
La polémique entourant l'affaire Epstein fait dérailler le Congrès
(Washington) La polémique autour de l'affaire Epstein paralyse mercredi la Chambre américaine des représentants, au point pour son chef républicain, Mike Johnson, d'envoyer les élus en vacances un jour plus tôt que prévu afin d'empêcher un vote embarrassant pour Donald Trump.
Robin LEGRAND
Agence France-Presse
L'élu républicain Thomas Massie, qui s'est déjà opposé à l'administration Trump sur plusieurs sujets ces derniers mois, tente de forcer un vote sur une résolution qui appelle à la publication des documents judiciaires sur Jeffrey Epstein, riche financier mort en cellule en 2019 avant son procès pour crimes sexuels.
Thomas Massie est soutenu en cela par l'opposition démocrate, qui y voit un moyen de mettre Donald Trump encore plus dans l'embarras sur ce dossier sulfureux.
Car la colère gronde au sein d'une partie de la base « MAGA » du président républicain, qui n'accepte pas les conclusions d'un mémorandum publié début juillet par son administration, selon lequel Jeffrey Epstein serait bien mort d'un suicide, et ne possédait pas de liste de clients pour son réseau présumé d'exploitation sexuelle.
Des partisans de Donald Trump lui reprochent aujourd'hui de revenir sur ses promesses de campagne en faisant preuve d'un manque de transparence.
Dénonçant des « manœuvres politiciennes », le président républicain de la chambre basse, Mike Johnson, fait en sorte de bloquer tout vote sur la résolution de Thomas Massie, le justifiant mardi par le fait selon lui qu'une publication en bloc mettrait en danger les victimes des crimes imputés à Jeffrey Epstein.
« Faire l'autruche »
Le blocage imposé par le « speaker » signifie que les travaux de la chambre basse sont en grande partie au point mort depuis plusieurs jours. Il a aussi décidé d'avancer d'un jour les vacances d'été des députés, qui partiront en congé pendant six semaines dès mercredi soir.
Thomas Massie a répondu à Mike Johnson en l'accusant devant la presse de vouloir contraindre les élus républicains à « faire l'autruche et laisser l'administration Trump essayer de dissiper peut-être tout ça en donnant quelques éléments au compte-gouttes ».
La Maison-Blanche tente depuis plusieurs semaines d'éteindre l'incendie autour de l'affaire Epstein.
Le département de la Justice a annoncé mardi vouloir interroger Ghislaine Maxwell, ex-compagne et complice du délinquant sexuel au carnet d'adresses foisonnant, avec lequel Donald Trump a entretenu des relations amicales.
Le président américain a assuré ensuite qu'il n'était pas au courant de cette initiative et que de toute façon, il « ne suivait pas cela de très près ». Devant les journalistes dans le bureau Ovale, il s'est ensuite lancé dans des diatribes virulentes contre Barack Obama, selon lui un « chef de gang » coupable de « trahison ».
« Victime »
Car depuis l'éclatement de la colère au sein de la base « MAGA » sur l'affaire Epstein, le président républicain tente de la rediriger vers l'ancien président démocrate.
La directrice du renseignement national, Tulsi Gabbard, avait publié vendredi un rapport accusant Barack Obama et son entourage de « complot » en lien avec les accusations d'ingérence russe dans la campagne de 2016, qui a porté Donald Trump à la Maison-Blanche.
Et dimanche, Donald Trump avait diffusé sur son réseau Truth Social une vidéo vraisemblablement générée par intelligence artificielle montrant le premier président noir des États-Unis être arrêté dans le bureau Ovale par des agents du FBI.
Cette stratégie de « détourner l'attention » s'appuie sur le fait que « les partisans MAGA aiment défendre leur président quand ils estiment qu'il est une victime », a analysé auprès de l'AFP Todd Belt, professeur de sciences politiques à l'université George Washington.
Cependant, « il demeure incertain si cette stratégie actuelle fonctionnera pour le président », a-t-il ajouté.
Le chef de la minorité démocrate à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries, a dénoncé mercredi l'attitude des républicains, qui « n'arrivent même pas à se mettre ensemble en ce qui concerne la publication du dossier Epstein ».
