
Plus de 100 ONG mettent en garde contre une « famine de masse »
(Jérusalem) Plus de 100 ONG ont mis en garde mercredi contre la propagation d'une « famine de masse » dans la bande de Gaza dévastée par plus de 21 mois de guerre, les États-Unis annonçant une nouvelle mission de l'émissaire Steve Witkoff pour discuter d'un couloir humanitaire.
Agence France-Presse
Dans le même temps, l'armée israélienne a poursuivi ses bombardements quotidiens à Gaza et dit avoir frappé des dizaines de « cibles terroristes », la Défense civile du territoire palestinien faisant état de 10 morts.
Israël fait face à une pression internationale accrue surtout au sujet du désastre humanitaire à Gaza, où quelque 2,4 millions de Palestiniens sont assiégés depuis le début de la guerre, déclenchée par une attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.
Un blocus total imposé en mars par Israël à Gaza et très partiellement assoupli fin mai a entraîné de graves pénuries de nourriture, de médicaments et de carburant.
« C'est la souffrance pour nourrir mes enfants. Je risque ma vie pour leur apporter un sac de farine », raconte Mohamed Abou Jabal, un déplacé palestinien à Beit Lahia (Centre), qui a cogné sa tête contre une roue de camion en récupérant un sac de farine.
Là, des dizaines de Palestiniens courent derrière un grand camion plateau transportant des sacs de farine et circulant sur une route, selon des images de l'AFP. Des hommes montent à bord et s'emparent de sacs ou se les arrachent dans une scène chaotique.
« Nous sommes en train de mourir, ayez pitié de nous, nous voulons manger », ajoute Mohamed Abou Jabal.
« Nous dormons l'estomac vide, nous avons faim ! On n'en peut plus », lance un autre Palestinien, un sac de farine sur le dos.
950 camions d'aide, selon Israël
Mardi, un hôpital de Gaza a affirmé que 21 enfants étaient morts de malnutrition ou de faim en 72 heures.
« Alors qu'une famine de masse se propage à Gaza, nos collègues et les personnes que nous aidons dépérissent », indiquent dans un communiqué des ONG parmi lesquelles Médecins sans frontières, Médecins du monde, Caritas, Amnistie internationale ou encore Oxfam international, en appelant à un cessez-le-feu immédiat et à l'ouverture des passages pour l'aide humanitaire.
« Juste à l'extérieur de Gaza, dans des entrepôts, et même à l'intérieur, des tonnes de nourriture, d'eau potable, de fournitures médicales, de matériel d'hébergement et de carburant restent inutilisées, les organisations humanitaires étant empêchées d'y accéder ou de les livrer », ajoutent-elles.
Mais l'armée israélienne nie bloquer les aides. Elle a affirmé mardi que 950 camions transportant de l'aide se trouvaient à Gaza et attendaient que les agences internationales les collectent et distribuent. Les ONG, elles, dénoncent de nombreuses restrictions israéliennes.
« Nous n'avons pas identifié de famine à ce stade, mais nous comprenons qu'une action est nécessaire pour stabiliser la situation humanitaire », a dit un haut responsable israélien de la sécurité non identifié, cité par le quotidien Times of Israel.
Israël accuse le Hamas d'exploiter la souffrance de la population civile, notamment en volant la nourriture, ce que le mouvement dément.
L'ONU a elle accusé l'armée israélienne d'avoir tué à Gaza depuis fin mai plus de 1000 personnes qui cherchaient à obtenir de l'aide humanitaire, en grande majorité près de centres de la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les États-Unis et Israël.
Witkoff en Europe
Dans ce contexte, l'émissaire américain Steve Witkoff se rend cette semaine en Europe et pourrait ensuite aller au Moyen-Orient, selon des responsables américains. Son objectif est de parvenir à « un nouveau cessez-le-feu, ainsi qu'à un couloir humanitaire pour l'acheminement de l'aide » à Gaza, d'après le département d'État.
« La famine frappe à toutes les portes » à Gaza, a affirmé mardi le patron de l'ONU Antonio Guterres.
Lancées début juillet, les négociations indirectes entre Israël et le Hamas sur une trêve n'avancent pas. Israël veut chasser le Hamas de Gaza et prendre le contrôle du territoire. Le Hamas réclame le retrait israélien de Gaza et l'arrêt de la guerre.
