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Le démantèlement du département de l'Éducation peut se poursuivre

Le démantèlement du département de l'Éducation peut se poursuivre

La Presse14-07-2025
Le projet de démantèlement du département de l'Éducation est attendu et applaudi par la droite américaine, mais nécessite l'aval du Congrès.
Le démantèlement du département de l'Éducation peut se poursuivre
(Washington) La Cour suprême des États-Unis à majorité conservatrice a provisoirement autorisé lundi le président Donald Trump à poursuivre son démantèlement programmé du département de l'Éducation ainsi que sa réduction massive des effectifs.
Agence France-Presse
En mars, le département de l'Éducation a annoncé une réduction de près de 50 % de ses effectifs, peu avant que Donald Trump ne signe un décret donnant instruction à la secrétaire, Linda McMahon, de « commencer à éliminer le département une bonne fois pour toutes ». Un projet attendu et applaudi par la droite américaine, mais qui nécessite l'aval du Congrès.
Une vingtaine d'États ainsi que des syndicats d'enseignants ont contesté en justice ces décisions, faisant valoir que le gouvernement viole le principe de séparation des pouvoirs en empiétant sur les prérogatives du Congrès.
Un juge fédéral de Boston leur a donné raison en mai, suspendant le décret présidentiel et ordonnant la réintégration des centaines de fonctionnaires licenciés.
La Cour suprême de neuf juges a levé cette suspension, contre l'avis des trois progressistes.
La juge Sonia Sotomayor, au nom des trois progressistes, a dénoncé une « décision indéfendable ».
« Quand le pouvoir exécutif annonce son intention de violer la loi puis met cette promesse à exécution, le devoir du pouvoir judiciaire est de faire barrage à cette illégalité, pas de la faciliter », écrit-elle.
L'impact de ce démantèlement annoncé n'est pas comparable avec ce qu'il serait dans un pays centralisé où l'éducation est gérée au niveau national. Aux États-Unis, ce domaine relève déjà largement des autorités locales.
Le département américain de l'Éducation joue néanmoins un rôle important, en particulier via les subventions fédérales aux écoles situées dans des zones défavorisées sur le plan économique et social.
Il ne peut pas être complètement démantelé sans l'adoption d'une loi nécessitant 60 votes au Sénat, où les républicains disposent actuellement de 53 sièges.
La semaine dernière, la Cour suprême avait déjà ouvert la voie aux licenciements massifs de fonctionnaires fédéraux voulus par Donald Trump en levant une décision d'un tribunal de première instance.
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Le président américain Donald Trump serre la main de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lors de leur rencontre au parcours de golf Trump Turnberry, en Écosse, le 27 juillet 2025. L'UE n'aura pas de droits de douane inférieurs à 15 %, dit Trump (Turnberry) Donald Trump a affirmé dimanche que l'UE ne bénéficiera pas de droits de douane inférieurs à 15 % pour ses exportations vers les États-Unis, juste avant d'entamer des discussions cruciales en Écosse avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Aurélia END avec Emma CHARLTON à Bruxelles Agence France-Presse « Non », a répondu le président américain, interrogé sur cette éventualité par des journalistes lors d'un bref échange avec la presse en présence de la dirigeante européenne avant leur entretien. Il a également affirmé que les produits pharmaceutiques « ne feront pas partie » de l'accord. M. Trump et Mme von der Leyen, se retrouvent dimanche à Turnberry en Écosse pour tenter d'arracher un accord sur les droits de douane entre les États-Unis et l'Union européenne. L'heure tourne : le républicain de 79 ans, lancé dans une vaste offensive protectionniste, se donne jusqu'au 1er août avant d'assommer les produits européens entrant aux États-Unis de droits de douane de 30 %. Il n'y aura « pas d'extension, pas de délai supplémentaire », a averti le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick, juste avant les discussions entre les deux dirigeants à Turnberry. PHOTO BRENDAN SMIALOWSKI, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE