
Trump impose sa loi à Washington
Sous son autorité, qui pourrait s'étendre à d'autres grandes villes américaines, dont Chicago et New York, les policiers « pourront faire tout ce qu'ils veulent » face aux provocations.
« C'est le seul langage que les criminels comprennent », a déclaré Donald Trump lundi matin lors d'une conférence de presse extraordinaire au cours de laquelle il a annoncé sa décision sans précédent de placer la police de Washington sous le contrôle du gouvernement fédéral pour une période de 30 jours, de même que celle de déployer quelque 800 soldats de la Garde nationale dans la capitale fédérale des États-Unis.
Flanqué de plusieurs hauts responsables de son administration, le président républicain a justifié ses décisions en brossant un portrait dystopique de Washington et en réfutant les statistiques officielles sur la criminalité locale qui contredisent ses affirmations.
« J'annonce une mesure historique pour sauver la capitale de notre nation de la criminalité, des effusions de sang, du chaos, de la misère et pire encore. C'est le jour de la libération à Washington, et nous allons reprendre notre capitale », a-t-il déclaré d'entrée de jeu dans une salle de presse de la Maison-Blanche bondée de journalistes, où il était accompagné par le secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, la procureure générale des États-Unis, Pam Bondi, et le directeur du FBI, Kash Patel, entre autres.
PHOTO MARK SCHIEFELBEIN, ASSOCIATED PRESS
Kash Patel, directeur du FBI
« Notre capitale a été envahie par des gangs violents et des criminels sanguinaires, des bandes errantes de jeunes violents, des maniaques drogués et des sans-abri, et nous ne laisserons plus cela se produire », a-t-il ajouté.
Des chiffres mis en doute par Trump
Ce Washington dantesque contraste avec les données encourageantes présentées le 3 janvier dernier par le bureau du procureur fédéral du district de Columbia, territoire correspondant à la ville de Washington. « Le nombre total de crimes violents pour 2024 dans le district de Columbia a diminué de 35 % par rapport à 2023 et est le plus bas depuis plus de 30 ans, selon les données recueillies par le département de police métropolitain », pouvait-on alors lire dans un communiqué diffusé par le bureau.
Et ce nombre a encore baissé de 26 % depuis le début de l'année.
Quant aux braquages de voitures, problème sur lequel le président a insisté, ils ont diminué de 37 % par rapport à la même période l'année dernière. Cela dit, ils demeurent plus élevés qu'avant la pandémie.
Mais Donald Trump a mis en doute toutes les données positives sur la criminalité à Washington, tout comme il a nié récemment les mauvais chiffres sur l'emploi. Il a par ailleurs invoqué une partie de la loi gouvernant le district de Columbia qui l'autorise à utiliser la police locale « à des fins fédérales » s'il juge qu'il existe des « conditions particulières de nature urgente ».
PHOTO MARK SCHIEFELBEIN, ASSOCIATED PRESS
Donald Trump, lors d'une conférence de presse lundi à la Maison-Blanche
Après 48 heures, il devra envoyer un message spécial à certains dirigeants du Congrès pour prolonger sur une période de 30 jours son autorité sur la police du district de Columbia.
Contrairement à la Garde nationale de Californie, qui relève du gouverneur de cet État et dont le déploiement par Donald Trump continue à faire litige devant les tribunaux, la Garde nationale du district de Columbia tombe sous le plein contrôle du président. Et, à l'opposé des autres gardes nationales, elle peut être utilisée pour mener à bien des missions de maintien de l'ordre, selon une directive du ministère de la Justice remontant à l'administration de George Bush père.
Donald Trump a également évoqué la possibilité de déployer des soldats de l'armée américaine « si nécessaire ». En attendant, son administration a affecté 120 agents du FBI à la patrouille de nuit dans les rues de Washington.
« Il joue au dictateur »
Sans surprise, démocrates et républicains ont réagi de façon divergente aux mesures annoncées par le président.
PHOTO MANDEL NGAN, AGENCE FRANCE-PRESSE
Des habitants de Washington, DC, manifestent contre le projet du président américain Donald Trump de faire intervenir les forces de l'ordre fédérales dans leur ville, le 11 août 2025.