« Quand vous n'avez rien à présenter d'affirmatif aux Américains, les républicains font porter le chapeau à Barack Obama. C'est ridicule », a-t-il déclaré devant la presse.
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Au moins 25 morts dans des frappes russes au lendemain de l'ultimatum de Trump
Des personnes marchent dans l'enceinte d'un hôpital touché par un missile russe, dans le cadre de l'attaque de la Russie contre l'Ukraine, dans la ville de Kamyanske. Au moins 25 morts dans des frappes russes au lendemain de l'ultimatum de Trump (Kyiv) Au moins 25 civils, dont une femme enceinte et une quinzaine de détenus d'une colonie pénitentiaire, ont été tués en Ukraine dans des frappes russes dans la nuit, ont indiqué mardi les autorités ukrainiennes, au lendemain d'un nouvel ultimatum de Donald Trump à Vladimir Poutine. Stanislav DOSHCHITSYN Agence France-Presse Une cinquantaine de personnes ont aussi été blessées dans ces frappes, ont précisé les autorités. Des bombardements qui interviennent juste après que le dirigeant américain a donné à son homologue russe « 10 à 12 jours », au lieu de 50, pour mettre fin à son invasion de l'Ukraine, sous peine de sévères sanctions. 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Un nombre plus faible que d'habitude alors que la Russie intensifie ses frappes ces derniers mois, étant capable de lancer plus de 500 engins par nuit. PHOTO SERVICES D'URGENCE UKRAINIENS, FOURNIE PAR L'ASSOCIATED PRESS Des secouristes prodiguent les premiers soins à un civil blessé, après qu'un missile russe a frappé un hôpital, faisant deux morts à Kamyanske. D'autres attaques russes ont fait six morts dans la région de Kharkiv (Nord-Est) et trois tués, dont une femme enceinte, dans celle de Dnipropetrovsk (Centre), où un hôpital a été endommagé, selon les autorités locales. PHOTO MYKOLA SYNELNYKOV, REUTERS Un tir de missile sur la ville de Kamyanske a tué deux personnes, en a blessé cinq et a endommagé un hôpital. En Russie, une personne a été tuée dans la nuit de lundi à mardi dans la région de Rostov (Sud) par une attaque de drones ukrainiens, a annoncé le gouverneur régional Iouri Slioussar. 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19 hours ago
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Le fentanyl a été « une arme pour justifier les droits de douane »
Durant les quatre premiers mois de 2024, l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) a effectué une seule saisie de fentanyl destiné aux États-Unis, pour un total de 4 grammes. Durant la même période, les douaniers canadiens ont intercepté 349 grammes de fentanyl provenant des États-Unis et destiné au marché canadien, soit 87 fois plus. (Montréal) Une enquête de La Presse Canadienne démontre que le Canada s'est vu forcé d'investir plus d'un milliard pour sécuriser sa frontière avec les États-Unis sur la base d'une fausseté propagée par le président Donald Trump pour justifier l'imposition de droits de douane. Pierre Saint-Arnaud La Presse Canadienne L'objectif de l'enquête était de comparer le trafic de stupéfiants durant les quatre premiers mois de l'administration Trump, de janvier 2025 à avril 2025 inclusivement, à la même activité durant la même période en 2024 par une compilation exhaustive des données, statistiques et documents portant sur les saisies de stupéfiants – en particulier sur le fentanyl évoqué par le président américain, mais aussi sur plusieurs autres drogues illégales – tant par les services frontaliers américains que canadiens. Le résultat est sans équivoque. Les données recueillies par La Presse Canadienne, dont certaines jusqu'ici inédites, montrent que c'est le Canada qui a un problème de drogue provenant des États-Unis et non l'inverse. Fentanyl : des quantités insignifiantes Durant les quatre premiers mois de 2024, l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) avait effectué une seule saisie de fentanyl destiné aux États-Unis, pour un total de 4 grammes. Durant la même période, les douaniers canadiens ont intercepté 349 grammes de fentanyl provenant des États-Unis et destiné au marché canadien, soit 87 fois plus que dans l'autre direction. De leur