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Israël veut contrôler toute la ville de Gaza

Israël veut contrôler toute la ville de Gaza

La Presse12 hours ago
Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a réuni son cabinet de sécurité jeudi soir pour discuter d'un plan de contrôle total de la bande de Gaza, faisant fi de l'avis d'officiers d'état-major, de familles d'otages toujours détenus dans l'enclave palestinienne et d'organismes internationaux.
Un plan pour conquérir la ville de Gaza (et non toute la bande de Gaza) a été approuvé par le cabinet de sécurité israélien tôt vendredi matin. Selon le New York Times, il s'agirait d'une première étape dans un plan plus large pour une prise de contrôle militaire graduelle de l'ensemble de la bande de Gaza1.
Selon le quotidien américain, l'armée israélienne ferait ensuite une poussée vers le centre de la bande de Gaza, où l'État hébreu croit que le Hamas garde des otages israéliens.
Située dans le nord de l'enclave palestinienne, la ville de Gaza était la plus grande de la bande de Gaza, mais on ignore combien de personnes y vivent actuellement.
Des centaines de milliers de personnes ont fui la ville dans les premières semaines de la guerre, mais plusieurs l'ont regagnée pendant le cessez-le-feu en début d'année. Depuis le début de la guerre, Israël a bombardé à répétition la ville et y a mené de nombreux raids.
Jeudi, le premier ministre israélien évoquait une prise de contrôle de toute la bande de Gaza par Israël. « C'est notre intention, pour pouvoir assurer notre sécurité, pour éliminer le Hamas et pour assurer la liberté à la population de Gaza », a répondu M. Nétanyahou à Fox News, où il était questionné sur cette possibilité.
Une affirmation qui a soulevé une série de réactions, alors que les appels à un cessez-le-feu se font de plus en plus pressants. La « famine généralisée » guette les habitants de Gaza, 22 mois après le début de la guerre, selon l'ONU. Et les conséquences seront « catastrophiques » si le gouvernement israélien va de l'avant, a ajouté l'organisme. Des milliers d'Israéliens, dont plusieurs otages libérés de Gaza, ont manifesté contre le plan devant le bureau de M. Nétanyahou à Jérusalem, jeudi, préconisant plutôt un accord pour la libération des otages. D'autres manifestations ont aussi eu lieu à Tel-Aviv.
PHOTO RONEN ZVULUN, REUTERS
Manifestation devant le bureau du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, jeudi à Jérusalem, pour exiger la fin de la guerre à Gaza
Des images d'un otage décharné, rendues publiques par le Hamas et le Djihad islamique, secouent ces jours-ci l'opinion publique israélienne : 49 personnes sont toujours détenues dans la bande de Gaza, dont 27 sont présumées mortes. Les photos d'enfants palestiniens affamés commencent aussi à circuler plus largement dans les médias du pays.
Conquête totale
Mais que signifierait une « conquête totale » de la bande de Gaza, alors que 87,3 % du territoire gazaoui est déjà militarisé et soumis à des ordres d'évacuation, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU ? Difficile à dire.
M. Nétanyahou a affirmé ne pas vouloir « gouverner » Gaza, mais plutôt transférer l'administration civile à une autre entité, après avoir retiré le pouvoir au Hamas.
« En ce moment, l'armée israélienne contrôle les routes majeures, mais sans vraiment avoir le contrôle total d'une région entière, de toute une ville », explique Arie Perliger, de l'Université du Massachusetts à Lowell, joint au téléphone.
Dans la ville de Gaza, l'armée a mené des opérations dans certains quartiers avant de s'en retirer. Un contrôle total impliquerait vraisemblablement de nouveaux déplacements de civils – un ordre d'évacuation a d'ailleurs été donné jeudi pour deux quartiers de la ville – alors que 2 des 2,4 millions de Gazaouis vivant dans la bande de terre de la superficie de la ville de Montréal ont dû fuir leur résidence depuis octobre 2023. Ainsi, 61 158 d'entre eux sont morts, selon le ministère de la Santé de l'enclave palestinienne.