Le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick « Nous avons une chance sur deux » de trouver un accord, avait lancé Donald Trump vendredi à son arrivée en Écosse, d'où il repartira mardi après un séjour mi-privé mi-diplomatique. Toute entente devra être validée par les États membres de l'UE. Leurs ambassadeurs, en déplacement au Groenland, ont été informés dimanche matin des dernières tractations, et devront à nouveau se concerter en cas de fumée blanche. « Un accord politique est sur la table, mais il dépend de l'imprimatur de Trump qui tient à négocier l'accord jusqu'au dernier moment », a indiqué un diplomate européen à l'AFP. Plusieurs points clés restent encore à régler. « Très respectée » Avant sa rencontre avec la dirigeante européenne, Donald Trump s'est de nouveau accordé du temps dimanche matin pour une partie de golf. PHOTO PHIL NOBLE, REUTERS Donald Trump profite de son passage à som complet de golf de Turnberry pour disputer quelques rondes. Le président américain a assuré être « impatient » de s'entretenir avec Ursula von der Leyen, une « femme très respectée ». Ce ton aimable tranche avec les invectives dont le républicain accable l'Union européenne, selon lui créée dans le but d'« arnaquer » les États-Unis. D'après plusieurs sources européennes, le texte en discussion prévoit des surtaxes douanières de 15 % sur les exportations européennes à destination des États-Unis, avec un traitement plus favorable pour des secteurs comme l'aéronautique et les spiritueux – mais pas pour le vin. Un tel résultat confirmerait que les échanges transatlantiques sont entrés dans une nouvelle ère, celle d'un protectionnisme américain décomplexé. Jusqu'au retour au pouvoir de Donald Trump, ils étaient marqués par un niveau de droits de douane américains bien moins élevés, de 4,8 % en moyenne. Dans les faits, le taux effectif appliqué par les États-Unis aux marchandises européennes se monte donc actuellement à près de 15 %, si l'on additionne la surtaxe de 10 % d'ores et déjà appliquée par le gouvernement américain et le taux de 4,8 % préexistant. Mais un accord aurait le mérite, selon les analystes, de lever l'incertitude, ce redoutable poison en matière commerciale. « Bazooka » L'UE en échange s'engagerait à accroître ses achats de gaz naturel américain et à une série d'investissements. L'Union européenne est actuellement soumise à une taxe de 25 % sur les voitures, de 50 % sur l'acier et l'aluminium, ainsi qu'à des droits de douane généraux de 10 %. PHOTO FLORENCE LO, REUTERS La cheffe de la Commission européenne, Ursula von der Leyen Si Ursula von der Leyen et Donald Trump ne parvenaient pas à s'entendre, Bruxelles assure être prêt à riposter en taxant des produits et des services américains. L'exécutif européen, sous l'impulsion de certains pays comme la France, pourrait aussi geler l'accès aux marchés publics européens ou bloquer certains investissements. Dégainer ce « bazooka » – appelé instrument « anticoercition » dans le jargon bruxellois – entraînerait l'Europe et l'Amérique dans une escalade diplomatico-économique inouïe. Epstein Donald Trump, un ancien promoteur immobilier qui a écrit un livre à succès sur « l'art du deal », affirme être en position de force. Mais certains sondages montrent que les Américains doutent de sa stratégie douanière et de sa conduite des affaires en général. Dans une récente enquête d'opinion Gallup, sa cote de confiance est tombée à 37 %, 10 points de moins qu'en janvier. Le milliardaire new-yorkais, qui s'est toujours joué des scandales et des poursuites pénales, peine à se dépêtrer de l'affaire Jeffrey Epstein. Il est accusé de manquer de transparence sur les relations qu'il entretenait avec ce riche financier, mort en prison avant un procès pour crimes sexuels qui s'annonçait retentissant. Faire état d'un accord avec l'UE, en promettant des retombées pharaoniques sur l'économie américaine, et dans la foulée de ceux conclus ces derniers jours avec le Japon, le Vietnam, les Philippines et l'Indonésie, pourrait être une diversion bienvenue. Lundi, c'est avec la Chine que des négociateurs américains s'efforceront, au cours d'une rencontre à Stockholm, d'éviter une reprise de l'escalade commerciale.

