
La vérificatrice générale enquêtera sur un portail défectueux de l'ASFC
L'audit sur le Système de gestion des cotisations et des recettes (GCRA) n'a pas encore commencé, et aucun calendrier n'a été établi pour le moment, a précisé le Bureau du vérificateur général du Canada dans un courriel.
La Presse rapportait en juin que l'outil numérique a déjà coûté plus d'un demi-milliard aux contribuables, alors que les dépenses autorisées atteignent 706,5 millions, contre un budget annoncé de 408 millions – incluant la maintenance – en 2019. La mise en œuvre de la phase ultime du projet a été reportée une énième fois du 13 mai dernier à octobre prochain.
Lisez notre enquête sur le portail GCRA
L'initiative, dans les cartons depuis 2010, vise à moderniser la perception des droits et des taxes sur les marchandises commerciales. Tous les importateurs et leurs partenaires commerciaux devront être enregistrés dans un portail client pour transmettre leurs déclarations et leurs paiements directement en ligne à l'ASFC. C'est désormais elle qui sera chargée des calculs plutôt que les importateurs.
Dans un mémoire accablant remis aux parlementaires le 8 avril dernier et passé inaperçu, 22 organisations soulignent notamment que « les calculs des droits et taxes continuent d'être erronés ». Parmi les signataires : l'Association canadienne des importateurs et exportateurs (IE Canada), la Société canadienne des courtiers en douane, la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante et la Chambre de commerce des États-Unis.
L'ASFC a mené trois séries de tests contrôlés du système GCRA, a précisé Kim Campbell, ex-présidente d'IE Canada, lors d'un comité parlementaire tenu en mars dernier.
« Chaque série de tests a été extrêmement frustrante, car le processus et les scripts de tests étaient truffés d'erreurs et semaient la confusion. La même chose s'est répétée à chaque phase de test. Des éléments qui devaient être corrigés ne l'ont pas été », a-t-elle déploré.
L'Association canadienne des importateurs et exportateurs (IE Canada) a demandé au Comité permanent du commerce international de mandater la VG afin qu'elle produise un rapport d'examen sur la « gestion et l'exécution du projet, les dépassements de coûts et la gestion des fournisseurs ».
Ted Gallivan, premier vice-président de l'ASFC, a affirmé qu'il est « impensable » qu'un système de la portée du GCRA soit dépourvu d'« oublis » ou de « bris », lors d'une entrevue avec La Presse par visioconférence.
« J'accepte qu'il va y avoir des problèmes parce que c'est un système avec des millions de transactions. Mon rôle, c'est d'avoir une équipe qui documente les problèmes, puis qui les règle dans un temps opportun », a-t-il expliqué.
Le GCRA, « c'est un peu un mélange entre ArriveCAN et Phénix », estime Simon-Pierre Savard-Tremblay, député du Bloc québécois et vice-président du Comité permanent du commerce international, en faisant référence aux deux projets numériques fédéraux plombés par des scandales. Le parlementaire a envoyé une lettre à la vérification générale lui demandant qu'elle se penche sur le dossier.
La multinationale Deloitte a obtenu par appel d'offres l'essentiel des contrats accordés par l'ASFC pour le GCRA, en 2013, 2015, 2016 et 2018. À lui seul, le plus récent contrat, qui s'étire jusqu'en 2026, affiche une valeur de 322 millions, selon des documents demandés en vertu du privilège parlementaire et obtenus par La Presse.
Déjà en 2021, une vérification interne pointait des « retards importants dans la conception de la solution » qui « ont eu une incidence sur les activités d'intégration essentielles qui doivent être réalisées, y compris la résolution des problèmes d'interface et la réalisation d'essais d'acceptation par l'utilisateur ».