« La prise de pouvoir autoritaire brutale de Trump à Washington s'inscrit dans le cadre d'une crise nationale croissante », a mis en garde le sénateur démocrate du Maryland Chris Van Hollen sur X. « Il joue au dictateur dans la capitale de notre nation, comme une répétition générale, alors qu'il pousse la démocratie au bord du gouffre. »
L'ancienne présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi a rappelé de son côté que Donald Trump avait « retardé le déploiement de la Garde nationale le 6 janvier [2021] alors que notre Capitole était violemment attaqué et que des vies étaient en jeu ».
« Aujourd'hui, il mobilise la Garde nationale de Washington pour détourner l'attention de son incompétence dans la gestion des droits de douane, des soins de santé, de l'éducation et de l'immigration, pour ne citer que quelques-unes de ses bévues », a-t-elle ajouté sur X.
D'autres démocrates ont reproché au président de tenter de détourner l'attention des dossiers Epstein.
À l'opposé, les républicains ont salué les mesures du président, le sénateur de Caroline du Sud Lindsey Graham lançant sur X : « Monsieur le Président, faites ce qu'il faut pour rétablir la sécurité dans le district de Columbia. »
L'actuel président de la Chambre, Mike Johnson, a également exprimé son appui. « Le président Trump a RAISON, a-t-il écrit sur X. Nous ne pouvons pas laisser la criminalité détruire la capitale de notre nation. »
La mairesse peu surprise
La mairesse démocrate de Washington, Muriel Browser, a fait montre d'une certaine diplomatie en commentant les mesures de Donald Trump. Elle a d'abord reconnu que le président avait le pouvoir de placer la police locale sous le contrôle du gouvernement fédéral. Mais elle a qualifié d'« illégal » le déploiement de la Garde nationale.
PHOTO MARK SCHIEFELBEIN, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS
La mairesse démocrate de Washington, Muriel Browser
« Je ne peux pas dire que nous soyons totalement surpris, compte tenu de certains discours tenus par le passé », a-t-elle déclaré, après avoir qualifié les mesures du président de « perturbantes et sans précédent » lors d'une conférence de presse. « Je peux dire aux habitants de Washington que nous continuerons à diriger notre gouvernement d'une manière qui vous rendra fiers. »
Ce n'est pas d'hier que Donald Trump parle de déployer la Garde nationale à Washington ou dans d'autres villes démocrates. Durant sa dernière campagne présidentielle, il a souvent évoqué cette intention en attaquant Los Angeles, Chicago et New York, entre autres. Cependant, il n'a jamais mentionné des villes situées dans des États républicains, dont La Nouvelle-Orléans, St. Louis et Memphis, où la criminalité dépasse de beaucoup celle des villes démocrates.
Mais le président a ramené ce sujet à l'avant-scène après l'agression d'Edward Coristine, jeune ex-employé du département de l'efficacité gouvernementale (DOGE), près du Dupont Circle, à Washington, au petit matin dimanche dernier, lors d'un braquage de voiture allégué.
Depuis, il menace de « fédéraliser » le district de Columbia pour y chasser les criminels et les sans-abri. Il a ajouté lundi que son administration « pourrait aller plus loin », citant notamment la ville de Chicago.

