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Et ça continue, encore et encore

Et ça continue, encore et encore

La Presse5 days ago
La statue de la Liberté, à New York, fait partie de la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1984.
Le mardi 22 juillet dernier, l'administration Trump a annoncé que les États-Unis se retiraient de l'UNESCO. Quelle signification faut-il donner à cette décision qui est la suite d'un certain nombre d'actions posées par la présidence Trump 2.0 contre le multilatéralisme et les organisations onusiennes ?
Michel Audet
Professeur associé, HEC Montréal ; chercheur invité, CERIUM ; ex-représentant du Québec au sein de la Délégation permanente du Canada auprès de l'UNESCO (2006-2011)
Il faut se souvenir que c'est la troisième fois que les Américains se retirent de l'UNESCO. La première fois, en 1984, alors que l'administration Reagan critiquait l'UNESCO pour ses biais idéologiques, mais surtout parce que les Américains en avaient contre la gestion du directeur général de l'époque, le Sénégalais Amadou-Mahtar M'Bow.
Le retour au bercail se fera sous l'administration Bush, en 2003, dans un contexte où la Chine s'impose de plus en plus dans le multilatéralisme et où les Chinois occupent dorénavant des postes d'importance dans les organisations onusiennes. Ce retour en force s'inscrit aussi dans la campagne contre la convention de 2005 sur la promotion et la protection de la diversité des expressions culturelles, cheval de bataille du Canada et du Québec à l'UNESCO durant les années 2000.
Le deuxième retrait survient en 2018, sous la présidence Trump 1.0, prétextant l'antisémitisme de la communauté internationale sous l'influence des pays arabes.
Mais cette décision est la conséquence de la suspension du financement des États-Unis en 2011, sous l'administration Obama, à la suite d'une décision controversée de l'Assemblée générale et de la très grande majorité des États membres d'admettre la Palestine comme membre de plein droit de l'organisation. Cette suspension du financement privait l'UNESCO de 22 % de son budget.
À l'été 2023, c'est le retour au bercail sous la présidence Biden afin de faire barrage à la Chine qui est devenue le meilleur partenaire de la majorité des 54 pays africains et qui impose ses ambitions dans les organisations internationales.
C'est aussi l'époque où Biden a sauvé in extremis sa relation avec l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pendant la pandémie et où l'Amérique a renoué avec l'Accord de Paris sur le climat.
Derby de démolition
Mais depuis le retour du président républicain à la Maison-Blanche en début d'année, on assiste à une opération de démantèlement des accords, conventions et ententes internationaux. L'OMS, l'Accord de Paris, le Conseil des droits de l'homme, l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), USAID et maintenant l'UNESCO font les frais de ce derby de démolition.
La raison maintenant invoquée pour briser les liens avec l'organisation onusienne relève d'un égoïsme brutal.
Le bref communiqué du département d'État indique que l'UNESCO « poursuit des causes sociales et culturelles qui divisent et que son action envers les Objectifs de développement durable (ODD) de l'ONU soutient un programme mondialiste et idéologique en contradiction avec la politique étrangère America First ».
Les missions de l'UNESCO sont nobles et reposent sur la souveraineté des nations, sur la solidarité des peuples et sur la construction de la paix.
Au-delà des religions, des conflits politiques, de l'iniquité des richesses, l'UNESCO œuvre dans le dialogue, à lutter contre la pauvreté et contre la radicalisation, à sauver la biodiversité, à protéger les océans, à promouvoir la diversité culturelle, à protéger l'environnement, à éduquer les jeunes garçons et les jeunes filles, à promouvoir la science dans les politiques publiques.
L'UNESCO travaille avec acharnement à encadrer l'usage éthique de l'intelligence artificielle, à promouvoir la science ouverte, à encourager la liberté d'expression par des médias d'information indépendants et libres, à donner accès à la modernité numérique pour tous les peuples.
C'est donc ce programme qui va à l'encontre des valeurs prônées par l'administration Trump et par les républicains du Congrès.
Nous sommes tous et toutes des spectateurs passifs de l'Amérique d'abord et de ses déclinaisons, à savoir l'élimination du département de l'Éducation, les luttes sans merci avec les universités, la chasse aux immigrants, l'abandon de l'aide internationale, la diabolisation de la cause environnementale, l'appauvrissement des pays par l'imposition de droits de douane, le Far West du nouvel univers numérique, le plan de Riviera pour Gaza, la guerre aux médias, les privilèges aux copains de Mar-a-Lago.
Avec un tel programme, il ne faut donc pas se surprendre que l'UNESCO soit la cible de la présidence Trump.
En agissant ainsi, par contre, Trump installe un dôme de plomb sur son Amérique, se fait des ennemis partout, ouvre la porte aux ambitions hégémoniques de la Chine, de la Russie et d'autres, alimente le contre-pouvoir des BRICS+ et encourage une coalition internationale anti-Amérique.
Mais un jour, il faut l'espérer, l'Amérique changera et grossira les rangs de l'UNESCO pour une quatrième fois afin de panser ses plaies et s'excusera pour les dommages causés à la planète.
L'Acte constitutif de l'UNESCO repose sur une phrase : « Les guerres prennent naissance dans l'esprit des hommes, c'est dans l'esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix. » Voilà une phrase à méditer pour quelqu'un qui aspire à recevoir le prix Nobel de la paix.
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Drogue, alcool et sexe : un proxénète sadique fait la fête pendant sa cavale
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time2 hours ago