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2 hours ago
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Nos jeunes paient le prix de la mauvaise gestion
« Le gouvernement Legault vit dans un monde imaginaire s'il croit que les services aux élèves ne seront pas touchés dès la rentrée de septembre », écrivent les auteurs. Lorsqu'il s'est adressé à la Chambre de commerce en tant que ministre de l'Éducation, le 30 mai 2000, François Legault a déclaré : « L'éducation doit donc devenir encore plus concrètement le projet de société du Québec parce que je veux que nous soyons ambitieux pour notre système d'éducation. Je veux que nous ayons le meilleur système, les meilleures écoles, les meilleurs cégeps et les meilleures universités. Je veux que tout le Québec partage cette ambition, mais je veux surtout que nous soyons ambitieux pour chacun de nos élèves. » Alain Fortier Dernier président de la fédération des commissions scolaires du Québec Joe Ortona Président de l'association des commissions scolaires anglophone du Québec Deux décennies plus tard, le 28 novembre 2018, dans son discours inaugural à l'Assemblée nationale en tant que premier ministre, il a critiqué le précédent gouvernement libéral pour avoir réduit les dépenses en éducation tout en promettant d'améliorer le système éducatif de la province. Il a déclaré : « Même si le Québec devait traverser un ralentissement économique, le financement de l'éducation sera protégé. L'avenir de nos enfants, l'avenir du Québec sera protégé. » Il est clair que le premier ministre a changé son discours : il a renié son engagement de longue date envers les Québécois de protéger et de renforcer le réseau public d'éducation. Le 12 juin 2025, sans consultation ni avertissement préalable, le gouvernement a relégué les besoins de nos jeunes au deuxième plan en modifiant unilatéralement les règles budgétaires, annonçant des compressions massives totalisant 570 millions de dollars. Pour aggraver la situation, le gouvernement refuse de permettre aux commissions scolaires d'utiliser leurs surplus accumulés afin d'atténuer l'impact de ces mesures. Cette décision est imposée sans réelle considération des conséquences sur le terrain, alors que la planification des effectifs est déjà déterminée et les processus d'embauche complétés pour la prochaine année scolaire. Cette manœuvre a été motivée par le désir de combler un déficit record, de réagir à la dégradation de la cote de crédit du Québec et de compenser des erreurs coûteuses, notamment l'échec de l'investissement dans Northvolt et la somme de plus de 1 milliard de dollars gaspillée dans le projet SAAQclic. Il est crucial de rappeler que ces coupes s'ajoutent aux compressions de 200 millions de dollars annoncées en décembre dernier ainsi qu'au gel d'embauche déguisés en mesures d'optimisation en vigueur depuis novembre 2024. 1 milliard en moins pour le système scolaire Ainsi, force est de constater que l'ensemble des coupes budgétaires imposées par le gouvernement représente près de 1 milliard de dollars retranchés du système scolaire. Le gouvernement Legault vit dans un monde imaginaire s'il croit que les services aux élèves ne seront pas touchés dès la rentrée de septembre. Toutes les activités parascolaires, le tutorat, les programmes d'arts et de musique sont sur la sellette. Des budgets plus restreints signifient moins d'enseignants, des classes surchargées, davantage d'élèves en difficulté et possiblement la fermeture d'écoles. Les enfants en difficulté seront les premiers touchés, ces compressions entraîneront une réduction du nombre de psychologues, de techniciens en éducation spécialisée, d'orthophonistes, d'ergothérapeutes et de travailleurs sociaux. Le résultat final, c'est que nos jeunes, l'avenir du Québec, comme le déclarait le premier ministre Legault il y a près de sept ans, vont en souffrir à cause de la mauvaise gestion de son gouvernement. Le fait que les centres de services scolaires dans le secteur francophone ne soient plus composés de personnes élues représente un sérieux désavantage. Étant nommées par le gouvernement, ces personnes ne peuvent pas s'exprimer publiquement ; en réalité, elles ont été réduites au silence. Nous appelons chaque Québécois à prendre position et à se faire entendre. Signez la pétition. Contactez vos députés et députées. Participez aux rassemblements qui sont organisés. Il est impératif que le premier ministre Legault entende, une fois pour toutes, que nous rejetons fermement ces coupes en éducation. Sacrifier l'avenir de nos enfants pour camoufler la mauvaise gestion économique de son gouvernement compromet tragiquement l'avenir de toute une génération. Qu'en pensez-vous ? Participez au dialogue


