
Le Hamas diffuse des vidéos d'otages décharnés, le chef de la diplomatie française dénonce des «images ignobles»
Le Hamas et son allié le Djihad islamique ont diffusé, jeudi et vendredi, des vidéos montrant deux otages, au physique décharné. La publication de ces images a suscité un vif émoi en Israël, la famille d'un otage a condamné samedi 2 août la propagande «cruelle» et «ignoble» du Hamas. «Nous sommes contraints d'assister à la vision de notre fils et frère bien-aimé, Eviatar David, affamé délibérément et cyniquement dans les tunnels du Hamas à Gaza - un squelette vivant, enterré vivant -», a déclaré sa famille dans un communiqué. Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a lui aussi dénoncé des «images ignobles, insupportables, des otages israéliens détenus depuis 666 jours à Gaza par le Hamas» dans un post publié sur X (ex Twitter). «Leur calvaire doit cesser», a-t-il ajouté, appelant à la libération des otages.
Ces images ravivent le débat sur la nécessité d'arriver au plus vite à un accord pour les libérer, alors que l'émissaire américain Steve Witkoff a rencontré ce samedi à Tel-Aviv des proches d'otages retenus à Gaza. L'armée israélienne a prévenu que la guerre continuerait «sans répit» dans le territoire palestinien s'ils n'étaient pas libérés.
Steve Witkoff et l'ambassadeur des États-Unis en Israël, Mike Huckabee, lors de leur visite dans la bande de Gaza, le 1er août 2025.
Ambassador Mike Huckabee via X / REUTERS
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Ces otages ont été enlevés durant l'attaque sans précédent menée le 7 octobre 2023 en Israël par le mouvement islamiste palestinien Hamas, qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza, en proie à un désastre humanitaire et menacée de famine.
49 otages encore à Gaza
Samedi, 32 Palestiniens ont été tués par de nouveaux tirs et bombardements israéliens, dont 14 qui attendaient de l'aide dans le centre et le sud de la bande de Gaza, selon un nouveau bilan de la Défense civile locale. Sollicitée par l'AFP, l'armée n'a pas commenté dans l'immédiat. Au lendemain d'un déplacement à Gaza, Steve Witkoff a rencontré à Tel-Aviv des familles d'otages, qui ne cessent de réclamer un accord de cessez-le-feu garantissant leur libération.
Sur la «place des otages», Steve Witkoff a été accueilli par des proches de captifs aux cris de «Ramenez-les à la maison maintenant!». Il s'est entretenu avec des membres des familles dans un immeuble voisin, a constaté un photographe de l'AFP. Selon un communiqué du Forum des familles d'otages, il a souligné «l'engagement du président (Donald) Trump» à permettre le retour de tous les otages. Sur les 251 personnes enlevées le 7-Octobre, 49 restent retenues à Gaza dont 27 déclarées mortes par l'armée.
«Il faut stopper le gouvernement israélien»
Les dernières négociations indirectes menées pour un cessez-le-feu en juillet entre le Hamas et Israël ont échoué, les deux camps s'accusant de les torpiller. «La guerre doit se terminer. Le gouvernement israélien ne mettra pas fin à la guerre de son plein gré. Il faut le stopper», a déclaré à l'AFP Yotam Cohen, frère de l'otage Nimrod Cohen. «Ça suffit!», s'est écrié Michel Ilouz, père de l'otage Guy Ilouz. «Bientôt, nous atteindrons deux ans de souffrance indescriptible, 666 jours de traumatisme.»
«J'estime que dans les prochains jours, nous saurons si nous pouvons parvenir à un accord pour la libération de nos otages. Sinon, le combat continuera sans répit», a déclaré pour sa part le chef d'état-major israélien Eyal Zamir, dans un communiqué.
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L'attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles. Les représailles israéliennes ont fait au moins 60.332 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
«Tentative mensongère»
Depuis le début de la guerre, Israël assiège plus de deux millions de Palestiniens entassés dans un territoire de 365 km2, déjà soumis à un blocus israélien depuis plus de 15 ans. Début mars, il avait interdit l'entrée de toute aide à Gaza, entraînant de graves pénuries de nourriture, avant d'autoriser fin mai des quantités très limitées. Le territoire palestinien, totalement dépendant de l'aide humanitaire, est désormais menacé d'une «famine généralisée», selon l'ONU, qui juge les livraisons autorisées par Israël par voies terrestre et aérienne largement insuffisantes.
Vendredi, Steve Witkoff a rencontré des Gazaouis, selon des images diffusées par son bureau, et promis d'augmenter l'aide humanitaire. Le Hamas a fustigé samedi dans un communiqué une «mise en scène pré-arrangée visant à induire l'opinion publique en erreur, à redorer l'image de l'occupation (Israël, NDLR) et à fournir une couverture politique à la campagne de famine en cours et au meurtre systématique de civils innocents» dans la bande de Gaza.
Depuis fin mai, 1373 Palestiniens qui attendaient de l'aide ont été tués à Gaza, «la plupart» par l'armée israélienne, a accusé l'ONU vendredi, tandis que les largages aériens d'aide entamés fin juillet suscitent régulièrement de violentes bousculades. «Nous ne voulons pas que l'aide soit larguée par avion. Nous voulons que tout le monde puisse la récupérer avec un coupon. Mais ce qui se passe actuellement n'est tout simplement pas acceptable», proteste samedi Isaam Al-Hawajri auprès de l'AFP, après une ruée d'habitants sur des colis parachutés sur le camp d'al-Zawaida (centre).
Dans un rapport vendredi, Human Rights Watch a qualifié de «crimes de guerre» les «meurtres de Palestiniens en quête de nourriture, par les forces israéliennes». Le lieutenant-général Zamir a dénoncé «une tentative délibérée, planifiée et mensongère» de mise en cause de l'armée israélienne. «Les responsables des meurtres et des souffrances des habitants de Gaza sont le Hamas», a-t-il réaffirmé.
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