
« Grande et belle loi » budgétaire américaine : les gagnants et les perdants des choix de Donald Trump
a tenu à signer en grande pompe le 4 juillet
, jour de la fête nationale américaine.
Le post de la Maison-Blanche sur X a très vite été accompagné d'un commentaire peu élogieux de mise en contexte. L'OBBBA « alourdit le déficit d'au moins 3 300 milliards de dollars sur dix ans par le biais de réductions d'impôts et d'augmentations nettes des dépenses, selon des analyses neutres ».
Ce commentaire est signé Grok, l'IA générative… d'Elon Musk,
grand pourfendeur du budget de Trump
qui, selon lui, va coûter plus qu'il ne va rapporter à l'économie américaine. Et en effet, le Bureau budgétaire du Congrès, le CBO, chargé d'évaluer de manière non partisane l'impact des projets de loi sur les finances publiques, a estimé mardi que le texte
augmenterait la dette américaine de plus de 3 400 milliards
de dollars d'ici 2034, alors qu'elle dépasse déjà les 36 000 milliards.
Les personnes âgées, les étudiants, les familles, les Américains à faibles revenus… presque tout le monde va être touché aux États-Unis par ce texte de loi sur les impôts et les dépenses de l'État fédéral. Tour d'horizon.
Des millions de personnes pauvres soumises à une exigence de travail.
Contrairement à ce que l'on pense souvent, il existe aux États-Unis, depuis 1965, une forme d'assurance santé appelée Medicaid, pour les personnes et familles à bas revenus et les personnes handicapées. Elle a été étendue sous Obama aux travailleurs pauvres, et couvre aujourd'hui 83 millions d'Américains. Le financement est réparti entre les États et l'État fédéral.
L'OBBBA, en plus de réduire les financements fédéraux, instaure, pour les bénéficiaires valides âgés de 19 à 64 ans, une obligation de travailler, de suivre des cours, de faire du bénévolat, pendant 80 heures par mois, soit 20 heures par semaine. Idem pour les parents d'enfants âgés de 14 ans et plus. Le CBO estime que 5,2 millions de personnes ne pourront pas répondre à cette obligation et perdront leurs droits. Quant au durcissement des formalités administratives, elles pourraient détourner des aides près de 12 millions de bénéficiaires en dix ans.
Les bénéficiaires de bons alimentaires touchés.
43 millions d'Américains bénéficient de l'aide alimentaire aux États-Unis, le
programme SNAP
. Les conditions d'éligibilité vont être durcies pour les personnes de 55 à 64 ans, les parents d'enfants de 14 ans et plus, les anciens combattants, les anciens jeunes placés en famille d'accueil et les SDF.
La National Grocers Association (NGA), la principale association professionnelle du pays représentant l'industrie de l'épicerie indépendante, a averti que cette réforme aura des conséquences en cascade sur l'emploi dans les épiceries, en particulier dans les zones rurales.
Les étudiants affectés.
Les plafonds des prêts fédéraux contractés par les étudiants pour financer leurs études supérieures vont être revus à la baisse, et les
options de remboursement beaucoup plus restreintes. Dans le même temps,
les universités privées
vont subir une forte hausse de leur
impôt sur les revenus de leurs dotations, passant de 1,4 % à un taux maximal de 8 %, en fonction du nombre d'inscrits.
Donald Trump maintient sa volonté de
mettre au pas
par l'argent les établissements les plus prisés comme Yale, Harvard et le MIT, qui seront sans doute poussés à augmenter leurs droits d'inscription.
Pour les migrants, moins de droits et plus de frais.
Réfugiés, demandeurs d'asile, victimes de violences conjugales ou de trafic sexuel, quelle que soit la raison de leur arrivée aux États-Unis, les immigrés ne bénéficieront plus de la fraction d'aide auxquels ils avaient droit.
Il leur faudra en outre payer pour demander l'asile, obtenir une autorisation de travail ou le statut de protection temporaire, ainsi que pour la plupart des dossiers déposés auprès des tribunaux d'immigration.
En outre, une
nouvelle taxe sur les transferts d'argent
effectués par les Américains vers l'étranger a été créée. Équivalant à 1 % du montant du transfert, elle pénalisera les personnes immigrées qui soutiennent leurs proches dans leur pays d'origine.
Les États.