La Presse
4 hours ago
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Du lit d'hôpital aux ultramarathons
Le 20 décembre 2017, aux alentours de midi, Maxime D'Astous a percuté une déneigeuse de plein fouet sur l'autoroute 40. Embardée. Trou noir. Coma artificiel. Diagnostic : deux vertèbres du cou fracturées et traumatisme crânien. Les probabilités qu'il puisse un jour marcher de nouveau étaient infimes. Et pourtant. Ce samedi matin, il sera sur la ligne de départ du Québec Méga Trail 80 km, à Charlevoix. Quand il est sorti du coma, quelques jours après son accident, Maxime D'Astous avait été opéré. Une opération délicate dont il aurait pu ressortir quadriplégique, nous dit-il au téléphone Ses vertèbres du cou et de la tête avaient été « fusionnées », soudées. « J'ai beaucoup de chance juste de bouger en ce moment. » À son réveil, Maxime avait été attaché afin d'éviter qu'il ne fasse une chute. Il ignorait qui il était et ne reconnaissait ni ses parents ni sa copine de l'époque. Le côté droit de son corps était paralysé. Il faisait du strabisme, ce qui l'empêchait de voir clair. « Je pensais que j'étais dans les années 1980 et je ne suis même pas né dans les années 1980 ! », raconte-t-il. PHOTO FOURNIE PAR MAXIME D'ASTOUS Maxime D'Astous a été plongé dans un coma artificiel après un accident en 2017. Ce n'est que plusieurs jours plus tard que les choses ont commencé à se clarifier. Quand les médecins lui ont retiré son masque laryngé, Maxime a regardé son père. « Mon rêve, c'est de marcher à nouveau », lui a-t-il soufflé. Ce père, qui venait d'apprendre que les probabilités de voir son fils marcher, voire se tenir debout avec un déambulateur ou avec une canne, étaient « infimes » … Mais Maxime vient d'une famille « hyper positive ». Il y croyait, et son père aussi. « Quand il t'arrive une épreuve dans la vie, y croire, c'est déjà une bonne étape », rappelle le natif de Sayabec, dans la Matapédia. « Un soir, quatre personnes du personnel de soutien m'ont levé pour que j'essaie de me tenir debout. J'étais mou comme de la guenille. Je n'ai même pas marché, ce sont eux qui m'ont soutenu. Sauf que mon cerveau a enregistré que j'étais capable d'avancer un peu. » Dans les semaines qui ont suivi, Maxime vivait comme un chat : il dormait plus de 20 heures par jour et ne se réveillait que pour manger de la purée. Puis, il a commencé à progresser. PHOTO FOURNIE PAR MAXIME D'ASTOUS Maxime D'Astous avec son déambulateur Il y a d'abord eu la « marche en marchette ». Puis la « marche en chambranlant », suivie de la marche « un peu plus correcte ». « Toutes les fois que je rentrais dans un cabinet de médecins, je voyais leur face. […] Je voyais qu'ils étaient vraiment stupéfaits de me voir arriver en marchant. » Quelque six mois après son accident, il prenait part à une course de 1 km à Rimouski. « C'était tellement dur, juste m'entraîner pour 1 km ! se souvient-il. Je n'en reviens pas que j'ai réussi. » Marathonien toute sa vie Concrètement, Maxime D'Astous a passé deux ou trois ans en « réadaptation intensive ». « Ç'a pris du temps avant que j'accepte que j'avais le cou soudé, que mon côté droit était plus faible. Il l'est encore à ce jour. » En 2020, trois ans après son accident, l'homme aujourd'hui âgé de 34 ans a acheté une fourgonnette, ce qui lui a permis de commencer à voyager. Et deux ans plus tard, en 2022, il a vendu sa maison afin d'y vivre à temps plein. « Le van m'apportait juste un plus grand bonheur. J'ouvre la porte et je découvre chaque matin un paysage nouveau. » PHOTO FOURNIE PAR MAXIME D'ASTOUS En 2022, Maxime D'Astous a vendu sa maison pour vivre à temps plein dans sa fourgonnette. Maxime a commencé à courir plus sérieusement il y a un an et demi, en 2023. Il revenait d'un voyage de deux mois en Europe. « Je n'étais pas en forme, pas en santé, et je me suis dit : c'est assez. J'ai eu une première chance, je ne veux pas me