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Un proxénète sadique qui a décampé pour faire la fête avec ses amis criminels dès sa sortie du pénitencier pourra malgré tout retourner en maison de transition. Steve Bédard a pourtant été condamné plus de 30 fois pour ne pas avoir respecté des ordres du Tribunal. Même s'il est toujours aussi dangereux, le criminel endurci de 31 ans a été libéré d'office par les autorités carcérales, le 25 avril dernier, après avoir purgé les deux tiers de sa peine. Il avait été condamné à huit ans et demi d'emprisonnement après avoir été reconnu coupable de traite de personne mineure, d'agression sexuelle avec une arme à feu et de séquestration. Il devait toutefois rester pendant six mois dans un centre correctionnel communautaire sous de strictes conditions. Or, Steve Bédard avait déjà prévu son coup. Dès le lendemain, il a pris la fuite pour « passer du bon temps » avec ses amis. Pendant sa cavale de six jours, il a contrevenu à plusieurs conditions de sa libération en buvant de l'alcool, en fumant du cannabis et en ayant des relations sexuelles. Il s'est fait pincer dans un sauna, le 3 mai dernier. Il a été condamné à 45 jours de prison pour ne pas avoir respecté ses conditions. Steve Bédard est décrit comme un homme violent et sadique par les experts. Son risque de récidive est élevé. Depuis 2013, il s'est systématiquement moqué de ses conditions de remise en liberté, accumulant une trentaine de condamnations à cet effet. Il a d'ailleurs commis ses pires crimes deux mois après être sorti de prison. Néanmoins, la Commission des libérations conditionnelles du Canada a de nouveau remis Steve Bédard en liberté la semaine dernière. Il a été assigné à résidence dans une maison de transition, sans privilèges de sortie, jusqu'à la fin de sa peine, l'an prochain. Il devra respecter les mêmes strictes conditions. « L'assignation à résidence est imposée pour la durée de votre libération d'office considérant le caractère sérieux de votre problématique de violence et votre difficulté à respecter le cadre de surveillance en communauté », a conclu le commissaire Howard Bruce dans une décision rendue le 31 juillet dernier. Au Canada, un délinquant doit automatiquement sortir du pénitencier après avoir purgé les deux tiers de sa peine. C'est la « libération d'office ». Pour garder un délinquant au pénitencier pour l'entièreté de sa peine, la Commission doit déterminer qu'il commettra vraisemblablement une infraction grave d'ici la fin de sa détention. Selon de récentes statistiques, entre 2 et 3 % des délinquants admissibles à la libération d'office demeurent derrière les barreaux. Une victime considérée comme un « investissement à long terme » Steve Bédard a été condamné à huit ans et demi de détention en avril 2023 au palais de justice de Montréal pour traite de personne mineure, agression sexuelle avec une arme à feu et séquestration. Mais en soustrayant sa détention préventive, il ne lui restait qu'environ trois ans à purger. Ses crimes sont extrêmement graves. Avec l'aide d'un complice, il a agressé sexuellement une adolescente de 17 ans à l'aide d'une arme à feu et a diffusé en direct son geste crapuleux sur les réseaux sociaux. Heureusement, ces images ont permis aux policiers de sauver in extremis la victime séquestrée dans un hôtel. Steve Bédard, alias « Stevo », voulait même acheter l'adolescente pour en faire son esclave sexuelle. Un « investissement à long terme », selon lui. « Steve a offert beaucoup d'argent. Il voulait m'acheter cher, 5000 $, 10 000 $. J'aurais travaillé quand il voulait, comme il voudrait », avait confié la victime aux policiers. Son complice, Benjamin Dion, a été condamné à sept ans de détention. Il a obtenu sa semi-liberté en septembre 2024.