côté, les douaniers américains saisissaient durant la même période « moins de 700 grammes » de fentanyl à la frontière canadienne, selon leurs statistiques. Or, aux autres frontières américaines (Mexique, Porto Rico, maritimes et aéroports), ils en ont saisi un peu plus de deux tonnes métriques et demie, soit 2540 kilos. Le fentanyl en provenance du Canada représentait alors 1,57 % du total des entrées saisies des deux côtés de la frontière. Effort majeur, résultats marginaux Un an plus tard, de janvier à avril 2025, après que le Canada se fut mis au garde-à-vous sous la menace tarifaire du président Trump en annonçant des investissements de 1,3 milliard dans la protection de la frontière (et la nomination d'un « tsar » du fentanyl, ou commissaire de la lutte canadienne du fentanyl), le nombre de saisies et la quantité interceptée explosaient. Cette fois, 145 saisies permettaient d'intercepter un peu plus de 2 kilos de fentanyl destinés aux États-Unis, principalement lors de l'opération Blizzard menée par l'ASFC en février et mars. Dans le sens inverse, cinq saisies avaient permis d'intercepter 28 grammes de fentanyl provenant des États-Unis. PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE Le poste frontalier canadien de Saint-Bernard-de-Lacolle Le communiqué de l'ASFC précisait que cette offensive avait été « lancée dans le cadre du Plan frontalier du Canada (les investissements de 1,3 milliard annoncés en décembre par le premier ministre de l'époque, Justin Trudeau) afin d'intercepter le fentanyl et d'autres drogues illégales. […] Au cours de l'opération, les agents et les agentes des services frontaliers ont examiné les envois, en accordant une attention particulière au courrier, fret aérien et conteneurs maritimes à destination des États-Unis. » En d'autres termes, on a mis le paquet sur les envois vers les États-Unis pour trouver le fentanyl auquel faisait allusion Donald Trump. Les agents de la United States Customs and Border Protection (USCBP), de leur côté, saisissaient durant les quatre premiers mois de 2025 encore une fois « moins de 700 grammes » de fentanyl à la frontière canadienne, mais 1277 kilos de cet opioïde aux autres frontières, soit 600 fois plus que les quelque 2 kilos interceptés par les Canadiens. « Une arme pour justifier les droits de douane » Et malgré cette « augmentation » de la quantité de fentanyl saisi destiné aux États-Unis, l'opération Blizzard a permis un autre constat : « 67,5 % de toutes les saisies concernaient des stupéfiants illégaux provenant des États-Unis, tandis que 17,5 % concernaient des stupéfiants destinés aux États-Unis », précise le communiqué de l'ASFC. On y apprend que l'interception de fentanyl ne représentait que 116 saisies sur les 2600 de l'opération, l'écrasante majorité étant des interceptions d'autres stupéfiants entrant au Canada en provenance des États-Unis. Le professeur Eugene Oscapella, spécialiste en matière de trafic de stupéfiants au département de criminologie de l'Université d'Ottawa, n'est nullement étonné de ces constats. « Il y a une tendance historique des États-Unis de blâmer d'autres pays pour le problème de drogue chez eux. On le fait depuis des décennies, mais dans ce cas-ci, on l'utilise comme une arme pour justifier les droits de douane. Ça n'a rien à voir avec la réalité concernant les drogues au Canada et la vente de drogue aux États-Unis par voie du Canada. » La GRC dément L'obsession de Donald Trump face au fentanyl canadien a fait son chemin jusque dans un document officiel. Au mois de mai dernier, la Drug Enforcement Administration (DEA) avait fait sourciller les autorités canadiennes en consacrant un paragraphe dans son « National Drug Assessment 2025 » (Évaluation de la menace posée par les drogues 2025) en faisant état de la « préoccupation grandissante des États-Unis » face aux « super laboratoires » de fentanyl canadiens après le démantèlement d'une telle installation par la GRC en octobre 2024. Préoccupation qui mentionnait tout de même que les saisies de fentanyl provenant du Canada pour toute l'année 2024 et le printemps 2025 se chiffraient à 22,7 kilos, comparativement aux 9,354 tonnes