maganer la vie non plus. » Il a couru 10 kilomètres, puis 11, puis 15. En avril 2024, il a fait son premier demi-marathon. En septembre 2024, son premier marathon, à Rimouski. « C'est le plus bel accomplissement de ma vie. Sans contredit. […] Le marathon, pour moi, c'était un mur infranchissable. » « Je suis conscient que je peux mourir demain, que les soudures dans mon cou peuvent lâcher. J'en suis conscient chaque jour. J'ai des douleurs et j'ai un suivi chaque année pour voir s'il n'y a rien de détaché. Je me dis que ce marathon-là, peu importe ce qui m'arrive après, on ne pourra jamais me l'enlever. Je vais être marathonien toute ma vie. » PHOTO FOURNIE PAR MAXIME D'ASTOUS Maxime D'Astous lors d'un marathon Son histoire ne s'arrête pas là. Il y a quelques semaines à peine, Maxime a participé à l'Ultra Trail Gaspésia 55. Une expérience qu'il a adorée. Ce samedi, ce sera le Québec Méga Trail. Il courra 80 km dans les sentiers de Charlevoix. Depuis des mois, il se prépare en parcourant de 100 à 150 km par semaine. « Je me sens quand même stressé, mais fébrile en même temps. […] Je m'en vais dans un univers que je ne connais pas, mais qui me remplit. Courir dans la boue, éviter les obstacles à chaque pas, c'est de la pleine conscience, mais à un niveau supérieur. Les odeurs, le vent… Tout ça est condensé dans la course en trail. » « C'était qui, Maxime D'Astous ? » Aujourd'hui, Maxime D'Astous perçoit son accident à la fois comme la pire et la meilleure chose qui pouvait lui arriver. La pire, parce qu'il vit avec de nombreuses limitations – trous de mémoire, difficultés d'organisation, incapacité à bouger sa tête de gauche à droite. La meilleure, parce qu'elle lui a permis de voir la vie autrement. Il se souvient, dans les semaines qui ont suivi le 20 décembre 2017, avoir longtemps cherché qui il était. Lui qui avait été un chansonnier de carrière – il faisait 200 spectacles par année à travers le Québec –, et qui soudainement, se retrouvait cloué à un lit d'hôpital. « Si je n'étais plus un chansonnier qui buvait, qui faisait le tour du Québec, j'étais qui ? Sans musique, c'était qui, Maxime D'Astous ? » PHOTO FOURNIE PAR MAXIME D'ASTOUS Depuis des mois, Maxime D'Astous se prépare pour le Québec Méga Trail en parcourant de 100 à 150 km par semaine. Il a acheté des plantes, parcouru les friperies, à la recherche d'une passion. « Je me disais : non, ce n'est pas ça qui me rend heureux. J'ai creusé plus profond. Je ne dirais pas que je suis un maître du bonheur ; tous les jours, j'en apprends sur moi. Mais oui, j'ai le bonheur facile. » Maxime a une « urgence de vivre ». Il donne des conférences. Il publiera bientôt une nouvelle chanson. Il profite de l'instant présent comme jamais auparavant. Il s'arrête pour cueillir des fleurs et ramasser des plumes d'oiseaux, pour enregistrer des sons dans la nature. « Le vivant, il est partout maintenant. » Longtemps, la musique a été pour lui une raison de vivre. Aujourd'hui, c'est la course qui le rend « le plus heureux au monde », même s'il la perçoit surtout comme « un pont pour ce qui va s'en venir plus tard ». « J'ai vraiment l'impression que je suis capable d'accomplir de grandes choses. Je ne suis pas en train de dire que je suis un être distinct, zéro, mais je pense que si, hier, j'étais incapable de marcher et qu'aujourd'hui, je cours des marathons et des ultramarathons, sky is the limit. Il n'y a rien d'impossible. »


La Presse
5 hours ago
- La Presse
Les Madelinots veulent protéger un phare patrimonial
De nombreuses voix s'élèvent pour protéger le phare du Cap-Alright, aux Îles-de-la-Madeleine, après l'annonce de la mise en vente du terrain où il se trouve et que possède actuellement l'animatrice et productrice Julie Snyder. Selon une fiche sur le site de RE/MAX, l'immense terrain de bord de mer où le phare est situé est à vendre pour plus de 600 000 $. Or, cela pourrait ouvrir la porte à son acquisition par quelqu'un qui pourrait, par exemple, construire des bâtiments sur le terrain, menaçant la préservation du phare et la beauté des lieux. « On ne peut pas rester indifférents devant la possibilité que le phare nous échappe et soit vendu au plus offrant », a commenté le député des Îles-de-la-Madeleine, Joël Arseneau, sur Facebook, vendredi. Il a aussi demandé « de suspendre temporairement