Détrônons l'abbé Pierre
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Détrônons l'abbé Pierre

Quand ? Quand le gouvernement du Québec va-t-il enfin prendre la décision de retirer le titre de grand officier de l'Ordre national du Québec qu'il a accordé à l'abbé Pierre en 1995 ? Depuis juillet 2024, les témoignages accablants se multiplient autour de celui qui, arborant cape et béret, a incarné l'image du bienfaiteur suprême des pauvres. De 1950 à 2000, ce héros déchu a commis des agressions sexuelles sur des dizaines de femmes dont plusieurs étaient mineures au moment des faits. Tout cela est rapporté dans trois rapports commandés par Emmaüs et la Fondation Abbé-Pierre. Une douzaine d'autres témoignages se sont ajoutés il y a quelques semaines. Usant de son pouvoir d'icône immaculée, Henri Grouès (c'était son vrai nom) a fait de nombreuses victimes partout dans le monde. Baisers imposés, fellations et masturbations forcées, propos à caractère sexuel, tel est l'héritage noir laissé par le « curé des pauvres ». Et que fait le gouvernement québécois ? Il ne bouge pas. Il attend. Pourtant, dans le livre-enquête de Marie-France Etchegoin et Laetitia Cherel, L'abbé Pierre, la fabrique d'un saint, paru au printemps dernier, il est écrit noir sur blanc que le Saint-Siège et le haut clergé français étaient au courant des agissements de l'abbé Pierre depuis 19551. Les autrices ont eu accès à des archives déclassifiées en 2020 par le pape François. Elles y ont découvert des documents qui montrent l'ampleur des sévices commis par le fondateur d'Emmaüs. Certains documents sont signés de la main de l'archevêque de Montréal, Paul-Émile Léger. Ce dernier fut d'ailleurs l'un des premiers à sonner l'alarme. En 1959, après un séjour dans une clinique psychiatrique en Suisse, l'abbé Pierre s'est fait interdire par le Vatican d'aller au Canada. Mais celui qui était déjà un grand symbole de la défense des démunis a remis les pieds chez nous au moins sept fois jusqu'en 2004, selon des recherches effectuées par Le Devoir. Des témoins affirment qu'il aurait fait de nouvelles victimes. Étrangement, les autorités de l'Église catholique au Canada disent ne pas posséder de documents liés aux voyages de l'abbé Pierre. J'ai récemment passé quelques mois à Lyon. Les révélations au sujet de l'abbé Pierre ont causé une véritable commotion dans sa région natale. Tout de suite, la question de sa présence sur la Fresque des Lyonnais, où apparaissent d'autres grandes figures locales comme les frères Lumière, Paul Bocuse ou Bernard Pivot, s'est imposée. Pendant que les élus municipaux réfléchissaient à cela, des citoyens n'ont pas tardé à agir. Le mot « violeur » est apparu sur la fresque. Finalement, l'abbé Pierre a disparu sous une couche de peinture grise. La Fondation Abbé-Pierre a décidé de changer de nom. Emmaüs a annulé le projet de mémorial dédié au prêtre à Esteville (Seine-Maritime). Au Québec, la Ville de Terrebonne doit retirer le nom de la rue l'Abbé-Pierre. La Ville de Québec possède aussi une rue du même nom. Pour le moment, elle existe toujours. Mais le geste qui tarde à venir est le retrait de l'honneur que lui a fait le Québec en lui décernant, sept ans avant sa mort, le titre de grand officier de l'Ordre national du Québec. Depuis des mois, le Secrétariat de l'Ordre national répète la même chose : « On suit la situation avec attention. » C'est ce qu'on a dit à mon collègue Jean-Christophe Laurence (qui a interviewé Marie-France Etchegoin et Laetitia Cherel) et c'est ce qu'on m'a dit il y a quelques jours. Selon le Conseil de l'Ordre, les procédures pour révoquer un titre débutent avec « un jugement de culpabilité ou une preuve indéniable qui démontre un comportement inacceptable et incompatible ». Le Conseil attend quoi ? Cinq autres rapports ? Cinquante autres témoignages de femmes