métriques saisies à la frontière mexicaine. Ce seul paragraphe dans un document de 80 pages qui ne fait aucune autre mention du Canada en matière de menace liée aux stupéfiants a provoqué une réponse plutôt irritée de la GRC : « Il n'y a peu ou pas de preuves ou de données des forces de l'ordre canadiennes ou américaines pouvant soutenir l'affirmation selon laquelle le fentanyl produit au Canada représente une menace grandissante. […] Le fentanyl produit au Canada est destiné principalement à la consommation domestique », écrivait un porte-parole de la police fédérale au bureau de La Presse Canadienne à Washington en réponse à ces prétentions. États-Unis : exportations massives au Canada Nous nous sommes concentrés d'abord sur les saisies de fentanyl, en raison de l'importance démesurée que lui a accordée le président Trump, mais aussi sur celles de cocaïne, de métamphétamines et de cannabis en raison de l'importance des quantités saisies et parce qu'elles offrent des données comparables à celles des Américains, qui ne sont pas compilées de la même façon. Ainsi, le véritable problème du Canada, ce sont – au-delà du fentanyl – les autres drogues qui arrivent des États-Unis, surtout la cocaïne et les métamphétamines. Rebecca Purdy, porte-parole de l'ASFC, résume ainsi la situation : « Au cours des cinq dernières années, la quantité de fentanyl saisie en provenance des États-Unis a augmenté de plus de 1600 %, celle de cocaïne des États-Unis a augmenté de plus de 290 %, celle de méthamphétamine de plus de 200 %. » Les données canadiennes obtenues par La Presse Canadienne pour les quatre premiers mois de 2025 montrent cependant une pause de la tendance haussière. Lorsqu'on analyse les quantités de cocaïne, métamphétamines et de cannabis, le volume (en kilos) de stupéfiants venant des États-Unis a connu une baisse d'environ 10 % entre les quatre premiers mois de 2024 et 2025. De manière plus spécifique, on note une baisse de 90 % du volume des entrées de métamphétamines, mais une augmentation de 125 % de celui des importations de cocaïne. Quant aux exportations canadiennes de stupéfiants, celles-ci ont connu une baisse de 4,6 %. Le cannabis est, de loin, la drogue la plus exportée par le Canada, représentant 98 % du volume des saisies canadiennes en 2024 et 90,5 % en 2025. Cependant, ce cannabis étant légal au Canada et dans 24 des 50 États américains, la quasi-totalité des quantités importantes de cannabis saisies était destinée principalement à des pays européens. Du côté américain, mises à part les données spécifiques sur le fentanyl et l'héroïne, la USCBS ne tient que des statistiques générales amalgamées montrant les quantités totales saisies de l'ensemble des drogues. À la frontière nord, celle du Canada, 607 kilos de stupéfiants ont été saisis durant les quatre premiers mois de 2024, contre 561 kilos de stupéfiants pour la même période de 2025, soit une baisse de 7,6 %. Cette réduction survient toutefois au même moment où l'on constate une baisse marquée du nombre de Canadiens entrant aux États-Unis, mais il est impossible d'établir un lien de cause à effet entre les deux. Pendant ce temps, aux autres points d'entrée (au Mexique, par mer et par avion), les quantités de stupéfiants entrant aux États-Unis atteignaient 10 660 kilos de janvier à avril 2024, soit 17,6 fois plus qu'à la frontière canadienne, et 9752 kilos durant la même période de 2025, soit une diminution de 8,5 %, mais toujours 17,4 fois plus qu'à la frontière nord. Le professeur Oscapella estime effectivement que « le Canada a un problème d'importation de drogue par la voie des États-Unis et on a surtout un problème d'importation d'armes des États-Unis lié au trafic de drogue », prend-il soin d'ajouter. Communications publiques des douaniers Un survol de la douzaine de communiqués publiés par l'ASFC durant les quatre premiers mois de 2025 montre notamment deux saisies totalisant deux tonnes métriques de cannabis en route vers l'Espagne et le Nigeria et des saisies de 148 kilos de métamphétamines destinés à Hong Kong et à l'Australie, mais rien à destination des États-Unis. En matière d'importation, on note la découverte de 142 kilos