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Les réfugiés ukrainiens en Alaska se préparent à l'arrivée de Poutine
Environ 1000 réfugiés ukrainiens se sont installés en Alaska après le début de la guerre. Parmi les millions d'Ukrainiens chassés de leurs foyers par l'invasion russe, 1000 ont abouti, contre toute attente, en Alaska. Ils ont trouvé du travail dans les pêcheries et les boulangeries, ont appris à conduire sur les routes enneigées en hiver, et se sont construit une nouvelle vie. Jack Healy, Julia O'Malley et Emily Schwing The New York Times Aujourd'hui, ils observent avec un mélange d'espoir et d'inquiétude l'arrivée dans l'État américain où ils ont trouvé refuge de l'homme qui a mené l'attaque contre leur patrie, le président russe Vladimir Poutine, venu rencontrer le président américain Donald Trump vendredi dans une base militaire à Anchorage. « Il est difficile d'accepter qu'il va être ici », déclare Liudmyla Stretovych, qui a quitté l'Ukraine deux semaines après l'invasion russe en février 2022, à propos de Poutine. « Nous avons beaucoup souffert à cause de lui. » PHOTO ASH ADAMS, NEW YORK TIMES Liudmyla Stretovych Toute l'Alaska est en émoi à propos du sommet, les habitants discutent de la présence d'agents des services secrets dans les cafés, tandis que les autorités de l'État se demandent s'il faut fermer les routes pour des raisons de sécurité et composer avec la fermeture de l'espace aérien pendant la haute saison touristique estivale. 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Des liens familiaux les ont amenés à Anchorage, où Stretovych a trouvé un emploi comme fleuriste dans un supermarché et chauffeuse Uber. Son fils de 7 ans s'est mis au taekwondo, tandis que sa fille de 15 ans a rejoint l'équipe de volley-ball de son école secondaire. Mais Stretovych ne peut pas se sentir pleinement installée en Alaska tant que la guerre fait rage. Sa mère vit toujours en Ukraine et l'un de ses cousins, un soldat, a été tué dans le conflit, explique-t-elle. « C'est difficile, dit-elle. Je veux que cette guerre s'arrête. » Prudence d'abord et avant tout Plusieurs immigrants indiquent qu'ils prévoient rester à l'écart des manifestations pro-ukrainiennes prévues jeudi et vendredi autour d'Anchorage, craignant de faire quelque chose qui puisse compromettre leur statut d'immigrant, alors que l'administration Trump supprime les protections gouvernementales accordées aux personnes fuyant les conflits. 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Ils se sont réunis dimanche dans une église russo-ukrainienne locale pour prier pour la paix. « Je ne peux pas me préoccuper de la géopolitique », déclare Yuliia Maiba, 31 ans, qui a quitté l'Ukraine en décembre 2023 avec ses filles jumelles, aujourd'hui âgées de 8 ans. « La seule chose qui m'inquiète, c'est ma famille, que mes proches soient en vie. » PHOTO ASH ADAMS, NEW YORK TIMES Yuliia Maiba et ses deux filles Maiba est arrivée en Alaska pour la première fois à l'âge de 15 ans dans le cadre d'un programme d'échange scolaire, et sa famille d'accueil lui a proposé de l'accueillir à nouveau après l'invasion de la Russie en février 2022. « Ce n'était pas mon rêve de revenir », admet-elle, mais l'aggravation des violences et leurs conséquences sur ses filles ont contraint la famille à partir. Ils ont emménagé dans un petit appartement attenant à la maison de la famille d'accueil de Maiba. Elle a trouvé un emploi comme enseignante d'anglais à d'autres immigrants et dans la formation professionnelle auprès du New Chance United Relief Program, une organisation locale à but non lucratif qui vient en aide à de nombreux Ukrainiens de la région. Statut juridique incertain Zori Opanasevych, directrice exécutive du groupe, a aidé à organiser des vols et des parrainages qui ont permis à des centaines de nouvelles familles ukrainiennes de s'installer en Alaska. Selon elle, beaucoup se trouvent désormais dans une situation incertaine, leur statut juridique risquant d'expirer. « Ils essaient de se concentrer sur leur vie ici, de s'investir dans leur travail, d'apprendre l'anglais et de mener une vie positive », explique Mme Opanasevych, dont la famille a immigré en Alaska dans les années 1990. Depuis l'annonce du sommet, elle rêve à ce qui se passerait