
Harvard devant un tribunal fédéral pour contester les coupes de l'administration Trump
(Boston) L'Université Harvard comparaîtra lundi devant un tribunal fédéral pour faire valoir que l'administration Trump a illégalement réduit de 2,6 milliards US son budget. Il s'agit d'un tournant dans la bataille de cette prestigieuse université contre le gouvernement fédéral américain.
Michael Casey
Associated Press
Si la juge de district Allison Burroughs tranche en faveur de l'université, cette décision annulera une série de gels de financement, qui se sont ensuite transformés en coupes budgétaires pures et simples, l'administration Trump intensifiant son conflit avec la plus ancienne et la plus riche université du pays.
Une telle décision, si elle est maintenue, relancerait le vaste réseau de recherche scientifique et médicale de Harvard et des centaines de projets qui ont perdu des fonds fédéraux.
« Cette affaire met en lumière les efforts du gouvernement pour utiliser le blocage des financements fédéraux comme levier pour prendre le contrôle des décisions académiques à Harvard », a déclaré l'université dans sa plainte.
« En résumé, le compromis imposé à Harvard et aux autres universités est clair : permettre au gouvernement de microgérer votre établissement universitaire ou compromettre sa capacité à réaliser des avancées médicales, des découvertes scientifiques et des solutions innovantes. »
Une deuxième action en justice concernant les coupes budgétaires, intentée par l'Association américaine des professeurs d'université et sa section de Harvard, a été jointe à celle de l'université.
La plainte de Harvard accuse l'administration du président Donald Trump d'avoir mené une campagne de représailles contre l'université après son rejet d'une série de demandes formulées dans une lettre du 11 avril émanant d'un groupe de travail fédéral sur l'antisémitisme.
La lettre exigeait des changements radicaux concernant les manifestations sur le campus, les programmes d'études et les admissions. Par exemple, elle demandait à Harvard de vérifier les points de vue des étudiants et des professeurs et d'admettre davantage d'étudiants ou d'embaucher de nouveaux professeurs si le campus ne présentait pas de points de vue diversifiés.
Le document visait à répondre aux accusations du gouvernement selon lesquelles l'université était devenue un foyer de libéralisme et tolérait le harcèlement anti-juif sur le campus.
Le président de Harvard, Alan Garber, s'est engagé à lutter contre l'antisémitisme, mais a déclaré qu'aucun gouvernement « ne devrait dicter aux universités privées ce qu'elles peuvent enseigner, qui elles peuvent admettre et embaucher, et quels domaines d'études et de recherche elles peuvent poursuivre ».
Le jour même où Harvard a rejeté ces demandes, des responsables du gouvernement ont décidé de geler 2,2 milliards US de subventions de recherche. La secrétaire à l'Éducation, Linda McMahon, a dit en mai que Harvard ne serait plus éligible à de nouvelles subventions, et quelques semaines plus tard, l'administration a commencé à annuler les contrats avec Harvard.
Alors que Harvard contestait le gel du financement devant les tribunaux, des agences ont commencé à envoyer des lettres annonçant la fin des subventions de recherche qui étaient gelées. Elles ont invoqué une clause permettant la suppression des subventions si elles ne sont plus conformes aux politiques gouvernementales.
Harvard, qui dispose de la plus importante richesse du pays, avec 53 milliards US, a décidé d'autofinancer une partie de ses recherches, mais a averti qu'elle ne pouvait pas absorber l'intégralité du coût des coupes fédérales.
Dans des documents judiciaires, l'université a indiqué que le gouvernement « n'explique pas en quoi la fin du financement de la recherche sur le traitement du cancer, le soutien aux anciens combattants et l'amélioration de la sécurité nationale répond à l'antisémitisme ».
L'administration Trump nie que ces coupes aient été opérées en représailles, affirmant que les subventions étaient à l'étude avant même l'envoi de la lettre de mise en demeure d'avril. Elle fait valoir que le gouvernement dispose d'un large pouvoir discrétionnaire pour annuler des contrats pour des raisons politiques.
« Sous l'administration Trump, la politique des États-Unis est de ne pas financer les établissements qui ne traitent pas adéquatement de l'antisémitisme dans leurs programmes », a-t-elle déclaré dans des documents judiciaires.