L'attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 49 restent retenues à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée.
En riposte, Israël a juré de détruire le Hamas et lancé une campagne militaire d'envergure à Gaza qui a coûté la vie à 59 106 personnes, majoritairement des civils, selon des données du ministère de la Santé à Gaza, jugées fiables par l'ONU.

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La Presse
2 hours ago
- La Presse
Le plan israélien aboutira au « sacrifice » des otages, avertit le Hamas
Des Palestiniens marchent dans une rue de Gaza près de bâtiments détruits, le 8 août 2025. (Jérusalem) Israël se prépare à commettre un « nouveau crime de guerre » avec son plan de prendre le contrôle de la ville de Gaza, « une aventure criminelle qui lui coûtera cher » et aboutira au « sacrifice des otages », a affirmé vendredi le Hamas. Michael BLUM Agence France-Presse « L'approbation par le cabinet sioniste des plans visant à occuper la ville de Gaza et à évacuer ses habitants constitue un nouveau crime de guerre que l'armée d'occupation souhaite commettre contre la ville et ses près d'un million d'habitants », a réagi le mouvement islamiste palestinien. « Cette aventure criminelle coûtera cher et ne sera pas un voyage facile » pour l'armée israélienne, ajoute ce communiqué diffusé sur Telegram. La décision d'occuper la ville de Gaza, annoncée vendredi matin à l'issue d'une réunion du cabinet de sécurité du premier ministre israélien, confirme que Benyamin Nétanyahou et son gouvernement « ne se soucient pas du sort de leurs otages ». « Ils ont compris que l'extension de l'agression signifie leur sacrifice, révélant leur imprudence envers la vie des prisonniers pour des objectifs politiques ayant déjà échoué », soutien le mouvement islamiste, qui retient toujours 49 otages, dont 27 sont présumés morts, depuis son attaque sanglante le 7 octobre 2023 depuis Gaza en territoire israélien. Le cabinet de sécurité israélien a approuvé dans la nuit de jeudi à vendredi un plan présenté par Benyamin Nétanyahou pour « vaincre » le Hamas et « prendre le contrôle » de la ville de Gaza, dévastée par la guerre et en proie à une grave crise humanitaire. Le plan « visant à une prise de contrôle militaire complète de la bande de Gaza occupée doit être immédiatement stoppé », a réagi vendredi le Haut-Commissaire aux droits de l'homme Volker Türk dans un communiqué. La veille, le premier ministre israélien avait annoncé sur Fox News qu'Israël avait « l'intention » de prendre le contrôle de l'enclave, mais « pas [de] la gouverner » ou de la « garder », disant vouloir ensuite « passer le relais à des forces arabes qui y gouverneront […] correctement sans nous menacer et en offrant une vie agréable aux habitants ». Selon le plan validé dans la nuit, l'armée israélienne « se prépare à prendre le contrôle de la ville de Gaza tout en distribuant une aide humanitaire à la population civile en dehors des zones de combat », indique un communiqué des bureaux du premier ministre. Lisez « Israël veut contrôler toute la ville de Gaza » « Le cabinet de sécurité – par un vote à la majorité – a adopté cinq principes pour conclure la guerre : le désarmement du Hamas ; le retour de tous les otages – vivants et morts – ; la démilitarisation de la bande de Gaza ; le contrôle sécuritaire israélien dans la bande de Gaza ; l'établissement d'une administration civile alternative qui ne soit ni le Hamas ni l'Autorité palestinienne », ajoute le texte. « Faillite diplomatique » Actuellement, l'armée israélienne occupe ou opère au sol dans près de 75 % de la bande de Gaza, principalement depuis ses positions permanentes dans le territoire le long de la frontière. Elle bombarde partout où elle le juge nécessaire. La décision du cabinet « signifie abandonner les otages, tout en ignorant complètement les avertissements répétés de la direction militaire et la volonté claire de la majorité du public israélien », a déploré le Forum des