
« Ça devient l'URSS ! » : cette note de l'Insee fait dévisser la droite et l'extrême droite
Dans un contexte de crise du logement, les chiffres s'avèrent particulièrement intéressants d'autant qu'ils portent sur le taux de sous-occupation. L'étude conclut que près de 8 millions de logements, soit un quart des résidences principales, sont largement sous-occupés en France, c'est-à-dire avec au moins trois pièces de plus que « nécessaire ». En l'occurrence il s'agit la plupart de temps de maison individuelle, dont les habitants sont propriétaires des 60 ans et plus et qui ont emménagé il y a plus de 30 ans.
Le phénomène est plus prégnant dans les zones rurales, notamment dans les Hauts-de-France et le littoral breton. Côté ménages en activité, ce sont essentiellement les agriculteurs qui habitent des maisons très sous occupées. De potentiels électorats non négligeables pour le RN.
Voilà une première tentative d'explication aux cries d'orfraies poussés par Marine Le Pen après la publication d'un article de BFMTV consacré à l'étude. « Non, mais ça devient l'URSS ! », a taclé la cheffe de file de l'extrême droite, avant de s'en prendre à l'étude en elle-même : « Et alors ? ! Vous allez obliger les Français à cohabiter ? ! Vous allez leur imposer d'héberger des gens chez eux ? ! Ça commence à bien faire maintenant ! S'ils ont envie d'avoir deux pièces de plus, c'est leur affaire, ils ont acheté leur maison ou la louent, c'est leur argent ! » Un message relayé sur X par ses troupes, mais aussi son allié UDR, Éric Ciotti.
L'analyse vire carrément au complotisme
L'Insee qui a effectué un travail de statistique, comme son intitulé l'y engage, à partir des données de recensement, se garde pourtant bien de critique ou de proposition politique. Visiblement, ce sont les formulations choisies par l'institut qui hérissent, en démontre la réaction de David Lisnard qui s'interroge faussement un tweet aux accents « urssistes » : « Qui décide de cette 'nécessité' et de ces 'besoins' ? La Direction Générale du Logement Standard, le Comité Suprême de l'Appartement Nécessaire, en lien avec les comités de surveillance de voisinage ? », se demande le maire de Cannes, estampillé LR libéral.
Les deux élus ne sont pas les seuls à soupçonner l'Insee de pousser carrément au soviétisme ou au collectivisme. « Ce concept de 'sous-occupation' d'un logement est un ferment liberticide », accuse même un ancien candidat LR aux législatives, quand d'autres aux accents complotistes assurent que l'Insee, ou les journalistes d'ailleurs, « préparent le terrain » pour de nouvelles taxes ou forcer les propriétaires en question à loger des migrants. « Pour avoir l'idée de mener cette étude… ça naît forcément dans un esprit communist e. On va bientôt nous rationner en chambre », avance même une chroniqueuse des Grandes Gueules sur RMC. Rien que ça.
Dès qu'il s'agit de questionner l'habitat individuel, le tropisme soviétique ressurgit. L'ancienne ministre du Logement Emmanuelle Wargon, ne le sait que trop bien. En estimant publiquement, en 2021, que la maison individuelle avec jardin est un non-sens écologique elle avait déclenché un tollé. « L'avenir soviétique de Madame Wargon, non merci ! », avait tonné une certaine… Marine Le Pen.
La norme selon l'Insee
L'Insee n'a pour le moment pas donné suite aux sollicitations du HuffPost. Mais les outrances de certaines réactions irritent parmi les chercheurs et même les politiques. Le député macroniste Stéphane Vojetta s'agace de voir politiser une étude importante, « notamment pour comprendre si certaines personnes sont contraintes par le système à occuper des biens trop grands par rapport à leurs souhaits, voire à leurs contraintes physiques. Nous savons que c'est notamment le cas dans le parc HLM ».
Sylvain Catherine, professeur de finances à la prestigieuse école de Wharton aux États-Unis appelle lui aussi à un peu de bon sens, face à la « grosse confusion » entre des mesures statistiques et le « fait d'en tirer des conclusions normatives totalitaires » : « [la note] de l'INSEE ne contient aucun jugement moral ni de proposition politique ». Même rappel utile de la part de l'historien Hervé Joly, chercheur au CNRS. Il rappelle que l'étude ne comporte « aucun jugement de valeur », même si « on peut quand même s'interroger sur la pertinence du concept ».
L'Insee prend lui-même des pincettes dans sa définition de la sous-occupation, il s'agit d'une « norme » du nombre de pièces « théoriquement nécessaire au ménage ». Un outil utilisé d'ailleurs dans d'autres notes et études. Dans cette norme, l'Insee comprend une pièce de séjour pour le ménage ; une pièce pour chaque couple ; une pièce pour chaque personne de 19 ans ou plus ne vivant pas en couple dans le ménage ; pour les personnes de moins de 19 ans, une pièce pour deux personnes si elles ont le même sexe ou ont moins de 7 ans, sinon, une pièce par personne.
À cet égard, les pièces à usage exclusivement professionnel ainsi que les personnes séjournant ponctuellement dans le logement ne sont pas prises en compte dans le calcul de cette norme. Tout comme la pièce du café du commerce.
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