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Journalistes du Québec, défendez vos collègues à Gaza

Journalistes du Québec, défendez vos collègues à Gaza

La Presse26-07-2025
Dépouille du journaliste palestinien Adam Abu Harbid, tué par une frappe nocturne israélienne, selon les médecins de l'hôpital Al-Shifa, à Gaza, le 25 juillet.
En mars 2024, nous avons cosigné une lettre ouverte publiée dans La Presse avec plus de 600 de nos collègues médecins et résidents en médecine pour dénoncer la catastrophe humanitaire à Gaza⁠1.
Membres de Médecins du Québec contre le génocide à Gaza*
Dans cette lettre, nous exprimions notre soutien à nos confrères et consœurs médecins et professionnels de la santé à Gaza. Nous décrivions la façon dont les hôpitaux sont systématiquement bombardés, attaqués et détruits, et comment les travailleurs de la santé et leurs patients sont tués en nombre effroyablement élevé, au mépris total du droit international humanitaire. Nous demandions à nos associations de prendre position en faveur d'un cessez-le-feu permanent, un accès immédiat à l'eau potable et un libre passage à l'acheminement de nourriture et d'aide humanitaire.
En octobre 2024, nous avons fait publier un deuxième texte qui réitérait nos demandes2.
La situation s'est grandement détériorée depuis. La malnutrition forcée et les tirs sur les civils qui tentent d'accéder aux comptoirs d'aide alimentaire ont atteint un paroxysme et feront des milliers de victimes supplémentaires s'ils ne sont pas stoppés immédiatement.
Les soignants ont faim et témoignent de cas de malnutrition sévère et de décès par manque d'eau potable et de nourriture, en particulier chez les nourrissons et les enfants. Les journalistes paient également un lourd tribut dans ce conflit.
Selon Reporters sans frontières, plus de 200 journalistes palestiniens ont été tués par l'armée israélienne depuis le début des hostilités3. Plusieurs de ces journalistes ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions ou en raison de leur travail. Certains d'entre eux effectuaient des reportages sur le terrain et étaient clairement identifiables grâce à leurs vestes et casques portant la mention « presse » ou se déplaçaient dans des véhicules de presse bien identifiés.
Il n'y a pas de reporters étrangers à Gaza. L'accès au territoire leur est interdit. Le monde dépend donc des journalistes palestiniens qui rendent compte de la situation depuis l'intérieur pour comprendre ce qui se passe à Gaza et avoir accès à des images et des comptes rendus.
L'opération militaire israélienne à Gaza est devenue le conflit le plus meurtrier pour les journalistes de l'histoire récente, estiment des experts de l'ONU dans un communiqué de presse de 2024.
Une profession qui met en danger les personnes qui vous sont chères
Être journaliste à Gaza n'est pas seulement dangereux pour celui ou celle qui pratique cette profession. Ce choix de carrière expose l'ensemble des membres de la famille à des conséquences funestes.
Wael Dahdouh était chef du bureau d'Al Jazeera à Gaza. Il a subi des pertes considérables. En octobre 2023, sa femme, deux de ses enfants et son petit-fils ont été tués dans un raid aérien qui a frappé la maison où la famille avait trouvé refuge. En décembre, il a été pris pour cible par un drone alors qu'il travaillait et a été blessé ; son caméraman a été tué. En janvier 2024, son fils aîné Hamza Dahdouh, qui était également journaliste pour Al Jazeera, a été tué lorsque la voiture dans laquelle il voyageait avec d'autres journalistes a été bombardée. Par la suite, Wael Dahdouh a été évacué au Qatar pour y être soigné.
« Sans intervention immédiate, les derniers reporters de Gaza vont mourir. » C'est le titre d'un communiqué de la Société des journalistes de l'Agence France-Presse (AFP) daté du 21 juillet 2025 qui vise à alerter la communauté journalistique internationale au fait que les reporters qui ont réussi à survivre jusqu'à présent s'apprêtent à mourir de faim tout comme l'ensemble des 2 millions de Gazaouis affamés délibérément par Israël4.
« Nous risquons d'apprendre leur mort à tout moment et cela nous est insupportable. […] Depuis que l'AFP a été fondée en août 1944, nous avons perdu des journalistes dans des conflits, nous avons eu des blessés et des prisonniers dans nos rangs, mais aucun de nous n'a le souvenir d'avoir vu un collaborateur mourir de faim », concluent les auteurs.
Le courage de prendre position
La médecine et le journalisme sont deux professions particulièrement dangereuses à pratiquer à Gaza depuis le début de cette guerre où toutes les lignes rouges ont été franchies.
Tout comme les professionnels de santé, les journalistes doivent être protégés selon le droit international humanitaire. Les assassinats ciblés de journalistes constituent des crimes de guerre, et affamer délibérément un peuple, cela s'appelle un génocide.
Nous, médecins contre le génocide à Gaza, posons donc la question suivante aux journalistes québécois, à leurs associations et aux directions des médias : comment se fait-il que vous ne défendiez pas plus vigoureusement le travail, la dignité et la vie de vos collègues à Gaza ?
1. Lisez « Nous, médecins du Québec, dénonçons la catastrophe humanitaire à Gaza »
2. Lisez « Catastrophe humanitaire à Gaza – Le silence du monde médical nous trouble »
3. Lisez « Plus de 200 journalistes tués à Gaza : RSF rejoint l'appel à suspendre le partenariat commercial UE-Israël »
4. Lisez « Journalistes à Gaza – Nous refusons de les voir mourir »
*Liste des signataires : Marie-Michelle Bellon, Sophie Zhang, Andrée-Anne Duchesneau, Sarah Lalonde, Marie-Eve Cotton, Hannah Beattie, Ghassan Boubez, Meryem El Amrani, François Dionne, Myriam Chamsi, Yasmine Moussaid, Danielle Perreault, Amir Khadir, Julie Choquet, Anass Benomar, Geneviève Forest, Conchita Fonseca, Célia Hammar, Imane S. Chibane, Valérie Bloch, Liezl van der Walt
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