si elle croisait Poutine dans les rues d'Anchorage. Que lui dirait-elle ? Et comme le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'est pas invité, Mme Opanasevych indique qu'elle souhaite y assister afin que quelqu'un puisse parler au nom des Ukrainiens d'Alaska. Les dirigeants de l'Alaska ont salué ce sommet, affirmant qu'il mettait en évidence l'importance géopolitique de l'État dans l'Arctique. « Je pense que l'État est enthousiasmé par ce sommet », a déclaré le gouverneur Mike Dunleavy, républicain et allié de Trump, lors d'une entrevue. « Nous aimons croire que l'Alaska est au centre du monde. Nous sommes plus proches de Moscou que ne l'est peut-être Washington. C'est tout à fait logique d'un point de vue géographique et politique. » Plaintes et protestations PHOTO ASH ADAMS, NEW YORK TIMES À Anchorage, des résidants protestent contre le sommet en accrochant des drapeaux ukrainiens à l'extérieur de leurs maisons et en suspendant des banderoles de soutien à l'Ukraine sur les ponts routiers. Mais divers habitants de l'Alaska ont exprimé leurs inquiétudes. Certains se sont plaints que les exigences en matière de sécurité liées à l'accueil de deux présidents mettraient à rude épreuve les ressources au moment où les aéroports et les quais de croisière de l'Alaska sont bondés de touristes, et où la fonte des glaciers inonde certaines parties de la capitale de l'État, Juneau. À Anchorage, les résidants libéraux protestent contre le sommet en accrochant des drapeaux ukrainiens à l'extérieur de leurs maisons et en suspendant des banderoles de soutien à l'Ukraine sur les ponts routiers. Certains plaisantent en disant qu'ils craignent que Trump ne revende l'Alaska à la Russie pour conclure un accord sur l'Ukraine. Et certains dirigeants autochtones d'Alaska disent avoir été totalement exclus de la planification et des discussions à propos d'un sommet ayant lieu sur leurs terres ancestrales. « Nous devrions être à la table à dîner, pas le serviteur », déclare Faye Ewan, une aînée du village de Kluti-Kaah à Copper Center, à environ 320 kilomètres à l'est d'Anchorage. Entre doute et espoir Certains Ukrainiens ne sont pas optimistes quant à la possibilité que Trump parvienne à un accord acceptable avec Poutine, qu'ils dénoncent comme un criminel de guerre impénitent qui continue de bombarder l'Ukraine malgré les précédentes rondes de négociations. « Nous savons ce que veut Poutine », affirme Olha Korol, qui a fui la ville ukrainienne de Dnipro au début de la guerre avec son mari et ses trois enfants, et qui travaille désormais comme coiffeuse en Alaska. « Il veut toujours plus de territoire ukrainien. » Mais Svitlana Shyrinian, 55 ans, souligne qu'elle doit garder espoir. Elle a fui l'Ukraine avec ses deux filles au début de la guerre, emportant seulement une petite valise en espérant qu'elles seraient de retour chez elles dans deux semaines. Avocate d'affaires en Ukraine, elle travaille désormais comme caissière dans un déli à Anchorage, où elle pèse des saucisses et vend de la choucroute à ses compatriotes ukrainiens. Ces derniers temps, le sommet est dans tous les esprits. Elle ne peut pas se permettre d'être cynique. « J'ai toujours de l'espoir, dit-elle. Comment peut-on rêver autrement, s'il n'y a pas de paix ? »


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3 hours ago
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Un sommet trilatéral avec Zelensky nécessaire pour un accord, dit Trump
La base de Elmendorf-Richardson à Anchorage, en Alaska, où se déroulera la rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine vendredi Un sommet trilatéral avec Zelensky nécessaire pour un accord, dit Trump (Moscou) Donald Trump a estimé jeudi que tout accord pour mettre fin à la guerre en Ukraine devra passer par un sommet trilatéral avec Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky, consécutif à sa rencontre vendredi en Alaska avec le président russe. Clara LALANNE avec Shaun TANDON à Anchorage Agence France-Presse Ce qu'il faut savoir Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été reçu jeudi à Londres par le premier ministre britannique Keir Starmer ; Le président américain Donald Trump rencontrera le président russe Vladimir Poutine « en tête-à-tête » vendredi ; Donald Trump a