Face aux réductions massives des subventions fédérales à l'endroit des pauvres, les États devront décider de compenser, ou non.
Les fiefs conservateurs feront face au plus gros dilemme : soutenir les choix de leur président ou couper les aides aux citoyens modestes, qui ont massivement voté pour le milliardaire. Et si les États ne suppriment rien des aides aux plus pauvres, ils devront trouver d'autres postes d'économies. Difficulté d'autant plus grande que la loi quadruple la somme que les ménages peuvent déduire de leurs impôts étatiques et locaux.
Les énergies renouvelables.
Bien que le Sénat ait voté un sursis jusqu'en 2027, l'OBBBA supprime les incitations fiscales à développer des projets éoliens et solaires. De même, la déduction fiscale instaurée sous Biden pour acheter un véhicule électrique prendra fin en septembre, sept ans plus tôt que prévu.
Les riches perdant leur emploi.
La mesure a été ajoutée par le Sénat : les millionnaires qui perdent leur emploi ne percevront plus d'allocations chômage. Selon
le Congressional Research Service, un institut de recherche non-partisan sur les politiques publiques du Congrès, des milliers de personnes qui ont gagné 1 million de dollars ou plus ont demandé des allocations de chômage en 2021 et 2022.
Tous les Américains.
Selon les détracteurs de la loi, et de nombreux instituts non partisans, le « One Big Beautiful Bill Act » ne prévoit pas de réduire la dette nationale et obligera le Trésor américain à emprunter davantage pour financer le remboursement de sa dette. La facture pour ce seul service pourrait atteindre 1 000 milliards par an. Le risque étant que les taux d'intérêt se maintiennent à un haut niveau, dans un pays qui utilise le crédit au quotidien.
Un certain nombre de contribuables vont y gagner, au premier rang desquels… les plus riches.
Une
analyse du Tax Policy Center
, think tank non partisan basé à Washington, montre que 60 % des grands bénéficiaires des réductions d'impôts fédéraux seront les 20 % d'Américains les plus aisés (gagnant plus de 217 000 dollars par an). En moyenne, ils verront leur impôt baisser de 12 500 dollars en 2026.
Selon le Penn Wharton Budget Model, un
laboratoire de l'université de Pennsylvanie
, le gain annuel moyen frisera les 300 000 dollars pour les 0,1 % des plus riches. En revanche, les ménages qui gagnent 35 000 dollars ou moins ne verront leur impôt baisser que de 150 dollars.
De nombreux parents
vont bénéficier d'un crédit d'impôt par enfant de 2 200 dollars, contre 2 000 dollars actuellement. Ce crédit va être progressivement supprimé aux parents solos qui gagnent plus de 200 000 dollars et le double pour les couples mariés.
Un livret d'épargne pour les bébés
.
Dans le cadre d'un programme pilote de trois ans pour booster la natalité, chaque bébé américain né entre 2025 et 2028 recevra du gouvernement un
pécule de 1 000 dollars
sur un compte bloqué. Les parents ne pourront qu'ajouter des sommes, jusqu'à 5 000 dollars chaque année et laisser les intérêts prospérer jusqu'aux 18 ans de l'enfant.
Les entreprises.
Elles vont pouvoir amortir intégralement leurs équipements dès la première année d'achat, ce qu'elles ne pouvaient plus faire depuis 2023. De même, les coûts de recherche et développement seront amortissables l'année de leur engagement, et non sur cinq ans. Le coût de construction d'une nouvelle installation sera déduit immédiatement, et, preuve de l'importance que lui voue la Maison-Blanche, c'est la seule disposition de la loi qui va rétroagir au 19 janvier dernier, veille de l'investiture du président républicain.
Les acquéreurs de voiture à essence
. Quiconque achète à crédit une
voiture neuve fabriquée aux États-Unis
pourra déduire les intérêts de son revenu imposable, dans la limite de 10 000 dollars.
Le BTP.
Lors de son premier mandat, Donald Trump n'avait pas pu réunir les fonds pour construire un mur le long de l'immense frontière avec le Mexique. 46,5 milliards de dollars ont été inscrits dans la loi pour mener le projet à bien, en plus de 45 milliards pour les centres de détention des personnes sans papiers appréhendées par les services de l'immigration et des douanes.