et d'hommes (l'abbé Pierre est accusé du viol d'un garçon de 9 ans) ? Pourquoi faire traîner en longueur cette décision alors qu'on a été si prompt à agir dans le cas de Gérard Depardieu ? François Legault a déclaré que le comportement de l'acteur français avait « entaché la réputation des membres de l'Ordre ». Les dirigeants de l'Ordre ont alors recommandé qu'on lui retire sa décoration en dépit du règlement qui prévoit une radiation uniquement dans le cas d'une condamnation judiciaire par un tribunal. Quand je vois le nom de l'abbé Pierre briller aux côtés de ceux d'Hubert Reeves, Leonard Cohen, Céline Dion, Charles Aznavour et un millier d'autres personnages qui ont été d'un apport sans précédent dans leur domaine, j'éprouve un profond malaise. Le déboulonnage d'un mythe n'est jamais une chose facile, surtout quand la chute est posthume. Il n'est pas simple de s'en remettre à la formule désormais consacrée « dissocier l'homme de l'œuvre ». L'abbé Pierre a fait de grandes et belles choses. 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Un appel à la pitié qui dérange
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timea day ago

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Un appel à la pitié qui dérange

Un appel à la pitié qui dérange L'appel est survenu en janvier, au lendemain de l'investiture de Donald Trump, alors que le politicien savourait son retour à la présidence après une longue traversée du désert. « Je vous demande d'avoir pitié des gens de notre pays qui ont peur en ce moment », a lancé à l'issue de son sermon l'évêque protestante Mariann Edgar Budde en évoquant expressément les immigrants en situation irrégulière et les personnes transgenres. Désolé, votre navigateur ne supporte pas les videos Video Player is loading. 1:04 Lecture Skip Backward Skip Forward Désactiver le son Current Time 0:00 / Duration 0:00 Loaded : 0% 0:00 Stream Type LIVE Seek to live, currently behind live LIVE Remaining Time - 0:00 Picture-in-Picture Plein écran This is a modal window. Beginning of dialog window. Escape will cancel and close the window. Text Color White Black Red Green Blue Yellow Magenta Cyan Opacity Opaque Semi-Transparent Text Background Color Black White Red Green Blue Yellow Magenta Cyan Opacity Opaque Semi-Transparent Transparent Caption Area Background Color Black White Red Green Blue Yellow Magenta Cyan Opacity Transparent Semi-Transparent Opaque Font Size 50% 75% 100% 125% 150% 175% 200% 300% 400% Text Edge Style None Raised Depressed Uniform Drop shadow Font Family Proportional Sans-Serif Monospace Sans-Serif Proportional Serif Monospace Serif Casual Script Small Caps Reset Done Close Modal Dialog End of dialog window. Le nouveau chef d'État, visiblement agacé, n'a pas mis de temps à la pourfendre, soulignant qu'elle n'était rien de plus qu'une « gauchiste radicale » motivée par la haine plutôt que par la compassion. La supposée évêque qui a parlé au service de prière national mardi est une gauchiste radicale qui déteste Trump. Elle a fait entrer son église dans le monde de la politique d'une manière extrêmement inélégante. Elle était méchante, et pas du tout convaincante ou éloquente. Elle n'a pas mentionné le nombre important d'immigrants illégaux qui sont entrés dans notre pays et qui ont tué des gens. Plusieurs venaient de prisons ou d'institutions psychiatriques. Une gigantesque vague de criminalité frappe les États-Unis. Outre ses commentaires inappropriés, la messe était profondément ennuyante et peu inspirante. Elle n'est pas très douée pour son travail ! Son église et elle doivent des excuses au public ! D'autres voix de la communauté protestante ont pris le relais pour défendre le politicien et son administration et dépeindre le discours de l'évêque de 65 ans comme une illustration des périls de l'empathie. Joe Rigney, professeur