein Saddam City, au début de l'année, dans la vague de révoltes qui a suivi le meurtre politique de l'ayatollah Sadek Al Sadr. Ils sont de la majorité chiite, soupçonnée par le pouvoir (sunnite) de vouloir renverser le régime. Celui-ci, professeur de physique, s'est exilé pour des raisons économiques : « Nous étions en train de crever littéralement de faim. Ma femme et mes trois enfants sont restés à Bagdad, je leur envoie de l'argent tous les mois. » D'entrée de jeu, tous refusent de parler de Saddam : « Cela nous exposerait inutilement. » Mais ils en parleront quand même un peu. – Comment s'organise la répression en Irak ? – Police municipale. Police criminelle. Sécurité civile. Sécurité militaire. Renseignements généraux. Cela vous suffit ? Et il en est une autre, la pire : la sécurité interne qui quadrille les quartiers en nommant « un responsable de la moralité » pour chaque îlot de 20 maisons. Ce responsable tient des fiches sur chaque famille. En fait, tout le monde surveille tout le monde, tout le monde dénonce tout le monde. Quotidiennement des gens disparaissent. Un fils ne rentre pas de l'université. Un père ne revient pas du souk. On n'en entend plus jamais plus parler. Dans Saddam City, pour chaque îlot de 20 maisons, on compte trois ou quatre disparus. – S'il y avait des élections libres en Irak aujourd'hui ? – Saddam n'obtiendrait pas le quart d'un seul vote. – Dans l'intimité des familles, que dit-on des palais que se fait bâtir Saddam ? – On s'en fout. On ne comprend pas très bien l'indignation des Occidentaux sur ce point. Le pays tout entier est un palais pour Saddam. – Avez-vous fait la tournée des ambassades d'Amman dans l'espoir d'être accepté comme immigrant quelque part ? – Je suis allé à l'ambassade canadienne entre autres. De toute façon, cela prend huit mois pour avoir une réponse. Or nos visas en Jordanie sont de six mois… – Ce n'est pas l'amour fou avec les Jordaniens ? – Ça ne l'a jamais été. Les Irakiens ont toujours traité les Jordaniens de très haut, en petits cousins pauvres. Aujourd'hui, les Jordaniens prennent leur revanche. – Revenons en Irak. 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