Les victimes se sentent épuisées et angoissées par les querelles
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(Los Angeles) Les femmes qui affirment avoir été agressées par Jeffrey Epstein sont sceptiques et inquiètes quant à la gestion par le département de la Justice des dossiers relatifs à ce délinquant sexuel condamné. Certaines plaident en faveur d'une plus grande divulgation publique, une mesure de transparence attendue depuis longtemps, tandis que d'autres expriment des inquiétudes quant à leur vie privée et aux motivations de l'administration Trump. Jake Offenhartz et Jaimie Ding Associated Press Dans des lettres adressées cette semaine aux juges fédéraux de New York, plusieurs victimes ou leurs avocats ont déclaré qu'ils soutiendraient la publication des témoignages devant le grand jury ayant conduit à l'inculpation d'Epstein et de son ex-compagne, Ghislaine Maxwell, si le gouvernement acceptait de les autoriser à examiner ces documents et à expurger des informations sensibles. PHOTO DÉPOSÉE EN COUR, AGENCE FRANCE-PRESSE Ghislaine Maxwell et Jeffrey Epstein Le département de la Justice a demandé au tribunal de prendre la mesure rare de rendre publiques les transcriptions de ce témoignage secret, notamment pour apaiser ceux qui pensent que le gouvernement a dissimulé certaines informations sur les méfaits d'Epstein. D'autres victimes, quant à elles, ont accusé le président Donald Trump de marginaliser les victimes afin de détourner l'attention d'Epstein, qui s'est suicidé en 2019 alors qu'il attendait son procès pour abus sexuels sur mineures. Certaines craignaient que l'administration, soucieuse d'éteindre le scandale, n'accorde à Maxwell la clémence, l'immunité contre de futures poursuites ou de meilleures conditions de détention dans le cadre d'un accord visant à la contraindre à témoigner devant le Congrès. Je ne suis pas un pion dans votre guerre politique. Ce que vous avez fait et continuez de faire me ronge jour après jour, contribuant ainsi à perpétuer cette histoire. Extrait d'une lettre d'une victime présumée remise au tribunal par son avocat cette semaine Une autre victime a ajouté, dans une lettre anonyme soumise mercredi : « Tout cela est très épuisant. » Maxwell a été reconnu coupable en 2021 d'avoir aidé Epstein à abuser sexuellement de mineures et purge actuellement une peine de 20 ans de prison. Un haut fonctionnaire du département de la Justice, le procureur général adjoint Todd Blanche, a interrogé Maxwell pendant neuf heures à la fin du mois dernier, affirmant vouloir entendre tout ce qu'elle avait à dire sur les méfaits commis par Epstein ou d'autres personnes. Après cet entretien, Maxwell a été transférée d'une prison fédérale de Floride vers un camp de détention de faible sécurité au Texas. Alicia Arden, qui a déclaré avoir été agressée sexuellement par Epstein à la fin des années 1990, a tenu une conférence de presse mercredi à Los Angeles. Elle a indiqué qu'elle soutiendrait la publication de documents supplémentaires liés à l'affaire, notamment une transcription de l'entretien de Maxwell avec Todd Blanche. Elle a également exprimé son indignation face à la possibilité que Maxwell puisse bénéficier d'une grâce ou d'un autre traitement de faveur dans le cadre de cette procédure, ajoutant que l'approche du département de la Justice avait été « très perturbante » jusqu'à présent. Des dossiers au cœur des rumeurs L'administration Trump a dû faire face pendant des semaines à la fureur de certains segments de la base politique du président, qui ont exigé la divulgation publique des dossiers liés à Epstein. Epstein fait depuis longtemps l'objet de théories du complot en raison de ses liens avec des personnalités riches et puissantes, dont Donald Trump lui-même, le prince Andrew et l'ancien président Bill Clinton. Le mois dernier, le département de la Justice a annoncé qu'il ne publierait pas d'autres dossiers liés à l'enquête sur le trafic sexuel impliquant Epstein. Les procureurs ont ensuite demandé la publication des transcriptions du grand jury, bien qu'ils aient indiqué au tribunal qu'elles contenaient peu d'informations qui n'avaient pas déjà été rendues publiques. Deux juges, qui décideront de la publication des transcriptions, ont ensuite demandé aux victimes de donner leur avis sur la question. Dans une lettre remise au tribunal mardi, les avocats Brad Edwards et Paul Cassell, qui représentent de nombreuses victimes d'Epstein, ont écrit : « Pour les survivants qui ont courageusement témoigné, le sentiment que Mme Maxwell est légitimée dans le discours public a déjà entraîné un nouveau traumatisme. » L'avocat de Mme Maxwell, David Oscar Markus, a déclaré cette semaine s'opposer à la publication des transcriptions du grand jury. « Jeffrey Epstein est mort. Ghislaine Maxwell ne l'est pas, a-t-il écrit. Quel que soit l'intérêt du public pour Epstein, cet intérêt ne saurait justifier une atteinte généralisée au secret du grand jury dans une affaire où l'accusé est en vie, ses recours juridiques sont valables et ses droits à une procédure régulière sont préservés. » Le département de la Justice n'a pas répondu à une demande de commentaires sur les déclarations des victimes.