le processus de vente », pour pouvoir donner aux acteurs régionaux « le temps nécessaire pour se concerter […] et élaborer un projet qui permette de protéger ce phare à long terme ». PHOTO YVES TREMBLAY, LES YEUX DU CIEL, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE Le phare du Cap-Alright vu des airs « Le phare du Cap-Alright est à vendre. Si nous demandions aux Madelinots de citer 5 lieux importants aux Îles, probablement que ce site serait nommé. […] Nous n'avons que quelques jours pour nous unir », a pour sa part écrit la Société de conservation des Îles-de-la-Madeleine. « Pas de gaieté de cœur » Le plus petit des six phares de l'archipel occupe une place importante dans l'imaginaire madelinot. « Les phares sont des repères et témoins de la vocation maritime, de la vie maritime et de l'histoire maritime des îles de la Madeleine », explique Serge Rousseau, président de la Corporation pour la sauvegarde du patrimoine des Îles. Ce phare-là en particulier, c'est une icône, une image vraiment typique de ce que sont les îles de la Madeleine. Serge Rousseau, président de la Corporation pour la sauvegarde du patrimoine des Îles De son côté, Julie Snyder a parlé vendredi avec tous les intervenants précédemment mentionnés (en plus du maire Antonin Valiquette) et a acquiescé à la demande du député Joël Arseneau : elle ne s'engagera avec aucun acheteur potentiel durant les deux prochaines semaines. Les parties se rencontreront une autre fois mardi. « L'objectif, c'est que ça reste dans les mains des Madelinots », déclare-t-elle. PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE Julie Snyder, animatrice et productrice Elle explique que « ce n'est pas de gaieté de cœur » qu'elle vend le phare, disant l'avoir tenu « à bout de bras » pendant les dernières années et avoir investi beaucoup de son argent personnel dans le projet de restauration. « Il allait s'effondrer, il était vraiment tout moisi. Il n'y avait plus rien qui tenait [au début] », raconte-t-elle en entrevue avec La Presse. Elle le vend donc parce qu'elle n'a tout simplement « plus les moyens » de protéger le phare. Si elle les avait, elle le conserverait. Le phare du Cap-Alright, sur l'île du Havre aux Maisons, a été construit en 1928 et a été désigné « phare patrimonial » par le gouvernement canadien en 2015, après des démarches de Mme Snyder. « Tombée amoureuse des Îles » après un premier voyage en 2010, Julie Snyder a acheté le phare et le terrain sur lequel il se trouve en 2012, ce qui avait permis d'éviter sa destruction. La productrice a toujours sa résidence principale sur l'archipel. « C'est là que je veux finir mes jours. » Un terrain constructible Le terrain mis en vente a de quoi faire rêver. En plus du célèbre phare, le terrain est immense (27 560 m2) et offre une vue imprenable sur l'océan. Selon la fiche RE/MAX, le terrain est constructible et il serait possible d'y bâtir « une résidence principale, ainsi qu'une dépendance et même une serre ». Le phare est quant à lui protégé de la démolition. « On imagine facilement quelqu'un qui se construit un manoir et qui a un phare traditionnel comme décoration ! », explique M. Rousseau, avec une pointe d'ironie. Mme Snyder rappelle que les règles d'urbanisme pourraient empêcher un tel scénario. De nombreux Madelinots se sont aussi indignés du prix auquel le lot est vendu. Selon le rôle d'évaluation, sa valeur actuelle est estimée à 63 800 $. Or, Mme Snyder le vend pour beaucoup plus que ça : 595 000 $ plus taxes. Des rénovations coûteuses Fils électriques, peinture, solage, porte, rampe, escaliers, bardeaux… Si elle souhaite s'en départir aujourd'hui, reste que Julie Snyder aura investi beaucoup de ressources pour restaurer de fond en comble le bâtiment. Des rénovations coûteuses en énergie et en argent – particulièrement avec un bâtiment de bord de mer soumis aux intempéries. Elle a en outre gardé le terrain ouvert au public pendant toutes ces années. « [Mme Snyder] s'en est bien occupé et le phare est aujourd'hui dans un bon état parce qu'elle s'en est bien occupé. Ça doit être reconnu », nuance M. Rousseau. Ce dernier est d'ailleurs convaincu qu'une solution gagnant-gagnant est possible, et ce, sans que les citoyens s'estiment spoliés. « Pour les gens des Îles, il faut absolument que ce symbole demeure madelinot. »