de cocaïne venus du Mexique par train et découverts à Montréal après avoir traversé les frontières américaines au sud et au nord sans encombre. Par voie terrestre, les douaniers canadiens interceptaient un total de 569 kilos de cocaïne et 186 kilos de métamphétamines dans des camions provenant des États-Unis. L'année précédente, l'ASFC n'avait publié que trois communiqués de janvier à avril 2024 reliés aux stupéfiants, dont 406 kilos de métamphétamines venus des États-Unis par camion et un peu plus d'une tonne métrique et demie (1556 kilos) de cocaïne venant aussi des États-Unis, mais destinée à l'Europe, interceptée dans un port canadien. Encore là, rien à destination des États-Unis. Côté américain, nous avons également analysé les communiqués publiés par les services frontaliers, toujours durant les quatre premiers mois de 2024 et de 2025. Bien que ces communiqués représentent une source plus anecdotique que statistique, ils témoignant néanmoins d'un déséquilibre absolu entre ce qui se passe à la frontière canadienne et à celles du Mexique, en mer et dans les aéroports. Ainsi, l'USCBS a publié 81 communiqués liés aux stupéfiants durant les quatre premiers mois de 2024, dont un seul parle de drogue saisie à la frontière nord, soit 0,6 kg de drogues diverses dont de la cocaïne au poste frontalier Champlain (côté américain de Saint-Bernard-de-Lacolle). Les 80 autres communiqués font état d'un peu plus de 18 tonnes métriques et demie (18 559 kilos) constituées, par ordre d'importance, de métamphétamines, de cannabis, de cocaïne et de fentanyl, aux frontières sud, maritimes et aéroportuaires. Durant les quatre premiers mois de 2025, l'USCBS a publié 49 communiqués dont seulement trois se rapportent à des saisies à la frontière canadienne. Or, deux de ces trois dossiers concernent des camions amenant au total 207 kilos de cocaïne au Canada. Le troisième fait état d'un paquet en provenance du Canada dans un entrepôt de Seattle contenant 0,5 kilo de fentanyl. Les 46 autres communiqués américains rapportent, pendant la même période aux frontières mexicaines, maritime et aéroportuaire, des saisies totalisant près de 5 tonnes métriques (4955 kilos), dans l'ordre d'importance des volumes saisis, de métamphétamines, de cocaïne, de cannabis et de fentanyl.


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19 hours ago
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Le Kremlin dit maintenir son « engagement » pour résoudre le conflit
Des personnes marchent dans l'enceinte d'un hôpital touché par un missile russe, dans le cadre de l'attaque de la Russie contre l'Ukraine, dans la ville de Kamyanske. Le Kremlin dit maintenir son « engagement » pour résoudre le conflit (Moscou) Le Kremlin a assuré mardi maintenir son « engagement en faveur d'un processus de paix » en Ukraine, au lendemain d'un nouvel ultimatum de Donald Trump à Vladimir Poutine pour mettre fin à l'offensive russe lancée il y a plus de trois ans. avec Stanislav DOSHCHITSYN Agence France-Presse « Nous avons pris note de la déclaration du président Trump hier », a affirmé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, interrogé par des journalistes. « L'opération spéciale se poursuit. Et nous continuons à maintenir notre engagement en faveur du processus de paix pour résoudre le conflit autour de l'Ukraine et préserver nos intérêts », a-t-il ajouté, en utilisant l'euphémisme imposé par les autorités russes pour évoquer leur assaut dans ce pays. Quelques heures plus tôt, le président américain Donald Trump avait donné « 10 ou 12 jours » à son homologue russe pour mettre fin au conflit en Ukraine. « Il n'y a aucune raison d'attendre. Nous ne voyons aucun progrès », a déploré le républicain, qui avait déjà, le 14 juillet, donné un ultimatum de 50 jours, sans réel effet sur le terrain. En dépit du nouvel ultimatum, de nouvelles frappes russes nocturnes ont fait une vingtaine de morts en Ukraine, selon les autorités du pays. PHOTO SERVICES D'URGENCE UKRAINIENS, FOURNIE PAR L'ASSOCIATED PRESS Des secouristes prodiguent les premiers soins à un civil blessé, après qu'un missile russe a frappé un hôpital, faisant deux morts à Kamyanske. Donald