familles, principale organisation des proches d'otages israéliens. La diffusion la semaine dernière par le Hamas et le Djihad islamique de vidéos de propagande montrant deux d'entre eux, très affaiblis et amaigris, a suscité colère et émotion. PHOTO BASHAR TALEB, AGENCE FRANCE-PRESSE Des Palestiniens transportent des bidons et des seaux alors qu'ils marchent dans une rue détruite de Gaza, le 8 août 2025. Le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, a fustigé sur X une « catastrophe qui va entraîner beaucoup d'autres catastrophes », amener « la mort des otages, celle de nombreux soldats, coûter des dizaines de milliards aux contribuables israéliens et [provoquer] une faillite diplomatique ». « Les plans de Nétanyahou […] confirment sans l'ombre d'un doute son désir de se débarrasser des otages et de les sacrifier dans la poursuite de ses intérêts personnels et de son agenda idéologique extrémiste », a réagi jeudi le Hamas, qui retient toujours 49 otages, dont 27 sont présumés morts. Dénonçant « un revirement flagrant du processus de négociation […] malgré la proximité d'un accord final », le mouvement islamiste assure que « toute escalade […] ne sera pas une promenade de santé et aura un coût élevé et douloureux » pour Israël. À Gaza, des habitants disent craindre le pire. « Ils nous disent d'aller au sud, puis de revenir au nord, et maintenant ils veulent encore nous envoyer au sud. Nous sommes des êtres humains, mais personne ne nous entend ni ne nous voit », dit à l'AFP Maysa Al-Chanti, 52 ans, mère de six enfants. La presse israélienne annonçait depuis plusieurs jours un plan visant « à conquérir l'ensemble de la bande de Gaz […], une opération de plusieurs mois qui nécessitera une mobilisation massive de réservistes. Elle s'est fait aussi l'écho des réserves, voire de l'opposition du chef d'état-major de l'armée, qui aurait mis en garde contre un » piège « tendu par le Hamas. Selon la radio publique Kan, une « grande majorité des ministres du cabinet de sécurité a estimé que le plan alternatif présenté par l'armée n'atteindrait pas l'objectif de vaincre le Hamas et de libérer les otages ». « Ultimatum de facto » « Le plan approuvé est structuré en plusieurs étapes, et certains ministres ont même trouvé qu'il était trop long : d'abord conquérir la ville de Gaza, dont les habitants seront évacués dans les deux prochains mois en direction des camps de réfugiés situés dans le centre de la bande de Gaza et d'autres endroits. Ensuite, les troupes encercleront la ville et opéreront à l'intérieur », détaille la radio. Pour le quotidien Israel Hayom, ce plan « sert de facto d'ultimatum au Hamas : accepter l'accord sur la table ou laisser Israël conquérir toute la bande de Gaza ». Après 22 mois d'une guerre dévastatrice, déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sanglante du Hamas sur le sol israélien depuis Gaza, le petit territoire palestinien est menacé d'une « famine généralisée », selon l'ONU, et dépend totalement de l'aide humanitaire, distribuée en quantités largement insuffisantes d'après les humanitaires. Amjad Al-Chawa, directeur du Réseau des ONG palestiniennes à Gaza, explique à l'AFP que les procédures d'inspection aux points d'entrée ralentissent l'acheminement de l'aide : « Entre 70 et 80 camions par jour, transportant uniquement certains types de marchandises », indique-t-il, alors que l'ONU estime les besoins à au moins 600 camions d'aide par jour. Quelque 2,4 millions de Palestiniens vivent au quotidien sous les bombes dans ce territoire qui longe la Méditerranée. Les représailles israéliennes y ont déjà fait 61 258 morts, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU. Du côté israélien, l'attaque du Hamas a entraîné la mort de 1219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles. Israël avait déjà occupé Gaza en 1967 et implanté un ensemble de 21 colonies israéliennes, démantelées en 2005 avec le retrait unilatéral décidé par le premier ministre d'alors, Ariel Sharon.