de théologie rattaché au New Saint Andrews College, un établissement chrétien de l'Idaho, est allé jusqu'à parler de « péché » dans une publication évangélique. La capacité des femmes d'appréhender et de partager les émotions d'autrui, qui est, affirme-t-il, plus grande que celle des hommes, peut représenter une « bénédiction » dans certains cas, mais une damnation dans d'autres. PHOTO TIRÉE DU SITE WEB DU NEW SAINT ANDREWS COLLEGE Joe Rigney, professeur de théologie rattaché au New Saint Andrews College Lorsqu'il est question de faire respecter les standards de justice, l'empathie est une nuisance, pas un atout. Joe Rigney, professeur de théologie rattaché au New Saint Andrews College, dans une publication évangélique M. Rigney a également avancé que les hommes étaient mieux placés que les femmes pour protéger la population contre les « menaces physiques, mais aussi spirituelles ». Il est revenu à la charge un mois plus tard en publiant un livre intitulé Le péché de l'empathie récemment épinglé par le quotidien The Guardian dans un long article sur le phénomène. L'auteur avance que l'empathie peut devenir un péché si elle outrepasse « la vérité biblique » sur des questions comme l'homosexualité et l'identité de genre. Les textes sacrés soulignent, concède-t-il, qu'il est nécessaire de veiller sur son prochain, mais les croyants doivent prendre garde de ne pas se laisser emporter par un « excès de compassion » susceptible de « leur faire perdre pied ». Le croyant revient à la charge sur le rôle des femmes, arguant que les politiques progressistes qu'il dénonce en matière de lutte contre la criminalité ou de gestion de l'immigration découlent d'une « culture de la victime » liée à une « empathie féminine toxique ». Tout en évitant ces envolées misogynes, une populaire animatrice de balado s'identifiant comme chrétienne évangélique reprend des thèses similaires dans un autre livre récent intitulé L'empathie toxique – Comment les progressistes exploitent la compassion chrétienne. Allie Beth Stuckey affirme que les manifestations empathiques peuvent représenter ni plus ni moins que des actes « haineux » s'ils dérogent aux enseignements bibliques. PHOTO SAM HODDE, ARCHIVES THE WASHINGTON POST Allie Beth Stuckey prend la parole lors d'une conférence. Oui, l'empathie toxique est satanique… Elle rend ses victimes faibles d'esprit et fragiles en les convainquant que la lutte contre le mal est méchante et que la bonté peut se substituer à l'obéissance envers Dieu. Allie Beth Stuckey, dans son livre L'empathie toxique – Comment les progressistes exploitent la compassion chrétienne L'auteure passe en revue plusieurs enjeux de société en reprenant dans chaque cas, exemples à l'appui, la même structure argumentaire. Dans le cas de l'avortement, par exemple, elle constate qu'on peut s'émouvoir de la situation d'une femme qui apprend tardivement qu'elle porte un fœtus malformé et ne pourra obtenir un avortement. La véritable empathie doit cependant aller au fœtus, décrit comme un être humain à part entière qui est « assassiné » en cas d'interruption volontaire de grossesse. Elle décrit ensuite longuement les procédures inhérentes à un avortement tardif, allant jusqu'à établir un lien quasi direct entre la régulation des naissances, l'eugénisme et le nazisme. Sur la question de l'identité de genre, elle note que les croyants ne doivent pas oublier que « nos corps ont été conçus de certaines façons » et que le fait de le rejeter « a un coût important », peu importe la sympathie ressentie pour des personnes « souffrant de confusion » à ce sujet. Sur l'immigration, l'auteure note qu'on peut s'émouvoir d'une mère d'origine mexicaine établie de longue date qui est renvoyée au Mexique et forcée de vivre loin de ses enfants. Il faut cependant aussi prendre en compte, dit-elle, les meurtres sordides