Trump a notamment menacé la Russie mardi de sanctions « secondaires », c'est-à-dire touchant les pays qui achètent des produits russes, par exemple des hydrocarbures, afin d'assécher les revenus de Moscou. Des morts dans un bombardement russe sur une prison Une frappe russe sur une colonie pénitentiaire ukrainienne dans la nuit de lundi à mardi a tué au moins 17 personnes dans la région de Zaporijjia au sud du pays, selon Kyiv, le président ukrainien Volodymyr Zelensky dénonçant un bombardement « délibéré ». PHOTO MINISTÈRE DE LA JUSTICE DE L'UKRAINE, FOURNIE PAR L'AGENCE FRANCE-PRESSE Une frappe russe sur la colonie pénitentiaire de Bilenkivska a tué au moins 17 personnes. « Il s'agissait d'une frappe délibérée, intentionnelle, et non accidentelle », a écrit M. Zelensky sur les réseaux sociaux, estimant que « les Russes ne pouvaient ignorer qu'ils visaient des civils dans cet établissement ». Selon le ministère ukrainien de la Justice, la frappe a tué au moins 17 personnes et en a blessé 42 autres, dont un employé de la prison. Des images publiées par le ministère montrent des débris et des briques éparpillés au sol autour d'un bâtiment de la colonie pénitentiaire de Bilenkivska, dont les vitres ont été soufflées. Il n'y a pas de risque que des détenus s'évadent, l'enceinte de l'établissement n'étant pas endommagée, a précisé le ministère. PHOTOSERVICES PÉNITENCIERS DE L'UKRAINE, FOURNIE PAR REUTERS La colonie pénitentiaire de Bilenkivska Des secouristes s'activaient pour rechercher des survivants dans les décombres, d'après des photos publiées par les services de secours de la région. Le chef de l'administration régionale, Ivan Fedorov, a indiqué que la Russie avait mené huit frappes aériennes sur la région de Zaporijjia, dont une avait touché la prison. Cette frappe a lieu trois ans jour pour jour après une attaque aérienne contre la prison d'Olenivka dans une partie de la région ukrainienne de Donetsk (Est) sous occupation russe, qui avait tué de nombreux prisonniers ukrainiens. Crimes de guerre À la suite de l'attaque sur la prison, le médiateur ukrainien chargé des droits de la personne, Dmytro Loubinets, a dénoncé mardi sur X une « violation flagrante du droit humanitaire international » et une « nouvelle preuve des crimes de guerre commis par la Russie ». « Les personnes détenues dans des lieux de détention ne perdent pas leur droit à la vie et à la protection », a-t-il dit. L'armée de l'air ukrainienne a affirmé que la Russie avait lancé sur l'Ukraine deux missiles et 37 drones ou drones leurres dans la nuit de lundi à mardi, dont 32 ont été abattus. Un nombre plus faible que d'habitude alors que la Russie intensifie ses frappes par drones ces derniers mois, pouvant en lancer plus de 500 par nuit. « Cinq drones et deux missiles ont touché trois sites », a indiqué l'armée de l'air. D'autres attaques dans la région de Dnipropetrovsk (Centre) et Kharkiv (Nord-Est) ont fait au moins cinq morts, ont annoncé les autorités locales. Un tir de missile sur la ville de Kamyanske a tué deux personnes, en a blessé cinq et a endommagé un hôpital, a déclaré Sergiï Lysak, chef de l'administration militaire régionale de Dnipropetrovsk, sur Telegram. PHOTO MYKOLA SYNELNYKOV, REUTERS Un tir de missile sur la ville de Kamyanske a tué deux personnes, en a blessé cinq et a endommagé un hôpital. Une autre personne a été tuée et plusieurs autres blessées lors d'une attaque dans le district de Synelnykivskï de cette même région par « des drones » explosifs « et des bombes guidées ». Lors d'une autre attaque à Velykomykhaïlivska, une « femme de 75 ans a été tuée », a-t-il écrit sur Telegram. Une attaque de roquettes multiples a tué une personne dans la ville de Koupiansk, dans la région de Kharkiv. En Russie, une personne a été tuée dans la nuit de lundi à mardi dans la région de Rostov par une attaque de drones ukrainiens, a annoncé le gouverneur régional Iouri Sliousar. Au cours du weekend, l'armée russe a déclaré que ses forces avaient capturé une petite localité dans la région industrielle de Dnipropetrovsk, quelques semaines après s'être emparée du premier village du territoire, ce que Kyiv conteste.