La Presse
2 hours ago
- La Presse
Le plan pour prendre le contrôle de Gaza « doit être immédiatement stoppé », plaide l'ONU
Des Palestiniens marchent dans une rue de Gaza près de bâtiments détruits, le 8 août 2025. (Jérusalem) Le cabinet de sécurité israélien a approuvé dans la nuit de jeudi à vendredi un plan présenté par Benyamin Nétanyahou pour « vaincre » le Hamas et « prendre le contrôle » de la ville de Gaza, dévastée par la guerre et en proie à une grave crise humanitaire. Michael BLUM Agence France-Presse Le plan « visant à une prise de contrôle militaire complète de la bande de Gaza occupée doit être immédiatement stoppé », a réagi vendredi le Haut-Commissaire aux droits de l'homme Volker Türk dans un communiqué. La veille, le premier ministre israélien avait annoncé sur Fox News qu'Israël avait « l'intention » de prendre le contrôle de l'enclave, mais « pas [de] la gouverner » ou de la « garder », disant vouloir ensuite « passer le relais à des forces arabes qui y gouverneront […] correctement sans nous menacer et en offrant une vie agréable aux habitants ». Selon le plan validé dans la nuit, l'armée israélienne « se prépare à prendre le contrôle de la ville de Gaza tout en distribuant une aide humanitaire à la population civile en dehors des zones de combat », indique un communiqué des bureaux du premier ministre. Lisez « Israël veut contrôler toute la ville de Gaza » « Le cabinet de sécurité – par un vote à la majorité – a adopté cinq principes pour conclure la guerre : le désarmement du Hamas ; le retour de tous les otages – vivants et morts – ; la démilitarisation de la bande de Gaza ; le contrôle sécuritaire israélien dans la bande de Gaza ; l'établissement d'une administration civile alternative qui ne soit ni le Hamas ni l'Autorité palestinienne », ajoute le texte. « Faillite diplomatique » Actuellement, l'armée israélienne occupe ou opère au sol dans près de 75 % de la bande de Gaza, principalement depuis ses positions permanentes dans le territoire le long de la frontière. Elle bombarde partout où elle le juge nécessaire. La décision du cabinet « signifie abandonner les otages, tout en ignorant complètement les avertissements répétés de la direction militaire et la volonté claire de la majorité du public israélien », a déploré le Forum des familles, principale organisation des proches d'otages israéliens. La diffusion la semaine dernière par le Hamas et le Djihad islamique de vidéos de propagande montrant deux d'entre eux, très affaiblis et amaigris, a suscité colère et émotion. PHOTO BASHAR TALEB, AGENCE FRANCE-PRESSE Des Palestiniens transportent des bidons et des seaux alors qu'ils marchent dans une rue détruite de Gaza, le 8 août 2025. Le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, a fustigé sur X une « catastrophe qui va entraîner beaucoup d'autres catastrophes », amener « la mort des otages, celle de nombreux soldats, coûter des dizaines de milliards aux contribuables israéliens et [provoquer] une faillite diplomatique ». « Les plans de Nétanyahou […] confirment sans l'ombre d'un doute son désir de se débarrasser des otages et de les sacrifier dans la poursuite de ses intérêts personnels et de son agenda idéologique extrémiste », a réagi jeudi le Hamas, qui retient toujours 49 otages, dont 27 sont présumés morts. Dénonçant « un revirement flagrant du processus de négociation […] malgré la proximité d'un accord final », le mouvement islamiste assure que « toute escalade […] ne sera pas une promenade de santé et aura un coût élevé et douloureux » pour Israël. À Gaza, des habitants disent craindre le pire. « Ils nous disent d'aller au sud, puis de revenir au nord, et maintenant ils veulent encore nous envoyer au sud. Nous sommes des êtres humains, mais personne ne nous entend ni ne nous voit », dit à l'AFP Maysa Al-Chanti, 52 ans, mère de six enfants. La presse israélienne annonçait depuis plusieurs jours un plan visant « à conquérir l'ensemble de la bande de Gaz […], une opération de plusieurs mois qui nécessitera une mobilisation massive de réservistes. Elle s'est fait aussi l'écho des réserves, voire de l'opposition du chef d'état-major de l'armée, qui aurait mis en garde contre un » piège « tendu par le Hamas. Selon la radio publique Kan, une « grande majorité des ministres du cabinet de sécurité a estimé que le plan alternatif présenté par l'armée n'atteindrait pas l'objectif de vaincre le Hamas et de libérer les otages ». « Ultimatum de facto » « Le plan approuvé est structuré en plusieurs étapes, et certains ministres ont même trouvé qu'il était trop long : d'abord conquérir la ville de Gaza, dont les habitants seront évacués dans les deux prochains mois en direction des camps de réfugiés situés dans le centre de la bande de Gaza et d'autres endroits. Ensuite, les troupes encercleront la ville et opéreront à l'intérieur », détaille la radio. Pour le quotidien Israel Hayom, ce plan « sert de facto d'ultimatum au Hamas : accepter l'accord sur la table ou laisser Israël conquérir toute la bande de Gaza ». 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Du côté israélien, l'attaque du Hamas a entraîné la mort de 1219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles. Israël avait déjà occupé Gaza en 1967 et implanté un ensemble de 21 colonies israéliennes, démantelées en 2005 avec le retrait unilatéral décidé par le premier ministre d'alors, Ariel Sharon.