Mettre en danger la vie des otages
L'état-major israélien s'est opposé à un plan de contrôle total. En raison de l'importante pression que cela exercerait sur les militaires, déjà éprouvés après bientôt deux ans de guerre, mais aussi parce que cela pourrait mettre en danger la vie des otages toujours vivants, selon le chef de l'armée, le lieutenant-général Eyal Zamir, dont les propos ont été rapportés par des médias israéliens.
Craignant pour la vie de leurs proches, des familles d'otages ont aussi imploré le gouvernement de ne pas aller de l'avant. Une vingtaine d'entre eux ont pris la mer jeudi matin, près des côtes de Gaza, criant des messages à l'intention des captifs.
PHOTO LEO CORREA, ASSOCIATED PRESS
Des familles d'otages ont pris la mer jeudi matin, près des côtes de Gaza, pour exprimer leur opposition au plan de contrôle total.
Le Hamas a réagi au plan de contrôle total en accusant Israël de vouloir « sacrifier » la vie des otages.
Joute politique ?
« Le gouvernement semble plus enclin à accepter un risque accru de perdre les otages dans l'opération », estime Chuck Freilich, ancien conseiller adjoint à la sécurité nationale israélienne, joint à Tel-Aviv.
Le professeur de l'Université Columbia croyait peu au scénario du contrôle israélien total de la bande de Gaza lorsque La Presse lui a parlé avant la réunion du cabinet de sécurité. Il y voyait plutôt du « théâtre politique ».
Nétanyahou est sous pression de la part de sa coalition et de sa base pour réaliser sa promesse de détruire complètement le Hamas, et il y a aussi des considérations personnelles, politiques et légales. Il semble penser que s'il arrive à élargir la guerre, il pourra rester en poste le plus longtemps possible.
Chuck Freilich, ancien conseiller adjoint à la sécurité nationale israélienne
Le procès pour corruption contre M. Nétanyahou a été suspendu en raison des circonstances actuelles. Les violentes attaques du 7 octobre 2023 en Israël, lors desquelles 1219 personnes ont été tuées et 250, prises en otages et emmenées dans la bande de Gaza, ont agi comme un traumatisme collectif puissant, rappelle M. Perliger. Elles ont permis au premier ministre d'obtenir du soutien dans ses actions. Mais pour rester en poste, il doit satisfaire les membres de sa coalition, parmi lesquels se trouvent des politiciens extrémistes.
Les ministres Itamar Ben-Gvir (Sécurité nationale) et Bezalel Smotrich (Finances) préconisent d'ailleurs ouvertement le retour des colonies juives à Gaza, 20 ans après leur démantèlement. Des Israéliens récalcitrants avaient dû être évacués par l'armée à l'époque.
Projet central des sionistes religieux
Installées sur les territoires palestiniens occupés, les colonies sont considérées comme illégales au regard du droit international. Mais leur construction s'est accélérée ces dernières années. Elles font partie d'un projet central aux sionistes religieux, groupe auquel MM. Ben-Gvir et Smotrich appartiennent.
Les sionistes religieux croient qu'il faut recoloniser le territoire biblique d'Israël et assurer un contrôle juif pour mener éventuellement à la rédemption, à l'arrivée du Messie, etc.
Arie Perliger, professeur à l'Université du Massachusetts à Lowell et spécialiste de l'extrême droite israélienne
Les partisans de cette idéologie sont estimés à environ 15 à 20 % de la population, ajoute-t-il. Parmi eux, on retrouve une faction violente. Des experts de l'ONU ont encore dénoncé le mois dernier des attaques de colons contre des Palestiniens en Cisjordanie occupée.
Le Canada, comme d'autres pays, a d'ailleurs imposé des sanctions aux colons extrémistes, notamment à MM. Ben-Gvir et Smotrich.
