
Une crise humanitaire sans précédent en 2025 selon Médecins sans frontières
Le bilan annuel de MSF alerte sur les risques sanitaires dans les zones de conflits.
IMAGO/Le Pictorium
En bref:
Fraîchement publié, le rapport annuel de Médecins sans frontières (MSF) Suisse, dont le siège se trouve aux Jardins des Nations, à Genève, tire la sonnette d'alarme: l'année 2024 a été marquée par une escalade de la violence et une urgence sanitaire et climatique. Alors que l'accès aux soins est parfois limité en zone d'hostilités, l'organisation a dû faire preuve d'adaptation pour continuer à apporter de l'aide médicale vitale aux populations concernées. «Du jamais vu»
En 2024, les équipes de MSF étaient présentes dans 34 pays. Le communiqué de presse du bilan annuel fait notamment état de «440'000 vaccinations contre la rougeole pour des enfants et près de 14'000 interventions chirurgicales».
Pour évoquer ces questions, rencontre avec le directeur général de MSF Suisse, Stephen Cornish.
Quelles ont été les grandes lignes pour MSF durant l'année 2024?
Nous avons assisté à une hausse des conflits armés et du nombre de personnes déplacées, ainsi qu'à une série d'épidémies. Nous sommes dans une période de très grande crise, du jamais vu dans la mémoire existante, à laquelle s'ajoutent les coupes budgétaires et le non-respect du droit international dans plusieurs régions, comme au Soudan, en Ukraine ou à Gaza.
Quelle est la plus grande crise à laquelle vous avez dû faire face?
C'est celle au Soudan, avec des millions de déplacés internes et quelques centaines de milliers de réfugiés qui se sont enfuis dans les pays voisins, comme au Tchad, où nous assurons la majorité de la responsabilité médicale.
Portrait de Stephen Cornish, directeur général de Médecins sans frontières (MSF) Suisse, dans les locaux genevois de MSF, à l'occasion de la sortie du rapport annuel de MSF Suisse.
Nicolas Dupraz
Bien que MFS Suisse ne soit pas présente à Gaza, des équipes de MSF se trouvent toutefois sur place. Quels sont les enjeux majeurs auxquels doit faire face l'organisation?
À Gaza, nous faisons face à deux problématiques majeures: l'accès, qui est menacé, et le blocus, qui empêche l'acheminement de la quasi-totalité des importations d'aide humanitaire cruciale pour la population gazaouie. De plus, nous faisons face à des tirs sur nos ambulances et nos cliniques. Nous discutons donc tous les mois pour savoir si nous pouvons rester ou non. Les retombées de la guerre ont également été ressenties au Liban, où MSF Suisse a intensifié et réorganisé ses activités pour répondre aux besoins médicaux croissants, notamment près de la frontière avec Israël.
Comment MSF peut s'adapter pour maintenir un espace humanitaire dans de tels contextes?
L'an passé, 17 collègues ont été tués dans des incidents critiques, dont 4 en service. Ces décès sont intolérables et nous constatons de plus en plus de failles dans le système humanitaire, notamment avec l'augmentation de combattants et d'États qui ne respectent pas le droit international humanitaire. L'organisation est donc contrainte de s'adapter, avec des équipes réduites sur le terrain, un travail à distance ou la collaboration avec des acteurs locaux. Mais, si nous n'arrivons pas à établir des garanties de sécurité, nous remettrons nos activités en cause et risquons de les interrompre.
La malnutrition a atteint des taux alarmants en 2024. Alors que MSF a pris en charge près de 81'000 enfants malnutris, quelles ressources avez-vous déployées?
Nous sommes spécialisés dans la prise en charge des cas sévères. Les équipes ont déployé une plus grande surveillance sur le terrain, pour nous permettre d'intervenir plus tôt. Ce fut notamment le cas au Nigeria, où la situation préoccupante de l'an passé à permis d'anticiper l'acheminement de l'aide d'urgence, afin d'être à la hauteur de la situation.
Quel bilan pour MSF face à la recrudescence du VIH et des épidémies?
Le bilan annuel montre une hausse des contaminations au VIH, aggravée par la crise du Covid-19. Le réajustement des fonds alloués à la lutte contre ce virus a freiné les dépistages et les prises en charge. Les épidémies menacent tout le monde, comme l'a prouvé le Covid-19. La lutte doit se faire à la source, en vaccinant. Mais les conflits et le manque de financement freinent la lutte. Nous ne sommes pas à l'abri d'un risque de pandémie, une réponse collective est donc indispensable.
Que présagez-vous pour la suite?
Heureusement, le manque d'empathie de certains gouvernements n'est pas reflété dans le soutien citoyen que reçoit MSF. L'an passé a été marqué par la solidarité, grâce à plus de 250'000 donateurs en Suisse, ce qui est un record. Maintenant, les gouvernements doivent prendre leurs responsabilités, le secteur humanitaire ne peut pas tout faire.
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