La Presse
8 hours ago
- La Presse
Israël veut contrôler toute la ville de Gaza
Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a réuni son cabinet de sécurité jeudi soir pour discuter d'un plan de contrôle total de la bande de Gaza, faisant fi de l'avis d'officiers d'état-major, de familles d'otages toujours détenus dans l'enclave palestinienne et d'organismes internationaux. Un plan pour conquérir la ville de Gaza (et non toute la bande de Gaza) a été approuvé par le cabinet de sécurité israélien tôt vendredi matin. Selon le New York Times, il s'agirait d'une première étape dans un plan plus large pour une prise de contrôle militaire graduelle de l'ensemble de la bande de Gaza1. Selon le quotidien américain, l'armée israélienne ferait ensuite une poussée vers le centre de la bande de Gaza, où l'État hébreu croit que le Hamas garde des otages israéliens. Située dans le nord de l'enclave palestinienne, la ville de Gaza était la plus grande de la bande de Gaza, mais on ignore combien de personnes y vivent actuellement. Des centaines de milliers de personnes ont fui la ville dans les premières semaines de la guerre, mais plusieurs l'ont regagnée pendant le cessez-le-feu en début d'année. Depuis le début de la guerre, Israël a bombardé à répétition la ville et y a mené de nombreux raids. Jeudi, le premier ministre israélien évoquait une prise de contrôle de toute la bande de Gaza par Israël. « C'est notre intention, pour pouvoir assurer notre sécurité, pour éliminer le Hamas et pour assurer la liberté à la population de Gaza », a répondu M. Nétanyahou à Fox News, où il était questionné sur cette possibilité. Une affirmation qui a soulevé une série de réactions, alors que les appels à un cessez-le-feu se font de plus en plus pressants. La « famine généralisée » guette les habitants de Gaza, 22 mois après le début de la guerre, selon l'ONU. Et les conséquences seront « catastrophiques » si le gouvernement israélien va de l'avant, a ajouté l'organisme. Des milliers d'Israéliens, dont plusieurs otages libérés de Gaza, ont manifesté contre le plan devant le bureau de M. Nétanyahou à Jérusalem, jeudi, préconisant plutôt un accord pour la libération des otages. D'autres manifestations ont aussi eu lieu à Tel-Aviv. PHOTO RONEN ZVULUN, REUTERS Manifestation devant le bureau du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, jeudi à Jérusalem, pour exiger la fin de la guerre à Gaza Des images d'un otage décharné, rendues publiques par le Hamas et le Djihad islamique, secouent ces jours-ci l'opinion publique israélienne : 49 personnes sont toujours détenues dans la bande de Gaza, dont 27 sont présumées mortes. Les photos d'enfants palestiniens affamés commencent aussi à circuler plus largement dans les médias du pays. Conquête totale Mais que signifierait une « conquête totale » de la bande de Gaza, alors que 87,3 % du territoire gazaoui est déjà militarisé et soumis à des ordres d'évacuation, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU ? Difficile à dire. M. Nétanyahou a affirmé ne pas vouloir « gouverner » Gaza, mais plutôt transférer l'administration civile à une autre entité, après avoir retiré le pouvoir au Hamas. « En ce moment, l'armée israélienne contrôle les routes majeures, mais sans vraiment avoir le contrôle total d'une région entière, de toute une ville », explique Arie Perliger, de l'Université du Massachusetts à Lowell, joint au téléphone. Dans la ville de Gaza, l'armée a mené des opérations dans certains quartiers avant de s'en retirer. Un contrôle total impliquerait vraisemblablement de nouveaux déplacements de civils – un ordre d'évacuation a d'ailleurs été donné jeudi pour deux quartiers de la ville – alors que 2 des 2,4 millions de Gazaouis vivant dans la bande de terre de la superficie de la ville de Montréal ont dû fuir leur résidence depuis octobre 2023. Ainsi, 61 158 d'entre eux sont morts, selon le ministère de la Santé de l'enclave palestinienne. Mettre en danger la vie des otages L'état-major israélien s'est opposé à un plan de contrôle