« Les ultra, ultra de droite comme Ben-Gvir et Smotrich aimeraient un retour des colonies à Gaza : pour eux, c'est toute la raison de cette guerre, explique M. Freilich. Mais je ne pense pas que Nétanyahou soit prêt à aller aussi loin. Il connaît la réponse internationale à ce geste, et même au-delà de ça, je ne suis pas sûr que ce serait bon pour lui. »
Avec l'Agence France-Presse, Associated Press et le New York Times
1. Lisez l'article du New York Times (en anglais ; abonnement requis)
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Des Palestiniens observent un panache de fumée s'élever lors d'une frappe israélienne sur le quartier d'al-Zeitoun, au sud de la ville de Gaza, le 8 août 2025. Le premier ministre israélien a réuni son cabinet de sécurité jeudi soir pour discuter d'un plan de contrôle total de Gaza. Malgré l'opposition, Benyamin Nétanyahou semble jouer son va-tout. Le plan adopté au petit matin vise pour l'instant uniquement la ville de Gaza, et non toute la bande de Gaza, comme l'avait d'abord évoqué le premier ministre dans une interview à Fox News avant la rencontre. « C'est notre intention, pour pouvoir assurer notre sécurité, pour éliminer le Hamas et pour assurer la liberté à la population de Gaza », avait répondu M. Nétanyahou, questionné sur le contrôle total de l'enclave palestinienne. PHOTO GIL COHEN-MAGEN, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou Il pourrait donc s'agir d'une première étape vers une opération terrestre plus large. Conquête totale Mais que signifierait la « conquête totale » de la bande de Gaza, alors que 87,3 % du territoire gazaoui est déjà militarisé et soumis à des ordres d'évacuation, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU ? Difficile à dire. M. Nétanyahou a affirmé ne pas vouloir « gouverner » Gaza, mais avoir plutôt l'intention de transférer l'administration civile à une autre entité, après avoir retiré le pouvoir au Hamas. « En ce moment, l'armée israélienne contrôle les routes majeures, mais sans vraiment avoir le contrôle total d'une région entière, de toute une ville », explique Arie Perliger, de l'Université du Massachusetts à Lowell, joint au téléphone. Dans la ville de Gaza, l'armée a mené des opérations dans certains quartiers avant de s'en retirer. Un contrôle total impliquerait vraisemblablement de nouveaux déplacements de civils – un ordre d'évacuation a d'ailleurs été donné jeudi pour deux quartiers de la ville – alors que 2 des 2,4 millions de Gazaouis vivant dans la bande de terre de la superficie de la ville de Montréal ont dû fuir leur résidence depuis octobre 2023. Ainsi, 61 158 d'entre eux sont morts, selon le ministère de la Santé de l'enclave palestinienne. PHOTO RONEN ZVULUN, REUTERS Manifestation devant le bureau du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, le 7 août Jérusalem, pour exiger la fin de la guerre à Gaza Mettre en danger la vie des otages L'état-major israélien s'est opposé à un plan de contrôle total. En raison de l'importante pression que cela exercerait sur les militaires, déjà éprouvés après bientôt deux ans de guerre, mais aussi parce que cela pourrait mettre en danger la vie des otages toujours vivants, selon le chef de l'armée, le lieutenant-général Eyal Zamir, dont les propos ont été rapportés par des médias israéliens. Craignant pour la vie de leurs proches, des familles d'otages ont aussi imploré le gouvernement de ne pas aller de l'avant. Une vingtaine d'entre eux ont pris la mer jeudi matin, près des côtes de Gaza, criant des messages à l'intention des captifs. PHOTO LEO CORREA, ASSOCIATED PRESS Des familles d'otages ont pris la mer, près des côtes de Gaza, pour exprimer leur opposition au plan de contrôle total, le 7 août 2025. Des images d'un otage décharné, rendues publiques par le Hamas et le Djihad islamique, secouent ces jours-ci l'opinion publique israélienne : 49 personnes sont toujours détenues dans la bande de Gaza, dont 27 sont présumées mortes. Les photos d'enfants palestiniens affamés commencent aussi à circuler plus largement dans les médias du pays. L'affirmation de M. Nétanyahou sur le contrôle total avait d'ailleurs soulevé une série de réactions, alors que les