
«C'est une déclaration officielle de leur abandon»: l'inquiétude des familles des otages après l'annonce du plan de Netanyahou pour Gaza
Les voix continuent de s'élever contre le gouvernement de Benyamin Netanyahou au sujet du sort des otages toujours retenus dans la bande de Gaza. Sur les 251 personnes capturées par le Hamas le 7-Octobre, 49 d'entre elles sont toujours entre les mains du mouvement terroriste - dont 27 sont présumées mortes. Alors que les négociations entre le Hamas et Israël à propos d'un nouvel échange d'otages contre des prisonniers palestiniens sont au point mort depuis plusieurs mois, les familles des otages accusent le gouvernement israélien de ne pas suffisamment agir pour obtenir leur libération.
La décision de Benyamin Netanyahou, jeudi 7 août, de «prendre le contrôle» total de la bande de Gaza pour «vaincre» le Hamas a marqué un nouveau tournant dans la colère d'une partie de la population israélienne. Plusieurs centaines de proches d'otages ont, encore une fois, manifesté devant les bureaux du premier ministre pour exiger la fin de la guerre et un accord avec le Hamas, pendant que se tenait la réunion du conseil de sécurité israélien.
Une manifestatnte lors d'une manifestation exigeant la libération immédiate des otages et la fin de la guerre, à Tel Aviv, le 7 août 2025.
Ammar Awad / REUTERS
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Quelques heures plus tôt, dans la matinée, des familles d'otages ont embarqué à bord de trois voiliers naviguant au large de la bande de Gaza, une manière symbolique de se «rapprocher autant que possible» de leurs proches. Équipés de pancartes à l'effigie des otages et de haut-parleurs, ils ont crié : «Nous venons pour vous sauver ! Nous voulons votre retour le plus rapidement possible.»
Le Forum des otages, qui réunit les familles et les proches des prisonniers du Hamas, a fermement condamné le plan de Netanyahou, affirmant que «le gouvernement israélien a condamné les otages vivants à mort et les otages tombés à la disparition». «La décision du cabinet de lancer le processus d'occupation de la bande de Gaza est une déclaration officielle de l'abandon des otages, tout en ignorant complètement les avertissements répétés de l'échelon militaire et le désir clair de la plupart de l'opinion publique en Israël», a-t-il déploré.
Le Hamas profite de la situation
Spectateur, le Hamas profite de la situation pour affirmer que le gouvernement israélien «ne se soucie pas du sort de leurs otages», se lance dans «une aventure criminelle qui coûtera cher» et aboutira à leur «sacrifice » a affirmé le Hamas dans un communiqué diffusé sur Telegram. «Ils ont compris que l'extension de l'agression signifie leur sacrifice, révélant leur imprudence envers la vie des prisonniers pour des objectifs politiques ayant déjà échoué», a soutenu le mouvement islamiste.
Pour faire monter la pression, le Hamas avait diffusé des vidéos d'otages squelettiques et affamés, recroquevillés dans des tunnels de la bande de Gaza. Elles ont provoqué l'indignation d'une grande partie de la société israélienne et internationale, dénonçant des images «cruelles» et «ignobles».
«Notre cœur se brise»
Mais elles ont surtout accru l'inquiétude des familles des otages. Rina Angrest, la grand-mère de Matan Angrest, un Israélien de 21 ans, s'était emportée auprès de la chaîne israélienne i24News, s'en prenant à Benyamin Netanyahou. «La situation est terrible, j'essaie de comprendre la logique du premier ministre et des autres décideurs - mais les otages ne les intéressent tout simplement pas. Notre cœur se brise», s'est-elle attristée. Son petit-fils aurait subi des violences répétées et aurait été enfermé dans une cage, selon les témoignages évoqués dans un rapport du Forum des familles d'otages et de disparus, publié le 7 avril.
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«Depuis le début, Netanyahou fait croire qu'il n'y a aucun problème à vaincre le Hamas et à libérer les otages en même temps, alors que la plupart des Israéliens connaissent la vérité. Et la vérité, c'est qu'il est impossible de faire les deux en même temps», relève Michael Milshtein, directeur du Forum des études palestiniennes au Centre Moshe-Dayan à l'université de Tel-Aviv, cité par Le Monde.
Tensions avec l'état-major
Le mouvement de contestation ne se limite pas aux seules familles des otages, le nouveau chef d'état-major Eyal Zamir a publiquement exposé son opposition au plan de l'exécutif - fait rare -, le mettant en garde contre le «piège» d'une occupation totale de Gaza, et le danger qu'elle ferait peser sur la vie des otages. «Nous ne traitons pas de théorie - nous traitons de questions de vie ou de mort, de la défense de l'État, et nous le faisons en regardant droit dans les yeux nos soldats et les citoyens du pays», a ajouté le chef de Tsahal alors que de plus en plus de réservistes ou jeunes recrues s'inquiètent de la tournure que prend le conflit.
Le message du chef de l'état-major a été remarqué par Rina Angrest qui a estimé qu'Eyal Zamir devait «tenir bon». «Qu'il y ait au moins une personne qui vienne dire des choses différentes. Ils veulent le limoger parce qu'ils ne sont pas d'accord avec ses propos. Je sais qu'il s'oppose à une entrée dans la zone où se trouvent les otages», a-t-elle ajouté.
Signe de ces tensions, le ministre de la Défense, Israël Katz, a déclaré que dans tous les cas le chef d'état-major devra «exécuter avec détermination» les décisions politiques du gouvernement.
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