total. En raison de l'importante pression que cela exercerait sur les militaires, déjà éprouvés après bientôt deux ans de guerre, mais aussi parce que cela pourrait mettre en danger la vie des otages toujours vivants, selon le chef de l'armée, le lieutenant-général Eyal Zamir, dont les propos ont été rapportés par des médias israéliens. Craignant pour la vie de leurs proches, des familles d'otages ont aussi imploré le gouvernement de ne pas aller de l'avant. Une vingtaine d'entre eux ont pris la mer jeudi matin, près des côtes de Gaza, criant des messages à l'intention des captifs. PHOTO LEO CORREA, ASSOCIATED PRESS Des familles d'otages ont pris la mer jeudi matin, près des côtes de Gaza, pour exprimer leur opposition au plan de contrôle total. Le Hamas a réagi au plan de contrôle total en accusant Israël de vouloir « sacrifier » la vie des otages. Joute politique ? « Le gouvernement semble plus enclin à accepter un risque accru de perdre les otages dans l'opération », estime Chuck Freilich, ancien conseiller adjoint à la sécurité nationale israélienne, joint à Tel-Aviv. Le professeur de l'Université Columbia croyait peu au scénario du contrôle israélien total de la bande de Gaza lorsque La Presse lui a parlé avant la réunion du cabinet de sécurité. Il y voyait plutôt du « théâtre politique ». Nétanyahou est sous pression de la part de sa coalition et de sa base pour réaliser sa promesse de détruire complètement le Hamas, et il y a aussi des considérations personnelles, politiques et légales. Il semble penser que s'il arrive à élargir la guerre, il pourra rester en poste le plus longtemps possible. Chuck Freilich, ancien conseiller adjoint à la sécurité nationale israélienne Le procès pour corruption contre M. Nétanyahou a été suspendu en raison des circonstances actuelles. Les violentes attaques du 7 octobre 2023 en Israël, lors desquelles 1219 personnes ont été tuées et 250, prises en otages et emmenées dans la bande de Gaza, ont agi comme un traumatisme collectif puissant, rappelle M. Perliger. Elles ont permis au premier ministre d'obtenir du soutien dans ses actions. Mais pour rester en poste, il doit satisfaire les membres de sa coalition, parmi lesquels se trouvent des politiciens extrémistes. Les ministres Itamar Ben-Gvir (Sécurité nationale) et Bezalel Smotrich (Finances) préconisent d'ailleurs ouvertement le retour des colonies juives à Gaza, 20 ans après leur démantèlement. Des Israéliens récalcitrants avaient dû être évacués par l'armée à l'époque. Projet central des sionistes religieux Installées sur les territoires palestiniens occupés, les colonies sont considérées comme illégales au regard du droit international. Mais leur construction s'est accélérée ces dernières années. Elles font partie d'un projet central aux sionistes religieux, groupe auquel MM. Ben-Gvir et Smotrich appartiennent. Les sionistes religieux croient qu'il faut recoloniser le territoire biblique d'Israël et assurer un contrôle juif pour mener éventuellement à la rédemption, à l'arrivée du Messie, etc. Arie Perliger, professeur à l'Université du Massachusetts à Lowell et spécialiste de l'extrême droite israélienne Les partisans de cette idéologie sont estimés à environ 15 à 20 % de la population, ajoute-t-il. Parmi eux, on retrouve une faction violente. Des experts de l'ONU ont encore dénoncé le mois dernier des attaques de colons contre des Palestiniens en Cisjordanie occupée. Le Canada, comme d'autres pays, a d'ailleurs imposé des sanctions aux colons extrémistes, notamment à MM. Ben-Gvir et Smotrich. « Les ultra, ultra de droite comme Ben-Gvir et Smotrich aimeraient un retour des colonies à Gaza : pour eux, c'est toute la raison de cette guerre, explique M. Freilich. Mais je ne pense pas que Nétanyahou soit prêt à aller aussi loin. Il connaît la réponse internationale à ce geste, et même au-delà de ça, je ne suis pas sûr que ce serait bon pour lui. » Avec l'Agence France-Presse, Associated Press et le New York Times 1. Lisez l'article du New York Times (en anglais ; abonnement requis)