appels à un cessez-le-feu se font de plus en plus pressants. La « famine généralisée » guette les habitants de Gaza, 22 mois après le début de la guerre, selon l'ONU. Des milliers d'Israéliens, dont plusieurs otages libérés de Gaza, ont manifesté contre le plan devant le bureau de M. Nétanyahou à Jérusalem, jeudi, préconisant plutôt un accord pour la libération des otages. D'autres manifestations ont aussi eu lieu à Tel-Aviv. Le Hamas avait aussi réagi en accusant Israël de vouloir « sacrifier » la vie des otages. Joute politique ? « Le gouvernement semble plus enclin à accepter un risque accru de perdre les otages dans l'opération », estime Chuck Freilich, ancien conseiller adjoint à la sécurité nationale israélienne, joint à Tel-Aviv. PHOTO AMIR COHEN, REUTERS Gaza vue depuis le côté israélien de la frontière Le professeur de l'Université Columbia croyait peu au scénario du contrôle israélien total de la bande de Gaza lorsque La Presse lui a parlé avant la conclusion de la réunion du cabinet de sécurité. Il y voyait plutôt du « théâtre politique ». Nétanyahou est sous pression de la part de sa coalition et de sa base pour réaliser sa promesse de détruire complètement le Hamas, et il y a aussi des considérations personnelles, politiques et légales. Il semble penser que s'il arrive à élargir la guerre, il pourra rester en poste le plus longtemps possible. Chuck Freilich, ancien conseiller adjoint à la sécurité nationale israélienne Le procès pour corruption contre M. Nétanyahou a été suspendu en raison des circonstances actuelles. Les violentes attaques du 7 octobre 2023 en Israël, lors desquelles 1219 personnes ont été tuées et 250, prises en otages et emmenées dans la bande de Gaza, ont agi comme un traumatisme collectif puissant, rappelle M. Perliger. Elles ont permis au premier ministre d'obtenir du soutien dans ses actions. Mais pour rester en poste, il doit satisfaire les membres de sa coalition, parmi lesquels se trouvent des politiciens extrémistes. Les ministres de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir et des Finances Bezalel Smotrich préconisent d'ailleurs ouvertement le retour des colonies juives à Gaza, 20 ans après leur démantèlement. Des Israéliens récalcitrants avaient dû être évacués par l'armée à l'époque. Projet central des sionistes religieux Installées sur les territoires palestiniens occupés, les colonies sont considérées comme illégales au regard du droit international. Mais leur construction s'est accélérée ces dernières années. Elles font partie d'un projet central aux sionistes religieux, groupe auquel MM. Ben-Gvir et Smotrich appartiennent. Les sionistes religieux croient qu'il faut recoloniser le territoire biblique d'Israël et assurer un contrôle juif pour mener éventuellement à la rédemption, à l'arrivée du Messie, etc. Arie Perliger, professeur à l'Université du Massachusetts à Lowell et spécialiste de l'extrême droite israélienne Les partisans de cette idéologie sont estimés à environ 15 à 20 % de la population, ajoute-t-il. Parmi eux, on retrouve une faction violente. Des experts de l'ONU ont encore dénoncé le mois dernier des attaques de colons contre des Palestiniens en Cisjordanie occupée. Le Canada, comme d'autres pays, a d'ailleurs imposé des sanctions aux colons extrémistes, notamment à MM. Ben-Gvir et Smotrich. « Les ultra, ultra de droite comme Ben-Gvir et Smotrich aimeraient un retour des colonies à Gaza : pour eux, c'est toute la raison de cette guerre, explique M. Freilich. Mais je ne pense pas que Nétanyahou soit prêt à aller aussi loin. Il connaît la réponse internationale à ce geste, et même au-delà de ça, je ne suis pas sûr que ce serait bon pour lui. » Avec l'Agence France-Presse, Associated Press et le New York Times

L'Arménie et l'Azerbaïdjan vont signer un accord de paix
L'Arménie et l'Azerbaïdjan vont signer un accord de paix

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L'Arménie et l'Azerbaïdjan vont signer un accord de paix

