
L'OCPM appelle à suspendre tous les démantèlements
L'administration Plante doit cesser les démantèlements de campements de sans-abris tant que les ressources d'aide sont insuffisantes, estime l'Office de consultation publique de Montréal (OCPM). L'organisme montre aussi globalement du doigt le « manque de leadership » en itinérance dans la métropole.
« Cette méthode, elle n'est pas appropriée. Elle ne respecte pas le principe que ces gens, ce sont des citoyens. […] Un démantèlement, c'est le déplacement du problème. Ce n'est pas une solution », a dit jeudi le président de l'Office, Philippe Bourke, en conférence de presse.
Il dévoilait le rapport très attendu de son organisation sur l'état de l'itinérance à Montréal. Menée depuis décembre 2024 auprès de milliers de Montréalais, une vaste consultation de l'OCPM avait pour thème la cohabitation sociale avec les sans-abri, avec comme point focal la gestion des campements.
D'après le rapport, « le démantèlement des campements accable les personnes en situation d'itinérance en brisant leurs liens communautaires ». L'OCPM suggère de créer un comité responsable d'élaborer une politique sur les campements. Jusqu'à l'adoption de cette politique, il faut « suspendre les démantèlements », statue l'Office.
Selon l'organisme, il faudrait dans l'intervalle aménager d'urgence des infrastructures sanitaires à proximité des campements, autrement dit des toilettes, mais aussi des services de collecte des déchets, une alimentation électrique de base, de l'accès à l'eau potable – y compris dans le métro – ainsi que des lieux d'entreposage.
« On veut plus de solidarité, moins de sécurité », a résumé M. Bourke, reconnaissant néanmoins que « la Ville doit composer avec le bout du tuyau alors que le problème relève du manque de ressources ».
« Manque de leadership »
D'après l'OCPM, « un déficit majeur » existe par ailleurs « sur le plan de la gouvernance en matière de lutte à l'itinérance à Montréal ». « Ce déficit se traduit par un manque de leadership, mais aussi de clarté et d'imputabilité quant aux rôles et responsabilités des acteurs impliqués », martèle l'organisme.
« La gouvernance défaillante a comme conséquences de limiter la capacité d'intervention, d'entraîner une gestion inefficace des ressources et de provoquer un désengagement et un épuisement professionnel chez le personnel œuvrant en itinérance », ajoute-t-il, mettant autant en cause Québec que Montréal.
L'administration Plante doit réagir plus tard jeudi. D'après nos informations, elle évaluera la création d'une politique sur les campements.
Imposer une suspension de cette pratique est toutefois contraire à la position de la mairesse Valérie Plante. Cette dernière fait valoir depuis plusieurs années déjà qu'un campement vient avec de la criminalité, des risques d'incendies, voire de viols. L'important, dit-elle, est « d'avoir un toit au-dessus de sa tête ».
PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE
Un avis d'éviction laissé au campement Notre-Dame, dans Hochelaga-Maisonneuve.
Montréal compte cela dit répondre à la première recommandation de l'OCPM, soit d'émettre une déclaration municipale à l'effet que les citoyens non logés sont des Montréalais à part entière et ont droit à la dignité.
À court terme, le campement de la rue Notre-Dame pourra encore demeurer en place. Un nouveau sursis de dix jours a été annoncé jeudi, ce qui signifie qu'un potentiel démantèlement ne pourra avoir lieu avant au moins le 21 juillet prochain. C'est le ministère des Transports qui est propriétaire du terrain.
Selon Me Donald Tremblay, le fondateur et directeur général de la Clinique juridique itinérante, l'approche du démantèlement « est inhumaine et porte atteinte » à la vie, la sécurité et la dignité des personnes itinérantes. « Le Québec connaît une crise sans précédent, où il n'existe pas assez de places dans des ressources d'hébergement d'urgence, et encore moins en logement », a-t-il dit.
Québec doit faire plus
Dans son rapport, l'Office réitère par ailleurs que la responsabilité première de la gestion de l'itinérance incombe d'abord au gouvernement provincial. Un plan d'action « responsable » en itinérance doit être mis sur pied pour cesser de prévoir les ressources « dans l'urgence », insistent les commissaires.
Ceux-ci appellent aussi à « bonifier substantiellement le financement des organismes communautaires » et à cesser de recourir à du mobilier urbain « pour éloigner les personnes en situation d'itinérance ».
La Ville, elle, devrait arrêter de « recourir à des agences de sécurité privées pour encadrer le partage de l'espace public en lien avec l'itinérance », lit-on dans le rapport. On suggère de créer une « ligne téléphonique dédiée ou une application » de signalement des agressions, qui pourrait être gérée par le SPVM.
Entre 2018 et 2022, l'itinérance visible a augmenté de 33 % dans la métropole. Selon un récent dénombrement provincial réalisé en octobre 2022, on compte 10 000 sans-abris au Québec, un chiffre qui devrait exploser encore, mais qui représente déjà une augmentation de 44 % en cinq ans.
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