Le financement de la recherche n'est qu'un des fronts du combat de Harvard contre le gouvernement fédéral. L'administration Trump a également cherché à empêcher l'université d'accueillir des étudiants étrangers, et Donald Trump a menacé de révoquer le statut d'exonération fiscale de Harvard.
Enfin, le mois dernier, l'administration Trump a officiellement rendu un jugement soutenant que l'université avait toléré l'antisémitisme – une mesure qui pourrait à terme compromettre l'ensemble du financement fédéral de Harvard, y compris les prêts et bourses d'études du fédéral. Cette sanction est généralement qualifiée de « condamnation à mort ».
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(New York) Que vaut la parole de Ghislaine Maxwell, qui a été condamnée à 20 ans de prison en 2022 pour avoir recruté des filles mineures afin que Jeffrey Epstein les exploite sexuellement ? Rien, selon le ministère de la Justice de 2020. Ses procureurs ont alors accusé la complice d'Epstein de deux chefs d'accusation de parjure, en plus des accusations plus graves dont elle faisait l'objet. Ces chefs d'accusation découlaient d'une déposition civile faite par Maxwell en 2016. Elle avait alors déclaré n'avoir aucune connaissance du stratagème d'Epstein « pour recruter des filles mineures pour des massages sexuels ». Elle avait aussi nié savoir qu'Epstein possédait des jouets sexuels. Maxwell n'a pas eu à répondre de ces chefs d'accusation en cour, mais ceux-ci ont plané sur l'interrogatoire extraordinaire mené auprès d'elle, jeudi et vendredi derniers, par le numéro 2 du ministère de la Justice, Todd Blanche. 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Blanche est aussi l'avocat principal qui a défendu Donald Trump lors de son procès à New York en lien avec l'affaire Stormy Daniels. « Le conflit d'intérêts est flagrant. Cela sent la corruption à plein nez », s'est indigné Chuck Schumer, chef des démocrates au Sénat, jeudi dernier sur X. « La vérité sera révélée » Il va sans dire que Todd Blanche a présenté sa démarche sous un autre jour. « La justice exige du courage. Pour la première fois, le ministère de la Justice contacte Ghislaine Maxwell pour lui demander : que savez-vous ? », a-t-il écrit sur X mardi dernier en annonçant sa rencontre prochaine avec la prédatrice sexuelle. « Personne n'est au-dessus des lois, et aucune piste n'est à exclure. » Maxwell connaît sans doute Epstein mieux que quiconque. Fille du milliardaire et ancien membre du Parlement britannique Robert Maxwell, cette femme élevée dans la richesse et la mondanité a fait la connaissance du financier new-yorkais au début des années 1990. Après avoir été son amoureuse, elle est devenue son employée et sa complice. Or, tous les personnages riches et puissants qu'elle a fréquentés avec Epstein, y compris Donald Trump, Bill Clinton et le prince Andrew, répètent qu'ils ne savaient rien des activités criminelles du duo. Ils font sans doute partie des quelque 100 personnes à propos desquelles Todd Blanche a interrogé Ghislaine Maxwell la semaine dernière, selon l'avocat de cette dernière. Blanche a posé à Maxwell « toutes les questions possibles et imaginables », a déclaré son avocat, David Oscar Markus, aux journalistes vendredi dernier. « La vérité sera révélée sur ce qui s'est passé avec M. Epstein », a-t-il ajouté en précisant qu'il n'avait rien demandé au ministère de la Justice en retour des réponses de sa cliente. Mais il a flatté Donald Trump en le qualifiant de « négociateur hors pair ». Et il a souligné que le président avait lui-même reconnu quelques heures plus tôt qu'il avait le pouvoir d'accorder la grâce présidentielle à Maxwell. « Nous espérons qu'il exercera ce pouvoir », a-t-il précisé. Todd Blanche, lui, s'est contenté de dire après la première journée d'interrogatoire que « le ministère de la Justice communiquera des informations supplémentaires sur ce que nous avons appris en temps voulu ». Un virage spectaculaire Que vaut la parole de Ghislaine Maxwell ? À la fin, le ministère de la Justice conclura peut-être qu'elle ne vaut pas plus aujourd'hui qu'en 2020. Cependant, en