Le Karabakh est reconnu internationalement comme faisant partie de l'Azerbaïdjan, mais a été contrôlé pendant trois décennies par des séparatistes arméniens après une guerre qu'ils avaient remportée à la dislocation de l'URSS. (Washington) L'Arménie et l'Azerbaïdjan vont signer vendredi à Washington un accord de paix qualifié d'« historique » par Donald Trump, censé mettre fin au conflit territorial qui les oppose depuis des décennies, et permettre aux États-Unis d'avancer leurs pions dans une région hautement stratégique. Aurélia END Agence France-Presse « Beaucoup de dirigeants ont tenté de mettre fin à la guerre, sans succès, jusqu'à maintenant, grâce à 'TRUMP' », a claironné le président américain jeudi soir sur son réseau Truth Social. Donald Trump, qui estime mériter le prix Nobel de la paix pour ses efforts de médiation dans divers conflits, a précisé qu'une « cérémonie de signature de la paix » serait organisée lors de ce « sommet historique » avec la participation du président azerbaïdjanais Ilham Aliev et du premier ministre arménien Nikol Pachinian. Le dirigeant arménien sera reçu en premier pour une entrevue avec le président américain à 14 h 35 à la Maison-Blanche, et le leader azerbaïdjanais suivra à 15 h 15. À 16 h 15, les trois dirigeants doivent procéder ensemble à la signature. Les deux anciennes républiques soviétiques du Caucase vont « signer une déclaration commune » prévoyant en particulier la création d'une « zone de transit » passant par l'Arménie et reliant l'Azerbaïdjan à son enclave du Nakhitchevan plus à l'ouest, a indiqué Anna Kelly, une porte-parole de la Maison-Blanche, vendredi dans un échange avec la presse. TRIPP Cette zone de transit, qui répond à une revendication de longue date de Bakou, sera nommée « Voie Trump pour la paix et la prospérité internationale » (TRIPP, son acronyme en anglais), a-t-elle précisé. Les États-Unis y disposeront de droits de développement. Par ailleurs, selon Anna Kelly, l'Azerbaïdjan et l'Arménie « vont signer une lettre commune demandant officiellement à l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) de dissoudre le groupe de Minsk », créé en 1992 à des fins de médiation entre les deux pays. Interrogé sur ce que l'Arménie tirait de cet accord, un haut responsable américain a jugé qu'Erevan gagnait « le partenaire le plus énorme et le plus crucial du monde, les États-Unis », mais il ne s'est pas étendu sur la question toujours très sensible du Karabakh. « Les perdants ici sont la Chine, la Russie et l'Iran », a-t-il affirmé, sous le couvert de l'anonymat. La région contestée du Karabakh est reconnue internationalement comme faisant partie de l'Azerbaïdjan mais a été contrôlée pendant trois décennies par des séparatistes arméniens après une guerre qu'ils avaient remportée à la dislocation de l'URSS, et qui avait provoqué l'exode de la quasi-totalité des Azéris qui l'habitait. Bakou a repris partiellement cette enclave lors d'une nouvelle guerre à l'automne 2020, puis entièrement lors d'une offensive éclair en septembre 2023, provoquant à son tour la fuite de plus de 100 000 Arméniens du Karabakh. Traumatisme Soucieux de dépasser le conflit, Bakou et Erevan se sont mis d'accord en mars sur le texte d'un traité de paix. Mais l'Azerbaïdjan, victorieux, exige que l'Arménie modifie d'abord sa Constitution pour renoncer officiellement à toute revendication territoriale sur le Karabakh, rompant ainsi ses liens avec cette région considérée par des Arméniens comme leur patrie ancestrale. Nikol Pachinian s'est déclaré prêt à s'y conformer, annonçant son intention d'organiser un référendum constitutionnel en 2027. Mais le traumatisme de la perte du Karabakh, appelé Artsakh en arménien, continue de diviser son pays. L'annonce de vendredi a relancé, parmi les partisans de Donald Trump, les appels à lui décerner le prix Nobel de la paix. « Oubliez le prix Nobel. Il devrait y avoir un prix Trump », a commenté sur X le télévangéliste Johnnie Moore, un allié du président républicain. « Il est plus que temps que Donald Trump reçoive le prix Nobel de la paix », avait lancé la semaine dernière sa porte-parole Karoline Leavitt, donnant pour exemples ses médiations entre l'Inde et le Pakistan, le Cambodge et la Thaïlande ou le Rwanda et la République démocratique du Congo… Mais en passant sous silence ses promesses, jusqu'ici vaines, de mettre fin aux guerres en Ukraine et à Gaza.