assuré que la Russie ferait face à des « conséquences très graves » si elle n'acceptait pas de mettre fin à la guerre ; Donald Trump s'est entretenu mercredi avec le président ukrainien et des dirigeants des pays européens, de l'UE et de l'OTAN ; Répondant à une forte poussée militaire russe, l'Ukraine a tiré des dizaines de drones à l'intérieur du territoire russe, incendiant une raffinerie et faisant trois blessés ; Kyiv et Moscou ont échangé jeudi 84 prisonniers de chaque camp. Ce sommet attendu vendredi se déroulera sans le dirigeant ukrainien qui a, lui, été reçu jeudi matin à Londres par le premier ministre britannique Keir Starmer. Les retrouvailles entre Vladimir Poutine et Donald Trump sont considérées comme décisives pour tenter d'arrêter le pire conflit en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. Mais aucun dirigeant européen n'a été convié. La conversation entre MM. Poutine et Trump se déroulera « en tête-à-tête », avec des interprètes, a indiqué le conseiller diplomatique du Kremlin, Iouri Ouchakov. « L'ordre du jour portera principalement sur le règlement de la crise ukrainienne », a ajouté M. Ouchakov, évoquant aussi les thèmes de la « paix » et de la « sécurité », les « questions internationales d'importance » et « la coopération bilatérale ». La rencontre doit débuter vendredi vers 15 h 30 (heure de l'Est), a précisé le Kremlin et aura lieu à Anchorage sur la base militaire américaine d'Elmendorf-Richardson, dont l'importance stratégique avait culminé pendant la Guerre froide. Les présidents russe et américain donneront ensuite une conférence de presse commune, une première depuis 2018. Donald Trump a indiqué jeudi qu'un sommet trilatéral avec Kyiv était nécessaire pour qu'un accord soit conclu. « Cette rencontre va ouvrir la voie à une autre mais il y a 25 % de chances que cette rencontre [en Alaska] ne soit pas un succès », a dit le président américain lors d'un entretien à Fox News Radio. Espoir européen d'une trêve M. Zelensky et ses alliés européens, qui craignent que des décisions ne soient prises aux dépens de Kyiv lors du sommet Trump-Poutine, ont accentué leur pression diplomatique ces derniers jours. Désolé, votre navigateur ne supporte pas les videos Jeudi, le dirigeant britannique Keir Starmer a chaleureusement accueilli le dirigeant ukrainien sur le perron de Downing Street avec une embrassade et une poignée de main. Aucun n'a fait de déclaration à l'issue de cette réunion. Mercredi, Donald Trump avait assuré avoir eu un « très bon appel » avec le président ukrainien et des dirigeants des pays européens, de l'UE et de l'OTAN. M. Zelensky s'était rendu à Berlin pour suivre ces réunions virtuelles, où il a été reçu par le chancelier allemand Friedrich Merz. « Nous espérons que le thème central de la réunion » vendredi sera « un cessez-le-feu immédiat », avait alors déclaré le dirigeant ukrainien. Keir Starmer, avait pour sa part évoqué une chance « réelle » de cessez-le-feu. Selon le président finlandais Alexander Stubb, présent à cette réunion, il n'y aura « pas de discussions concernant les territoires » lors du sommet d'Anchorage, ajoutant que Trump « ne chercherait pas à conclure un accord en Alaska ». Donald Trump avait dit lundi vouloir « tâter le terrain » en Alaska avec Vladimir Poutine. Et, mercredi, il a jugé que deux issues étaient possibles. Si l'entretien se passe bien, il débouchera « presque immédiatement » sur une rencontre à trois entre le président russe, Volodymyr Zelensky et lui-même, pour mettre un terme à un conflit déclenché en février 2022 par l'assaut russe. Mais si sa première réunion en personne avec le chef du Kremlin depuis 2019 tourne mal, Donald Trump a assuré qu'il n'y aurait pas de « seconde rencontre ». Poutine salue des « efforts sincères » Piqué à vif par des commentaires de presse présentant la tenue du sommet comme une victoire diplomatique pour Vladimir Poutine, le président américain a aussi assuré que la Russie ferait face à des « conséquences très graves » si elle n'acceptait pas de mettre fin aux combats, sans toutefois préciser cette menace. Vladimir Poutine a lui salué jeudi les « efforts assez énergiques et sincères » des États-Unis « pour mettre fin aux hostilités, sortir de la crise et parvenir à des accords qui satisfassent