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4 hours ago
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Bourse de Paris: le CAC 40 progresse avec l'espoir d'un accord commercial, Société Générale continue de grimper
Le CAC 40 termine dans le vert ce lundi, malgré les signaux contradictoires sur les négociations commerciales. À l'approche de la date butoir du 9 juillet, les Bourses mondiales restent vigilantes, dans l'attente d'officialisation d'accords entre les États-Unis et ses partenaires commerciaux. La tendance du marché La date butoir du 9 juillet approche et les marchés financiers sont désormais concentrés sur les négociations commerciales. Si les investisseurs commencent à être rodés de la stratégie «Taco Trade» («Trump Always Chickens Out», soit «Trump se dégonfle toujours» en français), ils se lassent également de ces incertitudes commerciales. À découvrir Suivez Le Figaro Bourse sur WhatsApp Dans ce contexte, le CAC 40 a ouvert prudemment dans le vert avant d'osciller autour de l'équilibre. Il faudra attendre une déclaration d'un «bon échange» entre Bruxelles et Washington pour que l'indice français se positionne définitivement en territoire positif. 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La National Grocers Association (NGA), la principale association professionnelle du pays représentant l'industrie de l'épicerie indépendante, a averti que cette réforme aura des conséquences en cascade sur l'emploi dans les épiceries, en particulier dans les zones rurales. Les étudiants affectés. Les plafonds des prêts fédéraux contractés par les étudiants pour financer leurs études supérieures vont être revus à la baisse, et les options de remboursement beaucoup plus restreintes. Dans le même temps, les universités privées vont subir une forte hausse de leur impôt sur les revenus de leurs dotations, passant de 1,4 % à un taux maximal de 8 %, en fonction du nombre d'inscrits. Donald Trump maintient sa volonté de mettre au pas par l'argent les établissements les plus prisés comme Yale, Harvard et le MIT, qui seront sans doute poussés à augmenter leurs droits d'inscription. Pour les migrants, moins de droits et plus de frais. Réfugiés, demandeurs d'asile, victimes de violences conjugales ou de trafic sexuel, quelle que soit la raison de leur arrivée aux États-Unis, les immigrés ne bénéficieront plus de la fraction d'aide auxquels ils avaient droit. Il leur faudra en outre payer pour demander l'asile, obtenir une autorisation de travail ou le statut de protection temporaire, ainsi que pour la plupart des dossiers déposés auprès des tribunaux d'immigration. En outre, une nouvelle taxe sur les transferts d'argent effectués par les Américains vers l'étranger a été créée. Équivalant à 1 % du montant du transfert, elle pénalisera les personnes immigrées qui soutiennent leurs proches dans leur pays d'origine. Les États. Face aux réductions massives des subventions fédérales à l'endroit des pauvres, les États devront décider de compenser, ou non. Les fiefs conservateurs feront face au plus gros dilemme : soutenir les choix de leur président ou couper les aides aux citoyens modestes, qui ont massivement voté pour le milliardaire. Et si les États ne suppriment rien des aides aux plus pauvres, ils devront trouver d'autres postes d'économies. Difficulté d'autant plus grande que la loi quadruple la somme que les ménages peuvent déduire de leurs impôts étatiques et locaux. Les énergies renouvelables. Bien que le Sénat ait voté un sursis jusqu'en 2027, l'OBBBA supprime les incitations fiscales à développer des projets éoliens et solaires. De même, la déduction fiscale instaurée sous Biden pour acheter un véhicule électrique prendra fin en septembre, sept ans plus tôt que prévu. Les riches perdant leur emploi. La mesure a été ajoutée par le Sénat : les millionnaires qui perdent leur emploi ne percevront plus d'allocations chômage. Selon le Congressional Research Service, un institut de recherche non-partisan sur les politiques publiques du Congrès, des milliers de personnes qui ont gagné 1 million de dollars ou plus ont demandé des allocations de chômage en 2021 et 2022. Tous les Américains. Selon les détracteurs de la loi, et de nombreux instituts non partisans, le « One Big Beautiful Bill Act » ne prévoit pas de réduire la dette nationale et obligera le Trésor américain à emprunter davantage pour financer le remboursement de sa dette. La facture pour ce seul service pourrait atteindre 1 000 milliards par an. Le risque étant que les taux d'intérêt se maintiennent à un haut niveau, dans un pays qui utilise le crédit au quotidien. Un certain nombre de contribuables vont y gagner, au premier rang desquels… les plus riches. 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