« L'hôtel était anglais, tout le reste était français »
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La Presse

time5 hours ago

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« L'hôtel était anglais, tout le reste était français »

Quand un médecin afro-américain se fait refuser l'accès à la salle à manger du Château Frontenac, la population de la ville réagit de façon humaine et évoluée, en ce mois d'août 1945 François Charbonneau Essayiste et professeur titulaire à l'École d'études politiques de l'Université d'Ottawa Il y a 80 ans, le 6 août 1945, les journaux québécois annonçaient qu'une première bombe atomique avait éclaté au-dessus de la ville japonaise d'Hiroshima. Mais une autre histoire publiée ce jour-là passionnera bientôt le Québec tout entier : un médecin noir new-yorkais, George D. Cannon, et sa femme, Lillian M. Cannon, poursuivaient en justice le célèbre Château Frontenac pour discrimination raciale. Les Cannon avaient décidé cet été-là de passer leurs vacances à Québec. Dès leur arrivée au Château où ils séjourneront deux semaines, le 29 juillet 1945, ils soupent dans la salle à manger du célèbre hôtel où Churchill et Roosevelt s'étaient rencontrés deux fois plutôt qu'une (en 1943, puis en 1944). Les Cannon, qui occupent la chambre 4119, soupent à nouveau dans la salle à manger les 30 et 31 juillet, dans le plus grand bonheur. Or, le soir du 1er août 1945, quelque chose cloche. Le maître d'hôtel fait patienter les Cannon, qui sont pourtant les premiers dans la file depuis un moment. C'est George J. Jessop, directeur adjoint de l'hôtel, qui finira par expliquer au couple que la présence de « Noirs » importune des clients américains. Ils ne pourront plus souper dans la salle à manger, mais dans leur chambre seulement. Si George J. Jessop pensait avoir réglé le « problème », il ne savait pas à qui il avait affaire. L'incident du Château fera les nouvelles jusqu'en Australie ! Une ténacité hors norme C'est que George D. Cannon est un être d'exception. Tous les témoignages concordent : Cannon est non seulement un bon vivant, c'est aussi un être habité d'une force et d'une ténacité hors norme. Il a mené des études de médecine à l'Université de Chicago alors qu'il n'avait même pas le droit de loger sur le campus à cause de la discrimination raciale. Pendant ses études, la tuberculose l'alite pendant deux ans et lui enlève un poumon. S'il subit d'innombrables actes de racisme pendant son parcours, il sera pourtant le premier Afro-Américain embauché dans trois hôpitaux new-yorkais différents. En 1945, il est depuis longtemps un militant pour les droits civiques. Il n'allait pas laisser passer un tel affront, même subi dans un pays étranger. PHOTO FOURNIE PAR L'AUTEUR Le Dr George D. Cannon, premier Afro-Américain embauché dans trois hôpitaux new-yorkais différents Cannon retient les services d'un jeune avocat québécois, Édouard Laliberté, qui lui suggère d'adopter une double stratégie : d'abord, par voie d'injonction interlocutoire (obtenue du juge Oscar Boulanger, de la Cour supérieure), mettre en demeure le Château d'offrir au couple l'ensemble des services