
Chaperon de mascotte: voici le job de bénévole le plus improbable
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Chaperon de mascotte: voici le job de bénévole le plus improbable
Immersion dans les coulisses du tournoi, avec quatre bénévoles romands aux missions variées et parfois atypiques.
Sylvain Bolt
Les missions des bénévoles sont parfois atypiques, comme celle de Christophe Badoux, chaperon de la mascotte Maddli au Stade de Genève.
BASTIEN GALLAY / GALLAYPHOTO
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En bref : À l'Euro 2025, les bénévoles ont des missions très variées.
La Genevoise Olga Baranova accueille les visiteurs dans sa ville et leur sert de guide footballistique et touristique.
Le Vaudois Christophe Badoux, lui, doit guider la mascotte Maddli et la prendre en photo avec les fans.
Christophe Badoux, «chaperon de la mascotte»: «Je dois m'assurer que Maddli ne trébuche pas»
Son job estival? Promeneur de saint-bernard! À l'Euro 2025, Christophe Badoux a hérité d'un poste de bénévole atypique: chaperon de mascotte. Au Stade de Genève, le Vaudois devient les yeux de Maddli. «Je suis devant et l'avertis en cas d'obstacles au sol comme des câbles», précise dans un sourire l'habitant de Forel-sur-Lucens.
Cet employé à l'État de Vaud (impôts et Registre foncier) a accepté de servir de guide à la mystérieuse personne qui se cache sous la mascotte. Car pas question de dévoiler son nom: l'UEFA ne souhaite pas «personnifier» le saint-bernard. «C'est une connaissance qui a été recrutée et qui m'a proposé de l'accompagner, je me suis dit que ce serait une expérience sympa», poursuit Christophe Badoux.
Christophe Badoux suit à la trace Maddli lors des matches de l'Euro 2025 à Genève.
DR
Sa mission débute deux heures et demie avant le match. «On va voir les enfants qui vont accompagner les joueuses sur le terrain, ils sont très friands de câlins avec Maddli», sourit le Vaudois.
Bain de foule pour la mascotte Maddli
À septante-cinq minutes du coup d'envoi, bain de foule de la mascotte près des tribunes. L'annonce de l'apparition imminente de Maddli, sur l'écran géant à la mi-temps, n'a rien à envier à celle de la présentation des joueuses. Puis, le guide et le grand chien de montagne font encore un détour par les VIP.
«En plus de m'assurer que la mascotte ne trébuche pas, je dois aussi tenir les horaires et surtout la prendre en photo avec les gens», détaille le chaperon du saint-bernard le plus photographié du pays.
«C'est parfois le stress au niveau du timing, comme à la mi-temps de Portugal-Italie, il y a eu énormément de demandes de photos et on essaie de satisfaire tout le monde, souligne le guide. C'était un peu le parcours du combattant pour revenir, entre les ramasseurs de balles et tout le matériel des photographes.»
Tant pis si le binôme est coincé dans son local pendant les matches. «On ressent vraiment la ferveur du public dans les travées du stade et on vit un Euro vraiment spécial», s'amuse le chaperon de Maddli.
Olga Baranova, accueil des publics: «Cela me permet de rencontrer des personnes d'autres milieux»
Être bénévole à l'Euro féminin ne signifie pas forcément être une fan absolue de football. L'expérience d'un grand tournoi, pour Olga Baranova, se résumait jusqu'à présent à partager une bière dans une fan zone. Un récent passé de bénévolat à l'Eurovision lui laisse un souvenir amer: mauvaise gestion des volontaires.
Cette «dernière chance» donnée à l'Euro 2025 se déroule mieux jusqu'à présent. «Là, l'expérience devrait être plus cadrée, avec l'UEFA et l'association de la Course de l'Escalade, qui a été mandatée en partie pour gérer les bénévoles et qui est aussi expérimentée dans le domaine», glisse cette spécialiste de la politique numérique et des médias.
Olga Baranova est à la fois guide footballistique et guide touristique à l'Euro féminin 2025.
DR
À Genève, elle s'occupe de l'accueil des publics chaque jour de match. «Ma mission consiste surtout à répondre aux questions des gens qui passent par ces lieux comme la gare, il y a aussi une part sociale, sourit Olga Baranova. On distribue du matériel, notamment un guide du supporter avec des informations pratiques et on indique aux gens comment se rendre au stade.»