toutes les parties impliquées ». Sur le terrain, la pression s'accentue sur les troupes de Kyiv, moins nombreuses, qui ont fait face ces derniers jours à une avancée rapide de l'armée russe sur le front dans la région orientale de Donetsk, où l'armée du Kremlin a revendiqué jeudi la prise de deux nouveaux villages. L'Ukraine a tiré des dizaines de drones dans la nuit de mercredi à jeudi, incendiant une raffinerie et faisant trois blessés près de la ville russe Volgograd (Sud), selon des responsables locaux. CAPTURE D'ÉCRAN GOUVERNEUR DE LA RÉGION DE BELGOROD, FOURNIE PAR REUTERS Une voiture brûle à la suite d'une attaque par un drone ukrainien à Belgorod, en Russie, le 4 août 2025, dans cette image tirée d'une vidéo. Les positions officielles des deux belligérants sont toujours irréconciliables. La Russie réclame que l'Ukraine lui cède quatre régions partiellement occupées (Donetsk, Louhansk, Zaporijjia et Kherson), en plus de la Crimée annexée en 2014, et qu'elle renonce aux livraisons d'armes occidentales et à toute adhésion à l'OTAN. Pour Kyiv, ces exigences sont inacceptables. Lors des trois sessions de pourparlers au printemps et à l'été, dont la dernière s'est tenue à Istanbul en juillet, Russes et Ukrainiens avaient seulement réussi à s'entendre sur l'échange de prisonniers de guerre. Dans ce cadre, Kyiv et Moscou ont annoncé jeudi avoir échangé 84 prisonniers de chaque camp.


La Presse
9 hours ago
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100 jours dominés par les affaires étrangères
(Ottawa) Après 100 jours de mandat, Mark Carney comptait bien se reposer un peu. C'était sans compter sur les turbulences déclenchées par la rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine, en prévision de laquelle il s'est notamment entretenu avec Volodymyr Zelensky. Une semaine à l'image des premiers mois du mandat du premier ministre. Ses proches collaborateurs ont avisé les médias dimanche soir que le premier ministre aurait un horaire allégé cette semaine afin de prendre quelques jours de vacances dans la région de la capitale fédérale. Mais ils prenaient soin de préciser que le premier ministre ne serait jamais bien loin de son téléphone. Les dossiers liés à la sécurité et à l'économie pourraient nécessiter son attention. À peine 24 heures après l'envoi de ce message, Mark Carney s'est entretenu avec le président de l'Ukraine, Volodymyr Zelensky, afin de faire le point sur la guerre que mène la Russie sur le territoire ukrainien depuis plus de trois ans en prévision du sommet entre le président des États-Unis, Donald Trump, et son homologue russe, Vladimir Poutine, vendredi en Alaska. Le premier ministre a profité de l'occasion pour réitérer l'appui indéfectible du Canada à l'Ukraine dans ce conflit, et réaffirmé que les décisions concernant l'avenir de l'Ukraine doivent être prises par le peuple ukrainien, que les frontières internationales ne peuvent être modifiées par la force, que les moyens de pression doivent être maintenus sur la Russie pour qu'elle mette fin à son agression. Cet appel illustre bien les 100 premiers jours du gouvernement de Mark Carney depuis les élections fédérales du 28 avril – une étape importante dans la vie de tout gouvernement qui a été franchie la semaine dernière. Les dossiers liés aux affaires étrangères ont dominé ce début de mandat comme on l'a rarement vu pour un nouveau premier ministre. À leurs débuts, les premiers ministres Jean Chrétien, Paul Martin, Stephen Harper et Justin Trudeau n'ont pas connu pareil bouillonnement sur le front des affaires étrangères. Dans le cas de Mark Carney, son début de mandat hors norme s'explique en grande partie par la présence de Donald Trump à la Maison-Blanche. Le président des États-Unis mène une guerre commerciale tous azimuts contre le Canada et la majorité des pays de la planète. Pis encore, il a affirmé à plus d'une reprise caresser le rêve d'annexer le Canada. Ces multiples salves visant le Canada ont donné le ton à la dernière campagne électorale, dont le thème dominant a été l'avenir des relations canado-américaines. Les électeurs ont jeté leur dévolu sur Mark Carney pour tenir tête à Donald Trump. Dès son arrivée au pouvoir, après avoir remporté la course à la direction du Parti libéral du Canada, Mark Carney