auxquels il a droit en vertu de son statut de client. Ensuite, déposer simultanément une poursuite en justice pour compenser l'humiliation subie. La stratégie va fonctionner à merveille. Le gérant du Château se fait servir l'injonction interlocutoire qui l'oblige à servir le couple le 4 août 1945, et les journaux québécois s'intéressent à l'affaire Cannon de manière soutenue à partir du 6 août 1945. Dans son autobiographie, le médecin ne tarira pas d'éloges envers la presse québécoise, qui publie abondamment sur l'affaire. Le couple est tout aussi touché de l'appui qu'il reçoit de la population française de la ville de Québec, outrée de l'injustice subie par le couple. Le Château recevra de nombreux télégrammes de Québécois indignés. Plusieurs ont l'idée d'inviter le couple à souper à la maison et ils accepteront au moins l'une de ces invitations, celle d'un médecin dont l'histoire n'a pas retenu le nom. Ils seront reçus en invités d'honneur à l'Université Laval et sans doute à l'Hôtel-Dieu. Des chauffeurs de taxi comme des passants leur feront découvrir les atours de la ville. Des membres du personnel de l'hôtel les encourageront à mener leur combat jusqu'au bout. Dans une lettre de remerciement envoyée de New York et publiée dans plusieurs journaux québécois le 10 septembre 1945, le Dr Cannon écrira que « vraiment une ville et une province font preuve de grandeur pour avoir tant de citoyens empressés à montrer leurs sentiments sur un tel sujet ». Des archives inaccessibles La poursuite se réglera à l'amiable, en 1946. Si nous connaissons bien les arguments présentés par Édouard Laliberté dans ce dossier, nous ne savons toujours pas précisément quels arguments favorables à la discrimination le Château entendait présenter pour se défendre. Cet argumentaire existe pourtant, puisque pas moins de quatre dossiers, comportant 657 pages, préparés par les avocats du Château dans cette affaire, sont conservés par Bibliothèque et Archives Canada (BAC), à Renfrew, en Ontario. Cette institution, qui prétend promouvoir les meilleurs principes EDI, choisit incompréhensiblement de ne pas donner accès à 87 % des pages qu'il contient, pour protéger le privilège avocat-client d'une entreprise (La Chateau Frontenac Company) qui n'existe plus, 80 ans après les faits. Ce refus est d'autant plus inexplicable que l'actuel Château Frontenac a officiellement autorisé BAC à ouvrir ces archives au complet en 2022. Notons que les hôtels Fairmont ont pour leur part présenté des excuses officielles au couple lors du lancement de mon livre L'affaire Cannon (Boréal, 2025) au Château Frontenac, le 5 avril dernier. IMAGE FOURNIE PAR L'AUTEUR George Dows Cannon conservera longtemps le souvenir de cet évènement. Il insistera, dans son autobiographie inédite, sur le contraste entre le traitement qu'il reçoit de la direction de l'hôtel et l'appui enthousiaste qu'il reçoit de la population de Québec. Il conclura ainsi que « l'hôtel était anglais, tout le reste était français ». Consultez le site de l'affaire Cannon Qu'en pensez-vous ? Participez au dialogue

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