De belles interactions sociales à l'Euro 2025
Le lieu de mission change à chaque match. «Cela me permet de rencontrer des bénévoles d'autres milieux, que je n'aurais pas forcément croisés autrement. C'était aussi le but de l'expérience», se réjouit Olga Baranova, qui s'informe toujours des derniers résultats.
Les échanges avec le public permettent à cette polyglotte de pratiquer plusieurs langues. «Même le russe, que j'utilise très rarement, pour qu'une bénévole ukrainienne puisse aussi un peu s'exprimer dans sa langue maternelle», raconte la Genevoise.
Loin de la ferveur des stades, Olga Baranova est rapidement identifiable avec son maillot bleu pétant. En première ligne, aussi, lorsqu'il faut encaisser les humeurs des passants, qui n'ont aucun lien direct avec l'événement.
«Du coup, on subit malheureusement aussi des remarques sexistes, déplore la volontaire. Mais la majorité des rencontres sont positives, comme celle avec ce créateur de contenu autrichien, qui a tourné le dos au foot masculin et qui s'engage pour donner davantage de visibilité aux footballeuses.»
David Grosvernier, «Match Organisation»: «Je vis cet Euro au coeur du jeu»
En 2008, David Grosvernier, alors âgé de 17 ans, avait été «privé» de bénévolat de l'Euro en Suisse, car mineur. «J'étais pas mal frustré et je m'étais promis de faire partie de l'aventure lors du prochain grand tournoi de foot en Suisse», sourit le trentenaire vaudois.
Après une première expérience de volontaire à l'Euro 2016 en France, son rêve s'est concrétisé dix-sept ans plus tard. Son poste d'employé du Centre international d'études du sport (CIES) dans le monde du football, en tant qu'Executive Education Manager, a notamment convaincu l'UEFA de le recruter pour cette affectation qualifiée.
David Grosvernier est au bord du terrain pendant les matches, mais n'a pas réellement le temps d'apprécier le spectacle.
DR
La mission de celui qui est basé à Sion est en théorie assez simple: s'assurer que tout roule pendant les matches disputés à Tourbillon. Comme contrôler les ballons de match pour qu'ils soient gonflés à la pression indiquée ou recharger les batteries des balles connectées. Dans la pratique, il y a parfois des coups de chaud.
«Lors de Norvège-Finlande, la caméra a détecté la balle connectée qu'un ramasseur tenait dans les mains de manière visible et cela a créé des interférences, témoigne le Lausannois. J'ai dû courir d'urgence de l'autre côté du terrain sans passer devant les caméras pour lui demander de garder le ballon entre ses pieds.»
Au bord du terrain, mais toujours prêt à agir
En tant que «Volunteer Match Organisation», impossible de suivre les matches attentivement. «Je ne lâche pas des yeux le Match Manager, car s'il nous fait un signe, il faut s'exécuter très vite», justifie le joueur de l'AS Haute-Broye. Son poste débute la veille des matches avec les répétitions de cérémonies et les entraînements des équipes au stade.
«Remplir les frigos avec les commandes des équipes, avec le nombre précis de boissons énergisantes ou de snacks, énumère le bénévole. Mais aussi coller des informations dans les vestiaires sur le planning de l'arrivée de l'équipe à son départ, tout est minuté à la seconde, afin d'éviter que les équipes ne se croisent et puissent s'observer.» Et être prêt à adapter le protocole à la dernière minute.
Le footballeur amateur savoure cette expérience unique et intense. «Je vis cet Euro au cœur du jeu, je suis entre les deux bancs des équipes, s'enthousiasme le Lausannois. C'est fascinant de voir comment se passe l'événement de l'intérieur et je m'estime très chanceux de ne pas manquer cette chance unique de vivre cette expérience dans mon pays.»