attendant, certains alliés de Donald Trump et influenceurs MAGA ont amorcé un virage spectaculaire. À les entendre, le témoignage de Ghislaine Maxwell, menteuse avérée et trafiquante sexuelle condamnée, est plus important que le contenu des dossiers Epstein. ILLUSTRATION JANE ROSENBERG, ARCHIVES REUTERS Croquis d'audience représentant Ghislaine Maxwell lors d'une audience de son procès pour trafic sexuel, en 2022, à New York « Elle est la pierre de Rosette. Elle sait tout. Elle a organisé chaque voyage », a déclaré sur Fox News Alan Dershowitz, ancien avocat de Jeffrey Epstein et de Donald Trump. L'influenceur MAGA Charlie Kirk, qui avait critiqué le refus du ministère de la Justice de rendre publics les dossiers Epstein, a également salué la démarche de ce même ministère auprès de Maxwell. « Si quelqu'un détient réellement des informations sur ce qui s'est passé autour de Jeffrey Epstein, […] c'est bien Ghislaine Maxwell », a-t-il déclaré dans son balado. La ficelle est un peu grosse. Il en est de même pour ce qui concerne les théories du complot promues par Donald Trump ces jours-ci. 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Une attaque au couteau a eu lieu dans un Walmart à Traverse City, au Michigan, le 26 juillet 2025. (Traverse City) Les autorités ont annoncé dimanche qu'elles veulent porter des accusations de terrorisme et 11 chefs d'accusation d'agression avec intention de meurtre contre un homme de 42 ans accusé d'avoir perpétré une attaque au couteau dans un magasin Walmart du Michigan. Mike Householder et Ryan Sun Associated Press Le chaos a régné samedi au Walmart après que le suspect est entré dans le magasin lors d'un après-midi calme et a poignardé les victimes au hasard avec un couteau de poche, selon les autorités. Quelques minutes après l'attaque, le suspect a été placé en garde à vue avec l'aide de témoins présents. Le shérif du comté de Grand Traverse, Michael Shea, a indiqué que l'intervention rapide des témoins avait permis de sauver des vies. « Je ne peux pas donner assez d'ordres à tous ceux qui étaient impliqués. Si l'on prend le temps de s'arrêter et d'observer attentivement la situation, entre le moment de l'appel et celui de l'arrestation, l'individu a été interpellé en une minute, a souligné M. Shea lors d'une conférence de presse. C'est remarquable. Si l'on considère que cela a permis d'empêcher, Dieu sait combien, de victimes supplémentaires. » Le shérif a précisé que les 11 victimes étaient des hommes et des femmes, âgés de 21 à 84 ans. L'une d'elles était un employé de Walmart. Le Dr Tom Schermerhorn, médecin-chef du Centre médical Munson, a mentionné dimanche lors d'une conférence de presse qu'un patient avait été soigné et autorisé à sortir ; deux étaient dans un état grave ; et les autres étaient dans un état stable. PHOTO RYAN SUN, ASSOCIATED PRESS Le Dr Tom Schermerhorn, médecin-chef du Centre médical Munson Steven Carter chargeait son camion sur le stationnement de Walmart lorsqu'il a vu un homme égorger une femme avec un couteau. Environ cinq minutes plus tard, l'homme était encerclé par des clients sur le stationnement, dont l'un tenait une arme à feu. Le groupe de cinq ou six personnes n'arrêtait pas de crier à l'homme « Lâchez ce couteau » et l'homme a répondu deux fois qu'il s'en fichait », a raconté le témoin. Le suspect a continué à reculer, avant que quelqu'un ne le plaque et ne le maîtrise. « Au début, j'étais incrédule. J'ai cru à une attaque terroriste, a témoigné M. Carter, qui livre les commandes des clients de Walmart. Et puis ce fut la peur, l'incrédulité, le choc. Et c'était tout simplement incroyable. Et tout s'est passé si vite. Comme s'il était complètement immobilisé au sol à l'arrivée de la police. » Des véhicules d'urgence et des secouristes se sont rassemblés sur le stationnement du centre commercial qui abrite plusieurs autres commerces. Les autorités ont également été aperçues à proximité en train d'interroger des employés, toujours vêtus de gilets bleus et de badges nominatifs, tandis que l'intervention laissait place à une enquête. PHOTO STEVEN CARTER, FOURNIE PAR