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Désolé, votre navigateur ne supporte pas les videos Israël s'apprête à prendre le contrôle de la ville de Gaza (Jérusalem) L'armée israélienne se préparait vendredi, sous les critiques internationales, à prendre le contrôle de la ville de Gaza, la plus grande du territoire palestinien, dans le but de « vaincre » le Hamas et assurer la libération des otages. Michael BLUM, avec l'équipe de l'AFP dans la bande de Gaza Agence France-Presse Ce qu'il faut savoir Le cabinet de sécurité israélien a approuvé un plan pour « vaincre » le Hamas et « prendre le contrôle » de la ville de Gaza ; Le Hamas a averti que le plan de Benyamin Nétanyahou « coûtera cher » à Israël et aboutira au « sacrifice des otages » ; Au total, 49 otages sont encore retenus depuis le 7 octobre 2023, dont 27 sont présumés morts ; La visée israélienne a suscité une vaste réprobation internationale. Après 22 mois de guerre, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou est confronté à une très forte pression en Israël et de l'étranger pour mettre fin à son offensive dans la bande de Gaza, où plus de deux millions de Palestiniens sont menacés d'une « famine généralisée », selon l'ONU. Selon le plan validé par le cabinet de sécurité israélien, l'armée « se prépare à prendre le contrôle de la ville de Gaza », une agglomération en grande partie détruite dans le nord du territoire, « tout en distribuant une aide humanitaire à la population civile en dehors des zones de combat ». Lisez « Israël veut contrôler toute la ville de Gaza » Outre le désarmement du Hamas et le retour « de tous les otages, vivants et morts », le plan vise à démilitariser la bande de Gaza et la placer sous contrôle israélien avant la mise en place « d'une administration civile » qui ne soit « ni le Hamas ni l'Autorité palestinienne », a précisé vendredi le bureau de M. Nétanyahou. L'Allemagne a réagi en annonçant suspendre les exportations des armes qu'Israël pourrait utiliser à Gaza et la Belgique a convoqué son ambassadrice d'Israël. Ce plan « doit être immédiatement stoppé », a affirmé le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk. Le premier ministre britannique Keir Starmer, tout comme la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, ont appelé Israël à « revenir » sur leur plan. L'Arabie saoudite a condamné ce plan et accusé Israël de poursuivre sa politique de « famine » et de « nettoyage ethnique » à Gaza. PHOTO DAWOUD ABU ALKAS, REUTERS Un campement abritant des Palestiniens déplacés par l'offensive militaire israélienne, dans la ville de Gaza, le 8 août 2025. PHOTO BASHAR TALEB, AGENCE FRANCE-PRESSE Des Palestiniens marchent dans une rue de Gaza près de bâtiments détruits, le 8 août 2025. PHOTO MAHMOUD ISSA, REUTERS Une femme marche à travers les débris d'un édifice résidentiel détruit par une frappe israélienne sur la ville de Gaza, le 8 août 2025. PHOTO DAWOUD ABU ALKAS, REUTERS Un campement abritant des Palestiniens déplacés par l'offensive militaire israélienne, dans la ville de Gaza, le 8 août 2025. 