Adrien Estoppey, «Volunteer Management»: «C'est fascinant de se plonger dans les coulisses d'un Euro»
Deux raisons principales ont motivé Adrien Estoppey pour se lancer dans l'aventure des bénévoles de l'Euro féminin. L'occasion assez rare de vivre un si grand événement dans son pays. «Je ne suis pas sûr que la Suisse organisera un Euro de sitôt, même féminin, vu l'essor du football féminin, il faudra probablement des stades plus grands», observe le Vaudois. Celui qui suit une formation continue en management du sport saisit l'opportunité de voir l'envers du décor du fonctionnement d'une grande organisation sportive comme l'UEFA.
«C'est fascinant de pouvoir pousser quelques portes, sentir l'ambiance, l'atmosphère, de se plonger dans les coulisses d'un Euro», précise ce chef de groupe d'unité spécialisée à l'Office fédéral du service civil. C'est la porte de la cellule «Volunteer Management» que le Romand a poussée pour l'Euro 2025. Un rôle de l'ombre, qui l'occupe la veille et les jours de match à Genève.
Dans les coulisses de l'Euro, Adrien Estoppey a pu rencontrer et discuter avec la joueuse suisse Meriame Terchoun et l'ex-international helvétique Johan Djourou.
DR
«J'apporte du soutien à la coordination du centre des volontaires du Stade de Genève et participe à la distribution des uniformes aux bénévoles, avec tous les soucis de taille et de gestion des stocks, souligne Adrien Estoppey. On doit aussi s'assurer que les bénévoles soient là, à l'heure, contrôler la bonne gestion des effectifs.» Au total, 335 volontaires ont été recrutés à Genève.
Un Euro vécu dans l'ombre
Adrien Estoppey, lui, vit l'Euro dans l'ombre, loin de la ferveur des stades. «On a pu échanger avec Johan Djourou et Meriame Terchoun lors d'une rencontre très chouette», se réjouit l'habitant de Bussigny, qui effectue des shifts de 14 à 23 h, à Genève, sur ses vacances, puis retourne au boulot à Thoune le lendemain. Sans voir le moindre match.
«Un écran géant a été installé au centre des volontaires pour suivre les matches, mais l'expérience de faire partie du tournoi prend le dessus», glisse l'une des «petites mains» de l'Euro 2025, dont le rôle est essentiel pour assurer son bon déroulement.
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Sylvain Bolt est journaliste à la rubrique sportive de 24 Heures, de la Tribune de Genève et du Matin Dimanche depuis 2019. Il couvre en particulier le ski alpin et le freeride, mais aussi le cyclisme et l'athlétisme. Plus d'infos
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Ici, les jeunes filles apprennent la technique du jeu, mais aussi le mode de vie des pros: nutrition, attitude et récupération.» Pour aider ces footballeuses en herbe, quatre entraîneurs – deux hommes et deux femmes –, tous professionnels, se relaient durant la semaine. Tous les frais sont pris en charge par l'Association suisse de football, aidée par des financements européens de l'UEFA, qui soutient le projet. Les joueuses ne doivent payer que le séjour dans les familles d'accueil. «Avec Servette qui investit beaucoup et Lausanne qui a de beaux projets, le foot féminin en Romandie va se développer», pronostique David Meister, responsable du centre national. ASF D'ailleurs, le centre est exclusivement réservé aux jeunes filles, ce depuis son ouverture en 2004. «Ce choix s'explique par le fait qu'en général, dans leur club, les filles n'ont pas la possibilité de bénéficier d'infrastructures solides, à l'inverse des garçons», expose David Meister. Et, de manière générale, les clubs masculins ont tous un centre de formation qui leur est propre. Chaque année, ce sont environ dix nouvelles adolescentes qui sont sélectionnées. «Elles représentent les meilleurs espoirs du football féminin suisse», appuie le responsable. À Bienne, les Romandes se font une place Au total, la volée est composée de six joueuses romandes et de quinze suisses alémaniques. Une tendance qui devrait bientôt changer, selon le directeur du centre. «Le football féminin a une plus grande histoire en Suisse allemande. Mais avec Servette qui investit beaucoup et Lausanne qui a de beaux projets, le foot féminin en Romandie va se développer», pronostique David Meister. Ce centre de formation de l'ASF est donc un moyen pour les jeunes joueuses suisses de se développer, en aspirant à une carrière professionnelle. «La majorité des joueuses jouera en première division suisse», espère Dominik Erb, responsable communication du football féminin à l'ASF. 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