ARCHIVES ASSOCIATED PRESS Une attaque au couteau a eu lieu dans un Walmart à Traverse City, au Michigan, le 26 juillet 2025. Munson Healthcare a déclaré sur les médias sociaux que 11 personnes étaient soignées dans le plus grand hôpital de la région, dans le nord du Michigan. La porte-parole Megan Brown a souligné qu'il s'agissait toutes de victimes d'attaques au couteau. « Nous avons constaté des signes encourageants de rétablissement chez nos patients », a précisé Mme Brown. Le shérif Shea a avancé que l'arme impliquée semblait être un couteau pliant, ajoutant que l'agression avait commencé près de la caisse du magasin et que les victimes n'étaient « pas préméditées ». PHOTO RYAN SUN, ASSOCIATED PRESS Le shérif du comté de Grand Traverse, Michael Shea « Nos pensées accompagnent les victimes et la communauté sous le choc de cet acte de violence brutal », a déclaré la gouverneure Gretchen Whitmer. Walmart a indiqué dans un communiqué qu'il continuerait à collaborer étroitement avec les forces de l'ordre dans le cadre de l'enquête. Un porte-parole a mentionné dimanche ne pas disposer d'informations sur la réouverture du magasin et n'avoir aucune nouvelle concernant la situation au-delà du communiqué publié samedi soir. « Une telle violence est inacceptable. Nos pensées accompagnent les blessés et nous remercions les premiers intervenants pour leur intervention rapide », est-il précisé dans le communiqué. Le directeur adjoint du FBI, Dan Bongino, a affirmé sur les médias sociaux que les responsables du FBI intervenaient pour « apporter tout le soutien nécessaire ». Traverse City est une destination de vacances prisée sur la côte du lac Michigan. Connue pour son festival des cerises, ses vignobles et ses phares, elle se situe à environ 40 kilomètres à l'est du parc national Sleeping Bear Dunes.


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L'UE n'aura pas de droits de douane inférieurs à 15 %, dit Trump
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D'après plusieurs sources européennes, le texte en discussion prévoit des surtaxes douanières de 15 % sur les exportations européennes à destination des États-Unis, avec un traitement plus favorable pour des secteurs comme l'aéronautique et les spiritueux – mais pas pour le vin. Un tel résultat confirmerait que les échanges transatlantiques sont entrés dans une nouvelle ère, celle d'un protectionnisme américain décomplexé. Jusqu'au retour au pouvoir de Donald Trump, ils étaient marqués par un niveau de droits de douane américains bien moins élevés, de 4,8 % en moyenne. Dans les faits, le taux effectif appliqué par les États-Unis aux marchandises européennes se monte donc actuellement à près de 15 %, si l'on additionne la surtaxe de 10 % d'ores et déjà appliquée par le gouvernement américain et le taux de 4,8 % préexistant. Mais un accord aurait le mérite, selon les analystes, de lever l'incertitude, ce redoutable poison en matière commerciale. « Bazooka » L'UE en échange s'engagerait à accroître ses achats de gaz naturel américain et à une série d'investissements. L'Union européenne est actuellement soumise à une taxe de 25 % sur les voitures, de 50 % sur l'acier et l'aluminium, ainsi qu'à des droits de douane généraux de 10 %. PHOTO FLORENCE LO, REUTERS La cheffe de la Commission européenne, Ursula von der Leyen Si Ursula von der Leyen et Donald Trump ne parvenaient pas à s'entendre, Bruxelles assure être prêt à riposter en taxant des produits et des services américains. L'exécutif européen, sous l'impulsion de certains pays comme la France, pourrait aussi geler l'accès aux marchés publics européens ou bloquer certains investissements. 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Faire état d'un accord avec l'UE, en promettant des retombées pharaoniques sur l'économie américaine, et dans la foulée de ceux conclus ces derniers jours avec le Japon, le Vietnam, les Philippines et l'Indonésie, pourrait être une diversion bienvenue. Lundi, c'est avec la Chine que des négociateurs américains s'efforceront, au cours d'une rencontre à Stockholm, d'éviter une reprise de l'escalade commerciale.