1 /3 « Personne ne nous entend » Le Hamas, qui retient toujours 49 otages, dont 27 sont présumés morts, a réaffirmé que la décision israélienne signifiait le « sacrifice » de ces otages. Dans les ruines de la ville de Gaza, des images de l'AFP ont montré vendredi un nuage de fumée provoqué par une nouvelle frappe israélienne. La ville, aux rues bordées d'immeubles éventrés, comptait environ un demi-million d'habitants avant la guerre, dont beaucoup ont fui les combats tandis que des camps de tentes y ont vu le jour pour abriter des déplacés. Ballottés depuis des mois au gré des ordres d'évacuation émis par l'armée israélienne, à la merci des bombardements quotidiens, des habitants disaient craindre le pire. « Ils nous disent d'aller au sud, puis de revenir au nord, et maintenant ils veulent encore nous envoyer au sud. Nous sommes des êtres humains, mais personne ne nous entend ni ne nous voit », a témoigné à l'AFP Maysa Al-Chanti, une femme de 52 ans, mère de six enfants. PHOTO BASHAR TALEB, AGENCE FRANCE-PRESSE Des Palestiniens transportent des bidons et des seaux alors qu'ils marchent dans une rue détruite de Gaza, le 8 août 2025. Et en Israël, les familles d'otages, qui manifestent quotidiennement pour réclamer la libération de leurs proches, s'inquiètent elles aussi. Ce plan « signifie abandonner les otages, tout en ignorant complètement les avertissements répétés de la direction militaire et la volonté claire de la majorité du public israélien », a affirmé le Forum des familles. Une « catastrophe » Jeudi, M. Nétanyahou avait annoncé qu'Israël avait « l'intention » de prendre le contrôle de la bande de Gaza, aux mains du Hamas depuis 2007, sans toutefois « la gouverner » ou la « garder ». Il avait affirmé vouloir ensuite « passer le relais à des forces arabes » qui y gouverneront sans « menacer » Israël et « en offrant une vie agréable aux habitants ». Actuellement, l'armée israélienne occupe ou opère au sol dans près de 75 % de la bande de Gaza, principalement depuis ses positions permanentes dans le territoire le long de la frontière. Israël avait déjà occupé Gaza en 1967 et implanté un ensemble de 21 colonies, démantelées lors de son retrait unilatéral en 2005. Le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, a fustigé une « catastrophe » qui va amener « la mort des otages, celle de nombreux soldats, coûter des dizaines de milliards aux contribuables israéliens et [provoquer] une faillite diplomatique ». La presse israélienne annonçait depuis plusieurs jours une opération de plusieurs mois visant « à conquérir l'ensemble de la bande de Gaza ». PHOTO BASHAR TALEB, AGENCE FRANCE-PRESSE Des Palestiniens observent un panache de fumée s'élever lors d'une frappe israélienne sur le quartier d'al-Zeitoun, au sud de la ville de Gaza, le 8 août 2025. Elle s'est fait aussi l'écho des réserves, voire de l'opposition du chef d'état-major, le lieutenant-général Eyal Zamir. Selon la radio publique Kan, le plan approuvé, en plusieurs étapes, prévoit de « conquérir la ville de Gaza, dont les habitants seront évacués dans les deux prochains mois » vers des camps de réfugiés. « Ensuite, les troupes encercleront la ville et opéreront à l'intérieur ». Entre 70 et 80 camions La guerre, déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sanglante du Hamas sur le sol israélien, a plongé dans une profonde crise humanitaire le petit territoire, dont les habitants dépendent totalement de l'aide internationale. Amjad Al-Chawa, directeur du Réseau des ONG palestiniennes à Gaza, a expliqué vendredi à l'AFP que les procédures d'inspection aux points d'entrée ralentissaient l'acheminement de l'aide. « Entre 70 et 80 camions par jour, transportant uniquement certains types de marchandises », a-t-il déclaré alors que l'ONU estime les besoins à au moins 600 camions par jour.

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