a consciemment donné une teinte internationale à sa gestion des affaires de l'État en effectuant rapidement un voyage stratégique en France et en Grande-Bretagne. Le but était d'effectuer un rapprochement économique et militaire avec les pays du Vieux Continent tandis que les États-Unis tournent le dos au multilatéralisme construit depuis la Seconde Guerre mondiale. Cette teinte internationale s'est aussi imposée quand les travaux de la session parlementaire ont été lancés par un discours du Trône qui a été lu au Sénat par le roi Charles III à la fin de mai. PHOTO ADRIAN WYLD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE Le premier ministre du Canada, Mark Carney, accompagné du président de l'Ukraine, Volodymyr Zelensky, lors du Sommet du G7 en juin, à Kananaskis, en Alberta Trois semaines plus tard, elle s'est accentuée quand Mark Carney a été l'hôte du Sommet du G7 en juin à Kananaskis, en Alberta. En plus d'accueillir ses homologues du G7 (États-Unis, Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon), M. Carney a invité la présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum, le président de l'Ukraine, Volodymyr Zelensky, et le premier ministre de l'Inde, Narendra Modi, entre autres. Également en juin, le premier ministre s'est rendu à La Haye, aux Pays-Bas, afin de participer au sommet de l'OTAN. En prévision de ce sommet, il avait annoncé que le Canada allait atteindre la cible de l'OTAN de consacrer 2 % de son produit intérieur brut (PIB) à la défense et à la sécurité, entraînant du coup des dépenses supplémentaires de 9 milliards de dollars dès cette année. À La Haye, il a accepté la nouvelle cible de 5 % de l'OTAN d'ici 2035, cible qui forcera le Canada à tripler ses dépenses militaires durant la prochaine décennie. Mark Carney a aussi été appelé à condamner à plusieurs reprises le gouvernement de Benyamin Nétanyahou pour la guerre que mène Israël dans la bande de Gaza et la catastrophe humanitaire qu'il provoque. Encore la semaine dernière, il a dénoncé la décision du gouvernement d'Israël de prendre le contrôle de la ville de Gaza, joignant ainsi sa voix au concert de critiques à l'échelle internationale. Le mois dernier, M. Carney a causé une surprise en annonçant que le Canada entend reconnaître l'État de Palestine en septembre lors de l'Assemblée générale des Nations unies, sous certaines conditions, emboîtant ainsi le pas à des pays alliés comme la France et le Royaume-Uni. De quoi auront l'air les 100 prochains jours ? L'ordre économique mondial étant bouleversé par Donald Trump, les affaires étrangères continueront d'occuper une place importante dans les grands dossiers qui se retrouvent sur le bureau du premier ministre. Mais tôt ou tard, les enjeux tels que la crise du logement, la hausse du coût de la vie, la lutte contre les changements climatiques, la réconciliation avec les Premières Nations et peut-être même l'unité nationale reviendront en force. Il ne fait aucun doute que le contexte politique a été favorable aux libéraux de Mark Carney jusqu'ici. Les premiers ministres des provinces rament dans la même direction que lui en raison des effets délétères des droits de douane sur l'économie canadienne. PHOTO ADRIAN WYLD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE Le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre En outre, le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, qui est reconnu pour ses attaques cinglantes, n'a pas de siège à la Chambre des communes. Mais la dynamique risque de changer à compter de septembre. En principe, Pierre Poilievre sera de retour au Parlement s'il remporte, comme prévu, l'élection partielle de lundi prochain dans la circonscription albertaine de Battle River– Crowfoot. En outre, le gouvernement Carney doit déposer son premier budget en octobre – un budget qui imposera des compressions budgétaires au cours des trois prochaines années. Des programmes pourraient être abolis. Des fonctionnaires pourraient perdre leur emploi. Enfin, le cabinet fédéral doit commencer à approuver les grands projets d'intérêt national au cours des prochains mois. Les attentes des provinces sont élevées, notamment de la part de l'Alberta, de l'Ontario et du Québec. Il pourrait être impossible de répondre aux desiderata de tout le monde.