liés à des migrants sans papiers et considérer que Dieu demande que les choses soient ordonnées, y compris les frontières. « Il faut montrer de l'empathie, mais seulement la 'bonne' sorte d'empathie », conclut Mme Stuckey. Susan Lanzoni, historienne des sciences qui a écrit un livre sur l'histoire de l'empathie, note qu'elle est généralement jugée positive et susceptible de mener à des actions louables. La connotation négative que certains auteurs veulent aujourd'hui lui associer semble avoir pour objectif d'étouffer la compassion pouvant être éprouvée pour les victimes des politiques de l'administration Trump. « Ces politiques visent manifestement à vilipender certains groupes de la population. Renoncer à l'empathie dans ce contexte est un piège qui peut nous mener collectivement sur un chemin dangereux », prévient-elle. John Compton, professeur de science politique qui a écrit en 2020 un ouvrage intitulé The End of Empathy : Why White Protestants Stopped Loving Their Neighbors, est aussi d'avis que les écrits récents sur l'impact potentiellement négatif de l'empathie ont des visées politiques. Près de 80 % des croyants liés aux églises protestantes évangéliques ont voté pour Donald Trump. Beaucoup sont susceptibles, en voyant les politiques les plus dures de l'administration, de ressentir une forme de « dissonance cognitive » par rapport aux enseignements chrétiens traditionnels prônant l'amour de son prochain, relève le chercheur. L'idée que l'empathie est dangereuse est vraiment éloignée de ce qu'on associe à la chrétienté… Il paraît difficile dans ce contexte de trouver des arguments théologiques appuyant cette vision des choses. John Compton, professeur de science politique PHOTO HAIYUN JIANG, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES Le vice-président J.D. Vance Le vice-président J.D. Vance, qui s'est converti au catholicisme, a montré que l'exercice est périlleux en tentant d'évoquer un concept théologique datant du Moyen ge pour défendre l'idée qu'il est approprié de traiter des migrants moins généreusement que ses voisins, les membres de sa communauté immédiate et de son pays. Le pape François l'a rabroué publiquement à ce sujet peu de temps avant sa mort. La croyance à la carte Il faut prendre garde, note M. Compton, de ne pas exagérer la portée des livres récemment parus à ce sujet ou leur influence potentielle, en particulier chez les protestants évangéliques. Les Églises protestantes traditionnelles qui prévalaient dans la première moitié du XXe siècle ont joué un rôle important sur le plan social en promouvant des réformes marquantes pour lutter contre les inégalités sociales. Elles ont cependant perdu beaucoup d'influence dans les années 1960, cédant du terrain face aux Églises évangéliques qui permettent une pratique plus « personnelle » de la religion, moins contraignante que celles des Églises traditionnelles. « Aujourd'hui, c'est le consommateur qui décide. Si une personne n'aime pas ce que dit un pasteur, elle va aller voir ailleurs », relève le chercheur. L'évolution idéologique de ces Églises, qui ont progressivement glissé vers la droite, reflète d'abord et avant tout l'évolution des positions de la population blanche sans éducation universitaire, dit-il. Elles ont suivi plutôt que dicté la ligne de pensée, validant des tendances individualistes qui trouvent écho dans de nombreuses politiques défendues par l'administration Trump. L'engagement social est aujourd'hui plus un choix personnel qu'un diktat venu de leaders religieux, note M. Compton, qui ne s'étonne pas, dans ce contexte, de voir des personnes se centrer sur leurs propres besoins sans égard à ce qui peut arriver aux personnes marginalisées. « Je suis plutôt un pessimiste en ce qui a trait à la nature humaine », dit-il.

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